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BAISE-MOI ENCORE
BAISE-MOI ENCORE
Author: Déesse

Chapitre 1 — Sa cousine 1

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-07-31 02:11:24

Lorsqu’Éric ramène chez lui une jeune femme au regard troublant, il affirme à sa femme, Clara, qu’il s’agit de sa cousine éloignée venue s’installer temporairement chez eux. Clara, méfiante, accepte difficilement cette présence envahissante dans leur foyer. Mais très vite, les regards échangés, les absences inexpliquées et les tensions silencieuses sèment le doute. Car cette “cousine” n’en est pas une… c’est la maîtresse d’Éric.

Entre mensonges, manipulations et passion interdite, le foyer de Clara devient le théâtre d’une trahison orchestrée sous son propre toit. Jusqu’où ira Éric pour protéger son secret ? Et que se passera-t-il quand Clara découvrira la vérité ?

Clara

Le ciel est bas, lourd comme mes paupières fatiguées. Une pluie fine trace des veines grises sur les vitres de la baie vitrée, brouillant la vue sur le jardin impeccablement taillé que j’ai moi-même planté au fil des années. Chaque massif, chaque buisson a une histoire. Des heures passées à creuser, arroser, modeler… pour faire de cette maison un cocon. Mon cocon.

Rien n’est laissé au hasard ici. Pas les coussins alignés avec rigueur sur le canapé gris perle, pas les rideaux en lin blanc que je lave chaque quinzaine, pas même l’odeur de cannelle et de bois fumé qui flotte dans l’air depuis que j’ai rallumé la bougie près de la cheminée. Tout ici parle de moi. De nous. Du moins, c’est ce que je croyais.

Je jette un coup d’œil à l’horloge murale. 18h47. Éric est en retard. Encore. La petite trotteuse semble danser avec un rictus moqueur. J’ai cessé de lui poser des questions. Je connais les réponses : “une réunion qui a débordé”, “le périph bouché”, “un collègue en galère”. Toujours quelque chose. Toujours une raison. Et pourtant… cette lente dérive entre nous, je la sens, comme on sent une marée remonter sans même l’entendre.

Je me lève pour la quatrième fois depuis dix minutes, vais chercher un verre d’eau que je ne bois pas, puis reviens vers le salon où tout semble figé. Même le temps. Même moi.

Puis, un bruit de moteur dans l’allée. Mon cœur rate un battement.

Je m’approche de la fenêtre. C’est lui. Sa voiture. Je souris, malgré moi. Un vieux réflexe de femme amoureuse, conditionnée. Mais très vite, ce sourire s’efface. Il n’est pas seul.

Je me fige, la main encore sur le rideau.

Une silhouette descend du véhicule. Élancée. Féminine. Je plisse les yeux. Il fait sombre, la pluie brouille la vue. Mais je distingue ses gestes. Lents. Précis. Calculés.

Et là, il fait le tour du capot pour lui ouvrir la portière.

Éric ne m’ouvre jamais la portière.

Elle sort, tire un sac de voyage à roulettes. Pas un vieux sac défraîchi, non. Un modèle neuf, élégant, en cuir camel. Elle l’ajuste d’un geste de main gracieux. Puis elle redresse la tête.

Je la vois enfin clairement.

Elle est… superbe. Trop. Le genre de beauté qui dérange, qui entre dans une pièce et attire immédiatement tous les regards. Elle a ce genre de peau parfaite qu’aucune pluie ne semble pouvoir ternir. Son visage est maquillé juste ce qu’il faut. Ses cheveux bruns ondulent avec indolence sur ses épaules. Elle ne semble pas fatiguée, ni même déplacée. Au contraire, elle semble parfaitement à sa place, comme si elle savait qu’elle allait entrer ici. Comme si elle avait préparé ce moment.

Je recule lentement du rideau. Un frisson me parcourt. Pas de froid. De malaise.

La porte s’ouvre brusquement. L’air humide s’engouffre dans l’entrée.

— Chérie ! Je suis là !

