Chapitre 8 Excuse-toi

Une fois ses affaires réglées, Camille, voyant qu’il était encore tôt, a repris son sac et est retournée au bureau.

À peine sortie de l’ascenseur, elle a croisé Martin et Réa.

Réa lui a demandé d’un air inquiet : « Camille ? Tu vas mieux ? »

Camille a évité le regard de Martin et a répondu à Réa : « Ça va mieux, merci de votre attention. »

Réa a eu un sourire radieux : « De rien. Tu sais, plus vite tu seras rétablie, plus tu pourras aider M. Bernard dans son travail. »

Tout en parlant, Réa a passé ses cheveux longs derrière son oreille, dévoilant le grain de beauté rouge vif sur son lobe.

Puis, elle a jeté un regard doux à Martin : « M. Bernard, à midi, on pourrait commander quelque chose à manger pour Camille aussi, non ? »

Martin a répondu, glacial : « Pas la peine ! Elle a des jambes, non ? »

Là-dessus, il a attrapé le poignet de Réa et l’a entraînée dans l’ascenseur.

Camille, parfaitement consciente de la situation, s’est écartée en silence et les a laissés passer sans les regarde.

Le soir, à vingt heures.

Camille a envoyé à Martin le planning qu’elle avait terminé.

Elle se massait les tempes, la tête lourde, quand elle est sortie du bureau et a aperçu Lucas qui l’attendait près de la voiture.

En la voyant, Lucas s’est approché : « M. Bernard m’a demandé de te raccompagner pour que tu puisses te reposer. »

Camille a refusé : « Ce n’est pas la peine, je rentre chez moi. »

Lucas : « Camille, il faut que je te dise quelque chose. »

Camille a levé les yeux, fatiguée : « Vas-y. »

« M. Bernard sait que tu es malade, il a fait venir une dame pour prendre soin de toi, elle t’attend déjà au Manoir Iris. »

Camille a froncé les sourcils, tentant de saisir les intentions de Martin. Il voulait donc être avec son premier amour tout en la gardant à portée de main ?

Camille a ricané intérieurement, elle était loin d’être du genre à accepter de partager un homme.

Alors qu’elle s’apprêtait à refuser à nouveau, Lucas a baissé la voix : « Camille, l’identité de Mlle Hubert n’est pas encore confirmée. Tu ne veux pas te donner une chance ? »

Camille a souri ironiquement : « Lucas, de nos jours, l’argent compte plus que tous les sentiments du monde. »

Cela dit, elle a contourné Lucas et s’est éloignée.

Lucas a poussé un long soupir, est monté dans la voiture et s’est tourné vers Martin à l’arrière : « M. Bernard, Camille refuse de rentrer. »

Martin a serré les lèvres, le visage fermé, l’air glacial : « Très bien. Qu’elle ne remette plus les pieds ici ! Demain, mets toutes ses affaires dehors, qu’elle sorte de ma vie ! »

Lucas : « ... Bien. »

Le lendemain matin.

Des coups frappés à la porte ont réveillé Camille.

Elle s’est traînée, la tête encore lourde, pour aller ouvrir, et a vu Lucas devant la porte avec deux grands cartons.

Camille a gardé les yeux baissés. Sans un mot, elle s’est penchée pour récupérer les cartons.

Après avoir tout rangé, Camille s’est redressée, et a dit d’un ton indifférent : « Merci, Lucas. Je n’ai rien à t’offrir ici, alors je ne vais pas te retenir. »

Lucas a entrouvert les lèvres, mais avant même d’avoir pu prononcer un mot, Camille avait déjà refermé la porte sans plus de cérémonie.

Lucas est rentré au Manoir Iris et a déclaré à Martin, assis sur le canapé avec une tasse de café : « M. Bernard, ses affaires ont bien été rapportées. »

Martin n’a rien dit, il a reposé sa tasse de café et a continué à feuilleter des contrats.

Lucas a hésité, puis a tenté : « M. Bernard, le logement de Camille... »

À peine avait-il commencé que le téléphone de Martin a soudainement sonné.

