Emily
Le soleil commence à se lever lorsque je sors de l’immeuble de Victorio, le souffle encore court, mes lèvres brûlantes du baiser qu’il m’a volé. La fraîcheur matinale pique ma peau, mais je suis incapable de calmer les frissons qui parcourent mon corps. Ce n’est pas le froid. Ce sont ses mains sur ma peau. Son souffle dans mon cou. Sa bouche contre la mienne.
Je monte dans la voiture banalisée garée non loin du bâtiment. Je me passe une main dans les cheveux en poussant un long soupir, essayant de retrouver mes esprits. Je suis une professionnelle. Une agent du FBI. Pas une adolescente en train de tomber sous le charme d’un homme dangereux.
Mais Victorio Valenti n’est pas un homme ordinaire. Il est une ombre. Une menace silencieuse. Une tempête prête à éclater. Et moi, j’ai marché droit dans son piège.
Je démarre la voiture, les mains crispées sur le volant. Il faut que je me ressaisisse. Je suis ici pour une mission. L’objectif est clair : infiltrer son organisation, récolter des preuves et le faire tomber.
Alors pourquoi, bordel, est-ce que j’ai laissé sa bouche me posséder comme ça ? Pourquoi ai-je ressenti cette chaleur dévorante, cette perte de contrôle absolue ?
Je secoue la tête, les mâchoires serrées. Ce n’est qu’un jeu de pouvoir. Il essaie de me manipuler. De me faire perdre pied. Il croit avoir le contrôle. Il croit que je vais plier sous la tentation.
Il ne sait pas encore à qui il a affaire.
J’appuie sur l’accélérateur, le moteur grondant sous mes pieds. Direction le QG du FBI. J’ai un rapport à faire — ou du moins, une version édulcorée de ce qui s’est passé. Il est hors de question que mes supérieurs découvrent à quel point je suis déjà compromise.
Quand j’arrive au bâtiment du FBI, l’ambiance est aussi froide et impersonnelle qu’à l’accoutumée. Les néons blafards éclairent les couloirs gris, et les visages fatigués de mes collègues reflètent le poids du travail.
— Emily !
Je me retourne pour voir David, mon partenaire, s’approcher. Grand, blond, le visage sérieux, il est mon pilier dans cette mission. Il me lance un regard inquiet.
— T’étais où cette nuit ? J’ai essayé de t’appeler.
Je hausse les épaules.
— J’étais sur le terrain.
— Avec Victorio Valenti ?
Mon silence est une réponse suffisante. Il serre les dents.
— Tu joues à un jeu dangereux.
— Ce n’est pas un jeu, David.
— Justement ! Il est imprévisible, Emily. Tu crois vraiment qu’il va te laisser t’approcher sans soupçonner quelque chose ?
Je le regarde dans les yeux.
— Il me teste, David. Mais il ne se doute de rien.
— Et s’il découvre qui tu es ?
Je détourne le regard.
— Il ne le découvrira pas.
David soupire, mais je vois l’inquiétude dans son regard. Il connaît les risques mieux que personne. Il sait ce que Victorio est capable de faire.
— Sois prudente, Emily. Ce type… il est dangereux.
— Je le sais.
Mais c’est justement ce danger qui me pousse vers lui. Comme une drogue.
—
La nuit est tombée lorsque je reviens au club de Victorio. Le bâtiment est plongé dans une semi-obscurité, les néons rouges et bleus projetant des ombres mouvantes sur les murs. L’ambiance est lourde, saturée de musique électronique et de conversations étouffées.
Je me fraie un chemin à travers la foule. Les regards masculins glissent sur moi, mais aucun d’eux ne m’intéresse. Il n’y en a qu’un que je cherche.
Je le trouve dans le salon privé, entouré de ses hommes de main. Il est assis sur un fauteuil en cuir noir, une jambe négligemment croisée sur l’autre, un verre de whisky à la main. Son regard sombre me capte instantanément.
— Emily, dit-il d’une voix basse.
