Semua Bab SA MAJESTÉ LA HAINE : Bab 11 - Bab 20

AlessandraLe trajet de retour dans la voiture silencieuse est un supplice. La robe verte, si élégante tout à l'heure, est maintenant un suaire humide de transpiration froide. Les diamants me griffent la peau, chaque pierre un rappel de son emprise. Luck est assis à côté de moi, immobile, regardant défiler la ville. Son silence est plus terrifiant que ses mots.Il n'a pas prononcé une seule phrase depuis l'alcôve. Il n'en a pas eu besoin. Son ordre, murmuré contre mon oreille, résonne encore dans tout mon être. Tu rentres avec moi.La voiture s'arrête non pas devant la tour, mais devant un immeuble plus ancien, plus discret, dans le Upper East Side. Je le reconnais. C'est son hôtel particulier. Le cœur de son empire privé. Là où aucune caméra, aucun domestique, ne viendra interférer.La peur est un acide dans mes veines. Je veux fuir. Crier. Me briser contre le trottoir. Mais l'image de Leo, souriant, vivant grâce à la monstruosité de cet homme, me cloue sur place.La porte s'ouvre. I

AlessandraLe lendemain de mon retour de Suisse, le silence de la suite pèse plus lourd que jamais. Les murs de soie et les boiseries sombres semblent absorber chaque parcelle de mon être, comme si la cage dorée digérait lentement sa nouvelle prisonnière. L'image du sourire de Leo, si pur, si confiant, me brûle la rétine. Son « merci » résonne dans le vide, une condamnation à perpétuité.Luck n'est pas là. Son absence même est une présence, une attente étouffante. Une note discrète sur la table du petit-déjeuner, écrite d'une écriture anguleuse et autoritaire, m'informe du programme de la journée.— Votre emploi du temps pour aujourd'hui est organisé. 10h : Soins au spa La Lune d'Argent. Une voiture vous attendra.Aucune requête, aucun choix. Un ordre déguisé en attentions. La mise en beauté. Le polissage de la propriété. Une amertume acre monte dans ma gorge. Je suis un cheval de course qu'on prépare pour la piste, un objet qu'on lustre avant de l'exposer.Le spa est un temple de mar

LuckLe silence dans la suite est absolu. Seul le léger crépitement du feu dans la cheminée trouble le calme. Elle est là, debout au centre de la pièce, enveloppée de soie noire. Alessandra. Ma possession. Mon triomphe.Son corps est une sculpture parfaite, tendue à craquer. Je vois le pouls battant follement à la base de sa gorge. Je vois la peur dans ses yeux, cette peur qui est le parfum le plus enivrant du pouvoir. Mais je vois autre chose, aussi. Une étincelle. De la haine. Du défi.Bien. J’aime quand elles se débattent. Cela rend la soumission finale d’autant plus douce.Je fais le tour d’elle, savourant son inconfort. Elle recule. Un frémissement. Le premier signe de vie. Le premier refus.— Ne me touchez pas.Je ris intérieurement. Les paroles sont si futiles. Je lui rappele les termes de notre petit marché. Le nom du frère bien-aimé fait son office. L’étincelle dans ses yeux vacille, recouverte par la cendre de la résignation. Elle obéit. Elle me regarde.— Vous m'appartenez,

LuckLe jour se lève sur Manhattan, teignant le ciel d'orange et de rose, mais dans mon bureau, l'obscurité persiste. Les paroles de Julian résonnent encore dans l'air comme une malédiction.Une adversaire à ta mesure.Je reste devant la baie vitrée, les poings serrés, à regarder la ville s'éveiller. Cette ville que je domine, ces immeubles qui abritent les entreprises que j'ai rachetées, démantelées, parfois détruites. Verrati Enterprises était l'une d'elles. Je l'ai fait couler méthodiquement, froidement, pour punir un père à travers sa fille. Et maintenant, les cendres de ce triomphe me brûlent les mains.Mon esprit revient malgré moi à trois heures plus tôt.Son corps sous le mien était une statue de marbre froid. Je me souviens de l'exact moment où j'ai compris. Ce fragile obstacle, cette barrière anatomique qui contredisait toutes mes certitudes. Ses yeux grands ouverts fixaient le plafond, mais elle ne pleurait pas. Elle ne suppliait pas. Elle se contentait de subir, avec une d

AlessandraLa vapeur de la douche envahit la salle de bain, un brouillard chaud qui ne parvient pas à laver la sensation de ses yeux sur ma peau. Je me frotte, je me frotte jusqu’au rouge, jusqu’à ce que la douleur physique éclipse l’autre, celle, plus profonde, qui s’est installée au plus creux de moi.Mais une chose est nouvelle. Une chose a changé.La peur a cédé la place à une froideur d’acier.Il est vulnérable. Plus que je ne l’ai jamais été. Parce que je sais qui je suis. Je suis une survivante. Lui, il ne sait plus. Le garçon obscur a été enterré sous l’homme de pouvoir, et l’homme de pouvoir vient de découvrir que son fondement était pourri.Je sors de la salle de bain, enveloppée dans un peignoir. Mes yeux se posent sur le placard mural, immense, encastré. Une prison dorée de plus. Je l’ouvre.Et je me fige.Ce n’est pas le placard que j’avais imaginé, rempli de tenues humiliantes. C’est une collection. Méticuleuse. Obsédante.Des robes qui valent le prix d’une voiture. Des