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Chapitre 4

UN HORRIBLE CADEAU D'ANNIVERSAIRE

     Une semaine après ...

C'est mon anniversaire, j'ai aujourd'hui dix-neuf ans ! Une année en plus s'ajoute à mon âge. Je m'étire longuement dans mes draps, joyeuse et comblée, et ce, grâce aux événements récents d'hier, malgré un incident eu avec Idrissa.

Hier le vendredi 22 septembre, c'était aussi l'anniversaire de l'indépendance du Mali, mon pays d'origine. La fête a été célébrée et commémorée là-bas, j'aurais voulu en être.

La veille, j'allais chez Idrissa pour déposer des affaires. À l'entrée de son immeuble je l'ai croisée. Je le croise toujours dans le hall d'un immeuble celui-là. S'étant énervé parce que je lui ai « trop mal parlée », il m'a fait tomber et je suis retombé sur ma pauvre jambe. C'est véridique ! Je suppose qu'il était en colère à cause de la sortie de son frère. Je suis allée à l'hôpital. Grâce à lui, j'ai une attelle et du mal à marcher. J'ai dû mentir à mes parents et mon frère sur la cause de cette blessure.

Le grand frère d'Idrissa, Ousmane, est sorti de prison hier matin. La prison, cette fleur noire de la société civilisée. (Nathaniel Hawthorne)

Je suis si contente !

À l'époque, avant qu'il soit incarcéré, on traînait toujours ensemble. En été, il m'achetait souvent des glaces à l'eau Mister Freeze et des canettes de soda. Comme je vous l'avais dit, il ne cache pas ses yeux hétérochromes contrairement à Idrissa, il n'en avait pas honte. C'est un homme bon.

Il me demandait de bien travailler à l'école pour rendre fiers mes parents. Quand ceux-ci avaient besoin de repos, par exemple à la grossesse de ma mère quand elle était enceinte d'Awa, il proposait de s'occuper de nous, Abdou, Adama et moi. On rigolait bien ensemble et il prenait soin de nous. Il nous invitait, ses petits frères et nous, à s'asseoir avec lui afin de nous parler de la religion. Nous apprendre l'alphabet en arabe. Nous apprendre les devoirs que tout musulman doit appliquer. Nous apprendre les Sourates*. Nous raconter la vie de notre Prophète.

Sourates* : Chapitre du Coran.

Comment cet homme, rempli de respect, de piété et de gentillesse, aurait pu commettre un vol à main armée ?

Pour finir, j'ai toujours cru en lui et je pense qu'il n'est pas coupable. Il est sorti et c'est ça le plus important. Mohamed sortira de prison dans seulement quelques jours. il a eu la chance de bénéficié d'un bon crédit de réduction de peine.

Aujourd'hui, je reçois quelques appels et messages me souhaitant un joyeux anniversaire et une longue vie. Je remercie tout le monde. Je mange paisiblement mon déjeuner, Adama arrive au salon.

— Joyeux anniversaire la moche ! cria-t-il heureux.

— Merci ! m'exclamai-je.

— T'es toujours la p'tite alors t'emballe pas ! Bon, tiens c'est ton cadeau ça, j'aurais voulu t'offrir plus tu sais bien.

Il me donne un sachet, je me lève en le remerciant et le prends dans mes bras. Il me sourit puis s'en va. J'ouvre le sachet, il y a une petite boîte. Il m'avait acheté un nouveau smartphone, le dernier iPhone. Je suis complètement satisfaite que j'en cris partout.

Il est génial mon frère je l'aime !

Fathim et Abla arrivent ensuite, criant elles aussi : « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » de l'interphone à la maison. Aux environs de quinze heures, elles décident de m'emmener au centre commercial, j'accepte et je m'habille.

On s'en va quelques minutes après.

Pour me faire plaisir, je m'achète une nouvelle paire de chaussures. On va chez le coiffeur et je me fais un petit coiffé décoiffé. Il faut savoir que je change très souvent de coupe de cheveux, vu que j'en ai abondamment, qu'ils sont énormément longs, qu'ils sont très peu crépus et que j'en prend beaucoup soin, je me permets de tout essayé : chignons, lissages brésiliens, carrés, franges, queues de cheval, teintures, cheveux bouclés, frisés, ondulés, courts, plaqués et j'en passe. Je fais tout !

Je ne mets généralement pas de faux cheveux, j'en mets que quand je fais des tresses africaines, sinon c'est tout le temps des coupes avec mes propres cheveux.

Je rentre, j'aperçois Idrissa et Adama au salon en train de discuter, je salue Idrissa. Il débatte d'un plan stratégique pour leur entreprise.

