Chapitre 3 – Le choix du silence
Sophia était seule.
Elle n’avait pas bougé depuis que Dante l’avait laissée dans la pièce sombre. Elle était figée, l’esprit en proie à mille pensées contradictoires. Le meurtre, les regards froids, la menace palpable. Tout cela était bien plus qu’elle ne l’avait imaginé.
Elle se força à respirer profondément, tentant de calmer son cœur qui battait encore la chamade. Mais plus elle pensait à la situation, plus elle se sentait en proie à la peur. **Elle avait vu des choses qu’elle n’aurait jamais dû voir.** Et maintenant, elle n’était qu’un pion dans un jeu dangereux, dont les règles étaient inconnues.
La pièce était minuscule, avec des murs recouverts de bois sombre. Une vieille lampe projetait une lumière tamisée sur un bureau qui semblait avoir été laissé en hâte. Des papiers étaient éparpillés dessus, mais aucun signe de vie n’émergeait.
Elle s’assit sur une chaise, ses mains tremblantes se posant sur ses genoux. Que faire ? La question la hantait. Dante Velasco n’était pas un homme que l’on pouvait ignorer. Il avait le pouvoir de l’anéantir d’un simple geste, de la réduire à néant sans même hésiter. Mais en même temps, il n’avait pas encore agi contre elle. Pas directement, en tout cas.
Elle était là, captive de ses propres pensées, lorsque la porte s’ouvrit lentement.
Dante entra, seul, sans bruit. Il ferma la porte derrière lui et se tourna vers elle, son regard intense et inébranlable.
"Je vois que vous n’êtes pas partie," dit-il, presque amusé. "Je pensais que vous seriez déjà partie en courant."
Sophia ne répondit pas. Elle savait que tout ce qu’elle dirait pourrait être retourné contre elle. Le silence semblait être la seule défense qu’il lui restait.
Dante s’approcha lentement, chaque pas résonnant dans le silence de la pièce. Il s’arrêta juste devant elle, son regard ancrant le sien.
"Alors, Sophia," dit-il d’un ton presque plaisant, "nous allons devoir discuter."
Elle se força à soutenir son regard, mais au fond, elle se sentait terrifiée. "De quoi voulez-vous parler ?" demanda-t-elle, sa voix plus calme qu’elle ne l’aurait imaginé.
"De ce que vous allez faire maintenant." Dante s’assit sur le bureau, se croisant les bras. "Vous êtes dans un monde que vous ne comprenez pas encore. Un monde où vos actions, même les plus innocentes, peuvent avoir des conséquences fatales."
Le ton de Dante était froid, sans une once de chaleur, mais il y avait cette froideur calculée dans sa voix qui lui donnait un air presque magnétique. Sophia le fixait, mais chaque mot qu’il prononçait l’éloignait un peu plus de ce qu’elle pensait savoir du monde.
"Je ne veux pas faire partie de ce monde," dit-elle, la voix tremblante.
"Vous y êtes déjà." Il pencha la tête, son regard se faisant plus intense. "Et vous allez devoir faire un choix, Sophia."
Un frisson parcourut l’échine de Sophia. Elle avait l’impression que la pièce se resserrait autour d’elle, que chaque seconde qui passait la rapprochait de quelque chose d’inéluctable.
"Quel choix ?" demanda-t-elle, ne parvenant pas à dissimuler sa nervosité.
Dante la fixa longuement, ses yeux ne la quittant pas. "Vous allez devoir choisir si vous voulez jouer avec moi, ou si vous voulez tout perdre."
Un silence lourd s’installa entre eux. Chaque mot qu’il disait semblait peser une tonne. Il n’était pas seulement en train de lui poser une question. Il lui imposait une décision, une décision dont les conséquences risquaient d’être terribles.
"Et si je choisis de ne rien faire ?" demanda-t-elle d’une voix plus faible.
"Alors vous perdez tout," répondit-il immédiatement. "Ce n’est pas compliqué."
Sophia sentit la panique l’envahir. Tout perdre ? Que voulait-il dire par là ? Elle savait qu’il n’était pas du genre à parler pour rien. Mais qu’était-ce que "tout" ? Sa carrière ? Sa liberté ? Sa vie ?
