Point de vue de Kaia J’ai perdu la notion du temps sur les falaises, ce qui m’arrive toujours facilement. Mais lorsque le soleil a commencé à décliner et que la lune a gagné en puissance, j’ai commencé à sentir à la fois Alora et Père pousser sur mon lien mental, impatients de me voir rentrer. Mon retour était lent, mes pas me semblaient lourds… artificiels. En vérité, ma louve et moi voulions rester sur les hauteurs des falaises. Tout ce qui nous attendait en rentrant, c’étaient des disputes et des questions. Alors, lorsque je pénètre dans la maison Alpha et trouve Père, Alora, Gabriel et Jacques assis calmement dans le salon, j’ai fait un double regard, incrédule face à cette scène… une forme de conversation civilisée semble se dérouler. « Kaia, viens nous rejoindre ! » Père tapote le siège à côté de lui tandis que Florence entre avec un plateau de boissons. Elle s’était donnée à fond pour tout ranger et avait passé la plupart de son temps à l’hôpital. En fait, c’était
Point de vue de Kaia Je suis en colère contre tout le monde. Contre Père, parce qu’il met si facilement sa vie en danger. Je comprends, elle est sa fille et il a passé des années à penser qu’elle était morte. Il veut lui montrer ce qu’est l’amour d’un père, lui prouver qu’il peut la protéger… la garder en sécurité. Mais cela n’empêche pas la colère de monter au fond de mon estomac, une colère qui masque mes véritables sentiments… une inquiétude intense. Même contre Alora. Elle a dit qu’elle ne voulait pas de ça, qu’elle ne l’accepterait pas. Que cela ne changerait rien maintenant, alors pourquoi risquer la vie de Père ? Parce que c’est ce qui allait se passer, il n’est pas assez fort pour ça. Ce qui me laisse une seule question… moi. Je le sens me suivre dans l’escalier, et c’est surtout contre lui que ma colère est dirigée. J’avais envie de lui hurler dessus, de le secouer pour lui faire entendre raison. Lui, plus que quiconque, aurait dû refuser cette opération, je p
Point de vue de Gabriel On nous accorde des guerriers de la Meute réformée d’Ombre de Nuit pour nous accompagner dans notre voyage vers les terres de la Meute Roche de l’Ombre. Mais je ne quitte les frontières de Beckett que lorsque je sens le lien de la meute avec mon Bêta, Pascal, se renforcer. Il était proche et devait être presque arrivé auprès de Kaia. S’il n’était pas en route pour la rejoindre, mon homme de confiance… je ne serais jamais parti. Le plan était que Beckett et Alora entrent en chirurgie pendant que j’offrirais un écran de fumée en proposant mes services pour aider aux négociations. Marc n’aurait aucune idée de ce que Kaia représente pour moi, et cela nous donnait du temps à exploiter. Je n’ai jamais eu autant de clarté d’esprit. Pour la première fois depuis des années, je savais exactement ce que j’avais à faire. Mon esprit était enfin libéré de tout brouillard : Kaia est à moi, je dois la protéger. Notre entrée dans la Meute Roche de l’Ombre se fait
Point de vue de Kaia « Regarde-moi bien ! » Mon esprit refuse d’oublier aussi facilement ses derniers mots. En réalité, c’est tout ce à quoi je peux penser alors qu’Alora et moi sommes assises au sommet des falaises, laissant les heures défiler avant qu’elle ne doive se rendre au centre médical pour son évaluation préopératoire. J’étais inquiète, j’avais peur. Je venais tout juste de retrouver Alora, et voilà que je devais me préparer à la perdre avant son heure. Je craignais qu’elle ne soit trop faible pour l’opération, et que mon père soit trop âgé pour vivre avec un rein en moins pour le reste de sa vie. Je savais qu’elle n’en avait déjà plus pour longtemps, mais interférer avec le plan de la Déesse de la Lune faisait naître en moi une angoisse sourde qui rongeait mes entrailles. Je n’arrivais pas à me défaire de cette anxiété, de ce pressentiment, de ce funeste avertissement. « Kaia ? » « Hmm ? » « Comment crois-tu qu’elle était ? » Alora et moi étions arriv
