Home / Romance / ENIKO : Mon amour a un prix / Chapitre III : le deal

Share

Chapitre III : le deal

Author: Audrey sih
last update Last Updated: 2025-06-12 00:49:57

(6h23 – Appartement des Adjoke, Akpakpa)

Un coup de poing violent contre la porte réveilla Eniko en sursaut.

— "Police ! Ouvrez !"

Kévi, encore en pyjama, écarquilla les yeux lorsque trois policiers en uniforme noir firent irruption dans le salon.

— "Kévi Adjoke ? En garde à vue pour homicide involontaire et conduite en état d’ébriété. Maintenant."

Eniko bondit du canapé, le cœur battant à tout rompre.

— "QUOI ?! C’est une blague ?! On a jusqu’à vendredi pour—"

Un policier la repoussa d’un geste sec.

— "Nouveaux éléments dans l’enquête. Ordre du procureur."

Sa mère se jeta devant Kévi, les bras en croix.

— "Non ! Pas mon fils ! Il n’a même pas fini son lycée !"

L’un des flics la bouscula sans ménagement. Elle trébucha, s’écrasant contre la table basse.

— "Maman !"

Eniko se précipita pour la relever, mais sa mère la repoussa violemment.

— "Lâche-moi !" Elle avait les larmes aux yeux, mais aussi une colère froide. "C’est à CA que tu jouais hier soir ? À la fille indépendante qui va tout régler ? Regarde maintenant !"

Son père, silencieux jusqu’ici, cracha par terre.

— "Ton frère va pourrir en prison. Et toi ? T’as quoi à offrir à part des discours ?"

Kévi, menotté, se tourna vers elle. Il avait peur, mais il hocha la tête.

— "Laisse tomber, sœur. J’ai merdé. C’est pour moi."

Les policiers l’entraînèrent dehors sous la pluie battante.

(7h10 – Dans la rue, sous l’averse)

Eniko, en pyjama trempé, regarda la fourgonnette s’éloigner. Son téléphone tremblait dans sa main.

1 appel manqué : Kenneth

Elle composa le numéro, les dents serrées.

— "Salaud ! Tu m’avais dit 48h !"

La voix calme de Kenneth lui glaça le sang.

— "Mon oncle a devancé l’échéance. Maintenant, voici les vraies règles : ton frère passe en jugement ce midi. Sans moi, il prend 15 ans."

Un silence.

— "Et avec toi ?" cracha-t-elle.

Le sourire dans sa voix était presque audible.

— "Rendez-vous à 10h à la clinique Suisse. Signe le contrat... et Kévi sera libre avant le déjeuner."

(8h47 - Taxi en mouvement sous la pluie battante)

Les doigts d'Eniko tremblaient en serrant le contrat contre sa poitrine. La pluie crépitait contre les vitres du vieux taxi jaune dont l'odeur de cigarettes froides et de sièges en vinyle lui donnait la nausée. À travers la vitre embuée, elle voyait défiler les rues de Cotonou comme un film au ralenti - les vendeurs ambulants courbés sous l'averse, les flaques d'eau qui éclaboussaient les piétons pressés.

Son téléphone vibra à nouveau. La troisième fois en dix minutes. Cette fois, c'était un message de son père :

"Ils l'ont transféré à la prison civile. Tu es contente maintenant, fille sans cœur ?"

Une larme brûlante coula sur sa joue. Elle imaginait Kévi, son petit frère aux yeux si vifs, enfermé dans une cellule humide avec des criminels endurcis. Lui qui n'avait jamais supporté les espaces clos depuis qu'ils étaient enfants...

Le chauffeur toussota dans son rétroviseur :

-"Mademoiselle, on arrive à la clinique. C'est 2500 francs."

Elle paya d'une main mécanique, l'esprit ailleurs.

