Mila
Il commence à bouger.
Doucement. Puis plus fort.
Ses hanches claquent contre les miennes.
Mes ongles griffent son dos.
Mes jambes le serrent.
Je veux qu’il entre plus encore.
Plus fort.
Plus loin.
Il grogne. Il jure.
Il gémit mon prénom. Encore. Encore. Encore.
Il me retourne. Il me prend par derrière.
Je colle ma poitrine au drap.
Et il me possède avec une force animale.
Puis il me ramène à lui.
Assise sur ses cuisses.
Je le chevauche. Je le regarde droit dans les yeux.
Et c’est moi qui le prends.
Il me serre. Il m’embrasse à la gorge. À la bouche. À l’âme.
— Tu ne partiras plus, je murmure.
Il sourit. Tremblant.
— Jamais.
Quand on jouit, ensemble, c’est violent.
C’est viscéral.
C’est trop.
Et pourtant…
On recommence.
Encore.
Plus tard.
Plus doucement.
Comme une pluie après la foudre.
Quand l’aube glisse derrière les rideaux, il me tient toujours dans ses bras.
Et cette fois, je sais.
Je ne suis plus seule.
9h06 – Chambre 1322 – Hôtel de Tokyo
Je suis réveillée, mais je ne bouge pas.
Je reste couchée sur le côté, le drap léger collé à ma peau encore fiévreuse, les muscles engourdis. La lumière du matin filtre à travers les rideaux opaques, douce, presque irréelle, comme si la ville elle-même avait décidé de ralentir pour ne pas briser l’instant.
Son bras repose encore sur ma hanche, comme une ancre.
Lourd. Brûlant.
Mais ce n’est plus une prise.
C’est un souvenir.
Il est là, dans mon dos. Je sens chaque millimètre de son torse contre ma colonne, sa respiration lente, contrôlée. Trop contrôlée.
Et je me demande s’il dort encore…
Ou s’il fait semblant.
S’il pense déjà à la suite.
À l’évitement.
Au protocole.
À tout ce qu’on ne devra pas dire, pas montrer.
Moi, je pense à son souffle contre ma gorge. À ses doigts qui ont glissé sur ma peau comme une promesse qu’on n’osera jamais tenir.
Je pense à cette nuit.
À chaque gémissement étouffé.
À chaque silence rempli d’une vérité plus vaste que n’importe quel mot.
Et maintenant, je suis là.
Le corps vidé.
L’esprit saturé.
Le cœur incertain.
On a tout donné hier. Dans le noir, dans le silence, dans l’urgence.
Mais le jour, lui, réclame des réponses.
Et je ne sais pas si je les veux.
Je ferme les yeux. Je respire.
Mais je ne sens plus le vertige.
Juste un vide. Une attente.
Je pense à la Mila d’hier soir. Celle qui défaisait ses boutons avec la tête haute. Celle qui ne tremblait pas. Celle qui ouvrait les bras sans demander d’où venait la tempête.
Elle me paraît loin.
Insolente. Courageuse.
Peut-être stupide.
Je ne voulais pas m’attacher.
Je ne voulais pas ressentir.
Je voulais juste… brûler.
Pour une fois. Pour moi.
Et maintenant je suis en cendres.
Je frôle sa main. Il réagit. Il resserre doucement son bras autour de moi. Son nez glisse dans mes cheveux.
C’est doux. Presque tendre.
Et c’est là que ça fait mal.
Parce que je veux que ça reste.
Mais je sais que ça ne peut pas.
— Mila… murmure-t-il.
Sa voix est rauque, comme s’il sortait d’un rêve trop lourd.
Je ne réponds pas.
Je veux qu’il parle.
Mais je sais déjà ce qu’il va dire.
— Tu es réveillée.
Je hoche la tête.
Je sens son hésitation.
Son cœur bat vite, plus vite que tout à l’heure.
— Faut qu’on parle, je souffle.
— Je sais.
Il se redresse légèrement. Je sens ses yeux sur moi. Je ne me retourne pas.
Je veux qu’il me voie ainsi : nue, offerte, mais déjà loin.
Je veux qu’il comprenne ce que c’est, d’avoir eu tout… et de ne plus savoir quoi en faire.
— Ce qu’on a fait cette nuit… c’était pas rien, Mila.
Il cherche ses mots. Il les pèse. Comme un homme qui sait qu’il va frapper là où ça fait mal. Mais qui y va quand même.
— Mais ça complique tout.
Je ferme les yeux.
Oui.
Bien sûr.
