Chapitre 4 – Un Pacte avec le Diable
Je le suis. Sa voix est lisse, mesurée, mais je perçois l’ombre d’un amusement dans ses yeux. Il joue avec moi. Je serre les poings sur mes genoux. Je ne lui donnerai pas ce plaisir.
Rafael : « Très bien. »
Il pousse le dossier vers moi et fait un geste.
Rafael : « Lis. »
J’hésite. Je devrais refuser. Lui montrer que je ne suis pas manipulable. Mais une partie de moi veut savoir. Ce qu’ils ont écrit sur moi. Ce qu’ils ont donné à cet homme. Ma curiosité légendaire l’emporte sur ma raison alors, lentement, je tends la main et ouvre le dossier.
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Ce que je lis me coupe le souffle. Des pages entières détaillant mon parcours, mes missions, mes compétences. Mon accident, mon état de santé.Et puis… Je me fige.Un paragraphe attire mon attention.
"Agent Gloria Carter. Désormais inutilisable sur le terrain. Placement à l’administration en attente d’une décision finale. Discrétion exigée pour éviter les conflits internes."
Discrétion exigée.
Je relis les mots encore et encore cherchant une erreur de nom, que c’est d’une autre Gloria qu’il parle et pas moi. Ma sournoise de conscience me souffle dans la tête que c'est moi la seule personne répondant à ce nom dans toute l’agence. Alors comme ça ils m’ont effacée, comme si je n’étais qu’un numéro à archiver.
Une rage froide s’empare de moi. Tout ce que j’ai fait… chaque mission, chaque cicatrice… n’a jamais compté, il a fallut que je perds la voix pour jetée dans la poubelle.
Rafael : « Tu comprends, maintenant ? »
Sa voix brise le silence, me ramenant à la réalité. Je relève la tête, le regard brûlant, la fureur broyant mes entrailles. Je ne peux pas parler, mais je sais que mes yeux posent la question à ma place.
Gloria : « Pourquoi me montres-tu ça ? »
Rafael me fixe un instant, puis se lève lentement. Il s’approche, contournant la table, avant de s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil en face de moi. Trop près.
Rafael : « Parce que tu es plus utile pour moi que pour eux. »
Je plisse les yeux.
Rafael : « Laisse-moi reformuler. »
Il se penche légèrement, son regard ancré dans le mien.
Rafael : « Je t’offre un choix. »
Un silence. Mon cœur se remet à battre plus vite.
Rafael : « Tu peux continuer à croire en une agence qui t’a abandonnée. Rester cette femme brisée qui n’a plus sa place nulle part. »
Je serre les mâchoires.
Rafael : « Ou bien… tu travailles pour moi. »
Le coup tombe, net. Je le fixe, cherchant la faille. Je devrais être horrifiée par sa demande. Je devrais refuser immédiatement. Mais au lieu de ça… Je réfléchis.
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Je pourrais dire non. Attendre une opportunité de m’échapper de cette prison d’or. Mais où irais-je ? Retourner à l’agence et ne plus jamais connaître l’adrénaline du danger ? Travailler avec ses hypocrites ? De toutes les façon ils me croient probablement morte ou pire, hors service.
Rafael : « Je te laisse quelques heures pour y réfléchir. »
Je fronce les sourcils à la notion de quelques heures et pas plus. Bon sang c’était le choix de ma vie et de ma carrière dont il parle.
Cet homme ne laisse pas place à l’indécision. Il se redresse et fait un signe à ses hommes.
Rafael : « Emmenez-la dans ses quartiers. »
Mes quartiers.
Je me retiens de sourire avec amertume.
Une prison, voilà ce qu’il veut dire. Mais au moins, j’ai encore le choix. Pour le moment.
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On me conduit à travers un long couloir, jusqu’à une porte en bois massif. Un garde ouvre et me fait signe d’entrer. Je franchis le seuil sans un mot. La porte se referme derrière moi, et j’entends le bruit du verrou qui se tourne.
Je suis enfermée. Je fais quelques pas, scrutant la pièce. Une chambre spacieuse, luxueuse, mais sans âme. Un lit immense, une armoire, une salle de bain attenante. Une grande baie vitrée donnant sur un jardin intérieur.
Je m’approche du verre. Pas de poignées. Pas de moyen de l’ouvrir.
Évidemment le croire m’aurais choqué.