— Amy vu que t'es là, dis-moi, c'est mieux de rénover une fabrique ou de laisser les fabrications se terminer, pour la rénover ensuite ? sonda Adama.

— Des personnes y travaillent ?

— Quelques-uns mais pas beaucoup, continua-t-il.

— Pourquoi ne pas les laisser finir avant de rénover ? Vous pouvez perdre de l'argent s'ils n'achèvent pas, rétorquai-je.

— On est d'accord, intervint Idrissa.

— On les coupe rapidement, ils pourront reprendre le taf après la rénovation, en plus on pourra y accueillir plus de monde, répliqua Adama.

— Déjà on va perdre du bénéfice, mais si on les coupe en pleine fabrication d'un meuble par exemple, ils vont perdre leur idée, ajouta Idrissa.

J'étais totalement d'accord avec Idrissa, mais le fait d'avoir la même opinion que lui ne m'enchantais pas du tout. Je réponds :

— Faites rénover la fabrique alors et faites-les travailler dans une autre pour pas qu'ils perdent tout ce qu'ils ont entamés.

Idrissa me regarde avec un sourire en coin nerveux, puisque j'ai fait tomber à l'eau son objection. Il sait que je suis d'accord avec lui mais que je ne veux pas qu'il gagne et c'est ce qui le fait sourire. Je vais dans ma chambre et débute le transfert de données de mon ancien téléphone au nouveau.

Le soir, alors que je suis à la maison, Nassim m'appelle, je réponds et nous discutons :

— Ce soir, j't'emmène au restaurant pour ton anniversaire, c'est moi qui khalass *paye*, m'annonça-t-il.

— Ô t'es trop mignon ! Où ? interrogeai-je.

— Enlève ce mignon de ta bouche. Comme si j'allais te le dire. Sois prête à vingt heures trente je sonne chez toi, répondit-il.

— Soit, tu me dis et je viens, soit tu ne me dis pas et je ne viens pas.

— Hleuf *Jure* ?

— Non c'est bon, ricanai-je.

— Gamine. Fais toi belle.

J'accepte puis nous raccrochons. Je prépare mes habits que je dépose sur mon lit puis je vais me laver.

Je m'habille d'un ensemble beige composé d'un cache-cœur moulant et d'une jupe taille haute moulante s'arrêtant aux genoux.

Je mets mon long manteau et me chausse d'une paire de talon ouvert noire. Malgré ma fracture à la jambe, je voulais porter des talons. Je me maquille légèrement et prends plusieurs selfies de moi. Il sonne à l'interphone et me demande de descendre. Je préviens mes parents que je sors avec Nassim (ils le connaissent très bien), en prenant ma sacoche, mon téléphone et mon trousseau de clés, puis je descends. Je vois Nassim, très bien habillé, tout beau.

— Joyeux anniversaire ! s'écria-t-il.

— Merci ! Tu m'emmènes où ?

— Tu me l'as déjà demandé au téléphone, je t'ai dit que je te le dirais pas.

— D'accord, répliquai-je.

Nous avançons jusqu'au parking pour aller dans à sa voiture, je voulais qu'il me porte, donc je saute sur son dos.

— Aller ! Au galop ! m'exclamai-je.

— Amy ! Descends !

— Non. Aller s'il te plaît ! jubilai-je telle une gamine.

Il soupire et me porte. Nous arrivons devant sa Mercedes classe E berline rouge, je descends et on entre. Il démarre et m'emmène vers ce fameux restaurant. Dans le véhicule :

— T'es incroyablement moche, dit-il ironiquement.

— Je te retourne le compliment, rétorquai-je.

— J'suis soin de fou moi.

— Tchip* !

— Non j'rigole t'es belle sista !

— Je sais, je sais, toi aussi.

— Putain, c'est fou comment tu te lances des fleurs !

— Mais, ce n'est pas moi qui me lance des fleurs, ce sont les fleurs qui se jettent sur moi !

— Aller fonce dans le mur.

— On foncera ensemble Nassim. Toi et moi, mi Amor pour la vie ! plaisantai-je avec l'accent italien.

Tchip* : Le tchip ou tchipage, est un élément de communication non verbale, qui remplace l'injure par un bruit/son venant de la bouche. Il est courant en Afrique.

Nous rigolons puis vingt-cinq minutes plus tard, nous arrivons devant le restaurant. Il se gare, nous entrons et il reste à l'accueil quelques temps. Ensuite, un serveur nous emmène à une table autour de laquelle il y a mes amis, Souley, Fathim et Abla.