Sa voix est plus forte qu’à l’accoutumée. Forcée. Il veut sonner naturel, détendu. Il échoue.

Je m’approche, mes pas résonnent sur le parquet trop silencieux. Mon regard glisse sur elle. Elle observe tout. Les murs, les tableaux, la lumière tamisée… et moi.

— Clara, je te présente Jade, dit Éric en posant une main sur son épaule.

Cette main… elle reste une seconde de trop. Jade. Le prénom claque doucement entre ses dents. Presque tendrement.

— Jade est… ma cousine. Du côté de ma mère. Lointaine, mais famille quand même, tu vois ?

Je ne dis rien tout de suite. Mon cerveau se débat avec cette information. Une cousine ? Quelle cousine ? Il ne m’a jamais parlé d’elle.

— Je ne me souviens pas que tu m’aies parlé d’elle, dis-je, le ton calme mais acide.

Il sourit. Trop large. Trop faux.

— On s’est retrouvés récemment. F******k, les recherches familiales… Elle traverse une période difficile, elle avait besoin d’un point de chute. Je me suis dit qu’on pouvait l’accueillir quelques jours. Elle est de la famille, après tout.

Il parle vite. Ses yeux me fuient.

Elle, en revanche, me fixe. Elle tend la main.

— Merci de m’accueillir, Clara. C’est vraiment généreux.

Sa voix est douce, polie. Mais il y a cette note. Ce petit quelque chose que je ne parviens pas à nommer. Pas une provocation, non. Quelque chose de plus subtil. Une façon de tester ma réaction. De me jauger.

Je serre sa main. Fermement. Plus que je ne devrais. Elle ne bronche pas. Son regard soutient le mien, sans ciller.

Elle me sourit. Pas un sourire gêné, ni reconnaissant. Un sourire tranquille, presque amusé.

Je connais ce regard. Ce regard de femme qui sait ce qu’elle fait. Qui entre dans une maison en sachant parfaitement ce qu’elle vient chercher.

Éric se penche vers le sac de Jade.

— Je vais lui montrer la chambre d’amis. Tu veux bien nous attendre au salon ?

Je hoche la tête.

Il disparaît avec elle dans l’escalier.

Je reste seule dans l’entrée.

Et là, dans ce silence soudain, quelque chose se fissure. Pas une peur. Une intuition.

Elle n’est pas sa cousine.

Elle est autre chose.

Quelque chose que je ne peux pas encore dire à voix haute.

Mais que je sens déjà mordre sous ma peau.

Je me réfugie dans le salon. M’assois, croise les bras. Je fixe le feu dans la cheminée qui peine à s’allumer. Le bois craque faiblement, comme une respiration lointaine.

Le parquet grince à l’étage. Des voix basses. Un éclat de rire féminin.

Je ferme les yeux.

Quand ils redescendent, Éric vient s’installer à côté de moi. Il pose sa main sur mon genou. Geste automatique. Vide.

— Elle restera quelques jours. Juste le temps qu’elle se pose un peu. Elle n’a plus personne dans le coin. Et ça me fait plaisir de l’aider.

Il me regarde, cherche ma réaction.

Je ne lui donne rien. Mon visage est figé.

— Bien sûr, dis-je simplement. On ne refuse rien à la famille.

Jade s’assoit sur le fauteuil en face. Elle croise les jambes, redresse le dos. Elle observe chaque recoin de la pièce. Un fauve qui analyse son nouveau territoire. Elle ne le dit pas, mais elle est déjà chez elle. Ou plutôt… elle agit comme si c’était moi, l’invitée.

Le silence s’installe.

Long. Épais. Inconfortable.

Elle prend une gorgée du thé qu’elle s’est préparé sans demander. Elle sourit en découvrant le parfum.

— Cannelle. J’adore.

Je regarde Éric. Il évite mon regard.

Et là, je comprends.

Quelque chose n'est pas clair dans cette histoire .

Une porte invisible.

Et de l’autre côté… il y a la vérité.

Et elle va faire mal.

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