Chapitre 2

Seule dans le silence oppressant, j'ai cherché au fond de moi, touchant le fragment de conscience ancienne qui vivait en moi — le Murmure-Ancestral.

C'était un fragment de la grâce de la première Déesse-Lune, mon fardeau secret… et mon unique espoir.

« Initiée », a résonné sa voix, semblable au frottement de pierres qui grinçaient dans les entrailles de la terre. « Tu as choisi la Voie du Supplice du Gardien. Ce rituel exige un scellement sacrificiel. L'essence de ta vie sera le mortier qui réparera la prison en ruine. Le processus sera d'une souffrance profonde. Nous te recommandons l'Assoupissement Lunaire, plus doux. »

En fermant les yeux, j'ai vu ma véritable mère.

Pas la Luna polie et distante des Crinière-d'Argent, mais ma mère des Griffes-de-Sang, elle était forte et chaleureuse.

Son pelage sombre, autrefois épais et brillant, tombait par endroits en larges mèches ; son corps puissant s'était amaigri, épuisé par la Malédiction-de-Rot qui ne la lâchait plus.

C'était l'accord que j'ai conclu avec le Murmure : mon service, ma vie même, en échange de sa guérison.

J'ai ignoré l'avertissement et sélectionné « oui ».

Avec ma voie désormais irréversible, j'ai jeté un dernier regard amer vers mon communicateur personnel.

Le canal familial brillait encore d'images et d'éloges célébrant la nuit parfaite de Liliane.

J'ai ressenti une pointe — pas de jalousie, mais une douleur plus profonde, plus lasse : celle de dix-huit années passées à croire naïvement que leur amour avait été réel.

J'ai jeté le reste du gâteau dans le recycleur d'énergie — une fin appropriée pour un mensonge doux et triste — puis j'avais suivi la traction insistante du Murmure.

Il m'a entraînée loin des flèches étincelantes du complexe de la meute,

vers la limite dévastée du territoire : la Gueule-des-Ténèbres.

Le canyon formait une cicatrice profonde et déchiquetée dans la terre,

ses entrailles exhalant une brume mince et glacée qui empestait la pourriture et la magie oubliée. C'était là qu'une entité primordiale d'ombre pure, dévoratrice et affamée — le Warg-d'Ombre — était emprisonnée.

Et maintenant, sa prison ancienne se fissurait.

Mon communicateur a hurlé, un son moderne, laid, profanant le silence sacré.

« Lyra ! Sale Vipère ! » La voix de Finn a transpercé mon oreille comme un éclat de verre. « Qu'est-ce que tu as encore raconté à Liliane ? Elle a pris de l'Argent-Lunaire ! Elle dit qu'elle n'est pas digne de vivre à cause de toi ! »

Je n'ai ressenti… rien. Un vide profond, creux, silencieux.

Combien de fois cette pièce s'était-elle déjà jouée ? L'accusation, l'hystérie, la faute immédiate ? J'avais perdu le compte depuis longtemps.

« Est-ce qu'elle en a pris assez ? », ai-je demandé, la voix plate, dépourvue d'émotion. « Est-ce qu'elle est morte ? » Je n'ai pas attendu le torrent d'injures qui suivrait. J'ai refermé le poing, concentrant la légère force de ma semi-mue, et écrasé le communicateur dans ma paume.

Les éclats de plastique et de métal ont mordu ma peau, une douleur brève mais réelle — bien plus réelle que leurs drames artificiels.

Je me suis détournée et j'ai marché vers la gueule du canyon.

Le chemin était traître, jonché d'éboulis instables, et l'air devenait plus froid à chaque pas.

J'ai trouvé un rocher à sommet plat, poli par le temps, et je me suis assise, attendant le signal final du Murmure pour descendre au cœur.

Une main puissante a claqué contre mon épaule, me projetant hors du rocher et dans la terre rugueuse et impitoyable.

Ma mâchoire a vibré, ma vision s'est brouillée de taches noires.

« Lyra ! Tu es le poison incarné ! »

Étienne se tenait au-dessus de moi, ses robes de guérisseur d'un blanc pur,

en contraste presque blasphématoire avec de sombres environs primitifs. « Je pensais que tu étais simplement capricieuse ! Que nous t'avions trop gâtée ! Mais je le vois maintenant avec une clarté parfaite — tu es véritablement malveillante ! »

« Tu as la souillure des Griffes-de-Sang dans les veines ! » Il a craché le nom de ma meute de naissance comme la pire des insultes. « Dix-huit ans de notre éducation, de nos soins, de notre protection, et tu restes une créature sauvage, ingrate ! »

Il a saisi mon bras, sa poigne de guérisseur trompeusement forte, et m'a tirée brutalement sur mes pieds.

« Tu vas t'agenouiller devant la Pierre-de-Meute et implorer le pardon de la Lune !

Tu ne bougeras pas d'un muscle tant que Liliane ne sera pas en sécurité

et que tu n'auras pas expié ce… ce mal ! »

J'ai résisté, me débattant dans sa prise, ma propre urgence me donnant de la force.

« Lâche-moi, Étienne ! Tu ne comprends pas ce qui se passe ! »

Mes efforts étaient inutiles face à sa force entraînée. Il m'a repoussée violemment, ma tête a heurté la paroi dure et irrégulière du canyon.

Des éclats de lumière ont explosé derrière mes paupières. Un sang chaud et poissant a jailli d'une entaille sur mon front, coulant lentement le long de ma tempe.

Étienne s'est figé, sa prise se desserrant une fraction de seconde — l'instinct du guérisseur perçant la rage aveugle.

« Étienne », ai-je dit en essuyant le sang de mon œil du revers de la main, laissant une traînée rougeâtre sur ma peau. « Je n'ai jamais levé la main sur Liliane. Je n'ai jamais souhaité lui faire du mal. »

Son moment d'hésitation a disparu. Son visage s'est durci dans un masque de dégoût et de déception.

« Non ? Alors pourquoi es-tu ici, tapie dans cet endroit maudit comme une voleuse nocturne ? Dis-moi, ma sœur », a-t-il ricané, « es-tu venue admirer la vue ? »

Je l'ai regardé droit dans les yeux, mon regard stable, déterminé, le laissant voir la vérité nue qui y brûlait.

« Je suis ici pour accomplir l'Éclipse. Je suis ici pour sceller le Warg-d'Ombre avant qu'il ne se libère et nous dévore tous. »