— Je vous souhaite un joyeux anniversaire mademoiselle, annonça le serveur.

— Merci ! remerciai-je en souriant.

La soirée se passe très bien, nous rigolons, nous nous remémorons nos meilleurs moments, souvenirs et fous rires passés. Souley nous raconte ses magnifiques et divertissantes péripéties comme toujours. Nous avons surtout bien mangé. À la fin, nous rentrons chacun chez soi. Nassim voulut m'accompagner jusqu'à mon immeuble, mais je refuse, je lui demande de rentrer chez lui et que je rejoindrais mon domicile toute seule. S'avérait-il que ce n'était pas une très bonne idée. J'entre dans le hall, une forte odeur fétide, âcre, d'alcool et de drogue se fait sentir.

Je monte, et je ressens une présence derrière moi. Ainsi, je me retourne et j'aperçois Idrissa, tenant une grande bouteille d'alcool dans sa main. Je ne me soucie pas de lui et poursuis ma route. Cependant, lui n'était pas du même avis. Il m'agrippe le bras, me regarde, les yeux rougeâtres, j'en ai très peur. J'ai très vite compris qu'il n'était pas dans son état normal. Qu'il était dans un état où il ne ferait aucune différenciation entre les événements, entre le bien et le mal, où il n'aurait aucun jugement. Il était en état d'ébriété. En comprenant, je suis prise d'effroi, puisque c'était la première fois que je le voyais de la sorte. Il me tire ce bras qu'il tenait encore, me faisant descendre brusquement les marches.

— Euh...Idrissa lâche moi, t'es bourré, dis-je angoissé.

— Je t'avais dit un jour que...que j'allais t'baiser. Je t'avais dit ou pas ? marmonna-t-il.

Il essaie de m'embrasser en m'enlaçant et je tourne la tête de justesse. Quel bordel ! Il me fait peur ! Je tente de m'extraire de son pouvoir physique, mais il me serre le poignet. Là, je commence réellement à flipper.

— Lâche-moi ! ordonnai-je en tirant mon bras, tu me fais mal au poignet !

Sa bouteille tombe. Elle éclate en mille petits verres, ce qui le met en colère. Il me tient fermement maintenant les deux bras. Il me pousse et me tire, avec mes talons, cela me fait déséquilibrer et tomber très vite. Il me frappe énergiquement sur le visage et le corps. De ce fait, ma fracture à la jambe droite ne me facilitait pas la tâche. Je hurle de peur mais il m'emmène rapidement dans la cave du bâtiment, la cave Tchernobog, mes cris ne pouvaient plus se faire entendre. Un canapé, un matelas et une chaise s'y trouvaient là-dedans.

Le nom de ce local prenait tout son sens. Tchernobog, le dieu de la nuit, de l'obscurité et de la lune dans la mythologie slave. Après la christianisation de la majorité des régions slaves, il était vu comme étant le dieu du mal et de la malchance. Serais-je donc maudite ?

Comment cela se fait-il qu'il n'y avait personne ? Personne qui m'entendait crier comme une folle ? Personne ne pouvait m'aider ? Les larmes se mettent aussitôt à coulées d'anxiété, de peur et de peine.

Mon cœur battait à la chamade, j'étais tout simplement horrifiée, pétrifiée et terrorisée de cet homme face à moi. Je n'ai pas le temps de penser à ça, il me lance sur le matelas et se place sur moi.

Je me débats, braille, le griffe, parvenant jusqu'à obtenir un bout de fer à même le sol certainement tombé d'une chaise cassée, je lui taillade au niveau des clavicules, ce qui lui fait perdre du sang. Ça me tache. Il fait un geste de recul, plaque ma main à terre pour me prendre ce bout et le jette loin. Je le frappe plusieurs fois, je devenais de plus en plus instable, il ne me maîtrisait plus correctement. Malheureusement, il me balance un énorme coup à la tête presque fatal, qui m'étourdit. Une quantité négligeable d'énergie me restait, il me déshabille difficilement et faiblement.

Je hurle sans m'entendre. Je me démène me sentant immobile. J'ai les yeux face à Idrissa mais je vois le néant. Je respire mais je suis morte. Avec les peu de forces qui me reste, je lutte encore et encore. Idrissa a incontestablement beaucoup de force dans ses bras et mes débattements ne lui font quasiment rien, nonobstant son hémorragie.

Il débute un acte inchangeable et effroyable, terminera-t-il ?

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Commentaires (4)
goodnovel comment avatar
Salmana Bah
c'est super j'ai hâte de lire la suite
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zebulon451
A quand la suite ?
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Marianne Guillot
pas mal pour un debut à quand la suite
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