Ils ne me laisseront pas m’échapper aussi facilement. Je recule et m’assieds sur le lit, inspirant profondément. Je dois réfléchir.Accepter reviendrait à vendre mon âme.Refuser… signifierait affronter Rafael Castillo. Et quelque chose me dit que c’est une erreur que peu ont survécu à commettre.
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Les heures passent lentement. Je ne dors pas. Je ne peux pas. Mon esprit tourne en boucle. À l’aube, la porte s’ouvre à nouveau. Un garde entre.
Garde : « Le patron t’attend. »
Je me lève lentement. Il est temps de choisir. Et quoi que je décide… Ma vie ne sera plus jamais la même.
Le jour se lève à peine quand on me fait sortir de ma chambre-prison. L’aube filtre à travers les immenses baies vitrées du couloir, projetant des ombres sur le sol en marbre. L’air est frais, presque apaisant, mais je n’ai pas le luxe de savourer ce moment.
Mes pas résonnent dans le silence. Deux gardes m’encadrent, armés, mais sans agressivité. Je ne suis pas leur prisonnière. Pas encore. Je suis une pièce dans une partie d’échecs dont je ne maîtrise pas encore les règles. Devant moi, une porte massive s’ouvre sur une vaste salle, où Rafael Castillo m’attend déjà.
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L’antre du lion. Là où il règne en maître absolu. Le bureau est immense, tout comme l’homme qui y siège. Il est vêtu d’un costume impeccable, noir comme la nuit, sa cravate desserrée de manière calculée, comme s’il venait de conclure une longue nuit d’affaires… ou d’exécutions.
Rafael : « Assieds-toi. »
Je ne bouge pas. Je veux croire que j’ai encore du pouvoir. Mais son regard me cloue sur place. Je m’assois lentement.Devant moi, une tasse de café fumante. Je ne la touche pas.
Rafael : « As-tu réfléchi ? »
Chapitre 5– L’Ombre et le PiègeGloria Alors je prends un stylo et une feuille sur son bureau et j’écris d’une main ferme :*Pourquoi moi ?*Un sourire effleure ses lèvres.Rafael : « Pourquoi pas toi ? » Je plisse les yeux.Rafael : « Tu es une femme que ton propre camp a trahie. Tu as des compétences, une intelligence rare. Et surtout… »Il se penche légèrement.Rafael : « Tu as déjà perdu tout ce qui faisait de toi une menace pour moi. » Je serre les poings. Il a raison. Je n’ai plus d’agence. Plus de mission. Plus de voix. Et pourtant, il me voit encore comme une pièce utile. Je reprends le stylo et écris :*Qu’attends-tu de moi ?*Rafael : « Que tu travailles pour moi. Pas comme une espionne, ni comme une secrétaire. » Mon cœur se serre.Rafael : « Tu as un regard unique. Tu connais les failles de ceux qui t’ont abandonnée. Je veux que tu les trouves pour moi. » Je le fixe, les pensées en vrac. Il veut utiliser mon savoir sur l’agence. Je devrais refuser. Mais une part de mo
Chapitre 6 – Danse avec le DiableGloria Le silence est presque religieux dans le bureau de Rafael. Le seul bruit vient des pages qu’il tourne lentement, analysant mes notes. Son regard glisse sur chaque ligne, chaque nom, chaque détail que j’ai consigné avec une précision chirurgicale. Je retiens mon souffle. J’attends son verdict. Puis, enfin, il referme le dossier avec une lenteur calculée et me regarde droit dans les yeux.Rafael : « Tu es encore plus précieuse que ce que j’imaginais. »Je ne bouge pas. Ce n’est ni un compliment, ni une flatterie. C’est une déclaration de fait. Une nouvelle pièce vient de se verrouiller autour de moi.—Le jeu commence.Rafael m’explique la suite : il veut des preuves, des confirmations, des actions. Je ne suis plus seulement une analyste. Je vais devoir agir.Mon estomac se serre. J’écris sur mon carnet : *Comment comptes-tu utiliser ces informations ?*Il sourit. Un sourire lent, mesuré, presque amusé.Rafael : « Tu crois que je vais te le di
