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SilviaJ’ai les jambes tremblantes.Ma peau bat encore, comme si chaque nerf, chaque fibre vibrait de ce qu’il vient de faire. De ce que je viens de laisser faire. De ce que j’ai réclamé.Il m’a pénétrée comme on franchit une frontière.Il m’a possédée sans brutalité, sans haine, sans cette violence déguisée que d’autres appellent passion.Non.Il m’a prise… comme s’il savait exactement où se trouvent mes ruines.Et qu’il les avait aimées.Je suis contre lui. Dos à son torse. La tête posée sur son épaule. Le bandeau glissé sur le front. Une seule sangle encore attachée. Volontairement. Comme un rappel.Et je ne veux pas qu’il la défasse.Pas tout de suite.Je ne parle pas. Je respire. J’essaie de revenir à moi. Mais je sens déjà que je ne suis plus tout à fait la même.Black non plus ne parle pas. Il caresse simplement ma main. Celle qui reste captive. Un geste tendre. Lent. Irréel.Je sens son souffle sur ma nuque.— Tu es encore là, murmure-t-il.Je hoche la tête. Oui. Je suis là.M

SilviaJe suis contre lui. Contre sa poitrine brûlante. Et je ne bouge pas.Pas parce qu’il me retient. Pas parce qu’il me l’ordonne.Je ne bouge pas parce que je ne peux pas.Mon corps flotte quelque part entre le vertige et la chute. J’ai la sensation d’être fracturée au centre, et pourtant, tout en moi semble converger vers lui. Sa peau. Sa chaleur. Cette tension silencieuse qui l’habite et m’inonde, encore, même maintenant.Même après.Il est partout en moi. Il a colonisé mes sens, mes pensées, mes silences. Et je n’ai plus de frontières. Plus de contours. Je suis disloquée. Disparue. Fondue dans lui.Je respire. Je tremble. Je me retiens de pleurer. Pas de douleur. Ni même de plaisir. Mais de cette chose nue et vive qu’il vient de déterrer en moi. Une faille. Un cri. Un territoire que je croyais interdit.Et il l’a pris. Il a tout pris.Il ne m’a pas déshabillée, il m’a dépecée. Il n’a pas couché avec moi, il m’a retournée. Mise à vif. Comme si ma peau ne suffisait plus à conteni

SilviaJe me réveille dans une lumière rouge.Pas celle du jour.Celle de la pièce.Les lampes tamisées diffusent une chaleur obscure, presque liquide. Le sol me colle au dos. Mon corps est nu, engourdi, parcouru de courants électriques. Mon souffle est lent. Trop lent. Comme si j’émergeais d’un autre monde. Ou d’un rêve qui m’a avalée toute entière.Et lui… est là.Assis. Tout près. Torse nu, pantalon défait, les cheveux légèrement en bataille, les yeux braqués sur moi.Fixes. Denses. Incendiaires.Il ne dit rien.Mais je sais qu’il m’a regardée dormir. Qu’il m’a veillée. Qu’il m’a gardée.Je lève la tête, lente, prudente, comme si je n’étais pas sûre que mes muscles m’appartiennent encore.Son regard ne cille pas.Il m’attend.Ou peut-être qu’il me tient déjà.Je me redresse. Il ne bouge toujours pas. Il me tend un verre d’eau. Je prends le verre sans rien dire. Je bois. Une gorgée. Une deuxième. Mon cou me brûle légèrement quand j’avale.Il essuie une goutte qui perle sur mon mento

SilviaJe suis restée allongée longtemps.Le drap collé à ma peau. Le souffle encore éteint.Black s’est levé. Il est passé dans la pièce rouge. Il n’a rien dit.Et moi, je n’ai pas osé bouger.Quand il revient, je sens que quelque chose a changé.Ses gestes sont plus rapides.Ses yeux plus clairs.Comme s’il avait pris une décision.Il dépose un objet sur le lit.Une carte noire. Métallique. Lourde.— Dépense. Fais-toi plaisir, dit-il sans me regarder.— Tu me la donnes ?— Non. Je te la confie. Ce n’est pas pareil.Je ne réponds pas.Il ajoute, en se tournant vers moi :— Tu porteras mon nom. Il est temps que tu t’habilles comme une œuvre. Et que tu ne marches plus dans l’ombre.Je serre la carte entre mes doigts.Elle brûle.Comme si elle pesait plus qu’un simple crédit : une promesse d’obéissance.Je sors. Pour la première fois seule.Ou presque.Je l’ai appelée : Ava.La seule amie que je n’ai pas perdue en changeant d’univers.Une brune tranchante, sensuelle, libre.Et dangereus

SilviaJe ne sais pas combien de temps je suis restée là, dans ce fauteuil bas.Le cuir marque ma peau.Le silence marque mon souffle.Et lui… marque tout le reste.Il s’est éloigné. Pas loin.Mais assez pour que je me sente offerte encore, exhibée, même sans spectateur.La pièce est déserte, mais je sens les regards imprimés dans l’air, comme des échos d’un désir qu’on n’a pas osé nommer.Des spectres de convoitise figés dans les murs.Le goût de lui est partout.Sur ma peau.Dans ma gorge.Dans mes pensées.Comme un venin lent, brûlant, délicieux.Et terriblement addictif.Une toxicité choisie. Une chute volontaire.Je tente de me redresser. Mes jambes sont encore faibles.Ma robe, remontée trop haut, ne couvre plus rien.Il le voit.Il aime.— Tu pourrais rester comme ça toute la nuit.Tu n’as aucune idée de ce que cette image déclenche chez moi.Je ferme les yeux un instant.Ce n’est plus de la pudeur. C’est une fatigue qui mord à l’os.Une vulnérabilité qui ne s’avoue pas.Je sui