La règle numéro un. Ne jamais coucher avec un supérieur. Ne jamais briser la ligne. Ne jamais laisser le cœur s’infiltrer dans l’uniforme.
— Tu regrettes ? je murmure.
Il secoue la tête. Je le vois dans le miroir, plus loin.
Nu, encore, debout dans la lumière pâle du matin.
— Non. Jamais. Mais je sais ce que ça implique. On va devoir voler ensemble encore. Et si ça se sait…
— Et ? je souffle.
Il détourne le regard. Il s’éloigne. Il cherche son pantalon.
Il revient Nolan Elven. Celui des protocoles. Celui des barrières. Celui qui ne dérape jamais.
Et moi, je reste nue.
Nue de tout.
Surtout de lui.
— Il faut qu’on soit discrets. Qu’on mette des limites.
Des limites.
Ce mot me frappe plus violemment que tout ce qu’il aurait pu dire.
Comme si on pouvait délimiter ce qu’on a vécu cette nuit.
Comme si on pouvait enfermer dans une boîte ce feu-là.
Je me lève, moi aussi. Mon corps est lent. Chaque muscle se souvient de lui. De ses prises. De ses cris. De son souffle.
Mais moi, je ne dis rien.
Je m’habille.
Je redeviens Mila Rives. L’hôtesse modèle.
— Des limites… tu veux dire quoi ? Qu’on s’oublie ?
— Je veux dire qu’on ne peut pas tout mélanger. Pas dans cet univers-là. Pas maintenant.
Je noue mes cheveux. Je ne pleure pas. Pas encore.
Je suis en colère.
Pas contre lui.
Contre moi.
Parce que j’y ai cru.
Même un peu.
Même pour quelques heures.
— Trop tard, je dis simplement.
Il se fige.
Je l’observe dans le miroir. Il est magnifique. Fatigué. Perdu.
Mais pas pour moi.
— Je t’ai déjà laissé entrer. Jusqu’à la dernière faille. Tu peux pas revenir en arrière.
Il ne dit rien.
Et c’est ça, le plus cruel.
Je prends mon sac.
Je quitte la chambre.
Pas en hôtesse.
Pas en amante.
En femme.
Brûlée.
Et vivante.
MILAIl est encore là.Assis sur le bord du lit. Silencieux. Trop calme.Comme s’il attendait que la tempête passe.Mais je ne suis pas une tempête.Je suis un putain d’ouragan.Et cette fois, je vais tout balayer.Je me tiens droite, les bras croisés, le dos raide, comme si je pouvais ainsi contenir l’explosion intérieure. Comme si j’avais encore assez de contrôle pour rester debout alors que tout en moi hurle. Mes tripes, ma gorge, ma peau.Je le regarde. Il est trop beau. Trop calme. Trop réel.Et ça me donne envie de le gifler.— Tu devrais partir, je lâche.Il tourne la tête. Lentement. Comme s’il venait d’émerger d’un rêve. Ou d’un cauchemar. Son regard accroche le mien. Un éclat de surprise. Puis l’inquiétude. Et enfin… la résignation.— Mila…— Je t’ai dit de partir.Ma voix est plus tranchante que je ne l’aurais voulu. Mais je ne recule pas. Je ne tremble pas.Pas encore.Il se lève. Pieds nus sur le tapis beige de l’hôtel. Le dos nu. Les marques de mes ongles encore visibles
MilaIl commence à bouger.Doucement. Puis plus fort.Ses hanches claquent contre les miennes.Mes ongles griffent son dos.Mes jambes le serrent.Je veux qu’il entre plus encore.Plus fort.Plus loin.Il grogne. Il jure.Il gémit mon prénom. Encore. Encore. Encore.Il me retourne. Il me prend par derrière.Je colle ma poitrine au drap.Et il me possède avec une force animale.Puis il me ramène à lui.Assise sur ses cuisses.Je le chevauche. Je le regarde droit dans les yeux.Et c’est moi qui le prends.Il me serre. Il m’embrasse à la gorge. À la bouche. À l’âme.— Tu ne partiras plus, je murmure.Il sourit. Tremblant.— Jamais.Quand on jouit, ensemble, c’est violent.C’est viscéral.C’est trop.Et pourtant…On recommence.Encore.Plus tard.Plus doucement.Comme une pluie après la foudre.Quand l’aube glisse derrière les rideaux, il me tient toujours dans ses bras.Et cette fois, je sais.Je ne suis plus seule.9h06 – Chambre 1322 – Hôtel de TokyoJe suis réveillée, mais je ne bouge
