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JoshuaIl y a quelque chose de profondément obscène dans le fait d’assister à sa propre défaite. Et plus obscène encore : de la désirer.Silvia est là, nue, affaissée contre le mur comme une offrande sacrifiée. Ses lèvres encore entrouvertes. Sa peau marquée de spasmes. Des gouttes de sueur qui brillent encore sur ses cuisses. Et ce regard… ce regard qu’elle n’a jamais tourné vers moi.Pas même au sommet.Pas même quand je la sentais chavirer sous moi.Je croyais l’avoir emportée dans un vertige qui m’appartenait. Je croyais que c’était ma bouche qu’elle cherchait, mes mains qu’elle suppliait. Mais maintenant je le sais.C’est lui qu’elle regardait. Black.Ce monstre silencieux qui jouait avec elle comme un pianiste joue une partition qu’il a écrite de ses mains. Chaque gémissement, chaque tremblement de ses hanches, chaque cri étouffé n’était qu’un écho du rythme qu’il imposait, même à distance.Je devrais être en colère.Je le suis.Mais ce n’est pas de la colère ordinaire.C’est qu

GrâceJe reste là, longtemps, assise devant ma tasse vide.Le liquide a refroidi depuis longtemps, une pellicule fine s’est formée à la surface.Je fixe ce cercle brunâtre comme on regarde une fissure s’agrandir lentement dans un mur.Le monde semble s’être calmé.Mais ce calme est un leurre.Un vernis fragile, prêt à craquer sous la moindre pression.Ce n’est pas un silence apaisé.C’est un silence chargé, saturé, plein de ce que j’ai tu.Plein de ce que j’ai laissé faire.Florent est reparti.Mais il est encore là.Dans l’air. Dans mes pores. Dans le moindre battement de mon cœur.Silvio parle au téléphone, plus loin, dans le salon.Sa voix est basse, posée, presque chaleureuse. Il rit parfois.Il ne rit pas avec moi comme ça, plus depuis longtemps.Et pourtant, il est là.Présent. Gentil.Innocent.Et moi, j’ai sali quelque chose qu’il croyait encore intact.Je monte à l’étage.Mes pas sont lents, flottants, comme si mon corps avançait sans moi.La chambre est propre, ordonnée.La

SilviaJe ne pensais pas que la lumière du jour pouvait me faire aussi mal. Tout est trop net, trop blanc, trop vivant. Le miroir du vestiaire renvoie une version de moi qui ne m’appartient plus vraiment. J’ai des marques aux poignets. Aux cuisses. Dans le creux des hanches. Mon corps est un champ de bataille. Et pourtant je l’habille comme on maquille une arme.Chemise noire rentrée dans une jupe ajustée. Talons stricts. Chignon serré. Aucun débordement apparent.Mais sous la surface…Je suis un volcan sous contrôle.Je pousse la porte du bureau de Black à 9h02. Deux minutes de retard. Volontaires.Il est là. Impeccable. Costume gris anthracite, cravate droite. Pas un cheveu ne dépasse. À croire que la nuit n’a jamais eu lieu.Il ne relève même pas la tête.— Café, Silvia.Sa voix est un couperet. Professionnelle. Chirurgicale.Très bien.On joue.Je hoche la tête sans un mot et traverse le couloir en silence. Joshua est dans la salle annexe, devant l’un des écrans de contrôle. Il m’

BlackJe suis encore en tenue de travail. Tailleur strict. Talons droits. Mais mes jambes tremblent.Il effleure mon poignet. Puis le bouton de ma chemise. Un. Deux. Trois. Son regard ne vacille pas.— Maintenant, murmure-t-il, on va voir… si tu travailles aussi bien la nuit que le jour.Je ne réponds pas.Je m’avance.Et je le laisse me reprendre. Parce que c’est tout ce que je veux.Qu’il me réduise au silence. Pour que je me retrouve enfin.SilviaLe verrou claque. Et c’est comme si l’air s’épaississait d’un coup.Le silence entre nous est absolu. Coupant. Comme un fil tendu prêt à lacérer la peau.Il ne parle pas. Il ne bouge presque pas.Mais il me regarde comme on observe une corde prête à se rompre.Et moi… je me tiens droite. Trop droite.Comme si cette posture pouvait encore masquer l’ouragan en moi. Comme si ne pas fléchir suffisait à garder une illusion de contrôle.Mais je sens que le moindre frémissement pourrait l’inciter à tout reprendre. À me défaire. Me tordre. Me réd

SilviaIl reste là. Immobile. Les yeux plantés dans les miens.Je m’attendais à ce qu’il agisse. Qu’il prenne. Qu’il exige.Mais il fait pire.Il attend que je craque.Et il sait que je vais craquer.Parce qu’il n’y a plus de masque, plus d’échappatoire. Seulement cette pièce fermée, cette lumière trouble, cette sangle à mon poignet qui ne me fait pas mal mais me hante déjà.— Qu’est-ce que tu attends ? je murmure.— Que tu arrêtes de fuir, Silvia.Sa voix est basse. Râpeuse. Comme s’il parlait depuis un endroit où lui-même se perd.Il se relève. Me tourne lentement autour.— Tu crois que j’ai peur de ce que j’ai vu cette nuit ? Tu te trompes. Ce qui me fait peur, c’est que tu prétendes encore pouvoir vivre sans ça. Sans moi.Il s’arrête dans mon dos. Ses mains ne me touchent pas. Mais je sens son souffle, à peine perceptible, sur ma nuque.— Tu peux encore partir. Tu peux choisir le confort. Les faux-semblants. Ce que Joshua te vend. Ce que tu croyais vouloir.Je ferme les yeux. Mon