La nuit était sur le point de tomber quand Joaquin termina enfin sa journée. Ses muscles le tiraient légèrement, signe d’un corps peu habitué à ce genre d’effort, mais il se sentait étrangement satisfait. Il descendit lentement vers les vestiaires du personnel, situés à l’arrière de la villa, près des cuisines. L’éclairage y était tamisé, presque intime, et l’odeur persistante de produits ménagers mêlée à celle du bois ciré flottait dans l’air.
Il ouvrit son casier, en sortit les vêtements qu’il avait portés le matin un jean usé, une chemise à carreaux froissée et les enfila rapidement, troquant son uniforme impeccable contre sa tenue plus modeste. Avant de refermer la porte métallique, il jeta un coup d’œil à sa montre : 18h48. Il avait travaillé bien plus longtemps que prévu, mais il ne s’en plaignait pas. Ce poste, il l’avait arraché de justesse, et il comptait bien prouver qu’on avait eu raison de lui faire confiance.
Lorsqu’il remonta dans le hall d’entrée, les lumières étaient déjà en mode veille. Antoine, l’intendant de la villa, était encore là, adossé contre un pilier en marbre, les bras croisés. Il avait ce sourire fatigué mais bienveillant des hommes qui en ont vu d’autres.
— Alors, tu as apprécié ton premier jour de travail ? lança-t-il, en relevant les yeux vers lui.
Joaquin esquissa un léger sourire.
— Oui. Franchement, oui. Ce travail, j’en ai vraiment besoin… et j’ai aimé ce que j’ai fait aujourd’hui. Même les tâches ingrates. C’est comme si chaque geste comptait.
Antoine hocha la tête, visiblement satisfait de la réponse.
— C’est bien. C’est une maison exigeante, mais elle donne leur chance à ceux qui la méritent. Fais ton chemin, Joaquin. Et n’oublie pas, ici, la ponctualité, c’est sacré.
— T’inquiète pas, répondit Joaquin, un brin amusé. Je serai là, demain, à l’heure. Bonne soirée, Antoine.
— À demain, gamin. Rentre prudemment.
Alors que Joaquin franchissait le grand hall pour quitter la villa, Cassandra se tenait, comme souvent, sur le balcon du premier étage. Un verre de champagne à la main, elle observait en silence la cour éclairée par les lampadaires discrets du domaine. Sa silhouette, drapée dans une robe de satin ivoire, se découpait élégamment dans la lumière dorée.
Ses yeux s’attardèrent sur le jeune homme qui descendait les marches, la démarche droite malgré la fatigue. Il ne le savait pas, mais elle l'observait depuis un moment. Depuis qu’il était entré dans cette maison, quelques heures plus tôt, il l'intriguait.
Quelque chose en lui l’avait saisie dès le premier regard. Un choc silencieux, profond, presque viscéral. Ce n’était pas qu’un simple employé, et elle le sentait. Il avait ce regard… franc, insoumis. Il la fixait sans baisser les yeux, sans crainte, sans flatterie. C'était rare. Trop rare.
Elle porta lentement son verre à ses lèvres sans le quitter des yeux, troublée par cette sensation étrange, indéfinissable, qui s’était glissée en elle à son apparition.
Elle n’était pas stricte avec lui. Pas comme elle l’était avec les autres domestiques, qu’elle tenait à distance. Elle s’était surprise à lui parler avec douceur, à observer ses gestes, ses réactions. Et lui… il ne la craignait pas. Il ne cherchait pas non plus à la séduire. Il semblait simplement… présent. Authentique.
Cassandra ferma un instant les yeux, le cœur un peu serré. Elle ne comprenait pas encore ce qu’elle cherchait chez lui, ni pourquoi elle pensait à lui dès qu’il sortait de son champ de vision. Mais une chose était certaine : elle voulait le franchir. Casser cette frontière invisible entre les mondes. Elle voulait le comprendre. Et peut-être, se comprendre elle-même à travers lui.