Dante se leva alors, s’approchant de la fenêtre, l’air pensif. "Les choses ne sont jamais simples avec moi, Sophia. Vous l’avez compris ce soir. Vous pensiez peut-être que vous pourriez entrer dans ce monde sans conséquence, mais c’était une erreur. Vous êtes à présent liée à moi par quelque chose de bien plus complexe que ce que vous pouvez imaginer."
Sophia se leva lentement, ses jambes tremblantes sous l’intensité de la situation. Elle s’approcha du bureau, sa main effleurant le papier froissé sur la surface en bois. Ses pensées étaient embrouillées. Elle avait l’impression de se noyer dans cette mer d’incertitude.
"Je n’ai jamais voulu ça," murmura-t-elle, presque pour elle-même.
Dante se tourna enfin, son regard croisant le sien. "Ce n’est pas ce que vous voulez qui compte, Sophia. C’est ce que vous allez faire de ce qui est déjà arrivé."
Un silence de plus. Puis il s’avança vers elle, mais cette fois, il n’y avait plus de colère ni d’hostilité. Juste une sorte d’acceptation glacée.
"Réfléchissez bien. Parce qu’après ce soir, il n’y a pas de retour en arrière."
Il posa sa main sur son épaule, un geste presque paternel, mais qui n’apportait aucune chaleur. "La décision vous appartient. Mais croyez-moi, vous allez regretter de ne pas la prendre."
Sophia resta là, figée, le regard plongé dans les yeux de Dante. Le temps semblait s’être arrêté.
Le soleil se levait timidement sur Naples, mais la ville semblait plus sombre que jamais.À la villa Moretti, Dante, Sophia et leurs alliés avaient dressé leur quartier général dans la grande salle souterraine. Les visages étaient tendus, marqués par la fatigue et la certitude que le pire était encore à venir."Il ne restera pas les bras croisés", murmura Luca, les yeux rivés sur les écrans où défilaient des données cryptées."Non", confirma Dante. "Il est blessé, humilié... Ce n’est pas un homme qui pardonne."Sophia fixait une carte de la ville affichée sur le mur. Chaque point rouge représentait un de leurs repaires, chaque point noir, une position ennemie."Il va frapper où ça fait mal", dit-elle.Dante acquiesça."Il va chercher à détruire ce que j'aime."Un frisson parcourut Sophia. Il n'avait pas dit qui il aimait, mais son regard sombre était sans équivoque.Elle.Quelques heures plus tard, ils reçurent les premières nouvelles.Une explosion retentit dans l'un des clubs appart
La villa Moretti semblait s’être figée dans le temps depuis l’attaque.Même l’air était plus lourd. Plus électrique. Comme si chaque mur, chaque meuble, retenait son souffle en attendant la suite.Sophia observait Dante de loin, assis dans son bureau. Il ne bougeait pas. Il fixait un vieux portrait accroché au mur : une immense peinture représentant Giovanni Moretti, l’homme qu’ils devaient maintenant affronter.Elle savait que pour Dante, cet homme n’était pas seulement un ennemi.C’était son père.Celui qui l’avait élevé dans la violence et la trahison. Celui qui avait fait de lui un soldat avant de le traiter comme un pion sacrificiel. Celui qui avait ordonné la mort de Valeria… et peut-être même d’autres encore.Sophia poussa doucement la porte et entra."Tu penses à lui ?" demanda-t-elle.Dante hocha la tête sans détourner les yeux du portrait."Je pense à la façon dont il m’a tout appris. La force. La peur. La loyauté... Et comment il a tout piétiné."Sophia s'approcha et posa u