Le contraste était violent. Après le taxi décati, le marbre froid du hall d'entrée lui glaça les pieds nus dans ses sandales mouillées. L'air conditionné sentait le désinfectant et l'argent. Une réceptionniste au sourire parfaitement calibré leva les yeux :

-"Mademoiselle Adjoke ? Monsieur Mayala vous attend au quatrième étage. Ascenseur à droite."

Les portes de l'ascenseur en miroir lui renvoyèrent l'image d'une jeune femme qu'elle ne reconnaissait plus - les yeux cernés, les cheveux en bataille, le t-shirt froissé. Elle tenta de lisser ses boucles rebelles d'un geste nerveux.

Ding.

(10h16 - Salle d'attente VIP, 4ème étage)

Kenneth était là, adossé contre la baie vitrée offrant une vue panoramique sur la ville. Vêtu d'un costume trois-pièces en soie bleu nuit qui accentuait sa carrure athlétique, il tenait un dossier médical d'une main et un espresso de l'autre.

-"Tu es en retard," fit-il sans se retourner, sa voix traînant sur les syllabes comme toujours.

Eniko sentit une boule de colère lui monter à la gorge. Elle claqua le contrat sur la table basse en verre, faisant tinter la tasse à café.

-"Je veux voir mon frère sortir de prison. Maintenant."

Il se tourna enfin, son regard froid balayant son apparence défaite. Un muscle tressailla dans sa mâchoire.

-"Assieds-toi."

-"Non. On signe et tu le fais libérer. Point final."

Il prit une longue inspiration, posant son espresso avec une lenteur calculée.

-"Écoute-moi bien, Adjoke. Ce contrat,"

il tapota le document du doigt, "n'est que la première étape. Après, il y aura le mariage traditionnel devant les familles, la cérémonie civile, et surtout..."

Ses yeux sombres descendirent lentement vers son abdomen.

-"...la confirmation médicale de conception. Pas de bébé, pas de liberté pour ton frère."

Eniko sentit ses genoux fléchir. Elle s'agrippa au dossier d'une chaise.

-"Mon corps n'est pas une... une usine à bébés ! Mon amour ne s'achète pas !"

Le rire qui sortit des lèvres de Kenneth était si brutal qu'elle en recula.

-"L'amour ?" Il s'approcha, l'ombre de son corps l'encerclant. "Je veux un héritier légal pour récupérer les 70% de l'héritage. Tu veux sauver ton frère. Où vois-tu de l'amour là-dedans ?"

À cet instant, la porte s'ouvrit sur un médecin en blouse immaculée, une tablette électronique à la main.

-"Mademoiselle Adjoke ? Nous sommes prêts pour votre examen pré-conception. Si vous voulez bien me suivre..."

Eniko regarda alternativement le médecin, le contrat, et le visage impénétrable de Kenneth. Quelque part dans cette ville, son frère attendait derrière des barreaux.

Elle ferma les yeux, sentant une dernière larme couler.

-"D'abord, je veux voir Kévi sortir. En direct."

Kenneth sortit son iPhone dernier cri et composa un numéro en vitesse.

-"Walli ? Oui. Libération immédiate du garçon. Envoie le flux vidéo sur mon portable."

Il raccrocha et tendit l'appareil vers elle. L'écran montrait déjà une vue en direct de la prison.

-"Maintenant," dit-il en lui tendant une robe d'hôpital pliée, "habille-toi. Le médecin attend."

---

La robe d'hôpital en papier crissait désagréablement contre sa peau. Eniko cligna des yeux sous la lumière froide des néons tandis que l'infirmière ajustait la machine à échographie.

— "Allongez-vous, mademoiselle. Ce sera rapide."

Le gel froid sur son ventre la fit frissonner. L'écran noir et blanc affichait des formes floues, incompréhensibles. Est-ce que c'est ce qu'ils veulent voir un jour ? Un fœtus ? Leur précieux héritier ?

(Couloir de la clinique - 11h33)

Son téléphone vibra alors qu'elle renouait ses cheveux. **Maman**.

— "Ils ont libéré Kévi ! Le jugement est reporté !"