En bas, Joaquin s’éloignait, ignorant tout de ce regard posé sur lui. Mais Cassandra, elle, sentait déjà que rien ne serait plus vraiment pareil.
Une fois à l’extérieur de la villa, Joaquin héla un taxi. Il s’engouffra à l’intérieur, fatigué, silencieux, et se laissa porter par le trajet à travers les rues faiblement éclairées. Quand la voiture s’arrêta devant chez lui, un petit immeuble modeste, Sophia l’attendait déjà devant la porte d’entrée, les bras croisés, emmitouflée dans un gilet épais malgré la douceur de la nuit.
Elle le scruta un instant à la lumière des phares, comme pour s'assurer qu'il allait bien, puis s’approcha rapidement et le prit dans ses bras, sans dire un mot. Joaquin se laissa envelopper, reconnaissant de cette chaleur familière après une longue journée.
— Bon, c’est à toi maintenant, merci, dit-il doucement, un sourire fatigué sur les lèvres, avant de déposer un baiser sur le front de Sophia.
Elle recula légèrement pour le regarder dans les yeux.
— Alors ? Ton premier jour à la villa, comment ça s’est passé ?
— Ça a été, répondit-il avec un soupir. Pas facile, non. Mais j’ai tenu le coup. Je me suis accroché. Tu sais, j’ai besoin de cet argent.
— Je sais… murmura-t-elle simplement.
Ils entrèrent ensemble, traversant le petit salon éclairé d’une lumière douce, jusqu’à leur chambre. Joaquin enleva ses chaussures en silence pendant que Sophia lui ouvrait la porte de la salle de bain.
— Prends un bon bain, dit-elle en posant une serviette propre sur le lavabo. Et rejoins-moi au salon quand tu es prêt pour le dîner.
Il releva la tête, surpris.
— Tu as déjà cuisiné ?
— Bien sûr, répondit-elle avec un clin d’œil. Je savais que tu serais épuisé… Alors j’ai préparé ton plat préféré.
Joaquin sentit un élan de gratitude le traverser.
— Merci beaucoup, Sophia. C’est vraiment gentil de ta part. J’avais déjà faim rien qu’en montant dans le taxi.
Il entra dans la salle de bain, ferma la porte doucement derrière lui, et fit couler l’eau chaude. Tandis que la vapeur montait lentement, il sentit les tensions de la journée commencer à se dissiper. Il se sentait fatigué, oui, mais aussi soutenu, aimé. Et ce simple fait valait toutes les récompenses du monde.
La nuit était sur le point de tomber quand Joaquin termina enfin sa journée. Ses muscles le tiraient légèrement, signe d’un corps peu habitué à ce genre d’effort, mais il se sentait étrangement satisfait. Il descendit lentement vers les vestiaires du personnel, situés à l’arrière de la villa, près des cuisines. L’éclairage y était tamisé, presque intime, et l’odeur persistante de produits ménagers mêlée à celle du bois ciré flottait dans l’air.Il ouvrit son casier, en sortit les vêtements qu’il avait portés le matin un jean usé, une chemise à carreaux froissée et les enfila rapidement, troquant son uniforme impeccable contre sa tenue plus modeste. Avant de refermer la porte métallique, il jeta un coup d’œil à sa montre : 18h48. Il avait travaillé bien plus longtemps que prévu, mais il ne s’en plaignait pas. Ce poste, il l’avait arraché de justesse, et il comptait bien prouver qu’on avait eu raison de lui faire confiance.Lorsqu’il remonta dans le hall d’entrée, les lumières étaient d
