Clara et Arlette avaient sauté dans le premier bus pour Douala. La mère de Michelle avait appelé Clara juste après le réveil de Michelle. Clara était inconsolable ; elle était si contente du fait que Michelle attende une fille, elle lui disait tout le temps qu’elles la pouponneraient ensemble, et qu’elle serait même sa marraine. Elle se posait sans cesse des questions pendant le trajet.– Ce n’est pas possible ! Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Je ne comprends pas… – Pauvre Michelle ! Encore un autre coup dur !– Je t’assure Arlette ! – Tu sais, je crois que j’ai été un peu trop dure envers elle ! – Pourquoi tu dis ça ? – Je n’ai pas arrêté de lui dire tout le temps de se faire avorter ! Je me sens mal je t’assure ! Je n’avais pas vraiment de compassion pour elle sur le fait qu’elle soit enceinte ! Je ne l’ai pas rassurée à ce propos… vraiment ! Je… je m’en veux beaucoup ! – Non ! Ne dis pas ça ! Je pense que tu aurais voulu juste qu’elle n’ait pas de soucis et qu’elle soit bi
Fabrice était un de ces gentlemen comme on n’en rencontrait pas souvent. Il connaissait bien les femmes et savait s’y prendre avec. Il avait du goût, et son palmarès était bien fourni ; il ne sortait qu’avec des canon de beauté, se plaisait-il à dire, et il s’en vantait d’ailleurs. Il savait qu’il leur plaisait, mais son problème à lui ce n’était pas d’entretenir une relation durable, mais de séduire, puis de passer à autre chose ; c’était son dada. Mais tous ces derniers temps, il semblait préoccupé ; il n’était plus le même depuis plus de six mois, depuis qu’il avait aperçu cette fille. Il n’avait jamais vu beauté pareille, il l’avait rencontrée dans une banque, où elle faisait un stage, lui avait-elle dit ; il venait toucher son chèque et il se faisait servir par elle ; il lui avait glissé sa carte, elle ne l’avait jamais appelé. Lui par contre, l’appelait tout le temps, mais sans succès ; elle n’était pas intéressée. Il avait passé l’âge des folies, il se sentait prêt, il ne voul
Depuis la perte de son bébé, Michelle n’avait plus eu de relations avec les hommes. Ils ne lui faisaient plus aucun effet et elle n’y pensait pas ; pire, depuis qu’elle savait qu’elle ne pouvait plus enfanter, elle ne souhaitait pas se retrouver avec l’un d’eux et se mettre à lui expliquer tout ce qui lui était arrivé. Elle redoutait ce moment, jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre de Fabrice. Ce dernier su patienter, il ne l’a brusqua pas. Elle fut si impressionnée par son attitude vis-à-vis d’elle. Sa patience, et son calme ouvrirent en quelque sorte la brèche. Mais ce qu’elle redoutait plus que tout, c’était le fameux passage à l’acte. Sa cicatrice était si visible qu’elle se demanda comment il la verrait dans cet état de nudité ; certes elle avait appris à lui faire confiance, mais cela n’excluait pas une possible aversion de la part de Fabrice. D’un autre côté, elle appréhendait le fait que ce dernier ait peut-être envie de vouloir faire des enfants plus tard.Fabrice louait un
Clara et Arlette restèrent bouche bée pendant quelques secondes ! Elles n’en revenaient pas que Michelle fréquente quelqu’un. Sa réponse les cloua immédiatement sur place, les rendant presque immobiles. Clignant et se frottant encore les paupières afin de réaliser, elles ne purent s’empêcher de la bassiner de questions.–Depuis quand ? Demanda Arlette. – Et tu ne nous as rien dit ? Renchérit Clara. – Je n’étais pas encore très sûre ! J’attendais le bon moment pour vous l’annoncer ! – C’est même qui ? Il est comment ? J’ai seulement vu la voiture démarrer. S’exclama Arlette. – Il était à la fête hier soir, un peu calme, toujours dans son coin ! Mais je suis sûre que vous ne pouviez pas vous rappeler de lui ! Ravie, Clara ne put s’empêcher de la féliciter. – Waouhhh ! Dans mes bras chérie ! Tu es de nouveau A-M-O-U-R-E-U-S-E !!! – Est-il plus beau que Mike ? Demande sournoisement Arlette.– Tu sors d’où avec cette question Arlette ? Mike vient faire quoi encore là-dedans ? Demand
