Home / Mafia / Idylle avec un Mafieux / Chapitre 4: Un pacte avec le diable

Share

Chapitre 4: Un pacte avec le diable

Author: Dame Sauvage
last update Last Updated: 2025-02-28 01:25:22

Chapitre 4 – Un Pacte avec le Diable

Je le suis. Sa voix est lisse, mesurée, mais je perçois l’ombre d’un amusement dans ses yeux. Il joue avec moi. Je serre les poings sur mes genoux. Je ne lui donnerai pas ce plaisir.

Rafael : « Très bien. »

Il pousse le dossier vers moi et fait un geste.

Rafael : « Lis. »

J’hésite. Je devrais refuser. Lui montrer que je ne suis pas manipulable. Mais une partie de moi veut savoir. Ce qu’ils ont écrit sur moi. Ce qu’ils ont donné à cet homme. Ma curiosité légendaire l’emporte sur ma raison alors, lentement, je tends la main et ouvre le dossier.

Ce que je lis me coupe le souffle. Des pages entières détaillant mon parcours, mes missions, mes compétences. Mon accident, mon état de santé.Et puis… Je me fige.Un paragraphe attire mon attention.

"Agent Gloria Carter. Désormais inutilisable sur le terrain. Placement à l’administration en attente d’une décision finale. Discrétion exigée pour éviter les conflits internes."

Discrétion exigée.

 Je relis les mots encore et encore cherchant une erreur de nom, que c’est d’une autre Gloria qu’il parle et pas moi. Ma sournoise de conscience me souffle dans la tête que c'est moi la seule personne répondant à ce nom dans toute l’agence. Alors comme ça ils m’ont effacée, comme si je n’étais qu’un numéro à archiver.

Une rage froide s’empare de moi. Tout ce que j’ai fait… chaque mission, chaque cicatrice… n’a jamais compté, il a fallut que je perds la voix pour jetée dans la poubelle.

Rafael : « Tu comprends, maintenant ? »

Sa voix brise le silence, me ramenant à la réalité. Je relève la tête, le regard brûlant, la fureur broyant mes entrailles. Je ne peux pas parler, mais je sais que mes yeux posent la question à ma place.

Gloria : « Pourquoi me montres-tu ça ? »

Rafael me fixe un instant, puis se lève lentement. Il s’approche, contournant la table, avant de s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil en face de moi. Trop près.

Rafael : « Parce que tu es plus utile pour moi que pour eux. »

Je plisse les yeux.

Rafael : « Laisse-moi reformuler. »

Il se penche légèrement, son regard ancré dans le mien.

Rafael : « Je t’offre un choix. »

Un silence. Mon cœur se remet à battre plus vite.

Rafael : « Tu peux continuer à croire en une agence qui t’a abandonnée. Rester cette femme brisée qui n’a plus sa place nulle part. »

 Je serre les mâchoires.

Rafael : « Ou bien… tu travailles pour moi. »

Le coup tombe, net. Je le fixe, cherchant la faille. Je devrais être horrifiée par sa demande. Je devrais refuser immédiatement. Mais au lieu de ça… Je réfléchis.

Je pourrais dire non. Attendre une opportunité de m’échapper de cette prison d’or. Mais où irais-je ? Retourner à l’agence et ne plus jamais connaître l’adrénaline du danger ? Travailler avec ses hypocrites ? De toutes les façon ils me croient probablement morte ou pire, hors service.

Rafael : « Je te laisse quelques heures pour y réfléchir. »

 Je fronce les sourcils à la notion de quelques heures et pas plus. Bon sang c’était le choix de ma vie et de ma carrière dont il parle. 

Cet homme ne laisse pas place à l’indécision. Il se redresse et fait un signe à ses hommes.

Rafael : « Emmenez-la dans ses quartiers. »

Mes quartiers. 

Je me retiens de sourire avec amertume.

Une prison, voilà ce qu’il veut dire. Mais au moins, j’ai encore le choix. Pour le moment.

On me conduit à travers un long couloir, jusqu’à une porte en bois massif. Un garde ouvre et me fait signe d’entrer. Je franchis le seuil sans un mot. La porte se referme derrière moi, et j’entends le bruit du verrou qui se tourne.