Je m’avance, sentant la chaleur de son regard caresser chaque parcelle de ma peau.
— Tu n’avais pas terminé ce que tu avais commencé hier soir, Victorio.
Un sourire prédateur étire ses lèvres.
— Vraiment ?
Il pose son verre et se lève lentement. Les autres hommes dans la pièce se figent, sentant la tension monter d’un cran.
— Tout le monde dehors, ordonne-t-il sans détourner les yeux de moi.
Ils obéissent immédiatement, laissant la pièce silencieuse.
Victorio s’approche, son regard acier ancré au mien.
— Tu joues avec le feu, Emily.
— Peut-être que j’ai envie de brûler.
Il s’arrête à un souffle de moi. Sa main glisse sur ma joue, effleure la ligne de ma mâchoire, puis descend lentement jusqu'à ma gorge.
— Tu crois que tu peux me manipuler ? murmure-t-il.
Je pose ma main sur son torse, sentant la puissance contenue sous le tissu de sa chemise.
— Et si c’était toi qui étais manipulé ?
Son sourire se fait plus sombre. Il me plaque contre le mur, son corps collé au mien. Son souffle brûlant s’écrase contre mes lèvres.
— Ce petit jeu peut te coûter très cher, Emily.
— Peut-être que je suis prête à en payer le prix.
Il s’empare brutalement de ma bouche. Sa langue s’enfonce entre mes lèvres, exigeante, dominante. Ma main glisse le long de sa nuque, mes ongles s’enfonçant dans sa peau.
Ses mains glissent sur mes hanches, puis remontent le long de mes cuisses, soulevant ma robe. Mon corps s’arque sous son contact. Je me perds dans ce baiser, incapable de résister à la chaleur qui m’envahit.
Il me soulève et me plaque contre le mur. Mes jambes s’enroulent autour de sa taille. Il grogne contre ma bouche, ses mains explorant ma peau avec une avidité brute.
— Tu es à moi, Emily, grogne-t-il contre mes lèvres.
— Prouve-le.
Il me porte jusqu’au canapé, me basculant sous lui. Ses yeux sont sombres, brûlants de désir.
— Tu ne sais pas dans quoi tu t’es engagée, murmure-t-il.
— Peut-être que si.
Il déchire le tissu de ma robe, révélant ma peau nue à la lumière tamisée. Mon souffle est court, mes pupilles dilatées. Il se penche sur moi, ses lèvres frôlant la peau de ma poitrine.
— Dis-moi d’arrêter, murmure-t-il.
— Non.
Il capture à nouveau ma bouche, sa main glissant entre mes cuisses. Mon corps s’ouvre sous son contact. Je suis perdue.
Perdue entre le désir et le danger.
Je suis une agent du FBI.
Il est un mafieux sanguinaire.
Et pourtant, à cet instant précis…
Je ne veux qu’une chose : qu’il me possède entièrement.