La voix de sa mère tremblait de soulagement. "Mais... comment c'est possible ? Qu'est-ce que tu as fait ?"

Eniko serra les dents.

— "Ne m'embrouille pas. J'ai fait ce qu'il fallait."

Elle raccrocha brutalement, levant les yeux pour croiser le regard victorieux de Kenneth, adossé au mur.

— "C'est bien pour ça que je veux que tu portes mon enfant." Il s'approcha, une lueur étrange dans le regard. "Tu as un tempérament de chien. J'adore ça... Même avec tes airs de pauvre."

Eniko sourit jaune, ramassant son sac.

— "Bon. Je pars. Vous m'informerez pour les autres formalités."

Elle tourna les talons, mais il attrapa son poignet.

— "Une dernière chose." Sa voix était soudain grave. "Mon oncle organise un dîner de famille demain. Tu seras là. En future épouse."

Elle dégagea sa main avec force.

— "Ne pousse pas ton luck, Mayala."

---

Le soleil tapait fort. Eniko cligna des yeux, son téléphone vibra à nouveau.

Kévi : "Sœur... merci. Mais à quel prix ?"

Elle ne répondit pas. Le prix, elle le paierait plus tard.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • ENIKO : Mon amour a un prix    L'Ombre sur Abomey

    Chapitre 37 Cinq mois que la vie de Kenneth Mayala avait bifurqué vers une dualité étrange. D'un côté, il y avait la lumière : Eniko, son ventre maintenant joliment arrondi, rayonnante malgré les nausées persistantes. Ses études de médecine avançaient bien, et elle trouvait même la force de s'inquiéter pour lui, de lui préparer des repas équilibrés qu'il avalait souvent entre deux réunions. Elle était son ancrage, son sanctuaire.De l'autre côté, il y avait les ténèbres : l'élaboration méticuleuse de la chute de Félix. Le plan du « Diamant Vert » était en place, les premiers leurres avaient été mordus. Félix, de plus en plus acculé par les rumeurs que Kenneth avait lui-même semées, commençait à montrer un intérêt vorace pour ce projet qu'il croyait être le point faible de son neveu.Maya, quant à elle, jouait son rôle à la perfection. La belle-mère repentie, discrète, qui apportait des tisanes à Eniko et lui prodiguait des conseils de grossesse. Elle était si convaincante que parfois

  • ENIKO : Mon amour a un prix    L'Échec et Mat Imminent

    Chapitre 36 Les derniers ronflements de Félix, diffusés en direct s'étaient éteints, laissant place à un silence lourd de sens dans le bureau de Kenneth. La vitrine panoramique offrait une vue froide et impersonnelle sur la ville endormie.« L'humiliation est publique et son crédit est nul. Mais un animal acculé est encore plus dangereux. »Kenneth, les doigts joints sous son menton, se détourna de la ville. Son regard était celui d'un stratège qui voit dix coups d'avance. « Justement. Son crédit est nul, mais son arrogance, elle, est intacte. C'est cette faille que nous allons exploiter. La première humiliation n'était que le prélude. La vraie chute commence maintenant. »Il se leva, ouvrit un coffre-fort dissimulé derrière un tableau, et en sortit non pas un dossier épais, mais une liasse de documents anciens, marqués du sceau personnel de son père. Il les posa avec une révérence calculée sur le bureau.« Pour le vaincre, il faut utiliser une arme qu'il méprise au point d'en avoir

  • ENIKO : Mon amour a un prix    Le Repaire du Vautour

    Chapitre 35 La voiture de Maya se faufilait dans la nuit de Cotonou, roulant non pas vers sa propre maison, ce lieu désormais empreint de solitude et de remords, mais vers une discrète villa en retrait du boulevard de la Marina, un repaire qu'elle connaissait trop bien. À l'intérieur de son sac, le mouchard émettait son signal silencieux, transmettant chaque bruit, chaque respiration saccadée, chaque juron qu'elle murmurait pour elle-même.Elle gara sa voiture à l'arrière et se précipita vers la porte d'entrée, clé en main. À peine eut-elle franchi le seuil qu'une main l'attrapa et l'écrasa contre le mur du vestibule. Félix, le visage déformé par la rage et l'impuissance, lui bloquait le passage.« Alors ? » gronda-t-il, son haleine chargée d'alcool lui chauffant le visage. « Tu as réussi à attendrir le petit prodige ? »Au lieu de répondre, Maya, comme hypnotisée par le besoin maladif de réconfort et de validation, se dressa sur la pointe des pieds et colla ses lèvres aux siennes da

