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SilviaJe n’ai pas dormi.Pas vraiment. Pas après ça.Le cuir. La chaise. L’humiliation. Et cette voix, cette voix dans ma tête qui ne me quitte plus.« Ce que je t’ai donné n’est pas de l’amour. C’est une malédiction. »J’ai fui son appartement comme on fuit un incendie. Mais les flammes sont venues avec moi.Sous ma peau. Dans mes os.Et Alexis ne dit rien.Il me regarde. Me frôle. Il sent que quelque chose est brisé.Et il n’ose pas demander.Il fait du café. Me caresse les cheveux. Me laisse respirer.Mais il observe. Toujours. Et ça, c’est pire que les mots.---Je rentre chez moi en fin de journée. Je veux être seule. Pour la première fois, je ne veux ni Alexis… ni lui.Mais en montant les marches, je sens une présence. Une tension dans l’air.La porte est entrouverte.Je m’arrête.— Alexis ?Aucune réponse.J’entre. La lumière est faible. Quelque chose est différent.Il est là. Sur mon canapé.Ethan.Assis. Parfaitement calme. Les jambes croisées. Son regard posé sur moi comme

AlexisJe l’ai vue changer.Pas tout de suite. Pas dans les gestes. Mais dans le regard.Elle ne cligne plus des yeux comme avant. Elle écoute, mais n’entend plus. Et parfois, en réunion, elle sourit… à quelque chose que personne d’autre ne voit.Je connais ce sourire.C’est celui des femmes qui se savent marquées.Et je sais par qui.Ethan Black.Il croit que je suis un décor. Un pion muet dans son empire glacé.Mais moi aussi, je sais regarder sans être vu.Moi aussi, j’ai un masque.---Mon nom complet est Alexis de Rochambeau. Fils unique d’une lignée que l’on ne cite plus que dans les cercles fermés. J’ai grandi entre Versailles et Genève. Les bals, les galas, les sociétés discrètes. Mon père m’a appris une chose : l’élégance, ce n’est pas ce qu’on montre. C’est ce qu’on cache.Et j’ai tout caché.Mes désirs. Mes ambitions. Mes passions sombres.J’ai observé Ethan pendant des mois. Son réseau. Son influence. Ses codes.Mais je ne suis pas venu ici pour l’architecture.Je suis ven

EthanQuelque chose a changé.Je le sens dès qu’elle entre dans le bureau. Pas son regard. Pas sa posture. Pas même son parfum, toujours aussi précis, floral et capiteux.Non. C’est son silence.Ce n’est plus le silence d’une proie.C’est celui d’un animal qui a goûté au sang.Et qui y a pris goût.Elle s’assied sans attendre mon autorisation. Croise les jambes avec cette lenteur étudiée. Et elle ne baisse pas les yeux.Elle me regarde.Et dans ce regard, je lis une chose que je n’avais pas prévue : du pouvoir.Quelqu’un lui a donné. Quelqu’un a osé.Je le sais déjà.Alexis.Il est allé trop loin.Et elle est revenue… différente.Pas souillée.Couronnée.---Je me lève. Je fais le tour du bureau. Je m’arrête derrière elle. Mon ombre la recouvre. Mais elle ne bouge pas.Je murmure :— Tu lui as ouvert les cuisses ?Elle ne répond pas.Mais son dos se tend.Je la contourne. Je m’agenouille devant elle. Je prends son visage dans mes mains. Doucement. Comme on caresse une statue.— Tu cro

SilviaMinuit.Le silence me serre comme une corde autour de la gorge.Je suis allongée sur mon lit, encore habillée. Trop habillée. Mes vêtements me collent à la peau comme une seconde couche de honte. Je ne sais plus depuis combien de temps je fixe le plafond. Peut-être des heures. Peut-être des jours.Ma peau me brûle encore là où il m’a tenue. Là où il m’a possédée. Pas prise. Possédée. Il n’y a pas eu de douceur. Il n’y a pas eu de mensonge.Je me suis laissée faire. Non… j’ai répondu. J’ai cédé sans négocier. Pire : j’ai offert.Et maintenant, je flotte.Je ne pleure pas.Je ne hurle pas.Je me tais.Et dans ce silence, mon téléphone vibre.Un message.Pas de nom. Pas de photo. Juste une phrase."Descends. Sans un mot. Sans une culotte."Mon cœur se fige.Je relis.Encore.Je pourrais ne pas répondre. Supprimer le message. L’ignorer. M’enfuir. Mais ce n’est pas ce que je fais.Je me lève.J’enlève lentement mon pantalon. Puis ma culotte. J’ai un frisson. Ce n’est pas le froid. C

GrâceJe ne suis plus froide.Plus figée.Plus enfermée dans ce rôle cousu d’attentes, ce masque de femme correcte, bien née, bien tenue, bien rangée.J’ai laissé derrière moi le mensonge poli des sourires, les silences pleins d’amertume, les compromis empesés de convenances. J’ai quitté la table comme on claque une porte à l’intérieur de soi. Et je marche, droite, tendue. Tendue vers lui. Vers sa nuque raide, vers la tension de ses épaules qui crie tout ce qu’il ne dit pas. Vers cette chambre où rien n’est encore arrivé, mais où tout est déjà en train de naître.Il ouvre la porte de la chambre d’amis avec une lenteur étrange. Un souffle suspendu. Une hésitation qui n’en est pas une. Un dernier battement d’humanité avant l’orage.Et moi, je le suis. Sans ralentir. Sans détourner les yeux. Sans me demander si je vais trop loin parce que j’y suis déjà. Parce que mon ventre crie plus fort que ma mémoire. Parce que ma peau sait avant moi que cette nuit va me détruire. Et que je le veux.Q