EmilyIl n’avait pas bougé.Pas même lorsque je m’étais assoupie contre lui, vulnérable, offerte dans cet abandon dont je ne me croyais plus capable.Il m’avait tenue. Juste tenue.Comme si, dans ce silence suspendu, nous avions signé un pacte plus ancien que les mots.Et cela avait suffi à me faire tomber plus profondément que toutes les chutes de ma vie.Quand j’ouvris les yeux, lentement, je crus d’abord que le temps avait cessé de circuler.Le matin n’était pas encore là.Mais la nuit, elle, semblait s’être arrêtée sur nous, figée, compacte, comme si elle refusait de disparaître, jalouse de ce que nous venions de vivre.Je sentis sa présence avant même de croiser son regard.Elle m’enveloppait. Me contenait. Me questionnait.Son regard me trouva instantanément.Il était là. Entier. Entier pour moi.Il ne dormait pas.Évidemment qu’il ne dormait pas.Victorio dormait-il seulement, un jour ? Ou bien était-il condamné à veiller, comme une sentinelle prisonnière de ses propres ténèbre
VictorioJe ne savais pas combien de temps elle était restée là, sur moi.Le temps s’était dilué, étiré, effacé.Et moi, j’avais cessé de lutter.Je n’étais plus le maître, plus le masque, plus l’homme qu’ils craignaient ou désiraient contrôler.J’étais juste un corps, une respiration, un battement.Et elle…Elle était partout.Chaque repli de moi semblait porter son empreinte.Sa peau sur la mienne.Son souffle dans mes poumons.Son regard, comme un tatouage sous mes paupières.J’avais souvent connu le silence.Le vrai.Celui qui vous colle à la gorge, vous enferme dans vos pensées comme un cercueil étanche.Mais celui-ci était différent.Ce silence-là était vivant.Il vibrait à chaque respiration d’Emily, à chaque soupir endormi.Il me racontait une histoire sans mot.Notre histoire.Celle qu’on écrivait là, entre l’ombre et la lumière.Je caressais doucement sa nuque, ses cheveux emmêlés.Elle s’était endormie contre moi, une main posée sur mon torse comme une ancre.Et moi, j’étai
BlackJe n’arrivais pas à dormir.Pas parce qu’elle était là, nue, lovée contre moi comme une évidence.Mais parce qu’elle avait déplacé quelque chose.En moi.Il y avait ce vide, depuis toujours, que je gardais scellé.Un trou noir où je jetais tout ce que je ne voulais pas sentir.Et elle.Elle venait d’y allumer un feu.Je la regardais. Ses paupières closes. Sa respiration lente. Son ventre qui se soulevait doucement.Elle avait l’air paisible. Mais je savais que ce n’était qu’en surface.Elle aussi, elle luttait.Contre moi.Contre elle.Contre cette force qu’on avait créée à deux sans jamais vraiment la nommer.Un monstre à la peau douce. Un dieu païen dressé entre nous, né de nos affrontements, de nos caresses, de nos silences et de nos cris.Je posai ma main sur son dos, juste là, entre ses omoplates.Un frisson.Elle ouvrit les yeux, sans sursaut, comme si elle m’attendait.— Tu ne dors pas, murmura-t-elle.Je secouai la tête.Elle leva la sienne, me fixant avec cette intensit
ÉmilyJe sentais encore sa chaleur en moi.Pas seulement celle de son corps. Celle de son abandon. Celle de ce qu’il m’avait donné sans le dire, sans le savoir peut-être.Son bras m’entourait. Sa paume couvrait mon ventre, possessive et fragile à la fois. Il ne dormait pas. Moi non plus.On restait là, dans ce souffle partagé, cette moiteur douce qui ne trichait pas.Il glissa ses doigts sur ma peau. Lentement. Comme s’il avait peur que je m’évapore. Ou comme s’il ne croyait pas que j’étais vraiment là. Encore là.— Emily…Sa voix était rauque, plus basse encore qu’à l’habitude. Ce n’était plus un homme qui commandait. C’était un homme qui demandait.Je tournai la tête vers lui, nos nez presque touchés. Et je vis ce regard. Ce gouffre. Cette faim.Mais pas une faim de domination. Une faim d’appartenance.Il me regardait comme un homme regarde la dernière chose qui pourrait le sauver. Et j’étais cette chose. Cette femme. Ce corps. Ce souffle.Il effleura mes lèvres. Juste ça. Un frôlem
