Chapitre 5

Léa a légèrement hésité, et Lucien lui a pris la ceinture de sécurité des mains.

« Rentrons à la maison, je t'ai préparé une surprise. »

Lucien parlait, la voix impatiente et le sourire aux lèvres, sans remarquer le moindre indice de Léa.

« On n'attend pas Mlle Laurent ? Tu ne l'as pas amenée exprès ? »

Léa a posé la question avec un ton légèrement sarcastique.

Lucien, surpris, a répondu instinctivement : « Maman lui aura trouvé un chauffeur. »

« Oh. »

Léa s'est penchée pour prendre le rouge à lèvres, un rouge éclatant qui correspondait parfaitement au charisme professionnel d'Élise.

« C'est le sien, n'oublie pas de le lui rendre. »

À cet instant, Léa a aperçu une lueur de trouble dans les yeux de Lucien, mais la lueur a rapidement disparu.

Il a même souri légèrement et a pris le rouge à lèvres : « Elle est parfaite, sauf qu'elle est un peu tête en l'air. Elle a sûrement laissé ça tomber cet après-midi en venant dans ma voiture pour se refaire une beauté. »

En disant cela, il l'a mis dans le compartiment central et a ajouté : « Je trouverai une autre occasion de le lui rendre. »

« Elle est toujours assise à côté du conducteur ? » a demandé Léa.

Lucien a ressenti une irritation inexplicable et a répliqué : « Tu ne peux pas la supporter ? Le fait qu'elle s'asseye à côté de moi te dérange ? »

« J'ai des affaires avec sa société, je dois la recevoir, et elle doit monter dans ma voiture. Si je la fais asseoir à l'arrière, ne passerais-je pas pour son chauffeur ? »

« Avec un peu d'expérience professionnelle, tu ne te soucierais pas de ce genre de détails puérils. »

En fin de compte, il l'a critiquée en la traitant de femme au foyer cloîtrée, tandis qu'Élise était une femme moderne compréhensive.

Il avait sûrement oublié qu'à l'époque il avait été choisi, parmi les descendants de la famille des Thomas, pour assurer la présidence par intérim, et que c'était grâce aux nuits blanches de Léa — même à l'hôpital — qu'il avait pu peaufiner le modèle d'apprentissage automatique.

Elle s'était épuisée à le soutenir et n'avait reçu en retour que son mépris et ses préjugés.

Léa a laissé échapper un petit rire.

Lucien, perplexe, a demandé : « Pourquoi tu ris ? »

Léa a détourné le regard, « Rien. »

Lucien n'a pas démarré, et dans cet espace déjà étroit, le silence entre eux était comme une corde invisible resserrée autour de leur gorge.

Il ne posait pas de questions, et elle ne parlait pas.

Aujourd'hui, Léa se comportait étrangement.

Lucien, un peu coupable, pensait aux cadeaux qu'il avait préparés à la maison et n'a pas insisté.

Léa avait toujours été attentionnée et raisonnable, il savait qu'elle ne s'acharnerait pas sur une si petite chose.

Après avoir pris sa décision, Lucien a démarré la voiture et a lentement quitté le Manoir Thomas.

Lorsque les feux arrière ont disparu dans la nuit, un regard s'est retiré distraitement.

Alex a pris la tasse de thé à côté de lui et a bu une gorgée, tandis que le vieux monsieur Thomas, en face, fronçait les sourcils en regardant l'échiquier et a dit : « Même après toutes ces années à l'étranger, tu n'as pas perdu ton niveau aux échecs. »

« Et toi, tu n'as pas progressé du tout en toutes ces années. »

Il n'a montré aucune indulgence, mais cela a fait sourire le vieux monsieur Thomas.

« Oui, je n'ai effectivement pas progressé. Après toutes ces années, je pense toujours que tu es le mieux placé pour hériter de l'Industrie Solénautique. Lucien est encore trop jeune. »

Le vieux monsieur Thomas a soupiré, a regardé les jambes d'Alex et a murmuré : « Dommage… »

Alex a souri légèrement : « Peut-être que le destin a déjà prévu les choses. »

Le vieux monsieur Thomas n'a pas compris ces paroles mystérieuses. Il a regardé Alex avec regret : c'était son fils cadet, celui dont il était le plus fier !

La partie d'échecs a continué, les pièces noires et blanches tombant une à une.

« Combien de temps comptes-tu rester cette fois-ci ? »

Sans attendre la réponse d'Alex, le vieux monsieur Thomas a ajouté : « J'ai entendu dire que Technologies de l'Horizon veut transférer son siège ici. C'est un leader de l'industrie automatisée. S'ils s'installent dans le pays, ce sera un coup dur pour l'industrie locale. »

« À l'époque, tu avais proposé la réforme de l'automatisation. Si tu n'avais pas eu cet accident, je t'aurais soutenu… »

« Papa. »

Alex a interrompu le vieux monsieur Thomas et a posé une pièce noire sur l'échiquier.