Point de vue de Kaia « Où vas-tu ? » Pascal commence à marcher avec moi. « Je dois arrêter Père… » « Luna ! » « Reste ici avec Alora. S’il te plaît, Pascal, tant qu’elle est ici, il ne peut pas l’atteindre. » Je n’attends pas que Pascal confirme qu’il suivra ma demande, je suis trop pressée de partir. Je cours en direction de la maison Alpha. Père peut faire ce qu’il veut, pour tout ce que j’en ai à faire, arracher son cœur et le donner à manger aux poissons, mais tout ce qu’il fera causera du chagrin à Alora. « Père ? » Je pousse sur son lien mental en courant aussi vite que possible vers lui. « Reste avec Alora ! » répond-il. « Père, si tu le tues… oublie l’opération… elle ne survivra pas. Ils sont compagnons. » Il me bloque, et je jure bruyamment en courant devant des enfants qui jouent dans le bac à sable artificiel que j’ai construit il y a quelques semaines. Alors que je m’approche de la maison Alpha, je trouve des guerriers debout en cercle, mon
Point de vue d’Alora Je voulais lui faire mal, comme il lui avait fait mal. Mais il était toujours mon tout… ma joie, mon cœur… mon âme. « Alora ? » Il halète, ses yeux s’embuant sous l’impact de mon poing contre son nez. J’y avais mis toute ma force, et alors que je ramène ma main à mon côté, je peux sentir l’épuisement de mes réserves d’énergie déjà bien entamées. « Comment as-tu pu être aussi cruel… Comment as-tu pu lui faire tout ça ? » Ma voix tremble sous le poids de mes émotions. « Tout ce que j’ai fait, c’est pour te sauver, pour toi. » « Et qu’en est-il de… » Mon regard se porte sur Kaia, qui semble encore sous le choc de mes actions. Je n’ai rien dit, je ne voulais pas qu’elle revive ce qui s’était passé. Je ne voulais pas qu’elle sache que j’avais entendu Gabriel et elle. Elle l’aime, et il l’aime. C’est évident. Mais le lien de compagnon brouillait tout. J’étais perdue. Déchirée… Mon compagnon est devant moi, maintenant agenouillé, ses bras e
Point de vue de Gabriel « Pascal… Pascal, parle-moi ! » Dès que je sens mon lien avec mon bêta s’activer, je pousse dessus avec force. « Elle va bien… » « Que s’est-il passé ? J’ai ressenti une poussée à travers le lien de compagnon. » « Tu as senti ça ? Kaia a rejeté Théodore. » « Théodore ? Il est là ? » « Pas pour longtemps. S’il ne part pas bientôt, je pense que Beckett va le donner en pâture aux poissons. » Pascal ricane à travers le lien mental. Il pense peut-être que Beckett ne fait que parler sans agir… mais moi, non. Quelque chose ne tournait pas rond, il cachait quelque chose. Et avec les deux filles aveuglées par leur admiration pour lui, Kaia plus qu’Alora, il était difficile de leur faire remettre en question leur propre enfance. Des informations cruciales manquaient sur l’événement le plus important de leur vie : leur naissance. Nous abandonnons les voitures avec lesquelles nous sommes arrivés à la Meute Roche de l’Ombre et traversons les champs
Point de vue de Gabriel Noix de coco et citron vert. Le parfum puissant de Kaia envahit mes sens, et je dois me raidir pour garder mon loup sous contrôle. Son odeur est incroyablement forte maintenant que son lien avec Théodore est définitivement rompu. Des frissons… Des frissons dansent sur ma peau, là où ils n’étaient pas auparavant. Mon bras effleure sa taille, embrassant sa peau légèrement dévoilée au-dessus de la ceinture de son legging. Les avait-elle ressentis tout ce temps ? Avait-elle perçu mon odeur dès l’instant où elle m’a trouvé ? Je me sens comme un imposteur, un faux compagnon. « Tu vas bien ? » Je murmure à son oreille. « Oui, je suis soulagée qu’il soit parti. Mais je ne me fais pas d’illusions, il reviendra pour elle. Il lui est impossible de ne pas être avec elle. » Elle a raison. Il voudra se venger, et je serai sûrement en tête de sa liste. « Pascal ? » J’active mon lien mental avec mon Bêta, qui est resté dans la maison Alpha. « Alpha
« Qu’est-ce qui se passe ? » je demande en marchant devant la moto de Knox pour les rejoindre. « Changement de programme. » Les yeux de Knox me parcourent de haut en bas avant qu’il ne morde sa lèvre inférieure. Mon cœur s’emballe face à sa réaction en me voyant. Est-ce que ce sera toujours comme ça ? Toujours aussi brûlant ? Je crois que oui. Et lui, il avait l’air incroyablement sexy, impossible de lui résister.Il ne portait pas sa tenue en cuir pour la moto, mais un jean noir, une chemise blanche et une veste en tweed gris à chevrons. Il était beau dans n’importe quoi, et rien que le voir me fait vibrer jusque dans le bas-ventre. À en juger par ses vêtements et les autres clés de véhicule dans sa main… quelque chose a changé entre le moment où il est parti se préparer et celui où je l’ai retrouvé dehors. « Je croyais qu’on allait faire un tour à moto ? » « Trop risqué. J’ai besoin qu’on garde un œil sur toi. » déclare Papa. Mes yeux se tournent vers le second SUV… a
