Chapitre 10 : Le Point de Rupture

​Point de Vue : Elara Moretti

​Le baiser de Damian n'était pas tendre. C'était un acte de possession, une revendication féroce. La frustration accumulée depuis notre mariage, la peur, le désir interdit, tout a explosé entre nous.

​J'ai répondu à sa ferveur avec une urgence que je ne me connaissais pas. Le sentiment était confus : il était mon geôlier, le responsable de mon malheur, mais il était aussi le seul homme à pouvoir me protéger de la tempête qu'il avait lui-même provoquée.

​Il m'a soulevée sans effort, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de sa taille. Son corps était dur comme de l'acier contre le mien. Il m'a portée jusqu'à notre chambre, nous jetant sur le lit avec une force brute. Le linge de lit a volé.

​« Je te veux, Elara. Je te veux depuis le premier jour. Et je n'attendrai plus un seul instant, » a-t-il murmuré, sa voix rauque, les yeux noirs brûlants.

​La règle du "pas de consommation" était brisée. Le contrat formel avait cédé la place à la nécessité biologique.

​Il a déchiré ma chemise. J'ai enfoncé mes doigts dans ses cheveux, tirant sa tête vers moi, l'implorant sans mots. Son baiser était partout : mon cou, ma clavicule, laissant une traînée de feu sur son passage. Il dévorait.

​Mon corps, privé d'intimité depuis si longtemps, réagissait avec une passion effrénée. Je me battais pour retirer son propre vêtement, voulant sentir la réalité de sa peau contre la mienne.

​Il s'est hissé au-dessus de moi, ses yeux fixant les miens. Il y avait de la douleur et une détermination sauvage. C'était un combat autant qu'une étreinte.

​Juste au moment où la tension est devenue insoutenable, où le monde s'est réduit au son de nos souffles haletants et de nos cœurs battant à l'unisson...

​Un coup violent a retenti à la porte de la suite.

​Ce n'était pas une simple frappe. C'était une détonation sourde, urgente, qui a fait vibrer les murs de la villa.

​Damian s'est figé. La passion qui avait embrasé ses yeux a été remplacée par une alerte immédiate, implacable. Il est passé de l'amant furieux au Capo en une fraction de seconde.

​« Quoi ? » a-t-il lancé, sa voix basse et menaçante, même à travers la porte.

​Une voix d'homme, paniquée et forte, a crié : « Capo ! La police ! Ils sont sur place. Nous sommes cernés ! C'est un piège ! »

​Damian a juré en italien. La fureur du désir brutalement interrompu, combinée à l'urgence du danger, l'a rendu plus dangereux que jamais.

​Il s'est redressé, son regard balayant la pièce pour une issue. Il a saisi un vêtement sombre – une sorte de veste lourde et résistante – et l'a jeté sur moi.

​« Enfile ça, vite ! » Il a pointé une porte dérobée, dissimulée dans l'arrière de la bibliothèque. Je n'avais jamais remarqué son existence.

​Il s'est penché une dernière fois, ses yeux noirs fixant les miens avec une intensité terrifiante et possessive.

​« La Périza a bougé, Elara. C'est elle. Elle nous a trahis. Tu es le piège. Mets ça et suis-moi. C'est notre seule chance de sortir vivants d'ici. »