Chapitre 14 – Un cœur sous menaceLe silence régnait dans la villa Moretti. Mais ce n’était pas un silence apaisant.C’était le genre de silence qui précède les tempêtes. Le genre qui te colle à la peau et t’empêche de respirer.Sophia était dans la bibliothèque. Une pièce vaste, tapissée de livres anciens, où la lumière dorée tombait en cascade sur les étagères. Elle feuilletait un recueil de poésie italienne qu’elle ne parvenait pas à lire. Son esprit vagabondait ailleurs. Vers les menaces. Les regards dans l’ombre. Les cauchemars qui devenaient de plus en plus fréquents.Depuis l’affaire Giulio, elle savait qu’elle était devenue une cible directe.Et ça l’effrayait.Mais ce n’était pas la peur qui la consumait le plus. C’était cette sensation oppressante qu’elle n’avait plus vraiment le contrôle de sa vie. Que tout ce qu’elle faisait, disait, décidait… était observé. Manipulé.Elle ferma le livre brusquement. Se leva. Marcha vers la fenêtre.Le jardin était calme. Trop calme.Dante
Chapitre 13 – Les Loups du passéLa nuit était tombée depuis longtemps sur la villa Moretti, mais l’air n’apportait aucun repos. Il semblait chargé d’électricité, comme avant un orage. Sophia regardait le plafond, allongée dans le lit vide. Dante n’était pas encore revenu.Depuis le passage de la police, il avait disparu dans le labyrinthe de ses contacts, ses avocats, ses alliés. Il voulait comprendre. Répondre. Agir.Mais elle, elle étouffait dans l’attente.Finalement, n’y tenant plus, elle quitta la chambre, traversa le couloir. Ses pas la menèrent jusqu’à la cave privée; une partie secrète de la maison à laquelle peu avaient accès.Elle poussa la porte. Une lumière faible baignait l’espace. Dante était là, penché sur une table, entouré de dossiers, de vieux téléphones brûlés, de clés USB.Il leva les yeux à son arrivée, l’air usé, les cernes marqués."Tu ne dors pas", dit-il simplement."Toi non plus."Elle s’approcha, s’asseyant face à lui. Il avait vieilli de dix ans en deux jo
Chapitre 12 – L’héritage des flammesLe lendemain matin, la villa était plongée dans un silence pesant. Même les oiseaux semblaient hésiter à chanter. Sophia ouvrit les yeux en sursaut, comme si elle avait rêvé d’un feu qui dévorait le monde.Elle se leva, les doigts serrés sur la photo que Bianca avait laissée.Valeria.Cette enfant à l’innocence lumineuse, disparue trop tôt. Elle sentait le poids de cette histoire la suivre comme une ombre. Elle avait beau se répéter que Dante n’était pas responsable, une part d’elle avait besoin d’en savoir plus. Pas seulement par amour. Mais pour comprendre l’homme avec lequel elle commençait à tout risquer.Elle quitta la chambre, descendit silencieusement dans le bureau. Dante n’y était pas, mais la porte de la pièce annexe, celle qu’il gardait toujours fermée, était entrebâillée.Une hésitation. Puis elle entra.La pièce était sombre, sans lumière naturelle. Une odeur de bois ancien, de cuir et de poussière. Au mur, un immense tableau : une fam
-Chapitre 11 – Le pacte de l’ombreLa tension dans l’air était presque palpable. Le regard de Bianca ne flanchait pas. Elle scrutait Sophia comme un prédateur analyse sa proie. Et pourtant, Sophia ne baissa pas les yeux."Tu es entrée ici comme si tu étais encore la bienvenue", dit-elle d’un ton glacé."Je le suis plus que tu ne l’imagines. Ce manoir… je l’ai vu sortir de terre. J’ai dormi dans ce lit. J’ai porté sa bague.""Et tu l’as trahi."Bianca haussa les épaules, faussement amusée. "C’est un bien grand mot. Disons… que j’ai décidé de me rappeler qui je suis. Pas une femme docile. Mais une héritière. Une joueuse. Et j’en avais assez d’être son pion.""Tu n’es pas la seule à avoir souffert."Bianca pencha légèrement la tête. "Tu penses que parce qu’il t’embrasse comme un roi, il te dit tout ? Tu crois que tu le connais ?" Elle fit un pas en avant. "Laisse-moi te poser une seule question, Sophia… Est-ce qu’il t’a déjà parlé de Valeria?"Sophia resta figée. Le nom lui était inconnu