Michelle avait tellement peiné qu’après 4 mois de galère la chance lui sourit enfin ; elle avait décroché un contrat, toujours dans une grande banque ; elle avait dû passer des tests qui s’avérèrent concluants grâce à l’expérience qu’elle avait déjà acquise dans ce domaine. On la recruta comme gestionnaire comptable, tout comme sa tante ! Elle n’en revenait pas, c’était presque irréel, mais sa joie fut écourtée lorsqu’on lui annonça que le poste serait plutôt à Yaoundé, c’était à prendre ou à laisser. Tante Léocadie l’encouragea à ne pas laisser tomber cette aubaine.– Tu n’as pas le choix ! A mon avis je pense que tu devrais y aller ! Tu as même de la chance ! Vois-moi ça ! Quand je commençais sais-tu là où on m’avait envoyée ? A l’époque je n’étais qu’une simple agente d’accueil ! Alors estimes-toi heureuse ! Et d’ailleurs ! Tu commences même déjà à prendre tout mon espace ; Lucien arrive bientôt tu sais ? Mon sexagénaire de français ! Ahahahah ! Aller ouste !!! Viens là, dans mes
La BCDI, était l’une des banques les plus prestigieuses et de renommée internationale, ayant son siège à Douala. Elle possédait des agences dans toutes les régions du pays. Michelle avait hâte de commencer, elle se sentait prête. Elle devait occuper un poste vacant avec un bureau à elle toute seule. Le rêve quoi ! Elle avait pour tâche la gestion des gros portefeuilles, en l’occurrence les comptes des grandes entreprises. Elle savait qu’elle tomberait un jour sur les comptes de Camex-Co par exemple, elle en était certaine. Depuis qu’elle avait quitté cette entreprise, elle n’avait plus eu de contact avec leurs employés, et plus particulièrement Samy et Paul. Ils s’étaient complètement perdus de vue ; elle se promit un jour de leur rendre une petite visite. Elle avait l’intention de se trouver un petit appartement, question de se sentir vraiment indépendante, mais ses parents n’étaient pas très enjoués à l’idée qu’elle s’en aille ; elle avait vécu loin d’eux pendant près de deux ans
Clara avait perdu les eaux dans la nuit du week-end qui avait suivi ; le travail avait commencé ; Michelle et Arlette étaient allées l’assister. Après sept heures de travail et avec au final une césarienne, elle fut libérée, c’était un garçon. C’était la joie dans le foyer Baleng, tout le monde était content et ravi pour le couple. Michelle l’était plus que tout, elle était émue jusqu’aux larmes ; elle se rappela qu’elle aussi aurait aussi pu être comme ça, une bonne mère. Elle avait regretté les premiers instants de sa grossesse quand elle n’avait manifesté aucun amour pour son bébé ; elle avait essayé de se rattraper, mais il était trop tard ! « Ça n’a pas suffi », pensa-t-elle, « Ça n’a pas suffi ! ». Si Mike avait été présent, les choses auraient peut-être été différentes, leur petite Myra serait là, elle aurait eu deux ans. Presque tout la ramenait à Mike, elle se rappelait constamment de lui ; elle pensait en avoir terminé avec lui, mais inconsciemment et par pure coïncidence,
Michelle était souvent habituée aux blagues de ses copines ; d’ailleurs, elles en faisaient tout le temps, même celles de mauvais goût, elles se le permettaient souvent. Mais ce soir-là, elle n’était vraiment pas d’humeur à jouer à ça. – Miss ! Il y a des jours où je suis d’humeur… mais ce soir s’il te plaît, épargne-moi ce genre de… – Ekie ! C’est la vérité ! Je l’ai vu ! – Qu’est-ce que… – On s’est croisés quand je revenais des toilettes ! Au départ j’ai cru rêver quad je l’ai vu et de dos ! Il causait avec d’autres personnes ; alors je suis passée devant lui, pensant m’être trompée ! Quand je l’ai entendu m’appeler j’ai reconnu sa voix, c’était lui ! Il est venu vers moi et m’a fait la bise, mais j’étais un peu froide ! Il m’a dit qu’il est là depuis trois jours et qu’il cherche à te joindre ; je lui ai dit que tu es là avec ton copain et Thierry ! – Tu as bien fait de lui dire ça ! Il ne doit pas être seul ! – Il était juste debout avec des gens au couloir, je ne sais pas,
Myra court dans tous les sens, elle est presque incontrôlable, sa mère fait tout pour la contenir mais rien à faire. Elle est comme ça la petite Myra, surtout quand elle sait qu’elle doit choisir son cadeau de Noël. Sa maman est presqu’à bout. – La prochaine fois ! Tu ne viendras plus avec moi, je te préviens ! – Naaa ! Je veux çaaaaa ! Poupéeeeee ! – Ok ! On va la choisir ta poupée d’accord ? – Vais montrer à papa ! – Ouiii papa sera content aussi ! Elle jubile, elle court vers son père, elle lui dit qu’elle a eu une nouvelle poupée. Elle vient de fêter ses deux ans, il y a deux mois, elle grandit tellement vite ! Ses parents la couvent beaucoup et lui passent tous ses caprices ; ils n’arrivent pas à lui tenir tête ; même leur entourage leur fait constamment le reproche, qu’ils devraient un tout petit peu la canaliser, sinon elle finirait par devenir un vrai casse-cou. Il faut la voir lorsqu’elle réclame quelque chose qui ne lui est pas destiné, elle se met à crier à tue-tête.
