Home / Romance / ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ? / Chapitre 5 — Jeux de pouvoir et désirs brûlants

Share

Chapitre 5 — Jeux de pouvoir et désirs brûlants

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-10-27 23:14:41

Giulia Ferrelli

La nuit s’étire lentement sur la cité, tandis que les lumières du palais jettent des éclats dorés sur les murs de pierre ancienne. La menace contenue dans ce message anonyme brûle encore au creux de mon esprit, une ombre menaçante qui s’accroche à mes pensées. Pourtant, je refuse de laisser la peur guider mes pas. La peur est un luxe que je ne peux me permettre.

Je me tiens devant la grande glace dans mes appartements, observant la femme qui me regarde en retour. Une femme façonnée par les épreuves, la trahison, et l’ambition. Ma robe, choisie avec soin, est un tissu sombre, presque noir, qui caresse ma peau comme une seconde enveloppe. Elle épouse mes courbes avec une douceur sensuelle, révélant juste assez pour intriguer sans jamais dévoiler entièrement.

Le corset que je dois enfiler est serré, mais il me donne cette allure de puissance et de contrôle que je dois afficher ce soir. Artemisia entre silencieusement, ses doigts experts glissent sur mes flancs pour nouer les lacets. Son contact me fait frissonner, une chaleur inattendue qui s’installe, éveillant un feu latent que je ne veux plus ignorer.

— Ce soir, dit-elle doucement, tu seras l’ombre et la lumière. Celle qui fascine, qui trouble, et surtout celle qui gouverne.

Je lui souris, un mélange de confiance et de défi dans le regard. Elle a raison. Ce soir pourrait bien changer le cours de cette guerre silencieuse.

La salle de réception est un écrin de luxe, où chaque détail a été pensé pour impressionner, séduire, et manipuler. Les éclats des chandeliers dansent sur les verres de cristal, tandis que les conversations feutrées s’entrelacent comme des fils invisibles d’intrigue. Parmi ces visages, certains sont alliés, d’autres ennemis, mais tous jouent le même jeu dangereux.

Je glisse dans la pièce avec assurance, consciente que chaque regard posé sur moi est une arme potentielle. Puis, comme un aimant, mon regard croise celui de Lorenzo, planté à l’écart, tel un fauve surveillant son territoire. Son regard sombre s’accroche au mien, chargé de promesses et de menaces.

Le désir qu’il fait naître en moi est aussi dangereux que le poison le plus lent. La tension entre nous est palpable, électrisante, une tempête silencieuse prête à exploser.

Je m’approche de lui avec un sourire calculé, le cœur battant à tout rompre.

— Tu crois toujours pouvoir me contrôler ? murmuré-je à son oreille, ma voix douce, presque une caresse, mais lourde de provocation.

Il pose sa main sur ma taille, ferme, possessive. Son souffle chaud effleure ma peau, et ses doigts glissent lentement sous le tissu de ma robe, traçant des lignes imaginaires sur mes flancs nus.

— Pas contrôler, mais te protéger, Giulia. Même si tu refuses de le voir.

Un frisson de rébellion et d’anticipation me traverse, mélange brûlant qui m’enflamme de l’intérieur.

— Peut-être que je ne veux plus de ta protection, dis-je en me dégageant doucement, un éclat de défi dans le regard.

Le feu entre nous crépite, menaçant de tout consumer.

Plus tard, loin des regards, dans l’intimité des appartements privés de Lorenzo, l’air est chargé de promesses interdites. La porte se referme derrière nous, étouffant le bruit du monde extérieur. Le silence s’installe, lourd de tension.

Il m’attire contre lui avec une urgence contenue, ses lèvres trouvant les miennes dans un baiser brûlant. Je m’abandonne à cette fièvre, chaque contact ravivant des sensations enfouies sous des couches de froideur et de contrôle.

Ses mains glissent sous le corset, caressant la peau délicate de mon dos avec une tendresse mêlée de désir ardent. Le contact de ses doigts brûle, attisant le feu qui couve en moi depuis trop longtemps.

Mes mains s’enfoncent dans ses cheveux sombres, le tirant plus près, effaçant peu à peu la distance qui s’était imposée entre nous. Son souffle devient saccadé, chargé de cette lutte silencieuse entre passion et raison, amour et pouvoir.

