All Chapters of Les chaînes du Destin: Chapter 111 - Chapter 120

La pluie tambourinait contre les vitres avec une régularité hypnotique, tissant un voile d’isolement autour de la maison. Dehors, le village semblait s’être figé sous l’averse, les ruelles désertées, les volets clos. Dans le petit salon éclairé par une lampe en tissu crème, Livia veillait.Anna dormait sur le canapé, le front humide, la respiration saccadée. Livia passait régulièrement un gant tiède sur son visage, surveillant le moindre frémissement, la moindre variation de température. Elle avait cessé de compter les heures depuis que la fièvre était montée. L’angoisse comprimait sa poitrine comme un étau.Elle aurait voulu rester forte. Garder le contrôle. Mais il y a des nuits où même la force a ses limites.Et ce soir-là, Livia les atteignait.Elle prit une inspiration lente, caressa tendrement les boucles humides d’Anna. Puis elle se leva, traversa la pièce, hésitante. Son téléphone était posé sur la table de la cuisine. L’écran noir semblait la défier, comme une ligne qu’il fal

C’était un matin doux, teinté d’un calme presque irréel. Le genre de matin où la lumière ne s’impose pas mais caresse, où le silence semble respecter le poids des choses non dites.Livia était debout derrière la fenêtre de la cuisine, les doigts enroulés autour d’une tasse de café tiède. Elle ne buvait pas vraiment. Elle regardait. Immobile. Silencieuse. Son regard traversait la vitre, glissait sur le jardin sec à l’arrière de la maison, et s’arrêtait là où Raphaël creusait la terre.Il portait un vieux t-shirt gris, le dos couvert de poussière, les bras tendus dans l’effort. Il avait trouvé une pelle dans le cabanon au fond du jardin, et depuis l’aube, il creusait. Une rigole, puis une autre. Il désherbait, retournait la terre, jetait un œil au vieux plan d’aménagement qu’il avait griffonné sur une feuille de cahier. Il ne lui avait rien dit. Pas un mot. Mais elle avait compris. Il voulait créer quelque chose. Un espace. Une trace.Anna sortit de la maison un peu plus tard, pieds nus

Le matin se leva sur un silence apaisant, presque irréel. Dans la petite maison, seuls les bruissements de la cafetière et les pas feutrés de Raphaël troublaient la quiétude. Livia dormait encore, lovée sur le canapé sous une couverture de laine. Ses traits s’étaient adoucis dans le sommeil, comme si les cauchemars l’avaient enfin laissée tranquille, ne serait-ce que pour quelques heures.Il l’observait en silence, une tasse entre les mains, sans oser la réveiller. Il aurait voulu figer ce moment. L’enfermer dans une bulle et la protéger de tout ce qui, il le savait, finirait par revenir.Car la paix, avec Livia, avait toujours un goût de sursis.Dehors, la rue s’éveillait lentement. Les volets s’ouvraient un à un. Un vélo grinçait sur les pavés. Le chant lointain d’un marchand ambulant résonna, familier. Mais Raphaël, lui, sentit autre chose. Une tension dans l’air. Quelque chose d’invisible, mais palpable. Comme une vibration sourde qu’on perçoit avant l’orage.Il se détourna de la

Le silence n’était plus un refuge. Il était devenu une alarme hurlante, un vide rempli d’ombres. Livia restait figée dans le salon, les yeux rivés sur la chaise vide d’Anna. Chaque seconde s’étirait comme une éternité, chaque tic-tac de l’horloge claquait dans l’air comme une gifle.Victor était arrivé moins de dix minutes après l’appel paniqué de Raphaël. Il avait trouvé la maison ouverte, les vêtements d’Anna soigneusement pliés au pied du lit, et cette note, simple et cruelle, glissée sous l’oreiller :« À ton tour de souffrir. »— Il savait, murmura Victor en observant les lieux avec des yeux vifs. Il nous surveillait. Depuis longtemps. — Il a osé… balbutia Livia, le souffle coupé. Mon bébé… il a pris ma fille…Raphaël, debout près de la fenêtre, n’avait pas bougé depuis leur arrivée. Il était trop calme. Trop figé. Et dans ses yeux brûlait une rage glacée, celle qui naît quand l’amour est menacé dans sa forme la plus pure.— On va la retrouver, dit-il, enfin. Même s’il faut reto

Le papier craquait à peine entre ses doigts. L’encre avait eu le temps de sécher, mais les lettres, elles, saignaient encore.« Aime-la pour deux. »Raphaël avait écrit cette phrase sans trembler, sans rature, comme une sentence douce et irrévocable. Il n’y avait ni colère, ni regret. Juste l’évidence d’un choix. Livia relut la note une troisième fois, le cœur au bord des lèvres. Il ne s’était pas expliqué. Il n’avait pas détaillé. Il avait juste déposé ce morceau d’âme sur la table basse, entre une tasse à demi vide et le doudou oublié d’Anna.Elle recula d’un pas, comme si le papier pouvait brûler. Puis elle le saisit à deux mains, et le plaqua contre sa poitrine, là où le manque commençait déjà à creuser une brèche.Un cri monta en elle. Mais elle l’avala. Pas encore.Victor entra sans frapper.Il avait la mâchoire serrée, les traits tirés. Lui aussi avait vu la lettre. Et lui aussi savait ce qu’elle signifiait. Le rendez-vous était fixé dans une heure, quelque part dans un entrepô