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Chapitre 7 — Le goût du pouvoir

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-05-23 18:44:42

Victor

Elle est venue.

Évidemment qu’elle est venue.

Je n’ai pas eu à douter. Pas une seconde. Éva prétend se battre, mais elle n’est qu’un animal effarouché qui revient toujours vers le feu, même si elle sait qu’il brûle. Ce n’est pas moi qu’elle fuit. C’est ce qu’elle ressent en ma présence. Ce qu’elle devient quand elle s’oublie.

Elle a poussé la porte comme on entre dans une église profanée. Avec ce mélange de crainte et de fascination. Une robe trop sage, des talons trop bas. Le genre de tenue choisie pour se convaincre qu’on ne cède pas.

Mais j’ai lu le contraire dans chacun de ses gestes.

Je n’ai pas bougé. Je l’ai laissée approcher. Mon silence était un piège. Elle s’y est glissée sans même s’en rendre compte.

Éva

Je pensais pouvoir entrer et ressortir indemne. Me prouver que j’étais forte. Que ce n’était qu’une parenthèse.

Mais dès que je l’ai vu, assis dans ce fauteuil, le regard posé sur moi comme une lame, j’ai su que j’étais foutue.

Il ne m’a pas saluée. Pas un mot. Pas un mouvement. Juste cette présence massive. Magnétique. Immuable.

Et moi, ridicule, tremblante, incapable de soutenir son regard plus de deux secondes.

Je voulais lui dire que c’était terminé. Que je ne reviendrais plus. Mais ma bouche est restée close. Comme scellée par l’attente.

Victor

Je l’ai observée s’approcher. Chaque pas était une confession. Elle voulait fuir, mais son corps la trahissait. Les épaules raides. Les doigts qui se tordaient.

Et cette respiration, courte, sifflante, comme si elle marchait au bord du précipice.

Je lui ai demandé de se déshabiller.

Pas d’un ton autoritaire. Juste… calmement. Presque doucement.

Elle a obéi. Lentement. Trop lentement. Croyant garder le contrôle, croyant m’offrir quelque chose.

Mais elle ne m’a rien donné. C’est moi qui ai tout pris.

Éva

Quand il m’a ordonné d’ôter ma robe, j’ai senti mes genoux flancher. Pas à cause de la peur. Mais parce que j’en avais envie.

J’aurais voulu lutter, mais j’étais déjà perdue.

Chaque geste me coûtait. Non pas parce qu’ils m’humiliaient, mais parce qu’ils révélaient ma vérité. Je voulais qu’il me voie. Je voulais qu’il me possède. Qu’il devine ce que je ne suis même pas capable de me dire à moi-même.

Et il l’a vu. Tout.

Pas un frisson ne lui a échappé.

Victor

Elle s’est dénudée avec la maladresse d’une femme qui veut être forte mais qui vacille. Et sous cette fausse assurance, j’ai vu la brèche.

Elle se tenait là, fière et nue, mais chaque fibre d’elle criait « prends-moi ».

Pas par luxure. Par besoin de céder.

Et je n’ai rien fait.

Je l’ai laissée debout. Frissonnante. En attente.

Je n’ai pas tendu la main. Je n’ai pas effleuré sa peau.

Je me suis contenté de la regarder. Jusqu’à ce qu’elle comprenne : ce n’est pas son corps que je veux. C’est son abandon.

Éva

Il ne m’a pas touchée. Il n’a pas bougé. Il m’a juste regardée.

Et j’ai eu honte. Pas d’être nue. Mais d’espérer. D’attendre qu’il me prenne.

Quand il m’a dit que je pouvais partir, j’ai senti un coup de froid s’abattre sur moi.

Ce n’était pas du rejet. C’était pire. C’était une stratégie.

Il m’a laissée avec la faim. Avec le vide.

Victor

Elle est partie sans un mot. Elle a remis sa robe comme une armure fissurée. Mais son regard était brisé.

Elle pense encore pouvoir me fuir. Elle croit que ce refus l’a rendue plus forte.

Mais en vérité, elle est déjà attachée. À moi. À l’idée de moi.

Elle reviendra. Parce que l’absence est une drogue plus cruelle que le plaisir.

Éva

J’ai quitté le club sans regarder derrière moi. Mon cœur battait trop fort. J’étais honteuse de ce que je ressentais. De ce que je voulais.

Je me suis dit : c’est terminé. Plus jamais.

Mais dans le taxi, mes doigts ont frôlé ma cuisse, là où j’aurais voulu qu’il me marque. Et j’ai compris que c’était déjà trop tard.

Il est en moi.

Victor

Je suis retourné dans mon salon privé. Le whisky dans le verre, intact. Je n’avais pas soif. J’étais grisé par elle.

Je pensais à son regard. À cette lueur entre la peur et la supplique. Cette déchirure qui ne demande qu’à être agrandie.

Elle ne sait pas encore ce que je veux. Elle croit qu’il s’agit de sexe, de domination. Mais c’est un leurre.

Je veux sa loyauté. Sa confiance. Je veux qu’elle chute sans que je pousse. Qu’elle s’offre, non parce qu’elle y est contrainte… mais parce qu’elle ne conçoit plus la vie autrement.

Éva

Je suis rentrée, je me suis allongée sur le lit sans me déshabiller. J’ai fermé les yeux. Et j’ai revu la scène, encore et encore.

Pourquoi n’a-t-il rien fait ? Pourquoi ce vide est-il pire qu’un excès ?

Je me suis sentie abandonnée alors qu’il était encore partout. Dans ma peau. Dans mes pensées.

J’ai serré les draps contre moi, en silence. Et j’ai murmuré son prénom sans m’en rendre compte.

Victor

Je ne l’appellerai pas. Pas ce soir. Pas demain.

Elle doit faire le pas. Elle doit revenir de son plein gré.

C’est comme ça que naît le vrai pouvoir : quand l’autre croit encore qu’il choisit.

Je fixe le vide. Et je souris.

Le jeu commence à peine.

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