Chapitre 7– L’EngrenageGloria Rafael : « L’agence t’avait déjà condamnée bien avant que tu ne me rencontres. » Je serre les poings. Je le savais, au fond. Mais le voir écrit noir sur blanc me brûle la poitrine. Ils m’ont effacée. Jetée comme une pièce défectueuse.Et maintenant ?Je suis en train de leur offrir sur un plateau d’argent des informations qu’ils auraient tué pour protéger. Est-ce que je vaux mieux qu’eux ?—Rafael ne me laisse pas le temps de trop réfléchir.Rafael : « Il y a un autre problème. »Il clique sur un fichier vidéo. L’image est granuleuse, prise depuis une caméra de surveillance. On y voit une femme, une silhouette fine, une chevelure noire retenue en queue-de-cheval. Je la reconnais instantanément.Elena. Mon ancienne coéquipière.Rafael : « Elle fouille. Elle te cherche. »Mon cœur se serre. Elena est la seule à ne jamais m’avoir abandonnée. Et maintenant, elle est sur ma trace.—Un choix impossible.Rafael : « Il faut l’arrêter avant qu’elle ne devienn
Chapitre 8 – Point de rupture.Je prends mon carnet et j’écris lentement, pesant chaque mot.*Tu ne peux pas me sauver.*Elena fronce les sourcils, l’incompréhension mêlée à de la colère.Elena : « C’est ce qu’il t’a fait croire, c’est ça ? Il t’a lavé le cerveau ?! »Je secoue la tête.Je prends une grande inspiration pour maîtriser mes tremblements et continue d’écrire.*Il sait que tu es ici. Il t’a déjà trouvée.*Elle blêmit. Son regard file vers la fenêtre, vers la rue en contrebas. Elle comprend.Elena : « Depuis combien de temps ils nous surveillent ? »Je serre les poings.*Depuis le début.* Je lâche la bombe.Elle laisse échapper un juron, recule de quelques pas. Puis elle se ressaisit, se tourne vers moi.Elena : « On peut encore partir. J’ai une voiture. On disparaît. Maintenant. »Mon cœur se serre. Je voudrais lui dire oui. Lui dire qu’on peut s’échapper, qu’il y a une issue. Mais je sais que c’est un mensonge. Alors j’écris la seule vérité que je peux lui offrir.*Cours
Chapitre 9 – Une échappatoire en flammesGloria Je déglutis. Rafael est dehors, face à la menace. Je sais qu’il ne reculera pas. Si je fais ça, je trahis définitivement son camp.Mais si je ne le fais pas, Elena mourra ici.—Je plonge la main dans la poche intérieure de ma veste et saisis la fine lame que j’ai volée dans la cuisine plus tôt. Mes doigts tremblent. Je coupe les attaches métalliques autour de ses poignets.Les menottes tombent sur le sol dans un tintement sourd. Eléna me fixe, incrédule.Puis elle ne perd pas une seconde. Elle se lève d’un bond, récupère l’arme du garde étalé sur le sol derrière moi et m’attrape par le poignet.Elena : « On sort d’ici. Maintenant. »—Le couloir est en feu. Les tirs fusent de toutes parts. Les hommes de Rafael ripostent, cherchant à repousser l’assaut. Je reconnais certains agents de l’agence. Ils avancent en formation serrée, disciplinés.L’élite.Elena : « Merde. Ils ont ramené les gros bras. »Elle me tire en arrière, nous plaquant co
Chapitre 10 – Entre les ombres et les flammesGloria Je ne réponds pas. Pas parce que je suis d’accord. Mais parce que je ne sais plus ce que je ressens.—Elena soupire, accélère.Elena : « On va disparaître. Toi et moi. »Je tourne la tête vers elle. Ses lèvres sont crispées. Elle parle trop vite. Elle a peur. J’attrape mon carnet, l’ouvre lentement et écris :*Tu es sûre de vouloir m’emmener avec toi ?*Elena rit, un son amer.Elena : « T’es sérieuse ? T’es mon amie, Gloria. Bien sûr que je vais pas te laisser derrière. »—Mais le monde ne nous laisse pas le choix.—Un bruit de moteur à l’arrière. Je me raidis. Elena aussi. Elle vérifie ses rétroviseurs.Deux phares approchent, vite. Trop vite à mon goût.—Elena : « Merde. »—La voiture derrière nous accélère encore.Les phares nous éblouissent. Ils veulent nous pousser à la faute. Elena serre les dents, appuie sur l’accélérateur tentant le tout pour le tout.—Je me tourne pour regarder derrière. Deux silhouettes. Des hommes de