C’étaient les you-you ! C’étaient les cris de joie, c’était la liesse ! Tout le monde était présent. La semaine qui avait suivi était riche en événements et chargée d’émotions. Le jeudi, c’était la demande de la main, le vendredi la mairie, et le samedi l’Eglise. Michelle était belle et ressemblait à une princesse des contes de mille et une nuits. Elle avait pu récupérer et reprendre des forces ; sa blessure était discrète, une mèche de cheveux la cachait, la maquilleuse avait fait du bon travail en se servant d’un fond de teint de meilleure qualité. Clara aussi était sur pied avec son pansement au bras qu’elle sut agencer avec sa tenue. Michelle avait pensé à tout le monde, Samy et Paul, et Lucie de Camex-Co étaient présents et n’en revenaient pas. Lucie comprit pourquoi Michelle avait joué les détectives privés ! Samy lui, avait flairé l’affaire depuis belle lurette, il les avait les surpris entrain de s’étreindre à Camex-Co, pensant qu’ils étaient seuls, tout au contraire ! Samy a
– Arlette ? Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Clara ? Elle… est-ce qu’elle va bien ? S’exclama Thierry.– Je suis avec elle à l’hôpital, elle est blessée ! – D’accord on arrive… mais où est Michelle ? Demanda-t-il inquiet.– Aucune nouvelle de Michelle ! Mais Clara a dit qu’il faut trouver le Kapo, si vous le trouvez, vous trouverez Michelle, mais il faut faire vite ! Michelle restait introuvable, ce qui mit Mike encore plus mal ; il s’adossa contre le mur ; les deux mains sur le visage, il essaya de se maîtriser malgré la gravité de la situation. – Ne t’en fais pas Mike, nous allons la retrouver… Mike prit une profonde inspiration et se redressa. – Allons d’abord voir Clara, ensuite on va à la prison… Il faut qu’on trouve ce Kapo machin ! – Il y a un lien entre tout ce beau monde, Le kapo, Oumarou, le père de Ghislaine, et peut-être même Ghislaine elle-même ! Certains éléments du GMI avaient avancé vers la prison, afin de questionner le père de Ghislaine et de tirer toutes les inf
Mike avait tourné et retourné la question dans tous les sens, et ne trouva aucune réponse. Il avait de la peine à réaliser ce qu’il venait d’entendre. A l’aéroport, il ne vit que sa mère ; il chercha Michelle du regard mais ne la vit pas. L’expression grave qu’affichait sa mère l’intrigua un peu. Tout d’abord il crut à une plaisanterie de mauvais goût, mais par la suite, il comprit que c’était bien réel. Il fit directement le lien avec Ghislaine ; il se souvint qu’après leur divorce elle s’était enfuie mais nul ne savait où. – Ton père est déjà au courant ! Il a passé plusieurs coups de fil, on va tout faire pour la retrouver, j’en suis sûre ! Le rassura sa mère.– Tout ça arrive… par ma faute ! Je… je… – Comment ? Qu’est-ce que tu dis ? – Michelle m’a dit dernièrement qu’elle recevait des coups de fil anonymes… je pensais avoir fini avec cette histoire de divorce… Ghislaine… je suis persuadé qu’elle a quelque chose à y voir là-dedans ! Et voilà que le passé ressurgit encore… je
Ghislaine ! Pensa Michelle. Elle avait refait surface ; il fallait qu’elle avertisse Mike, mais celui-ci était déjà dans les airs. Clara fut rapidement mise au courant. – C’est elle, j’en suis aussi sûre ! Les appels incessants là, c’est elle ! Elle a disparu dans la nature, et c’est fort probable qu’elle réapparaisse ; elle a dû avoir vent du mariage ! – C’est fort probable ! Je vais attendre l’arrivée de Mike, il arrive demain soir, et on saura quoi faire ! Michelle avait un très mauvais pressentiment, si Ghislaine réapparaissait ainsi, ça voudrait tout simplement dire qu’elle ne comptait pas s’arrêter là. Mike arrivait le lendemain ; elle avait prévu d’aller l’accueillir à l’aéroport avec la mère de ce dernier, le compte à rebours venait de commencer… Elle se croyait dans un rêve, elle avait très mal à la tête, elle avait reçu un coup violent sur la tempe gauche et ça saignait. « Mon DIEU ! Où suis-je ? Mike ! Il doit arriver ce soir, nooon ! C’est pas réel ! Il faut que je me