Le matin de son premier jour à la villa de Monroe, Joaquin se sent nerveux. Il a quitté son petit appartement avec un mélange d’excitation et d’appréhension, le cœur battant à l’idée d’entamer ce nouveau travail. Ce n’est pas exactement ce à quoi il s’attendait, mais il sait que c’est une opportunité qu’il ne peut pas laisser filer. En attendant le chauffeur de la villa, il ajuste ses vêtements usés, son costume de jardinier tout juste acheté. Même si ce n’est pas un costume chic, il veut faire bonne impression. Ce travail pourrait être une porte vers quelque chose de plus grand.Le chauffeur arrive en voiture, une berline noire impeccable, qui semble à des années-lumière du monde auquel Joaquin appartient. Le trajet jusqu’à la villa est silencieux, et il observe le paysage défiler, son regard fasciné par l’ampleur des propriétés qui défilent derrière les fenêtres. Les rues se font de plus en plus larges, les maisons plus grandes, et il se sent petit, perdu dans un monde qui lui sembl
Il était encore perdu dans ses pensées lorsqu’une silhouette familière entre dans le café.C’est Marco, un vieil ami d’enfance, un de ceux avec qui Joaquin a grandi dans le quartier. Marco, toujours aussi optimiste malgré les difficultés, a toujours eu cette capacité à transformer chaque situation en opportunité. Il s’assoit à la table de Joaquin, un sourire éclatant sur le visage, comme s’il portait avec lui un secret important.— Alors, mon vieux, tu m’as l’air d’un homme fatigué, dit Marco en riant, posant son sac sur la table. Tu sais, t’es pas obligé de tout porter tout seul, tu pourrais bien accepter un peu d’aide, non ?Joaquin lui lance un regard fatigué, mais sourit tout de même. — C’est la vie, Marco. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, n’est-ce pas ?Marco hoche la tête, mais son regard devient plus sérieux. — Tu sais, il y a une opportunité qui pourrait t’intéresser. J’ai entendu dire qu’ils cherchent un nettoyeur et un jardinier pour la villa de Monroe. C’est un gros
Joaquin "Jo" Alvarez, 24 ans, n’a jamais connu la facilité. Il a grandi dans un petit appartement en bas d’un immeuble décrépit, dans un quartier populaire où l’espoir semble une denrée rare. Son père les a laissés avant même que son petit frère, Marco, n'ait un an, et depuis ce jour, il a pris sur lui de tenir la famille à bout de bras. Sa mère, Rosa, souffre de problèmes de santé chroniques, et chaque journée est une lutte pour garder un semblant de normalité. Joaquin n’a pas l'ombre d'un luxe à offrir, mais il ne manque jamais d’amour ni de dévouement pour ceux qu’il aime.Sa vie est une série de petits boulots : serveur, livreur, manutentionnaire. Rien de stable, rien de durable. Mais c’est ce qu’il faut pour s’assurer que sa mère prenne ses médicaments, que son frère ne manque de rien, même si parfois cela signifie qu’il doit sacrifier son propre sommeil ou sa santé. Chaque centime gagné est une victoire contre le destin, et il compte chaque pièce avec la minutie d’un homme qui s
Cassandra Moreau, 42 ans, est une figure incontournable du monde des affaires. À la tête de Moreau Financial Group, un empire financier mondialement reconnu, elle est redoutée, respectée, et souvent craint par ceux qui croisent son chemin. Chaque décision qu’elle prend est calculée, précise, et souvent brutale. Ceux qui travaillent sous sa direction savent qu’une erreur peut être fatale pour leur carrière. Cassandra dirige d’une main de fer, mais ce qu’ils ne voient pas, c’est la fragilité sous cette surface glacée.Le matin, son réveil sonne à six heures précises, dans une chambre immaculée aux couleurs sobres : des tons de gris, de blanc et de noir qui renforcent l’aura de discipline et de contrôle qui l’accompagne partout. Elle se lève sans un mot, le visage impassible, et s’habille d’un tailleur sur mesure qui reflète à la perfection son statut de femme d’affaires puissante. Aucun sourire ne vient éclairer ses traits. Son regard est déjà déterminé, comme une arme prête à frapper.