Mila6h58 – Hôtel de transit TokyoLa lumière du matin est grise et lourde.Comme moi.Je n’ai pas fermé l’œil.Le vol s’est terminé dans un silence épais. Professionnel. Irréprochable.Nolan n’a pas croisé mon regard une seule fois.Mais je l’ai senti.Je l’ai senti derrière moi pendant le débarquement.Je l’ai senti quand il a effleuré mon épaule dans le couloir de sortie.Je l’ai senti surtout… quand il m’a ignorée volontairement dans la navette.Et maintenant, je suis là.Dans cette chambre impersonnelle, étage 12, odeur de désinfectant et de fatigue collée à la peau.Je me suis effondrée sur le lit sans enlever mes talons.J’ai les jambes encore tendues.Le ventre noué.Le sexe douloureux de ce qu’il n’a pas terminé.Il m’a laissée là-haut.Incomplète.Explosive.Et je le hais pour ça.Mais je le veux encore plus.Je ferme les yeux.Je revois son visage dans la lumière du cockpit.Sa mâchoire tendue.Son regard au bord de la rupture.Il avait craqué.Pour un instant.Pour un batt
Nolan4h26 – Cabine de repos – Vol 438 Ciel de SibérieJe suis debout, immobile, le dos contre la cloison métallique de la cabine, les bras croisés, le regard vissé à la porte.Elle est là.Derrière.Allongée, peut-être.Ou juste éveillée dans le noir, tendue comme une corde.Mila Rives.Son nom cogne à l’intérieur de ma poitrine comme un rappel constant, un battement régulier. Ce prénom m’obsède. M’infiltre. Me suit dans chaque couloir, chaque espace clos, chaque zone d’ombre.Je m’étais juré de ne jamais recommencer.Pas avec une membre d’équipage.Pas avec une femme qui me regarde comme si elle voulait me faire tomber.Et pourtant je suis là.Comme un con.Mes mains tremblent. Pas de peur. De contrôle. De désir. J’ai eu des femmes. Trop. Des corps offerts, des regards dociles. Mais Mila n’a rien de tout ça. Elle me défie. Me regarde comme si elle m’attendait déjà.Et dans ce foutu cockpit, j’ai failli craquer.J’ai senti la chaleur de sa peau, la tension dans sa gorge, cette odeur
MilaSes doigts s’attardent sur ma hanche. Juste un instant. Puis il s’éloigne d’un pas.— Retournez à l’arrière. J’ai besoin d’un œil dans la cabine de pilotage. L’équipage se coordonne mal, et j’ai pas envie qu’on perde le nord ce soir.Il dit ça comme s’il parlait de navigation.Mais sa voix...Elle est plus rauque.Moins en contrôle.Je me redresse. Nos regards se croisent. Longs. Silencieux. Je veux lui dire quelque chose. Je ne sais pas quoi. Que je brûle ? Que je le sens faillir ? Que je suis prête à tomber, si c’est lui qui me rattrape ?Mais je reste droite.— Reçu, commandant.Je pivote lentement et m’éloigne. Mes pas résonnent dans le couloir comme un battement de tambour.Je sens son regard sur moi jusqu’à la dernière seconde.Et ce que j’ai lu dans ses yeux, ce que j’ai senti dans ses bras...Ce n’était pas du contrôle.C’était un dérapage.Un souffle de désir.Une faille.Et moi, Mila Rives,je suis prête à m’y engouffrer.3h12 – Cockpit – Vol 438 – Altitude de croisière
MilaJe reste plantée là, stupide, avec l’impression qu’il vient de me frôler la peau sans lever le petit doigt. Je cligne des yeux, puis secoue la tête. Il faut que je me concentre. L’équipage s’active. Zoé entre à son tour, avec ce sourire mielleux qu’elle ne réserve qu’aux situations où elle sent une proie à partager.– Il est encore plus froid que ce qu’on racontait, souffle-t-elle, moqueuse. Mais canon… Tu ne trouves pas ?Je hausse les épaules.– Peut-être. Je le connais pas encore.Mensonge.Je le connais déjà trop.Elle ricane doucement, comme si elle flairait déjà quelque chose. Zoé est fine. Belle. Toxique. Elle a le regard d’une chatte affamée et les griffes prêtes. Elle sent quand une autre femme brûle pour un homme. Et elle ne recule jamais.– J’espère qu’il n’a pas de préférence. Ce serait dommage qu’il ne goûte pas à tout ce qu’on peut lui offrir.Elle me lance un regard en coin, provocateur, puis disparaît vers l’arrière de la cabine.Je reste là, seule, le souffle cou