Nos corps s’enlacent, s’accordent dans une danse sensuelle où chaque mouvement est une déclaration muette, un défi lancé au monde entier. Je sens sa force, sa détermination, mais aussi cette vulnérabilité rare qu’il ne montre à personne d’autre.

Les barrières tombent peu à peu, dévoilant une vérité nue : nous sommes liés par des chaînes bien plus complexes que la simple haine ou la politique.

Entre caresses brûlantes et murmures à peine audibles, je découvre une autre facette de Lorenzo, un homme prêt à tout pour me garder auprès de lui, même si cela signifie s’aliéner le monde.

Et moi, malgré la rage et la méfiance qui m’habitent, je brûle de céder, de me perdre dans ce feu intense qui menace de tout consumer autour de nous.

Lentement, la nuit s’égrène, chaque instant nous rapprochant d’un abîme dont nous ignorons encore l’issue. La passion est un piège, mais aussi une arme, et je sens que ce jeu dangereux ne fait que commencer.

Le matin venu, je me réveille seule, la peau encore chaude de ses caresses. Le souvenir de la nuit brûle en moi, puissant et douloureux, mais la réalité reprend vite ses droits. Dehors, les alliances fragiles se reforment, les menaces sourdent dans l’ombre, prêtes à m’écraser à la moindre faiblesse.

Je suis Giulia Ferrelli, femme de pouvoir, de feu et de secrets. Et je n’ai pas le droit de fléchir.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 37 – La Marée du Soir 1

    GiuliaNous volons des heures au temps. Nous quittons le palais par une porte dérobée, enveloppés dans des manteaux sombres. Nous errons dans une Venise qui semble différente, irréelle. Les marchands installent leurs étals, les gondoliers hèlent les premiers clients, les odeurs de pain chaud et de poisson se mêlent à la brume matinale. La vie normale, absurde, continue.Nous ne parlons pas de Contarini, de Raphael, du Conseil. Nous parlons de tout et de rien. De la lumière sur l’eau. D’un passage d’Aristote qu’il aime. De la façon dont je construisais des palais de sable, enfant, sur la plie du Lido. Nous nous tenons la main, comme deux adolescents, et chaque pression de ses doigts est une promesse et un adieu.Nous nous réfugions dans une petite église déserte, San Giovanni Elemosinario. L’air y est frais, sent l’encens et la pierre humide. Nous nous asseyons sur un banc, dans la pénombre d’une chapelle latérale.— Tu crois en quelque chose, Giulia ? me demande-t-il à voix basse, les

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 36 – La Marée du Soir 1

    GiuliaLe jour se lève, impitoyablement clair. La lumière frappe les eaux du canal comme des lames, se reflète sur les marbres des palais, aveuglante. Je rentre dans le petit salon, et l’air y est encore chargé de notre silence, de nos paroles suspendues. Leone est assis près de la fenêtre, immobile, tourné vers la lumière naissante. Il ne se retourne pas à mon entrée.Le bruit de la porte qui se referme est celui d’un couvercle qui tombe.Je reste debout au milieu de la pièce, les mains vides. Les mots de Contarini tournent dans ma tête, une scie dentelée qui tranche toute possibilité de bonheur. Il ne survivra pas à la saison.— Alors ? dit-il enfin, sans me regarder. Quel est le prix de ma tête ?Sa voix est calme, trop calme. C’est la voix d’un homme qui a déjà vu l’épée de Damoclès et qui en a calculé la trajectoire.— Ce n’est pas ta tête, Leone. C’est ta vie. Ton avenir.—Mais hors de Venise.Je ferme les yeux, rassemblant les lambeaux de mon courage.—Un bateau pour Padoue. Ce