~ Josie ~ Dès que j’entre dans ma chambre, je tends la main vers mon téléphone, posé sur ma table de nuit, exactement là où je l’avais laissé. Je vois que j’ai un appel manqué de Knox… Il a dû penser que j’avais pris mon téléphone avec moi… La dernière chose à laquelle il s’attendait, c’était probablement de me voir transformée. Et moi, la dernière chose à laquelle je m’attendais aujourd’hui, c’était de me transformer. Je compose son numéro enregistré dans mes contacts… Morte d’envie de lui raconter ce qui vient de se passer. Je ne lui ai pas parlé depuis qu’Oncle Olivier et Tante Rose l’ont raccompagnée chez elle après leur visite. Apparemment, la nouvelle de mes blessures mortelles s’est répandue parmi les meutes de confiance, mais pas celle de ma guérison miraculeuse. Je suppose que Maman et Papa préfèrent rester prudents pour éviter que les assaillants n’apprennent que je suis toujours en vie. Je veux dire, j’ai été touchée par des balles en argent - peu de gens surv
~ Josie ~ « Compagnon, c’est notre compagnon. » Ma louve répète dans mon esprit, comme s’il n’y avait jamais eu de doute. Comme si j’aurais dû le savoir depuis toujours. Mais je ne savais même pas que j’avais une louve, encore moins qu’il m’était possible d’avoir un compagnon. « Compagnon ? » Mes lèvres forment le mot juste au moment où Knox s’avance vers moi, ses mains saisissant ma taille. « À moi. » Les mots qui s’échappent de ses lèvres résonnent dans mes oreilles. Tout prend sens maintenant… Pourquoi j’étais attirée par lui, pourquoi ses lèvres étaient les seules que je voulais sentir sur les miennes, pourquoi, après l’avoir rencontré à seize ans, aucun autre mâle ne lui arrivait à la cheville. Même si je ne savais pas qui il était, ni où il se trouvait… ce lien avait déjà été établi. Il s’était déjà enclenché, nous ne le savions juste pas encore. Je l’attendais depuis tout ce temps. Ses mains remontent de ma taille, ses doigts suivant les contours de mon corp
« Josie ? », ai‑je crié en étendant mes jambes, avant de me transformer en plein vol pour me placer devant elle et l’empêcher de subir l’assaut du dangereux loup alpha qui lui montrait les crocs.Qu’est‑ce que ce salaud pensait faire… Elle venait à peine de vivre sa première transformation.Elle était incroyable, déjà magnifique, mais voir sa louve… si la situation n’avait pas frôlé la catastrophe, j’aurais laissé mon loup la revendiquer comme la sienne.Je me serais replongé dans ma forme humaine pour laisser échapper ces mots clichés, « à moi », que j’avais coutume d’entendre prononcés inlassablement par d’autres loups mâles.Jamais je n’aurais imaginé prononcer de tels mots. Pourtant, sachant désormais que le lien qui nous unissait reposait sur le fait qu’elle était destinée à être mienne, cette irrésistible envie de prolonger ses battements de cœur, de la protéger, me consumait. Je savais qu’il resterait encore du temps avant que je doive la revendiquer et l’inscrire comme mien
~ Knox ~Dès l’instant où mes yeux se sont ouverts, j’étais persuadé qu’il s’était passé quelque chose d’anormal. Dès mon réveil, j’ai remarqué que la Rousse ne se trouvait plus à mes côtés. Le froid persistant sur le matelas, où elle avait l’habitude de s’allonger, témoignait qu’elle s’était éloignée depuis bien un moment.La première alerte se faisait sentir en moi, mon loup intérieur se manifestait en signe de panique, mais la Rousse appartenait à sa propre meute, à son foyer ! Par la déesse, je ne pouvais me permettre d’y attacher immédiatement de l’importance. Mon loup finirait par se calmer et se sentirait plus en paix dès que je l’aurais marquée.Je dévalais les escaliers d’un pas précipité pour atteindre le niveau inférieur de la maison Alpha… qui se présentait alors dans un silence inquiétant. À cet instant, mon loup se faisait de plus en plus insistant, comme avouant son désir irrépressible de se transformer.La porte du bureau alpha se trouvait verrouillée, signe ind
