LOGINDianeL’aube est une trahison. Elle n’apporte pas la lumière, seulement des nuances de gris, détaillant avec une cruelle précision la scène de mon emprisonnement : les dorures froides, les étoffes luxueuses qui étouffent, la silhouette assoupie du monstre dans son fauteuil. Son souffle est régulier, profond. Un ronflement léger, presque humain, s’échappe de ses lèvres. Cette normalité est la pire des insultes.Mon corps est toujours allongé sur le lit, immobile comme un gisant. Mais à l’intérieur, tout est mouvement frénétique, un tourbillon silencieux qui brasse les cendres de Liam et les forge en une lame unique, en un besoin irrépressible et primal. La hâte, soudain, est tout. L’idée d’attendre un jour de plus, une heure de plus, dans cette bulle où son odeur, son souffle, son simple existence souillent l’air, est insupportable.Le plan n’en est pas un. C’est une pulsion. Une faille dans le mur de glace que je viens de construire. La créatrice de vengeance est brièvement submergée
DianeMais ce n’est pas la fatigue ou l’horreur qui frappent. C’est l’expression. Ou plutôt l’absence d’expression. Le visage est lisse, comme sculpté dans de l’albâtre. Les yeux, pourtant immenses, ne reflètent rien. Ils regardent, ils absorbent, mais ils ne rendent rien. C’est le regard d’un prédateur qui a vu son propre reflet dans le sang.Je fais couler l’eau dans le bassin en or massif. Elle est brûlante. Je trempe une serviette en lin fin et je commence à frotter. Je frotte mon genou d’abord, avec une énergie méthodique, jusqu’à ce que la peau soit rouge et irritée, jusqu’à ce que la dernière trace de lui ait disparu. Puis je nettoie mon épaule, la morsure. La douleur est vive, précise. Je la ressens comme une délimitation. Ici, c’est la blessure de Volkov. Ici, c’était le sang de Liam. Je les sépare. Je les catalogue.Je ne prends pas de bain. L’immersion serait trop intime, trop proche du pardon. Je me lave au gant, debout, comme un soldat après une bataille. Chaque mouvement
DianeLe silence après le coup de feu est une entité vivante. Il s’installe, dense, lourd, remplaçant l’air même. Il absorbe le dernier écho de ma propre voix brisée, les grognements des gardes, le souffle de Volkov. Il s’accroche aux murs capitonnés, aux tentures de soie, et le rend tout sourd, étouffé, irréel.Mes genoux sont incrustés dans le froid implacable du marbre. La sensation, tranchante et nette, est la seule chose réelle. Elle m’ancre à cet instant, m’empêche de basculer dans le néant où mon esprit voudrait fuir. Devant moi, la forme de Liam. Je ne le regarde pas. Je ne peux pas. Si je regarde, ce sera vrai. Alors je fixe la jonction entre deux dalles, une fine ligne de mortier gris.Le sang, cependant, ne demande pas la permission. Il avance, lent, inexorable, traçant un chemin sinueux dans les veinures blanches du marbre. Un lacet sombre et brillant qui cherche son chemin vers le vide. Bientôt, sa lisière touche ma peau. Une chaleur visqueuse, intime, se répand contre mo
DianeLes coups pleuvent, méthodiques, professionnels. Ils ne visent pas à assommer tout de suite, mais à faire mal. À humilier. Un genou dans le ventre. Un coup de pied derrière le genou qui le fait s’effondrer sur le sol en marbre. Ils le relèvent pour mieux le frapper encore. La tête de Liam se balance d’avant en arrière sous les impacts. Le bruit des poings sur la chair, des os qui craquent, est horriblement intime.— S’il vous plaît ! Arrêtez ! Je vous en supplie ! Je hurle, je pleure, je me tords dans l’étreinte de Volkov. Mes cris résonnent dans la suite immense, se mêlant aux grognements sourds des coups et au souffle rauque de Liam.Liam ne crie pas. Il encaisse en silence, les yeux mi-clos, le regard parfois perdu, parfois trouvant le mien dans un éclair de conscience. Et dans ce regard, à travers la douleur, je vois quelque chose qui achève de me déchirer : pas de reproche. Une étrange pitié. Comme s’il voyait que ma souffrance, à cet instant, était pire que la sienne.— Tu
DianeLa violence de Volkov est méthodique. Elle n’est pas passionnée, elle est punitive. Chaque poussée est un coup de poing, chaque retrait un arrachement. Il me tord les poignets, mord la peau de mon épaule jusqu’au sang, transforme mon corps en un champ de bataille silencieux. Je ne pleure pas. Je ne crie pas. Je compte les secondes dans ma tête, je me réfugie dans la froide comptabilité de l’horreur. Je suis le marbre qu’il essaie de fissurer.Quand il achève son œuvre, avec un grognement qui ressemble plus à un râle de colère qu’à un cri de plaisir, il se retire brutalement et se lève du lit sans un regard pour moi. Il enfile sa robe de chambre en soie comme une armure.— Tu as cru qu’il t’avait donné un cadeau ? dit-il, son dos tourné tandis qu’il se verse un autre cognac. Il t’a seulement donné une raison de souffrir plus profondément.Je reste allongée sur les draps froissés et tachés, les membres lourds, la chair meurtrie. Je sens le sang sécher sur mon épaule, la douleur so
DianeIl rejoint sur le lit, son poids s’insinue à côté de moi. Ses mains recommencent leur exploration, plus insistantes maintenant. Elles pétrissent ma chair à travers la soie de ma culotte, puis glissent en dessous. Ses doigts me trouvent, entreprennent leur travail avec la même précision experte que ses lèvres. Je sens mon corps, traître, réagir. C’est une réponse physiologique, déconnectée de moi. Un circuit fermé qu’il a activé. Je laisse faire. Je regarde le plafond orné de moulures dorées, je compte les rosaces.Son humeur, jusqu’ici contrôlée, satisfaite, semble s’échauffer au fur et à mesure que mon corps, malgré moi, trahit une certaine forme de réceptivité. Son souffle se fait plus rauque contre mon cou. Ses baisers deviennent moins mesurés, plus avides. Il y a une avidité qui perce, celle de l’homme qui veut non seulement posséder, mais consommer.— Ma femme, grogne-t-il à mon oreille, en m’écartant les jambes de sa main libre.Il se positionne entre mes cuisses. Je sens







