LOGINChapitre 37 Cinq mois que la vie de Kenneth Mayala avait bifurqué vers une dualité étrange. D'un côté, il y avait la lumière : Eniko, son ventre maintenant joliment arrondi, rayonnante malgré les nausées persistantes. Ses études de médecine avançaient bien, et elle trouvait même la force de s'inquiéter pour lui, de lui préparer des repas équilibrés qu'il avalait souvent entre deux réunions. Elle était son ancrage, son sanctuaire.De l'autre côté, il y avait les ténèbres : l'élaboration méticuleuse de la chute de Félix. Le plan du « Diamant Vert » était en place, les premiers leurres avaient été mordus. Félix, de plus en plus acculé par les rumeurs que Kenneth avait lui-même semées, commençait à montrer un intérêt vorace pour ce projet qu'il croyait être le point faible de son neveu.Maya, quant à elle, jouait son rôle à la perfection. La belle-mère repentie, discrète, qui apportait des tisanes à Eniko et lui prodiguait des conseils de grossesse. Elle était si convaincante que parfois
Chapitre 36 Les derniers ronflements de Félix, diffusés en direct s'étaient éteints, laissant place à un silence lourd de sens dans le bureau de Kenneth. La vitrine panoramique offrait une vue froide et impersonnelle sur la ville endormie.« L'humiliation est publique et son crédit est nul. Mais un animal acculé est encore plus dangereux. »Kenneth, les doigts joints sous son menton, se détourna de la ville. Son regard était celui d'un stratège qui voit dix coups d'avance. « Justement. Son crédit est nul, mais son arrogance, elle, est intacte. C'est cette faille que nous allons exploiter. La première humiliation n'était que le prélude. La vraie chute commence maintenant. »Il se leva, ouvrit un coffre-fort dissimulé derrière un tableau, et en sortit non pas un dossier épais, mais une liasse de documents anciens, marqués du sceau personnel de son père. Il les posa avec une révérence calculée sur le bureau.« Pour le vaincre, il faut utiliser une arme qu'il méprise au point d'en avoir
Chapitre 35 La voiture de Maya se faufilait dans la nuit de Cotonou, roulant non pas vers sa propre maison, ce lieu désormais empreint de solitude et de remords, mais vers une discrète villa en retrait du boulevard de la Marina, un repaire qu'elle connaissait trop bien. À l'intérieur de son sac, le mouchard émettait son signal silencieux, transmettant chaque bruit, chaque respiration saccadée, chaque juron qu'elle murmurait pour elle-même.Elle gara sa voiture à l'arrière et se précipita vers la porte d'entrée, clé en main. À peine eut-elle franchi le seuil qu'une main l'attrapa et l'écrasa contre le mur du vestibule. Félix, le visage déformé par la rage et l'impuissance, lui bloquait le passage.« Alors ? » gronda-t-il, son haleine chargée d'alcool lui chauffant le visage. « Tu as réussi à attendrir le petit prodige ? »Au lieu de répondre, Maya, comme hypnotisée par le besoin maladif de réconfort et de validation, se dressa sur la pointe des pieds et colla ses lèvres aux siennes da
Chapitre 34La voiture de Kenneth glissa silencieusement dans l'allée gravier de la résidence. La tension de la journée semblait se dissiper à mesure qu'il approchait du havre de paix que représentait sa maison. En poussant la porte d'entrée, une délicieuse odeur d'épices et de bonheur familial lui chatouilla les narines. Il suivit le parfum jusqu'à la cuisine et s'arrêta sur le seuil, le cœur soudain plus léger. Eniko, un tablier noué sur sa tenue de stage, remuait quelque chose dans une grande casserole, ses cheveux relevés en un chignon décontracté qui laissait voir la nuque. « Ça sent bon, » dit-il doucement pour annoncer sa présence.Elle se retourna, son visage s'illuminant d'un sourire qui chassait les dernières ombres de sa journée. « Tu es en avance ! Parfait, ça sera prêt dans dix minutes. »Il s'approcha, l'enlaça par-derrière et déposa un baiser dans son cou, respirant profondément son parfum mêlé à celui du repas. « J'avais besoin de ça, » murmura-t-il.Pendant qu'elle
Chapitre 33 La réunion s'était terminée sur une note de victoire froide et absolue pour Kenneth. Les derniers directeurs avaient quitté la pièce avec une hâte feutrée, évitant son regard comme s'ils craignaient de se consumer. Le silence qui régnait maintenant dans la salle de conférence était bizarre, presque tangible, chargé du pouvoir qu'il venait d'affirmer avec une brutalité calculée.Il regagna son bureau, l'esprit déjà en train de planifier les prochaines étapes. Les actionnaires influencés par Félix étaient sur la défensive, certains même commençaient à envoyer des messages discrets de loyauté. Assis dans le fauteuil en cuir de son père, il parcourait des rapports, signant des documents d'un geste vif...Toc, toc. Kenneth leva à peine la tête. « Entrez. »La porte s'ouvrit, et la silhouette qui se découpa dans l'encadrement le fit geler, son stylo suspendu au-dessus du document.Maya Hortense Mayala !Vêtue non pas de ses tenues de deuil habituelles, mais d'un tailleur sévè
Chapitre 32Le lendemain matin, une douce lumière inondait la chambre, chassant les ombres de la veille. Kenneth, déjà impeccable dans un costume qui soulignait ses épaules et son air sérieux, regardait Eniko avec une tendresse qu’il ne cherchait plus à cacher. Elle bouclait son sac, vêtue de sa tenue de stage – une blouse blanche sobre et un pantalon tailleur –, mais il devinait la petite appréhension derrière son geste appliqué.Il s’approcha sans bruit et l’enlaça par derrière, ses mains se posant naturellement sur son ventre encore plat. Il se pencha et déposa un baiser doux, presque chuchotant, juste en dessous de son oreille, puis un autre, plus intentionnel, sur le léger renflement que seule sa connaissance intime du corps d’Eniko pouvait deviner.« Fais attention à toi, aujourd’hui, » murmura-t-il, la voix encore un peu rauque de sommeil, mais empreinte d’une sollicitude nouvelle. « Surtout, attention à notre petit trésor caché. N’hésite pas à t’asseoir, à boire de l’eau. »En