« Attends jusqu’à ta première course de meute sera fini… », a commenté Jace.« Tu restes pour ça ? Tu es déjà revenu ? »« Je n’avais pas encore envisagé l’avenir jusque-là. » Sa voix a répondu à toute allure, ce qui, pour moi, signifiait qu’il en pensait beaucoup, mais qu’il préférait taire ses véritables intentions pour ne pas troubler cet instant partagé avec Jaxon et moi.« Fais en sorte que Tante Alora ou Pascal ne l’apprennent pas – je parie que leur retraite débutera par une cérémonie d’accouplement. », ai-je lancé via notre lien mental.« Pardon ? »« Oh ma déesse… tu n’étais pas au courant. »« Au courant de quoi ? », a-t-il demandé alors que son loup se tournait intégralement vers le mien.« J’ai surpris Tante Alora et Pascal qui s’embrassaient devant le salon, lors de la soirée annuelle des alliances de meutes. »« Quoi ? »« Eh bien, cela dure depuis des années. »« Incroyable… »« Dès lors, ce léger doute de ta part ferait bien de disparaître rapidement, car l
~ Josie ~Je me sentais… libérée.Pendant toutes ces années, j’essayais d’étouffer la douleur intérieure de ne pas avoir la louve, de me sentir différente. Je m’épanouissais pourtant dans une certaine quiétude, jusqu’au jour où elle est entrée dans ma vie et a redéfini tout ce que je croyais savoir.Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais, en découvrant la part lupine en moi, je me surprenais à me demander comment j’avais pu vivre sans elle. Tout m’apparaissait soudain d’une clarté presque surnaturelle : j’ai parvenu à distinguer les plus infimes insectes qui se faufilaient entre les brins d’herbe, glissant entre les empreintes de ses pattes, sans effort ni plissement des yeux. C’était tout simplement hallucinant.En levant les yeux, ma perception s’est transformée d’elle-même, passant d’un champ microscopique à une vision lointaine. Les arbres qui se dessinaient devant moi semblaient observés au travers d’un télescope, et chaque feuille se révélait avec une précision digne de l
« Bon, alors il va falloir que tu travailles à renforcer ce voile… comme une porte impénétrable, dont toi seule donnes l’accès… », a dit Jace.« D’accord… je peux m’en charger. »« N’oublie pas que vous êtes liées, mais c’est la part humaine qui commande. Tu diriges la louve, et non l’inverse. Sinon, ta louve accumulerait trop de pouvoir et finirait par se rebeller à chaque occasion. »Ses paroles m’ont fait marquer une pause… serait-il possible que des loups agissent ainsi ?« D’accord. »Les mots de Jace m’ont fait tourner la tête ; il me fallait impérativement maîtriser cette part lupine… comment diable y parvenir ?« Ne t’inquiète pas, ma sœur, ça te viendra naturellement. Tu n’as rien à redouter. »Les paroles d’encouragement de Jace me remontaient le moral.« Merci. »J’ai hoché la tête, reconnaissante de ses propos rassurants.« Tu sentiras ta louve se frayer un chemin à travers cette barrière chaque fois qu’elle voudra entrer en contact avec toi. Et c’est parfait : tu
~ Josie ~Revenir chez moi n’a pas été le retour tranquille de l’hôpital auquel je m’attendais. On a dû apprendre que le Docteur Abel m’a autorisée à sortir dès l’aube, à condition que je prenne soin de me reposer suffisamment. Il a même tenu à préciser qu’il serait passé me voir pour vérifier que je suivais bien ses recommandations, ce qui n’a guère plu à Knox.Même si j’avais toujours une affection particulière pour cet hôpital, j’ai toujours préféré être celle qui venait en aide plutôt que celle qui en bénéficiait. Ainsi, lorsque je suis arrivée dans le couloir et aperçu des banderoles et des ballons proclamant « Bienvenue à la maison ! », un sourire a immédiatement illuminé mon visage. J’ai imaginé un retour discret, persuadée que tout le monde serait absorbé par les entraînements.Mon sourire s’est élargi encore en distinguant Jace, installé dans un recoin aux côtés de Maman – il n’est pas encore parti, bien que j’aie déjà pressenti qu’il finirait par partir, même si je n’e