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 35 – L'Aube des Cendres 2

    GiuliaJe soupire. La vérité, toute la vérité.—Il me devait la vie. Sa sœur était emprisonnée pour un crime qu’elle n’avait pas commis. J’ai fait jouer des influences, falsifié des témoignages. Je l’ai libérée. En échange, il m’a juré une dette. Il était le garde du Doge, parfaitement placé. Il surveillait Raphael pour moi. Et ce soir, il avait pour ordre de te protéger, coûte que coûte.Je vois la déception s’enfoncer un peu plus en lui. Même le geste de bravoure qui m’a sauvé la raison d’être était calculé. Rien n’est pur dans mon univers.—Tout est transaction, n’est-ce pas ? dit-il, écho de mes propres pensées. Tout a un prix.Je m’approche enfin, incapable de supporter la distance.—Pas tout. Pas ceci.Je prends sa main, je la presse contre ma poitrine, là où mon cœur bat un rythme désordonné.—Ce sentiment, Leone. La paix que je trouve à tes côtés. La façon dont tu me regardes sans voir d’abord un outil ou un obstacle. Cela, je ne l’ai pas calculé. Cela, je ne peux pas le monna

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 34 – L'Aube des Cendres 1

    LeoneLa nuit ne finit pas avec le départ des gardes. Elle s’épaissit, se transforme en une substance gluante qui colle à la peau, aux vêtements, à l’âme. Je reste figé sur place, les jambes lourdes comme du marbre, tandis que la salle se vide autour de nous. Les murmures sont des insectes qui bourdonnent à mes oreilles. Je ne les entends pas. J’entends encore le choc de l’acier, le râle de Morosini terrassé, et les mots de Giulia. C’est le monde dont je fais partie.Mon monde, à moi, est fait de parchemins, de dialogues socratiques, de l’ombre paisible d’un cloître. Pas de ce théâtre cruel où l’amour est une arme et la trahison, une manœuvre politique.Giulia lâche ma main. Sa chaleur, fugace, est déjà remplacée par le froid du palais. Elle se tourne vers Alvise Contarini, qui attend, patient et immobile comme une araignée au centre de sa toile neuve.—Nous devons parler, dit-elle. Pas ici.Contarini incline légèrement la tête.—Mon bureau. Dans une heure. Vous savez où.Il s’éloigne

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 33 – Le Jugement des Masques

    GiuliaLe silence tombe comme une lame. Tous les regards, avides ou terrifiés, oscillent entre Raphael, Contarini et moi. Le sourire figé sur mes lèvres est le dernier rempart de mon personnage. À l'intérieur, tout n'est que tumulte.Raphael avance d'un pas, défiant l'autorité muette de Contarini. Sa voix, habituellement si contrôlée, gronde dans le grand hall.— Cette mascarade a assez duré, Alvise ! Tu n'as aucune preuve. Rien que les ragots d'une femme déçue !Contarini ne bronche pas. Son visage est un masque de pierre usé par les ans et les secrets d'État.— Le Conseil des Dix n'agit pas sur des ragots, Raphael. Il agit sur des faits. L'accumulation du pouvoir personnel au détriment de la Sérénissime est un crime. Le détournement des fonds publics est un crime. La conspiration avec des puissances étrangères… est un crime de la plus haute trahison.Un frisson parcourt l'assistance. Trahison. Le mot le plus dangereux de Venise.C'est à ce moment que je fais mon mouvement. Je m'avan

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 32 – Le Pacte de Minuit

    GiuliaLa lettre est partie, confiée à un canal si secret que même les murs ont des oreilles sourdes. Maintenant, l'attente. Un poison lent qui suinte dans mes veines. Chaque pas dans le couloir, chaque chuchotement, est un écho de la menace de Raphael. Je suis une corde tendue à se briser.Je ne retourne pas à la maison San Barnaba. Trop dangereux. Je le mets en danger à chaque visite. Mon amour pour lui est devenu une épée suspendue au-dessus de sa tête. Alors j'agis. Je plonge plus profondément dans les entrailles de la bête, dans le réseau d'influence que j'ai moi-même tissé.Mes agents rapportent des mouvements. Raphael mobilise ses partisans les plus loyaux, ceux qui lui doivent tout. Il nettoie les écuries, éloigne les indécis. Il prépare le terrain pour une purge. Je le sens. L'air est électrique, chargé de l'odeur de l'orage avant la tempête.Mon propre camp se forme, silencieusement. Des regards entendus lors des conseils, des messages codés échangés lors de réceptions. Des

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status