Chapitre 11 – Entre les ténèbres et la véritéGloriaLa nuit est lourde. Le silence de la ruelle est interrompu par des bruits de pas métalliques, presque comme un écho du chaos que je viens de quitter. Rafael me tire à travers l'obscurité, ma peau brûlant contre la sienne. Son poignet ferme, presque possessif, m’empêche de m’échapper. Mais il n’y a pas de fuite. Pas maintenant.Je sens mon cœur battre contre ma cage thoracique, chaque pulsation est un rappel cruel de la situation dans laquelle je me trouve. La sueur perle sur ma peau, mais je ne tremble pas. Pas encore.—Rafael : « Tu es forte, Gloria. Tu le sais, non ? »Je n’ai pas envie de répondre. Je ne suis même pas sûre de ce que je ressens. Un mélange de colère, de peur, de confusion. Mais sa main autour de mon bras me rappelle à l’ordre. Il n’y a pas de place pour l’incertitude ici.Je tente de tirer doucement sur mon bras, mais sa prise est trop forte. Il ne me laisse pas m'échapper. Il ne me laisse même pas le temps de re
Chapitre 12 – Le poids du silenceGloriaLa pièce est glacée. L’air semble être suspendu, comme si le temps s’était arrêté à l’instant où j’ai franchi ce seuil. La lumière crue des néons me fait mal aux yeux, et l’obscurité qui règne dans chaque recoin de la pièce m’oppresse. Rafael est toujours derrière moi, sa main sur mon épaule, un contact qui me fait frissonner, mais qui n’éveille en moi aucune émotion concrète. Il n’y a plus de place pour les sentiments ici. Pas dans cet endroit où tout semble être une illusion.Le silence est lourd, étouffant. Il y a des hommes autour de moi, leurs visages flous, leurs corps immobiles dans les ombres. Je sens la tension dans l’air, une énergie palpable prête à éclater à tout moment. Leurs regards, même discrets, sont dirigés vers moi, mais je ne peux pas les affronter. Pas encore. Mon esprit tourbillonne, je lutte pour reprendre mon souffle, mais chaque inspiration semble me couper encore plus profondément. Comme si l’air ici n’était pas fait p
Chapitre 40 – Le Poids du DétourGloriaLa nuit tombe plus lourdement que d’habitude, comme si le ciel lui-même pesait sur mes épaules, une pression invisible mais bien réelle. Le silence est presque suffocant dans l’appartement. J’entends mon souffle, mes pensées qui s’entrechoquent, mais tout semble distant, comme si j’étais plongée dans un état semi-conscient, un entre-deux où mes décisions m’échappent. J’ai l’impression de glisser dans un abîme, emportée par une force que je n’ai pas choisi. Et lui, toujours là, toujours observant, comme un prédateur patient, mais qui attend tout de même le moment propice pour frapper.
Chapitre 39 – L’Emprise de l’OmbreGloriaLa nuit s’étend comme une couverture pesante sur la ville, une mer noire où je me noie chaque soir un peu plus. Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Comment mes pensées sont devenues un enchevêtrement de fils brûlants, ni comment ce jeu dangereux entre Rafael et moi est devenu un combat que je ne peux plus arrêter. Mais une chose est certaine : il est là, et il ne me laissera jamais partir.Je me lève du canapé, les mains tremblantes, le cœur battant la chamade dans ma poitrine. Tout en moi hurle de fuir, de tout quitter, mais mes jambes restent figées, clouées au sol par une force invisible. Il est toujours là, quelque part, dans l’ombre. Cette ombre qu’il porte avec lui, insaisissable mais omniprésente. Une partie de lui qui m’env
Chapitre 38 – L'Incendie du CœurGloriaLe silence m’envahit. Une lourde chaleur imprégnée de tension flotte dans l’air, étouffant tout autour de moi. Rafael a quitté la pièce, mais il est toujours là, omniprésent, comme une ombre qui ne quitte jamais totalement la lumière. Je le sens dans chaque souffle que je prends, dans chaque battement de mon cœur. Et je déteste cela. Parce que tout ce que je ressens pour lui, je le déteste. Je déteste avoir ce désir, ce besoin de le comprendre, de percer son masque, de le toucher… de le posséder.Mais je ne peux pas. Pas maintenant. Pas de cette manière.Je m'assieds sur le canapé, mes mains serrées sur mes genoux. Je dois me reprendre. Ce n’est qu’un homme, après tout. Un homme comme les autres.
