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Chapitre 5 – Entre Ses Griffes
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2025-03-11 15:46:44Léna
Je ne suis pas partie.
Je me hais pour ça.
Mon corps aurait dû obéir à ma raison, tourner les talons, s’éloigner de ce piège avant qu’il ne soit trop tard. Mais je suis toujours là, face à lui, suspendue entre la peur et une attirance que je refuse de nommer.
Alexios m’observe avec ce sourire indéchiffrable, comme s’il savait déjà quel choix j’allais faire. Peut-être le savait-il. Peut-être l’a-t-il toujours su.
— Viens.
Ce n’est pas un ordre. Pas une supplication. Juste un mot, posé entre nous comme un défi.
Je devrais dire non.
Mais mes pieds bougent avant que ma bouche ne puisse refuser.
Un frisson me traverse alors que je le rejoins sous la lueur blafarde du lampadaire. L’ombre d’Alexios s’étire jusqu’à moi, effleurant mes jambes comme une menace silencieuse.
— Où allons-nous ? demandé-je, ma voix plus ferme que je ne l’aurais cru.
— Là où personne ne pourra nous interrompre.
Il m’observe, attendant de voir si je vais prendre peur.
Je soutiens son regard.
— Tu as intérêt à tenir parole.
Il rit doucement, et ce son s’enroule autour de moi comme un serpent.
— Je tiens toujours parole, Léna. C’est toi qui devras tenir la tienne.
Je ne réponds pas.
Car je ne suis pas sûre d’avoir compris ce qu’il attend réellement de moi.
Il se détourne et commence à marcher.
Je le suis.
---
Les rues s’étirent sous nos pas, sinueuses et silencieuses. Je ne pose pas de questions, me contentant de mémoriser chaque détour, chaque bâtiment que nous dépassons.
Mon instinct hurle que je devrais être prudente.
Mais ce n’est pas la prudence qui m’a poussée à venir ici.
C’est lui.
Il ralentit enfin devant un immeuble ancien aux façades couvertes de lierre. Il n’utilise pas de clé. Il pousse simplement la porte, et elle s’ouvre dans un soupir.
Un frisson me parcourt.
Je le suis à l’intérieur.
---
L’intérieur est à son image : sombre, élégant, énigmatique.
Les murs sont tapissés de livres et de tableaux aux couleurs fanées. Une grande baie vitrée dévoile un ciel nocturne menaçant, zébré par la lueur lointaine des éclairs.
Je m’avance prudemment.
— Un château aurait été trop cliché ? lancé-je, brisant le silence.
Alexios sourit, refermant la porte derrière lui.
— L’époque des châteaux est révolue. Et puis… Il s’approche lentement. Les donjons sont bien plus confortables quand on les choisit soi-même.
Je croise les bras, refusant de céder à l’intimidation.
— Alors, où sont mes réponses ?
— Impatiente.
— Je n’ai pas toute la nuit.
Un éclat moqueur traverse son regard.
— Oh, mais si.
Je refuse de me laisser déstabiliser.
— Pourquoi moi ?
Il s’arrête à quelques centimètres de moi, et la tension entre nous devient presque tangible.
— Parce que tu es différente.
Je ris sans joie.
— Vraiment ? Ce n’est pas un peu trop facile comme réponse ?
Il ne cille pas.
— Tu crois que je séduis chaque femme que je croise ?
— Je crois que tu joues avec elles.
Un silence.
Puis il tend la main et, lentement, effleure ma joue du bout des doigts.
Je devrais reculer. Mais je reste immobile.
— Si c’était un jeu, tu ne serais pas ici.
Son toucher est froid, mais il brûle.
— Et pourtant… me voilà.
Un sourire effleure ses lèvres.
— Exactement.
Il se rapproche encore, si près que nos souffles se mêlent.
— Dis-moi, Léna… As-tu vraiment envie que je m’arrête ?
Je hais cette question.
Parce que je connais déjà ma réponse.
Parce que la vérité, c’est que je suis déjà piégée.
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