Je suis enfermée. Je fais quelques pas, scrutant la pièce. Une chambre spacieuse, luxueuse, mais sans âme. Un lit immense, une armoire, une salle de bain attenante. Une grande baie vitrée donnant sur un jardin intérieur.

Je m’approche du verre. Pas de poignées. Pas de moyen de l’ouvrir.

 Évidemment le croire m’aurais choqué.

Ils ne me laisseront pas m’échapper aussi facilement. Je recule et m’assieds sur le lit, inspirant profondément. Je dois réfléchir.Accepter reviendrait à vendre mon âme.Refuser… signifierait affronter Rafael Castillo. Et quelque chose me dit que c’est une erreur que peu ont survécu à commettre.

Les heures passent lentement. Je ne dors pas. Je ne peux pas. Mon esprit tourne en boucle. À l’aube, la porte s’ouvre à nouveau. Un garde entre.

Garde : « Le patron t’attend. »

 Je me lève lentement. Il est temps de choisir. Et quoi que je décide… Ma vie ne sera plus jamais la même.

Le jour se lève à peine quand on me fait sortir de ma chambre-prison. L’aube filtre à travers les immenses baies vitrées du couloir, projetant des ombres sur le sol en marbre. L’air est frais, presque apaisant, mais je n’ai pas le luxe de savourer ce moment.

 Mes pas résonnent dans le silence. Deux gardes m’encadrent, armés, mais sans agressivité. Je ne suis pas leur prisonnière. Pas encore. Je suis une pièce dans une partie d’échecs dont je ne maîtrise pas encore les règles. Devant moi, une porte massive s’ouvre sur une vaste salle, où Rafael Castillo m’attend déjà.

L’antre du lion. Là où il règne en maître absolu. Le bureau est immense, tout comme l’homme qui y siège. Il est vêtu d’un costume impeccable, noir comme la nuit, sa cravate desserrée de manière calculée, comme s’il venait de conclure une longue nuit d’affaires… ou d’exécutions.

Rafael : « Assieds-toi. »

Je ne bouge pas. Je veux croire que j’ai encore du pouvoir. Mais son regard me cloue sur place. Je m’assois lentement.Devant moi, une tasse de café fumante. Je ne la touche pas.

Rafael : « As-tu réfléchi ? »

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 86: Le Conseil Invisible

    Chapitre 86 – Le Conseil InvisibleRafaelRome ne dort jamais. Même sous la pluie, même sous les menaces, elle respire. Une bête antique au cœur d’un monde moderne, où le pouvoir se cache dans les ruelles silencieuses et les regards qui glissent. Je la connais. Trop bien. Trop mal.C’est ici que j’ai appris à frapper sans laisser de trace. C’est ici que j’ai failli me perdre. Et ce soir, c’est ici que tout peut basculer.Gloria conduit. Ses mains sont stables sur le volant, mais ses yeux trahissent la tension. On ne va pas simplement espionner une réunion. On entre dans le cœur du monstre. Le comité restreint du Cercle. Cinq noms. Cinq ombres. Cinq assassins en costume qui ne tuent jamais eux-mêmes.Mais qui désignent.Et parmi eux, celui qui a signé mon arrêt de mort.—Le lieu : Via dei Coronari, 43. Une ancienne loge notariale restaurée en résidence privée. Façade anonyme. Fenêtres plombées. Aucun accès direc

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 85: Retourner la Lame

    Chapitre 85 – Retourner la LameGloriaIl a dit : Je veux le retourner.Et je n’ai rien répondu. Parce qu’au fond, je savais que ce jour viendrait. Le moment où on ne se contenterait plus d’entailler les veines du Cercle. Le moment où on viserait la tête.Mais ce que Rafael n’a pas dit, c’est ce que ça implique.Retourner un arbitre, ce n’est pas seulement percer la cuirasse d’un réseau tentaculaire. C’est injecter un venin dans son propre cœur. C’est jouer à un jeu où personne ne fait confiance, où même les loyautés sont des masques. Et lui, Rafael, il le sait mieux que quiconque.Car il en a été un, autrefois.Un outil du Jugement. Un exécuteur choisi, formé, façonné par ceux qu’il veut désormais abattre.Et maintenant, on s’apprête à faire tomber l’un des leurs. Pas pour le tuer.Pour le forcer à choisir.—Deux jours plus tard. Naples.La pluie rince les rues. Sale, collan