Michelle avait prévu de faire un petit cadeau à la petite cousine de Mike, à l’occasion de son baptême et de son anniversaire ; elle y avait pensé toute la semaine ; elle avait l’embarras de choix. Mike lui avait dit de ne pas se gêner pour ça, seule sa présence comptait. Elle ne l’entendait pas de cette oreille. En faisant les courses avec Clara, son choix se porta sur un petit nounours, un chat, de la célèbre marque « Hello Kitty » et avec des accessoires de la même marque.Michelle fut chaleureusement accueillie ; à peine arrivée, on la considérait déjà comme un membre à part entière de la famille. Bérénice avait pincé Mike en lui disant qu’elle avait bien eu raison et que sa petite idée avait fonctionné. – Qu’est-ce que je t’avais dit ? En plus elle est mignonne comme un cœur ! Elle ne s’attendait pas à voir des personnes si dégagées, gentilles et plein d’entrain. Elle était très bien entourée, sans oublier un Mike omniprésent et bourré d’attention, s’assurant qu’elle était en b
Mike l’écoutait attentivement, il lui prit les deux mains et les ramena contre sa bouche, il la regardait tendrement, tout en restant calme... Elle lui narra tout ce qui s’était passé, de son hospitalisation d’urgence à cause de ces douleurs atroces, et puis de sa perte de connaissance. A son réveil, il n’y avait plus rien, elle pensait que le bébé était né prématurément, elle en était sûre et certaine, elle voulait la voir et pouvoir la tenir dans ses bras mais la douleur de l’opération la cloua sur place, elle se souvient du regard éploré de sa maman et de la tristesse de sa tante Léocadie ; sa maman finit par lui avouer ce qui venait d’arriver. Le bébé était mort depuis plus de trois jours, à sept mois de grossesse d’un arrêt cardiaque. Elle était persuadée qu’elle ne survivrait pas à cette perte, et pour couronner le tout, elle apprit qu’elle ne pourrait plus connaître les joies de la maternité, à cause des complications liées à l’opération. Elle-même ne comprenait pas grand-cho
Toute émue, elle lut les paroles de la chanson. Son visage s’illumina ; elle n’en revenait pas que ce soit lui, Mike ! Il lui ouvrait son cœur, il essayait de lui faire comprendre qu’il était toujours le même et qu’il l’aimait par-dessus tout. Il avait fait des erreurs et il lui donnait son être tout entier. Elle montra le message à Clara qui sourit et s’exclama de voir un Mike devenu subitement romantique. – Le pauvre ! Il ne sait plus quoi faire… c’est touchant !– Je ne le reconnais pas ! Où a-t-il bien puisé ça ? – Laisse le revenir, il mérite cette seconde chance… et cette fois-ci je suis sûre que c’est la bonne ! – Peut-être… – Tout le monde y a droit… – Le problème c’est que… tu sais… avec les mecs je n’ai plus essayé. Depuis mon histoire avec Fabrice, tu t’en souviens ? J’ai fini par le surprendre au lit avec une autre ! – Fabrice n’était tout simplement pas pour toi !– Oui ! Mais en fait il avait fini par m’envoyer un message où il disait que j’étais froide comme de
Elle planta Mike. Ce dernier y resta une bonne dizaine de minutes, n’ayant ni la force ni le courage de se lever. Un peu gênée, Clara le rejoignit ; elle s’assit à ses côtés, question de lui remonter le moral, et de l’encourager. – Coucou Mike ? – Eh Clara ! – Je peux m’asseoir ?– Bien sûr ! – Désolée pour ce qui arrive ! Ça me fait beaucoup de peine ! Je voulais juste que tu saches que je suis de tout cœur avec toi ! Michelle est comme ma sœur, et je sais ce qu’elle ressent, elle a beaucoup souffert pendant cette période, ça, tu peux me croire, elle en a souffert ! Et le fait que tu sois absent et qu’elle se sente trahie n’ont fait qu’empirer les choses ! Je crois que tout finira par s’arranger ! Laisse-lui un peu de temps. Je ne cesserai de lui parler et de l’encourager !– Merci ! Je comprends ! Je sais ce qu’elle vit et ressent, je ne lui en veux pas ! Je lui laisserai le temps, c’est le prix à payer ! Je veux juste qu’elle sache que moi aussi je l’aime, je l’ai toujours aim