Semua Bab SA MAJESTÉ LA HAINE : Bab 21 - Bab 30

AlessandraLa nuit qui suit est différente de toutes les autres. Ce n'est pas un vide peuplé de peur. C'est un territoire que je parcours, une reine dans les décombres de son propre royaume. Je n'ai pas dormi. Je n'en avais pas besoin. L'adrénaline est un feu qui nettoie tout sur son passage.Le lendemain matin, je descends à la cuisine. Silas est là, impassible comme un roc. Son regard, toujours poli, glisse sur ma robe noire avec une lueur d'approbation à peine perceptible. Ou peut-être est-ce mon imagination. Peut-être que je projette ma propre victoire sur tout ce qui m'entoure.— Café, Madame ?—Oui, Silas. Merci.Ma voix est calme. Elle n'a plus besoin de trembler ou de couper. Elle porte sa propre autorité.Luck n'est pas là. Son absence est plus éloquente que sa présence. Il fuit. Il lisse les plis de sa rage dans l'isolement. C'est une nouvelle forme de pouvoir que je découvre : le pouvoir de le rendre invisible dans sa propre maison.La journée passe, lente et délibérée. J'e

AlessandraLa nuit est un tunnel sans fin. Je tourne en rond dans cette chambre devenue cellule, hantée par le fantôme de la jeune fille que j’étais. Son rire cristallin résonne dans mes tempes, se superpose au silence lourd de cette maison.Au petit matin, je me retrouve devant la fenêtre, les paupières lourdes mais l’esprit terriblement éveillé. La ville étincelante me nargue. Chaque lumière est un rappel de son empire, bâti sur les cendres de mon arrogance.Je descends à la cuisine. Silas est là, statue de discrétion. Son regard, toujours voilé, semble pourtant percevoir le séisme intérieur qui m’habite.— Café, Madame ?—S’il vous plaît, Silas.Ma voix est rauque, usée. Je n’ai plus la force de jouer la comédie de la victoire. L’adrénaline a cédé la place à une lucidité glaçante.Luck n’est nulle part. Son absence est plus éloquente que jamais. Je comprends soudain qu’il ne fuit pas. Il se terre. Comme une bête blessée qui lèche ses plaies loin des regards.La journée s’étire, len

AlessandraLe dernier morceau de pain trempé dans le jus de l’assiette. Il pose sa fourchette avec un clic précis qui résonne dans le silence du bureau. Le son marque la fin d’un acte. Le mien continue.— Tu peux manger, dit-il sans me regarder, en reprenant le document qu’il avait posé sur son bureau plus tôt. Dans la cuisine.Ses mots sont jetés, neutres, comme un os à un chien. Mais l’ordre est là. La permission aussi. Je me relève, les genoux raidis par la position prolongée sur le sol dur. Une douleur sourde irradie dans mes muscles, un rappel physique de ma place. Je ne dis rien. Je ramasse le plateau, l’assiette sale, le verre vide. Le poids est différent maintenant. Il porte le fardeau de l’obéissance.La cuisine est froide, éclairée par la lumière bleutée de la lune filtrant par la grande baie vitrée. Je m’assois sur le tabouret, devant le comptoir de marbre, et je mange ce qui reste. Les œufs sont froids, le bacon gras. C’est la nourriture de la défaite. Chaque bouchée a le

LuckL’eau est trop chaude. Elle brûle la peau, mais la brûlure est préférable au froid qui m’habite. Ou peut-être que cette chaleur ne vient pas de l’eau, mais d’elle. De sa présence à quelques centimètres, de son souffle précipité qui trouble la surface immobile.Je lui avais ordonné de me laver, une nouvelle épreuve, une nouvelle façon d’affirmer mon contrôle. Je m’attendais à de la résistance, à de la haine. Je ne m’attendais pas à ça.Ses mains sur moi.Ce n’est pas la soumission d’une servante. C’est l’attention troublante d’une amante. Ses doigts, malgré leur tremblement, tracent des chemins sur ma peau, pressent les muscles noués de mes épaules avec une intuition diabolique. Elle a dit qu’elle me rendait mon propre poids, la haine et l’orgueil. Elle ment. Elle ne rend rien. Elle prend. Elle s’infiltre.Et son corps, là, à côté de moi dans l’eau. En sous-vêtements trempés. Le satin noir, devenu transparent, épouse chaque courbe, chaque renflement interdit. L’eau le plaque contr

LuckLe cognac ne brûle pas. Il coule, lisse et froid, dans ma gorge. Une imposture. Rien ne brûle comme il le devrait. Pas même l’alcool. Pas après cette chaleur-là.Je suis penché sur la table en acajou de mon bureau, les doigts serrés autour du verre. Si je relâche ma prise, ils trembleront. Je le sais. Je sens le tremblement contenu, tapi dans mes muscles, un écho du frisson qui m’a parcouru quand ses doigts ont pressé ma peau.Ses doigts.Je ferme les yeux et je les sens à nouveau. Leurs traces sur mon dos, sur mes épaules. Ce n’était pas un lavage. C’était une exploration. Une revendication silencieuse. Elle a touché la carapace et a trouvé la chair vivante en dessous. Elle a mis à nu une vérité que je refusais même de m’avouer.Et son corps.Mon Dieu, son corps.La vision m’assaille, plus vive que la réalité, parce que teintée du désir qui l’a enluminée. Le satin noir, trempé, devenu une seconde peau, un secret révélé dans son entièreté. La courbe parfaite de ses hanches, ce re