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 84: Écorcher l'Hydre

    Chapitre 84 – Écorcher l’Hydre RafaelLe bruit des pas est feutré, régulier. Trois hommes. Deux armés, un en costard. On les observe depuis la lucarne arrière d’un immeuble abandonné, en face du bâtiment cible. J’ai des jumelles nocturnes, Gloria une tablette avec les flux de caméras piratées.— Horaire respecté, je murmure.— 21h47. Entrée Est. Ils changent toutes les 6 heures. Mais jamais le circuit. Trop sûrs d’eux.Trop arrogants, surtout.Je plisse les yeux. Le logo sur la porte en métal : Viridis Group S.R.L. Une société de transport maritime. Officiellement spécialisée dans les produits pharmaceutiques.Officieusement ? Un hub logistique du Cercle. Relais entre Trieste, Athènes, Casablanca. Un couloir discret pour blanchir des millions et échanger des informations trop sensibles pour passer par un réseau classique. Des disques durs, des microfilms, parfois même des documents manuscrits, comme au siècle dernier.

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 83: Le Maillon faible

    Chapitre 83 – Le Maillon FaibleRafaelRome.La ville est une façade. Belle, ancienne, indifférente. Mais sous le marbre et les ors, il y a les fondations. Le réseau. Les artères cachées. Et c’est là que je veux frapper.Il y a une règle que Marco m’a apprise, même s’il n’a jamais prononcé les mots : on ne gagne pas contre l’hydre en lui tranchant une tête. On gagne en lui faisant croire qu’elle s’est empoisonnée elle-même.Et ce poison commence avec Domenico Bellini.Bellini est discret. Trop. Vice-président d’une banque privée ayant des ramifications jusqu’à Varsovie. Propriétaire de deux galeries d’art. Parrain officieux de plusieurs campagnes politiques. Officiellement propre, officieusement inattaquable.Mais il a une faille.Il pense qu’on ne sait pas.—Gloria et moi logeons dans un petit appartement du Trastevere, à deux rues d’une église désaffectée. À l’intérieur, j’ai monté un mini-c

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 82: Le Berceau des Traites

    Chapitre 82 – Le Berceau des TraîtresRafaelJe descends les marches lentement, chaque pas résonnant contre les murs de béton. Derrière moi, Gloria garde la lampe braquée droit devant, le souffle court. L’odeur est celle de l’humidité, du métal, et du passé. Pas de poussière. Pas d’oubli. Ce lieu vit encore.Le couloir s’élargit. Un sas en acier nous fait face, gravé d’un code alphanumérique : 219-F.Je m’arrête. L’adresse du document retrouvé à Tornio.Je tape le code.Le verrou claque. La porte s’ouvre avec un grincement lent, sinistre.On entre.Le silence est absolu.Devant nous, une salle froide, souterraine, éclairée par des néons grésillants. Des dizaines de classeurs. Des casiers verrouillés. Des étagères pleines de vieux dossiers en cuir, numérotés. Pas d’électronique. Tout est papier. Tout est manuel.Gloria s’approche d’un tiroir. L’étiquette dit “Opérations silencieuses, 1970-1998”.

  • Idylle avec un Mafieux   Chapitre 81: Le Jardin des Morts

    Chapitre 81 – Le Jardin des MortsGloriaLe soleil ne se lève pas. Pas vraiment. Il s'étire à peine à travers les nuages, comme s’il hésitait à venir éclairer ce jour-là. Et je le comprends. Il y a des vérités qui préfèrent l’ombre. Des vérités qui tuent.Rafael n’a presque pas dormi. Moi non plus. Nous sommes enfermés dans cette chambre d’hôtel miteuse depuis des heures, le carnet et les documents étalés sur le lit défait, comme les fragments d’un crime ancien. J’ai préparé du café. Fort. Inutile. Ce qu’on lit nous tient bien plus éveillés que la caféine.Sur le carnet, des dates, des lieux, des codes. Des noms. Certains barrés d’un trait rouge. D’autres cerclés d’encre noire. Et au centre, un mot répété plusieurs fois : Le Jardin.— Ce n’est pas un vrai jardin, je murmure. C’est un nom de code. Une métaphore, peut-être.Rafael tourne les pages avec des gestes lents, précis, comme s’il avait peur de briser quelque chose. Ou quel

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status