  • ENIKO : Mon amour a un prix    Les Larmes d'une Mère

    Chapitre 34La voiture de Kenneth glissa silencieusement dans l'allée gravier de la résidence. La tension de la journée semblait se dissiper à mesure qu'il approchait du havre de paix que représentait sa maison. En poussant la porte d'entrée, une délicieuse odeur d'épices et de bonheur familial lui chatouilla les narines. Il suivit le parfum jusqu'à la cuisine et s'arrêta sur le seuil, le cœur soudain plus léger. Eniko, un tablier noué sur sa tenue de stage, remuait quelque chose dans une grande casserole, ses cheveux relevés en un chignon décontracté qui laissait voir la nuque. « Ça sent bon, » dit-il doucement pour annoncer sa présence.Elle se retourna, son visage s'illuminant d'un sourire qui chassait les dernières ombres de sa journée. « Tu es en avance ! Parfait, ça sera prêt dans dix minutes. »Il s'approcha, l'enlaça par-derrière et déposa un baiser dans son cou, respirant profondément son parfum mêlé à celui du repas. « J'avais besoin de ça, » murmura-t-il.Pendant qu'elle

  • ENIKO : Mon amour a un prix    La Reine Mère

    Chapitre 33 La réunion s'était terminée sur une note de victoire froide et absolue pour Kenneth. Les derniers directeurs avaient quitté la pièce avec une hâte feutrée, évitant son regard comme s'ils craignaient de se consumer. Le silence qui régnait maintenant dans la salle de conférence était bizarre, presque tangible, chargé du pouvoir qu'il venait d'affirmer avec une brutalité calculée.Il regagna son bureau, l'esprit déjà en train de planifier les prochaines étapes. Les actionnaires influencés par Félix étaient sur la défensive, certains même commençaient à envoyer des messages discrets de loyauté. Assis dans le fauteuil en cuir de son père, il parcourait des rapports, signant des documents d'un geste vif...Toc, toc. Kenneth leva à peine la tête. « Entrez. »La porte s'ouvrit, et la silhouette qui se découpa dans l'encadrement le fit geler, son stylo suspendu au-dessus du document.Maya Hortense Mayala !Vêtue non pas de ses tenues de deuil habituelles, mais d'un tailleur sévè

  • ENIKO : Mon amour a un prix    le grand remplacement

    Chapitre 32Le lendemain matin, une douce lumière inondait la chambre, chassant les ombres de la veille. Kenneth, déjà impeccable dans un costume qui soulignait ses épaules et son air sérieux, regardait Eniko avec une tendresse qu’il ne cherchait plus à cacher. Elle bouclait son sac, vêtue de sa tenue de stage – une blouse blanche sobre et un pantalon tailleur –, mais il devinait la petite appréhension derrière son geste appliqué.Il s’approcha sans bruit et l’enlaça par derrière, ses mains se posant naturellement sur son ventre encore plat. Il se pencha et déposa un baiser doux, presque chuchotant, juste en dessous de son oreille, puis un autre, plus intentionnel, sur le léger renflement que seule sa connaissance intime du corps d’Eniko pouvait deviner.« Fais attention à toi, aujourd’hui, » murmura-t-il, la voix encore un peu rauque de sommeil, mais empreinte d’une sollicitude nouvelle. « Surtout, attention à notre petit trésor caché. N’hésite pas à t’asseoir, à boire de l’eau. »En

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status