Lahat ng Kabanata ng LA CHAIRE INTERDITE : Kabanata 31 - Kabanata 40

NORALe bruit sec de la serrure me fait sursauter, alors que je suis encore affalée sur le canapé, les mains crispées autour d’un coussin comme si je m’y accrochais pour ne pas sombrer.La porte s’ouvre lentement, et une voix familière fend le silence.— Nora ?Je relève la tête, et là, elle est là ma Léa. Ses yeux noisette pétillent toujours d’une chaleur presque maternelle, mais ce soir, je vois son sourire s’effacer en me découvrant dans cet état. Ses valises traînent derrière elle, ses cheveux encore humides de la pluie.— Mon Dieu… qu’est-ce qui t’est arrivé ?Elle lâche tout, ses bagages, son manteau trempé, et traverse la pièce à grandes enjambées. L’odeur de son parfum me parvient, mélange apaisant de jasmin et de vanille, et j’ai envie de m’y noyer.Je secoue la tête, essaie de sourire, mais ma gorge se serre.— Rien… enfin… je…Je ne termine pas. Elle s’est déjà assise à côté de moi, ses mains chaudes entourant les miennes, comme pour m’ancrer.— Nora, arrête. Regarde-moi.J

NORALe jour glisse dans la chambre par les rideaux entrouverts, doux mais tranchant, illuminant les particules de poussière qui tourbillonnent dans l’air comme des fragments de mon humeur encore confuse. Je suis réveillée depuis un moment, allongée sur le dos, le regard figé au plafond, et je sens ma colère de la veille, intacte, brûler sous ma peau, sourde et insistante, une chaleur qui rend mon cœur impatient et mes muscles tendus, comme si chaque fibre de mon corps se rebellait en silence.Dans la chambre d’à côté, Léa dort encore, je l’entends, sa respiration calme et régulière traverse le mur léger, paisible, comme si elle n’avait jamais connu l’ombre qui m’empoisonne depuis des semaines. Sa tranquillité m’agace autant qu’elle m’apaise. Elle a ce don de s’abandonner au sommeil, sans lutte, comme si rien ne pouvait la troubler, comme si les chaînes qui m’étranglent glissaient simplement à côté d’elle. Je voudrais partager cette paix, mais à cet instant elle me paraît inaccessible

NORALe téléphone vibre dans ma main, son écran s’illumine, cruel, avec ce numéro qui est devenu à la fois une menace et une promesse. Je reste figée, incapable de tendre la main, comme si l’air autour de moi s’était épaissi, comme si mes doigts étaient scellés par le métal glacé de la boîte que je tiens encore. Mon cœur cogne dans ma gorge, une pulsation lourde, douloureuse, qui me donne presque la nausée.Je le fixe, ce rectangle noir qui danse, comme si c’était lui, comme si Hugo était là, juste derrière, son souffle coupant, ses yeux cloués aux miens, invisible mais si présent que j’ai l’impression qu’il est assis en face de moi. Mon ventre se tord, mon corps brûle, mais mes dents serrées crachent un refus muet.— Pas cette fois.Je laisse sonner , obstinée. Chaque vibration est comme un coup de marteau dans mon crâne. Je veux qu’il sente ma résistance, qu’il comprenne que je ne suis pas une proie docile qu’il peut rappeler à sa guise. Je veux tenir, lui prouver que je suis encore

NORAIl est là.Assis derrière son bureau, massif, immobile, les coudes posés sur le bois sombre, les mains jointes devant lui comme un juge qui attend la comparution de son accusée. La pièce semble taillée pour lui : vaste, vitrée, mais étouffante malgré l’espace, saturée de sa présence. Même le silence a son odeur, son poids, sa morsure.Mais ce sont ses yeux qui me clouent. Deux lames sombres, fixes, qui avalent tout, chaque geste, chaque tremblement, chaque souffle que j’essaie de contenir. Je reste plantée sur le seuil, incapable d’avancer, incapable de reculer, comme si l’air autour de moi s’était solidifié, prison de verre.— Entre.Un seul mot. Un ordre nu, sans colère, sans haussement de ton. Sa voix, basse, nette, me traverse comme une lame. Mes jambes bougent malgré moi, dociles, traîtres. Le claquement sec de la porte derrière moi résonne comme une condamnation. Je me sens piégée, enfermée avec lui, mais surtout avec moi-même avec ce qu’il fait surgir en moi et que je refu

NORALe retour est un trou noir, un silence avalé par le moteur, mes pensées piégées entre les vitres closes, et quand la voiture s’arrête enfin je n’ai pas eu le temps de reprendre souffle, pas eu le temps de me recomposer. Martin ouvre la portière, toujours ce geste impeccable, presque cérémoniel, et je descends comme on se livre à un couloir d’exécution.Le hall familier s’ouvre devant moi, froid, luxueux, silencieux, chaque pas résonne dans mes tempes, et j’ai la sensation qu’on m’a déjà rayée d’avance, que ce chemin ne m’appartient pas, que chaque carrelage me pousse vers lui.La porte s’ouvre sans que Martin ait besoin de frapper. Je n’ai pas le temps de respirer.Il est là.Assis derrière son bureau, parfaitement immobile, veste sombre, cravate impeccable, mains jointes, regard déjà posé sur moi comme s’il m’attendait depuis toujours. Ce n’est pas un accueil, c’est une mise à nu.Je m’arrête net. Mes jambes voudraient reculer mais la porte se referme derrière moi, engloutissant