« Tu as perdu. »

À l'entendre, le vieux monsieur Thomas a eu un bref moment d'égarement, comme si Alex lui reprochait de ne pas lui avoir fait une confiance totale, ce qui avait mis l'Industrie Solénautique dans une situation délicate.

« Cette fois, je ne partirai pas. Si tu veux que j'aide Lucien, j'accepte. »

Alex a parlé calmement, ramenant le vieux monsieur Thomas à la réalité.

Le vieux monsieur Thomas a accepté avec joie : « D'accord, d'accord ! »

…

De l'autre côté, Léa et Lucien sont restés silencieux dans la voiture.

Léa a appuyé une main sur son front, jouant distraitement avec son téléphone.

Plusieurs messages d'un numéro inconnu ont surgi à l'écran :

« Tu te comportes si étrangement aujourd'hui, ce n'est pas seulement à cause de ma présence, hein ? »

« Mlle Bernard, j'ai regardé l'enregistrement de ton live d'hier soir, tu as déjà découvert la surprise que je t'avais préparée. »

« Tu ne comptes pas abandonner, alors ? Entre toi et moi, Lucien ne choisira que moi, tu ne me crois pas ? »

Ces messages étaient pleins de provocation, presque comme un ultime geste désespéré.

Aujourd'hui, en voyant Élise, Léa avait deviné que celle-ci ne pouvait pas rester tranquille, pressée de voir sa réaction.

Léa avait montré un peu de tempérament, exactement comme Élise le souhaitait, et celle-ci est tombée dans le piège.

Léa a souri silencieusement, réalisant qu'elle n'était pas la seule à jouer ce jeu.

À leur arrivée à la villa, Léa est descendue la première et est entrée directement par la porte principale.

Quelques domestiques se sont précipités pour la saluer, exprimant leur admiration : « Madame, Monsieur est vraiment trop généreux ! Il vous a encore acheté plein de vêtements ! »

« L'été arrive, et Monsieur craignait que Madame n'ait pas de nouveaux vêtements, alors il a immédiatement fait envoyer cela par son assistant ! »

« … »

Léa s'est arrêtée et a regardé les vêtements soigneusement rangés sur les étagères dans le salon.

Autrefois, en voyant cela, elle y aurait vu tout l'amour de Lucien pour elle.

Mais maintenant, sa première réaction a été : tous ces cadeaux matrimoniaux pouvaient être monétisés.

« Range-les. »

Léa a donné l'ordre, en pensant qu'en ne les essayant pas, les vêtements étaient presque neufs et pouvaient se vendre à bon prix.

Lucien l'a suivie à l'intérieur et, en entendant ses mots, s'est rassuré.

Effectivement, Léa n'a jamais été pointilleuse.

Le visage de Lucien s'est éclairci, il s'apprêtait à avancer lorsque son téléphone a soudain vibré dans sa poche.

Il n'a presque pas hésité, « Léa, j'ai un imprévu, je sors un instant. »

Léa s'est retournée et n'a vu que son dos pressé.

Après un moment, le numéro inconnu lui a envoyé un autre message.

« Il dit qu'il vient me voir maintenant, tu ne comprends toujours pas la place que j'occupe dans son cœur ? »

Léa a réfléchi un instant et a répondu :

« Voyons-nous. »

Ensuite, Léa a envoyé l'heure et le lieu, prenant le contrôle total de la situation.

Elle a quitté la conversation et a configuré un compte à rebours jusqu'au 18 avril dans son application.

Comme Lucien, elle a commencé à attendre ce jour-là, une folie destructrice bouillonnant dans son cœur.

De retour dans sa chambre, Léa a pris une douche et a vérifié rapidement toutes les affaires que Lucien lui avait offertes ces cinq dernières années, décidée à vendre tout ce qui pouvait l'être.

Elle pouvait divorcer, mais elle ne renoncerait pas à l'argent.

Elle avait déjà trente ans, elle n'était plus une jeune fille et ne se contenterait pas seulement de l'amour.

D'autant plus que c'était ce qui lui revenait de droit.

Après ce recensement, elle a dû admettre que Lucien avait réellement dépensé sans compter pour elle, chaque année les sacs et bijoux de marque arrivaient à temps.

Quand elle a mis toutes les affaires sur les plateformes, il était presque trois heures du matin, et il ne restait plus que cinq heures avant de voir Élise.

Léa a soupiré de fatigue, regrettant de ne pas avoir fixé le rendez-vous l'après-midi. Pourquoi la femme légitime devait-elle se lever à huit heures du matin pour affronter la maîtresse ?