Il a appuyé sur le haut-parleur, et la voix enjouée de Réa a retenti : « Martin, ce midi, j’ai préparé de bonnes choses. On mange ensemble ? »

Le visage de Martin s’est adouci : « Qu’est-ce que tu as préparé de bon ? »

En entendant la conversation, Lucas s’est dit que, finalement, le fait que Camille ne revienne plus... ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose.

Une fois l’appel terminé, Martin s’est tourné vers Lucas : « Où en es-tu concernant le dossier de Réa ? »

Lucas : « J’ai déjà contacté ses parents adoptifs, nous aurons bientôt des nouvelles. »

Martin a plissé les yeux. Même si Réa pouvait raconter les moindres détails de l’enfance qui lui avait sauvé la vie, son caractère était pourtant très différent de la petite fille de ses souvenirs.

Il voulait savoir ce qu’il s’était réellement passé dans la vie de Réa pendant toutes ces années.

...

Le lendemain, au Groupe MK.

À peine entrée dans le bureau des secrétaires, Camille a aperçu, à travers la vitre, Réa assise seule dans le bureau de Martin.

À ce moment-là, Réa a levé les yeux et a croisé le regard de Camille.

Un sourire s’est dessiné sur ses lèvres, Réa a pris la boîte isotherme posée sur la table et s’est dirigée vers le bureau de Camille.

« Camille, tu ne crois pas qu’il serait temps de régler notre affaire d’entretien ? »

Camille a levé les yeux vers elle : « Tu as plagié le travail de quelqu’un d’autre, tu n’éprouves aucune honte ? »

« Ne change pas de sujet ! » a lancé Réa d’un ton méprisant.

« Je veux que tu t’agenouilles et que tu me présentes tes excuses, tout de suite ! »

Camille a ricané : « Il ne me semble pas avoir accepté ça. »

« Vraiment ? » a raillé Réa.

« Une putain dans ton genre qui se vend pour quelques balles, et tu oses encore faire la fière ? Pour moi, tu n’es qu’une femme vénale, prête à tout pour de l’argent ! Ça t’écorche l’égo de devoir s’agenouiller devant moi ? »

Devant Martin, Camille pouvait admettre qu’elle n’était qu’une femme pitoyable, misérable. Mais face à Réa, elle refusait de se rabaisser.

« Réa, je te conseille de surveiller ton langage. Même si tu es protégée par M. Bernard, je ne me gênerai pas pour te remettre à ta place ! » Camille l’a prévenue froidement.

« Surveiller mon langage ? » s’est moquée Réa avec mépris. « Une fille qui vend son corps, tu te crois vraiment en position de me parler de respect ? »

« Clac — »

À peine Réa avait-elle terminé sa phrase que Camille, sans hésiter, lui a donné une gifle retentissante.

Réa, stupéfaite, a porté la main à sa joue rougie : « Camille, tu as osé me frapper ? »

Camille, le visage blême, est restée figée : « Je t’ai prévenue à l’instant de faire attention à ce que tu disais. »

Réa s’est apprêtée à se jeter sur Camille, quand elle a aperçu du coin de l’œil Martin qui venait d’arriver à la porte.

Aussitôt, les larmes ont jailli, et elle a élevé la voix d’un ton plaintif : « Camille, je voulais simplement t’apporter quelque chose à manger, pourquoi tu m’as giflée ? »

Sa voix a réussi à capter l’attention de Martin. En voyant la marque de la gifle encore visible sur la joue de Réa, le visage de Martin s’est assombri instantanément.

Il a traversé le secrétariat à grands pas, et, arrivé près de Réa, il a froncé les sourcils en fixant sa joue.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » a-t-il lancé d’un ton chargé de colère contenue.

Réa, en pleurs, s’est jetée dans les bras de Martin : « Martin, je voulais juste apporter quelque chose à manger à Camille, mais elle m’a giflée sans raison. Elle a dit que je lui manquais de respect en lui apportant mes restes... »

Un éclair de colère traversait les yeux sombres de Martin. Il a fusillé Camille du regard en tonnant : « Qui t’a donné la permission de la traiter ainsi ? »

Camille a observé avec dégoût Réa qui racontait ses mensonges.

Elle a voulu s’expliquer, mais Martin a explosé à nouveau : « Excuse-toi ! »