Semua Bab BAISE-MOI ENCORE : Bab 21 - Bab 30

ClaraLa voiture s’arrête dans l’allée.Je la vois à travers les lames du store vénitien, juste assez entrouvert pour que mes yeux s’y glissent sans être vus. Le moteur ronronne encore, puis s’éteint. Une portière claque. Une autre suit, moins sèche.Et puis, leurs voix.Lui, plus bas que d’habitude. Presque doux.Elle, rieuse. Naturelle. Comme si elle revenait de vacances et non d’un duel interdit.Le gravier crisse sous leurs pas.Le bruit est presque apaisant, comme une pluie fine. Mais ce soir, il me vrille les tympans.Je me lève. Je lisse ma robe, inutilement. Je passe la main dans mes cheveux. Je fais semblant d’être occupée à ranger un saladier. Il est propre depuis une heure. Mais mes mains doivent faire quelque chose. Sinon, elles tremblent.La porte s’ouvre.Ils entrent. Ensemble.Et tout de suite, je sens l’électricité entre eux.Pas un mot encore, mais tout parle : leurs postures, la façon dont ils se tiennent trop près, ou pas assez. La tension souple, presque confortabl

ClaraLa maison dort, mais moi, je ne trouve pas le sommeil.Le silence de la nuit s’étire comme une couverture trop lourde, m’enserrant et m’étouffant à la fois.Chaque tic-tac de l’horloge devient une douleur sourde.Le temps s’écoule lentement, implacable.Je me lève du lit, lentement, presque par automatisme.Je dénoue mes cheveux, lourds de fatigue, et les laisse tomber en cascade sur mes épaules nues.Je me tiens devant le miroir, nue, vulnérable, exposée à moi-même.Mes yeux cherchent dans ce reflet une femme encore aimée, encore désirée.Mais le visage qui me regarde est celui d’une étrangère.« Qui es-tu ? » murmuré-je, ma voix se brisant.Je me tends vers le miroir, comme pour toucher ce visage que je ne reconnais plus.« Reviens… reviens-moi. »Je touche ma peau du bout des doigts, à la recherche d’une chaleur disparue, d’un souvenir d’Éric.Je ferme les yeux, inspire profondément, comme pour me donner du courage.Ce soir, je veux encore y croire.Je veux croire qu’il exist

ClaraLe jour se lève.Mais il ne réchauffe rien.Le ciel est blanc, terne. Même le soleil semble absent ce matin.Je me suis levée avant l’aube. Pas par besoin. Par instinct.Par peur aussi. Peur de ce que je pourrais voir en ouvrant cette porte.Et pourtant, je m’y dirige.Je m’habille lentement. J’enfile cette robe beige qu’il m’avait offerte.Elle me serre un peu à la taille, je ne suis plus celle d’il y a trois ans.Mais je veux qu’il se souvienne. Je veux le rappeler à moi.Je veux me battre, même si je ne sais plus pour quoi.Quand je descends, le bruit du grille-pain me coupe la respiration.Je m’arrête, une marche avant le sol. Et je lève les yeux.Elle est là.Dans ma cuisine.Elle ne m’a pas entendue. Ou peut-être que si.Mais elle continue comme si elle était chez elle.Le tee-shirt d’Éric sur le dos. Un short noir. Pieds nus.Ses gestes sont fluides, presque sensuels.Elle étale du miel. Avec une lenteur… obscène.Deux tasses. Deux assiettes.Elle l’attend. Pas moi. Lui.

JadeJe referme doucement la porte de la cuisine, sans bruit. Comme si Clara était encore là, à écouter, tapie derrière un mur, prête à bondir. Mais non. Elle est partie.Enfin.Et pas seulement partie. Éjectée.Je me sers un autre café. Il est tiède. Je m’en moque. Ce n’est pas le goût que je cherche. C’est le rituel. L’empreinte que je laisse. Ce geste qui deviendra familier pour lui , incontournable.Je m’installe dans le fauteuil du salon, jambes croisées, tasse en main, parfaitement droite. Dans cette maison qui n’est pas encore la mienne, mais qui le deviendra. Inévitablement.Et tout commence là : dans le silence laissé par la défaite d’une autre.Je revois Clara. Ce visage figé par l’humiliation , cette lueur d’incompréhension glacée. Elle n’a pas seulement vu deux tasses sur la table, ou une autre femme dans sa cuisine. Elle a vu sa disparition lente et inévitable. Elle l’a sentie. Comme une gifle invisible.Et ça, c’est moi qui l’ai offerte.Je n’ai pas crié. Je n’ai pas rev

ÉricElle est là , nue contre moi . Et je n’ai plus aucune excuse.Je devrais sortir , m’enrouler dans une serviette. Partir.Trouver un endroit où Clara ne plane pas au-dessus de mes pensées.Mais je suis là, immobile, les paupières lourdes, la respiration bloquée dans la gorge, à sentir Jade coller son corps trempé au mien.Et je ne bouge pas.Elle ne force rien.Ses gestes sont précis, paisibles, calculés sans avoir l’air de l’être.Ses mains, chaudes malgré l’eau, remontent lentement sur mon ventre, puis longent mes côtes.Elle m’effleure comme si elle me reprogrammait.Comme si, en passant ses doigts sur moi, elle gravait une nouvelle version de moi-même.Sans Clara.Je suis debout, adossé au mur de la douche, et elle est contre moi.Elle ne parle pas.Elle respire.Et moi, je ressens.Sa peau ruisselle d’eau tiède. Sa poitrine s’écrase doucement contre mon torse, sa hanche épouse la mienne, son front touche mon épaule.Je veux dire quelque chose.Mais quoi ?Que je pense encore