Chapitre 4

Je me suis glissée à l'arrière de la bagnole après avoir foutu mes bagages dans le coffre et j'ai attaché ma ceinture. J'avais à peine eu le temps de respirer avant de me jeter par-dessus les sièges et dans les bras du conducteur.

Son rire m'a fait monter les larmes aux yeux. « Hé, ma petite puce. »

« Tonton Ronnie. Tu m'as trop manqué. » J'ai grimpé par-dessus les sièges pour m'installer à l'avant. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Ronnie était le bêta de mon père. Pas vraiment de la famille, mais il avait été là pendant presque toute ma vie.

« Tu crois que j'allais laisser ma nièce préférée se pointer toute seule sur les terres de la meute ? Pas de ton vivant. »

« C'est papa qui t'a envoyé ? » J'ai éclaté de rire.

« Ouais, c'est lui qui m'a expédié ici. Ton père est un angoissé chronique. » Il m'a souri. « Dès que ta mère a appelé, il m'a envoyé avec le jet. »

« Il avait pas besoin de faire ça. » J'ai juste secoué la tête et attaché ma ceinture.

« Bien sûr que si. Il te voit jamais assez, et maintenant tu passes l'été ici. Qu'est-ce qui se trame ? » Mon oncle m'a regardée et j'ai simplement secoué la tête.

« Je veux pas être ici. »

« Pourquoi ? »

J'ai baissé les yeux vers mes mains entrelacées. « J'ai peur que mon compagnon soit ici et je veux pas avoir raison. Je me suis dit qu'en me cassant, je pourrais repousser l'inévitable. »

« Pourquoi tu voudrais pas de lui ? » Mon oncle a demandé en filant sur l'autoroute en direction de l'aéroport.

« Je vous le dirai à toi et à papa, mais pas maintenant. » Mon oncle m'a regardée, scrutant mon visage avant de hocher la tête.

« D'accord, mais je veux l'histoire complète. »

« Tu l'auras, je te jure. » J'ai fait un signe vers la route. « Maintenant, concentre-toi sur la conduite pour pas nous foutre dans le décor. » J'ai attrapé le volant, nous ramenant dans notre voie.

« Merde ! » Tonton Ronnie m'a repris le volant et s'est remis à faire gaffe à la route. « Je m'inquiète juste pour toi, ma petite louve. » J'ai pas pu m'empêcher de rire parce que les loups arrêtent de vieillir à vingt-cinq ans, et il avait l'air à peine plus vieux que moi.

« Je sais. » Je me suis calée dans mon siège et j'ai soupiré. « Je te promets que ce qui s'est passé va pas arranger ce sentiment. » J'ai essuyé mon visage. « Je pige même pas pourquoi ma mère m'envoie chez mon père. Elle a juste dit qu'il pourrait m'aider. »

« Bon, dépêchons-nous de rentrer pour comprendre ce dont t'as besoin, ma puce. » Il a écrasé l'accélérateur, et on est arrivés à l'aéroport en un rien de temps.

On a chargé mes bagages et on s'est dirigés vers le jet pour installer. « Ferme les yeux. On dirait que t'as à peine dormi aujourd'hui et on a quelques heures de vol. » Mon oncle m'a tapoté la tête avant de s'asseoir en face de moi et d'ouvrir son ordinateur portable.

« T'as du boulot ? »

« Ouais. »

« Cet été, tu pourrais m'apprendre des trucs ? » Une idée germait dans ma tête, un plan qui non seulement me permettrait d'échapper à mon minable de compagnon, mais aussi de me faire un paquet de fric au passage.

« Bien sûr, ma puce. » Mon oncle m'a souri. « Tu sais, ton père t'apprendrait à peu près tout ce qu'il pourrait si t'étais partante. »

« J'ai demandé à rejoindre votre meute. » Je me suis blottie dans la couverture que l'hôtesse m'avait filée, et Ronnie s'est figé.

« Qu'est-ce qui se passe ? » Ses yeux ont étincelé.

« Je t'expliquerai plus tard. Promets-moi juste que t'essaieras de me croire sans me juger. »

« Bien sûr, ma puce. » Il a souri puis s'est remis sur l'ordinateur posé sur ses genoux. « Maintenant, pionce un peu. »

« OK. » Je me suis tournée et je me suis endormie presque instantanément.

Je me suis réveillée quand Ronnie m'a secouée. « On est arrivés. »

J'ai poussé un énorme bâillement à m'en décrocher la mâchoire avant de me frotter les yeux. « D'accord. » J'ai rendu la couverture et passé encore une fois la main sur mon visage. « Merci. »

« De rien, Princesse. » L'hôtesse m'a souri, et j'ai capté tard qu'elle faisait aussi partie de la meute.

« T'as pas besoin de m'appeler Princesse. »

« Vous êtes la fille de l'Alpha. » Elle s'est inclinée puis nous a laissés nous débrouiller.

« Allez, ton père m'a déjà bombardé de trois messages depuis l'atterrissage. » Ronnie a ri et m'a emmenée vite vers la voiture qui nous attendait. En trente minutes, on était sur les terres de notre meute. « Ton père te laisserait venir vivre ici si tu voulais, ma puce. »

« Je sais. Mais l'Alpha Dan me laissera pas me barrer... » J'ai regardé sur le côté et j'ai expiré un grand coup. « Je crois qu'il se doute de quelque chose que je fuis et il me laissera pas partir avant d'en être sûr. »

« Tu vas me le dire maintenant, ma puce ? »

J'hésitais encore quand on s'est garés devant la maison de la meute. Avant même que je puisse répondre, la porte s'est ouverte en grand et je me suis retrouvée enveloppée dans des bras puissants, entourée d'une odeur familière qui a calmé direct mon angoisse.

« Papa. »

« Hé, ma petite louve. » Sa voix grave m'a apaisée encore plus, et j'ai senti les larmes me monter aux yeux.

« Tu m'as manqué. » J'ai reniflé tandis qu'il détachait ma ceinture et me prenait complètement dans ses bras.

« Toi aussi tu m'as manqué. » Il m'a embrassée sur la tempe. « Maintenant, on a plein de trucs à se dire. » Il s'est mis à courir en me portant avant même que je puisse ajouter un mot, Ronnie sur nos talons.

« Ralentis, espèce de dingue. On est pas tous capables de courir à cette vitesse. » Ronnie galérait à nous suivre et mon rire a résonné dans les couloirs de la maison de la meute. On s'est installés dans le bureau de mon père avec un Ronnie tout essoufflé qui tirait la gueule. Putain, ce qu'ils m'avaient manqué ces deux-là.

« Raconte-moi ce qui va pas, ma petite louve. » J'ai regardé autour de moi, cherchant encore mes mots. Mon père a pris mon visage entre ses mains et a secoué la tête. « Quoi que tu me dises, ça changera rien entre nous, ma petite louve. Je te croirai, peu importe à quel point ça peut sembler dingue. »

« Pareil pour moi, ma puce. »

J'ai senti un poids s'envoler en voyant sa détermination. Il croirait mon histoire, aussi folle soit-elle. Je savais que quelles que soient les conneries que j'allais leur raconter, mon père et Ronnie prendraient chacun de mes mots pour argent comptant.

Ici, j'ai jamais eu à douter de ma santé mentale.

Alors finalement, je me suis calée confortablement et j'ai commencé à leur raconter mon histoire.