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Chapitre 6 – Prisonnière du Désir

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-11 15:48:17

Léna

Je ne réponds pas.

Je ne peux pas répondre.

Parce que si j’ouvre la bouche, ce ne sont pas des mots de défi qui en sortiront, mais une vérité que je refuse d’admettre.

Alexios ne bouge pas. Il attend.

Son souffle est là, fantôme sur ma peau, et pourtant il ne me touche pas. Il me laisse le choix.

Ou peut-être joue-t-il avec mon esprit, m’enfermant dans cette attente insoutenable.

— Tu veux fuir ? murmure-t-il.

Il tend la main, paume ouverte, et je sais que c’est un piège.

Mais je suis déjà tombée dedans.

Ma main tremble quand je la pose dans la sienne.

Et aussitôt, il referme ses doigts sur moi.

Une étreinte ferme, possessive.

Un frisson me traverse, irrépressible.

— Tu es à moi maintenant.

Les mots résonnent dans l’air comme un pacte silencieux.

Je devrais protester.

Je devrais lui rappeler que personne ne me possède.

Mais ses lèvres frôlent les miennes, et toute pensée rationnelle s’évanouit.

---

Il m’entraîne plus loin, à travers ce lieu qui lui appartient.

Chaque pièce est une ombre, un secret.

Les flammes d’un chandelier dansent sur les murs, projetant des lueurs mouvantes qui font écho à ce que je ressens.

Alexios s’arrête devant une porte.

Il me regarde.

Il me teste.

— Si tu entres ici, Léna, tu ne pourras plus reculer.

Sa voix est un murmure rauque, une promesse et une menace.

Je devrais avoir peur.

Mais ce n’est pas de lui que j’ai peur.

C’est de moi.

Alors, au lieu de fuir, j’avance.

---

L’intérieur est une autre prison, plus intime, plus dangereuse.

Des draps sombres, des fenêtres grandes ouvertes sur la nuit.

L’air est chargé d’un parfum inconnu, enivrant.

Alexios referme la porte derrière nous.

— Dernière chance de reculer.

Son regard est un gouffre, et je suis au bord du précipice.

— Je ne recule jamais.

Un sourire effleure ses lèvres.

Puis il m’attrape.

Ses mains glissent sur moi, me plaquant contre la porte, et mon souffle se bloque.

Je ne m’attendais pas à cette brutalité contenue.

Mais c’est ce que je voulais, n’est-ce pas ?

Qu’il brise cette distance, qu’il arrête de jouer, qu’il me prenne enfin.

Il murmure mon nom contre ma peau, et un frisson me déchire de l’intérieur.

Je suis piégée.

Et pourtant, je n’ai jamais eu autant envie de m’abandonner.

La nuit se referme sur moi comme un piège.

Je n’aurais pas dû entrer dans cette pièce.

Je n’aurais pas dû croiser son regard et accepter cette invitation silencieuse.

Mais je l’ai fait.

Et maintenant, Alexios est là, trop proche, son ombre se fondant dans la mienne, sa main toujours serrée autour de mon poignet.

— Tu trembles.

Sa voix n’a rien de moqueur. Il constate. Il attend.

Mon cœur cogne si fort que je suis certaine qu’il l’entend.

J’inspire profondément, l’air chargé de son parfum, ce mélange de nuit et de mystère qui m’enivre.

— Lâche-moi.

Je m’attends à un sourire, à un défi, mais il obéit immédiatement.

Sa main se détache de la mienne, et je devrais en profiter pour partir.

Je ne le fais pas.

Parce qu’une autre force me retient ici, quelque chose de plus puissant que la peur.

Lui.

Alexios me scrute, cherchant quelque chose dans mon regard.

— Tu n’as pas l’habitude qu’on t’écoute, n’est-ce pas ?

— Je n’ai pas l’habitude qu’on joue avec moi.

Il sourit, lentement, comme s’il savourait ma réponse.

— Léna… Tu penses que je joue avec toi ?

Il s’avance encore.

Je ne recule pas.

— N’est-ce pas ce que tu fais ?

Sa main frôle mon bras, remonte lentement, jusqu’à effleurer mon cou.

Un frisson incontrôlable me traverse.

— Si c’était un jeu… Son pouce trace un cercle lent sur ma peau. Pourquoi as-tu si peur de perdre ?

Je retiens mon souffle.

Ses lèvres sont si proches que je pourrais les toucher en me penchant à peine.

Un seul mouvement.

Un seul abandon.

Mais si je fais ça, il n’y aura plus de retour en arrière.

— Laisse-moi partir.

Ma voix est faible.

Je ne sais même pas si je le pense encore.

Alexios m’observe.

Puis, lentement, il s’écarte.

— Alors pars.

Le silence s’étire.

Je devrais tourner les talons, mais mes pieds restent ancrés au sol.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce si difficile ?

Je lève les yeux vers lui.

Ses prunelles brillent d’un éclat qui me brûle de l’intérieur.

— Je suis libre de partir ? demandé-je d’un souffle.

— Toujours.

Mensonge.

Nous savons tous les deux que je suis déjà prise au piège.

Je le teste une dernière fois.

— Et si je revenais ?

Il s’arrête, surpris. Puis son sourire s’élargit.

— Alors, Léna… Je te garderai.

Le souffle me manque.

Un vertige me saisit.

Je me hais pour cette réponse qui naît au creux de mon ventre, ce désir interdit qui me consume.

Mais il est trop tard.

Je ne suis déjà plus la même.

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