Chapitre 37 – L’Accroche du VideRafaelLe silence est lourd, presque palpable, comme une couverture épaisse qui nous étouffe. Je m’éloigne d’elle, mais je suis toujours envahi par l’odeur de son parfum, cette fragrance qui m’aspire, me plonge dans un tourbillon d’émotions contradictoires. Elle reste là, droite, l’expression fermée, mais je sais que sous cette carapace, la tempête fait rage. Et c’est cette tempête que je veux comprendre. Parce que je suis bien plus attiré par son esprit que par son corps. Son défi. Sa résistance. Tout ce qu’elle est. C’est ce qui m’obsède.Je tente de reprendre le contrôle. De prendre une grande inspiration. J’avance de quelques pas vers mon bureau, mes mains se posant dessus avec une force excessive, comme si ce simple geste pouvait me maintenir en place, me sauver
Chapitre 36 – La Tentation du VideRafaelJe la regarde entrer dans la pièce, son regard aussi sûr que celui d’un prédateur. Mais ce soir, il y a quelque chose de différent. Quelque chose d’indicible qui flotte entre nous, plus lourd que l’air, plus présent que jamais. Elle n’a même pas besoin de parler pour que je ressente cette tension, une tension invisible mais tangible, comme un élastique tendu à l’extrême, sur le point de se rompre.Elle s’assoit en face de moi, ses mouvements fluides et gracieux, comme si elle cherchait à me défier sans même le vouloir. Elle garde les yeux baissés, mais je la sens, je sais qu’elle est consciente de ma présence à chaque seconde. Son parfum léger, un mélange de bois et de fleurs sauvages, envahit la pièce, me plongeant dans une sorte de torpeur. Et pendant
Chapitre 35 – Entre Ombre et LumièreGloriaRafael : "Réunion demain. 8h. Sois à l'heure."Je serre le téléphone dans ma main. Une partie de moi veut lui répondre. Lui demander ce qu’il attend vraiment de moi. Mais je sais que ça ne servirait à rien. J’ai été marquée par ses mots trop souvent pour ignorer leur poids.Je me dirige vers la salle de bain. Le miroir me renvoie une image floue. Ma blouse blanche, tâchée de sang. Le stéthoscope qui pend autour de mon cou comme un fardeau. Dans mon esprit, je fais défiler les visages des patients, les urgences, les gestes qui sauvent… et ceux qui échouent. Pourtant, ce soir, il n’est plus question de médecine, mais de survie.Je laisse tomber la blouse sur le sol, mes doigts tremblants. Ce n’est pas le sang des patients qui me hante, mais celui de
Chapitre 33 – Le Prix du SilenceGloriaLe lendemain, je me réveille avec une douleur sourde dans la nuque et les doigts ankylosés. Je suis restée à travailler toute la nuit, sans voir le temps passer. Les chiffres ont continué à s’aligner sur l’écran comme une pluie fine, régulière, hypnotique. C’est le premier matin où je ne ressens plus le besoin d’échapper à ce monde. Et c’est précisément ce qui me terrifie.Je me lève lentement, croise mon reflet dans une vitre. Mes traits sont tirés, mes yeux cernés, mais ce n’est pas la fatigue qui me marque. C’est autre chose. Quelque chose de plus profond. D’irréversible.Dans le couloir, j’entends des voix. Lorenzo. Rafael. Et une troisième que je ne connais pas. Une femme. Je m’approch
Chapitre 34 – La Cage Se RefermeGloriaJe ferme la tablette. Un clic sec. Le bruit claque dans le silence.Autour de moi, les autres travaillent toujours. Certains feignent de m’ignorer, d’autres ne s’en donnent même plus la peine. Le mépris est là, diffus, mais de plus en plus inquiet. Je suis l’étrangère qu’on ne peut plus ignorer. Et c’est ça le plus dangereux.Rafael s’est éclipsé sans un mot, il y a longtemps. Me laissant seule, livrée aux regards et aux non-dits. Je sens son absence comme un trou d’air. Un manque irritant, brûlant, et pourtant rassurant. Parce qu’en son absence, je p
Chapitre 32 – Les Dents de l’EngrenageGloriaLe moteur vrombit. Le paysage file par la fenêtre, une succession indistincte de lumières, de visages flous, d’ombres mouvantes. J’ai l’impression d’être dans un rêve, ou un cauchemar, impossible de trancher. Les néons de la ville jettent des reflets blanchâtres sur la carrosserie, rendant nos visages presque irréels. Rafael conduit sans un mot. Ses doigts crispés sur le volant trahissent une tension qui n’a rien à voir avec la route. Il ne regarde pas dans ma direction, et pourtant je le sens, comme une présence brûlante juste à côté. Chaque seconde passée à ses côtés est une épreuve d’équilibre. Un faux pas, un mot de trop, et tout peut basculer.J’ai envie de hurler. Mais ma voix est loin. Elle s’est perdue, quelque part ent