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Chapitre 7 — L’éclat des masques

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-09-08 01:56:40

Élise

La lumière du soir glisse doucement à travers les rideaux de ma chambre tandis que je me tiens devant la coiffeuse, le cœur serré. Chaque mouvement me rappelle le poids du rôle que je dois jouer ce soir. Mes doigts tremblent légèrement en attrapant le peigne, et pourtant, je m’efforce de paraître calme, impeccable, comme l’exige l’étiquette familiale.

Je choisis ma robe avec soin : un satin bleu nuit qui épouse mes courbes avec élégance, sobre mais digne d’une jeune fille de ma position. La dentelle délicate autour du col et des manches ajoute un soupçon de raffinement sans ostentation excessive. Chaque détail compte : coiffure, bijoux, maquillage discret mais précis. Il faut que tout paraisse naturel, maîtrisé. Je ne dois laisser paraître ni peur ni colère, seulement la parfaite apparence d’une fille docile, prête à se plier aux désirs de son père.

Alors que je boucle la dernière mèche de mes cheveux, je sens le souvenir des baisers volés d’Armand remonter en moi. Un frisson me parcourt l’échine. Je m’efforce de chasser ces pensées, mais la chaleur et la tendresse qu’il m’a laissées flottent encore sur ma peau. Ses mains, son regard… un rappel silencieux de la liberté intérieure que je refuse de céder, même ce soir.

Le trajet jusqu’à la propriété de Charles-Antoine de Montferrand est long, parcourant les rues illuminées de lanternes et bordées d’arbres aux branches impeccablement taillées. La ville entière semble avoir revêtu ses habits de fête. Les pavés brillent sous la lumière des réverbères, et le parfum du jasmin se mêle à celui de la cuisine, annonçant un banquet somptueux.

À l’arrivée, le portail en fer forgé s’ouvre sur un jardin soigneusement aménagé, où des lampions suspendus créent une lueur chaleureuse et trompeuse. Des serviteurs en livrée noire nous accueillent, guidant les invités vers le hall principal, dont les murs dorés reflètent la lumière des lustres majestueux. Le marbre blanc des sols, poli à la perfection, scintille sous nos pas, et chaque pièce semble raconter une histoire de pouvoir, de richesse et de prestige.

La salle à manger est déjà remplie. Les convives, toutes les fortunes de la ville, discutent en petits groupes, leurs rires sonnant comme des carillons cristallins mais artificiels. Les robes somptueuses des jeunes femmes, les costumes impeccables des hommes, les bijoux étincelants… tout est pensé pour impressionner, pour montrer le statut et l’influence de chacun. Mais moi, au milieu de ce théâtre, je me sens étrangère, comme un acteur forcé de jouer un rôle qui me répugne.

Mon père, Henri de Villeneuve, me guide vers ma place avec une fermeté glaciale. Son regard est strict, calculateur, et je sens son contrôle peser sur moi comme un manteau de fer. Charles-Antoine de Montferrand, mon futur fiancé, est là, imposant, plus âgé, un sourire poli mais distant sur le visage. Son regard se pose sur moi avec la curiosité d’un homme habitué à obtenir ce qu’il veut, et je détourne légèrement les yeux, refusant de lui offrir la moindre victoire.

Le repas commence. Les plats se succèdent avec une précision minutieuse : des entrées délicates de saumon fumé aux verrines de légumes exotiques, des rôtis parfaitement dorés accompagnés de sauces raffinées, des desserts sculptés en formes complexes, presque trop beaux pour être mangés. Chaque bouchée est un rappel silencieux de l’opulence qui m’entoure, et pourtant, tout me semble étranger, vide. Le bruit des couverts, le cliquetis des verres de cristal, le murmure des conversations… tout est calculé pour impressionner, pour maintenir un ordre social dont je me sens prisonnière.

Je détourne mon regard des convives pour le chercher, dans un geste inconscient. Armand n’est pas là, et pourtant, je le sens dans chaque frisson qui parcourt ma peau, dans chaque souvenir brûlant de nos baisers volés. Sa présence secrète m’offre une force que je dissimule derrière mon sourire poli. Chaque mot que je prononce, chaque courbette que je fais, chaque rire retenu est un masque que je porte avec maîtrise, mais à l’intérieur, mon esprit est en feu, alimenté par un amour interdit, intense et secret.

Mon père observe mes gestes et mes expressions avec satisfaction. Il ne voit que ce que je veux bien montrer : une jeune fille docile, polie, parfaitement préparée pour son rôle. Mais personne ne peut deviner le tumulte qui bouillonne en moi. Je suis à la fois prisonnière et rebelle, captive de ce dîner somptueux mais gardienne d’un feu que je n’éteindrai jamais.

Alors que le vin coule dans les coupes, que les conversations s’élèvent et que les rires s’épanouissent autour de moi, je serre discrètement ma main sur le bracelet au poignet, symbole de la promesse silencieuse faite à Armand. Chaque détail de cette soirée m’assoit dans un théâtre de convenances, mais dans mon cœur, je reste libre.

Et je sais, malgré le faste et les règles, malgré le fiancé imposé et les regards insistants, que ma véritable allégeance est ailleurs. Dans un murmure, dans un souvenir, dans un baiser volé. Armand.

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