Emily & LorenzoIl n’avait pas bougé.Ni d’un millimètre.Et moi non plus.Nos souffles avaient fini par se fondre. L’un sur l’autre. L’un dans l’autre.Un battement commun. Une même brûlure.Un silence qui n’en était pas un.Une tension vivante. Viscérale. Suspendue.Je sentais son cœur. Il cognait avec cette lenteur particulière, celle de l’après.Pas l’après du plaisir.L’après du basculement.Celui où tout change. Où le corps s’ouvre autrement, où la peur lâche prise pour laisser entrer l’inimaginable : l’autre.J’avais l’impression que le monde s’était figé autour de nous. Que même le temps retenait son souffle.Il n’y avait plus de rôle.Plus de mur.Plus de masque.Plus de mensonge.Seulement nous.Nus.Au-delà du corps.Au bord de quelque chose de vertigineux.Au bord de nous.— Emily, dit-il.Mon prénom. Murmuré comme une promesse.Ou comme une prière.Ou comme une mise à nu.Comme s’il n’avait jamais prononcé de nom avec autant de sens. Avec autant de poids. Avec autant de f
EmilyJe voulais qu’il reste là, suspendu dans cet entre-deux.Cet espace fragile où le vernis se fissure, où la vérité glisse sous la peau comme une lame douce mais implacable.Il fallait qu’il sente.Ma respiration.Le poids de mon ventre contre ses hanches.La trace invisible que je laissais sur lui, comme un tatouage d’ombre et de feu.Il n’y avait rien à dire. Rien à justifier.Je savais.Et lui aussi.Son bras m’enserrait encore. Fort. Trop fort.Comme s’il voulait m’empêcher de m’éloigner, comme s’il avait peur que le simple fait de relâcher son étreinte fasse tout s’effondrer.Mais ce n’était pas un rêve. Ce n’était pas un accident.C’était nous.Cru.Dense.Féroce.Réel.Lorenzo n’était pas un homme qu’on apprivoise.C’était une tempête qu’on affronte ou qu’on subit.Moi, je n’avais pas fui.Je l’avais affronté.Yeux dans les yeux.Âme contre âme.J’étais entrée dans sa douleur comme dans une cathédrale en ruines, avec la volonté de m’y perdre s’il le fallait.Il respirait pa
LorenzoElle avait souri.Ce sourire-là… il m’était resté en travers de la gorge. Il m’avait fendu net, sans prévenir, comme une lame plantée sans élan, juste avec l’assurance de celui qui sait viser le cœur. Il n’y avait dans ce sourire ni innocence, ni soumission. Juste une clarté crue, une insolence sublime. Une provocation qui, au lieu de m’éloigner, m’attirait comme une évidence.Je l’avais vue sourire, et je n’avais plus eu le choix.Le reste avait suivi. Brutalement. Instinctivement.Je l’avais plaquée contre le mur. Non pour l’écraser, non pour la blesser. Mais pour me rappeler, une seconde, que j’existais encore dans ce corps, dans cette peau que ses regards faisaient fondre. J’avais besoin de ce contact dur, de la pierre dans mon dos, de sa respiration saccadée contre ma joue. J’avais besoin de cette friction pour ne pas sombrer tout à fait.Ses yeux n’avaient pas cillé.Ils étaient plantés dans les miens, comme deux aiguilles, comme deux boussoles inversées qui refusaient d
EmilyLa nuit me engloutit à l’instant où la porte du bureau se referma derrière moi.Mes pieds martelaient le sol froid du couloir avec une régularité mécanique, mais mon esprit, lui, était en éruption. La violence du moment passé, l’éclat de la confrontation avec Lorenzo, l’intensité de son regard — tout se bousculait, s’entrelardait dans un tourbillon de pensées contradictoires.Je n’avais pas reculé.Je ne reculerais pas.Mais je savais ce que ça signifiait : lui aussi était allé trop loin, et c'était désormais un jeu de dominer l'autre, de le faire plier. Ou de le briser.Chaque pas me rapprochait de ma chambre. Mais cette fois, je n'étais pas pressée. L'adrénaline pulsait encore dans mes veines, me donnant l’impression d’être suspendue dans le temps, entre l’avant et l’après, entre lui et moi.J’arrivai enfin à la porte, et avant même de poser ma main sur le poignard froid de la serrure, une pensée traversa mon esprit, aussi brûlante que le soleil au sommet d'une mer sans fin.J
EmilyLa base nous accueillit sous des halogènes blafards, crissant sur la tôle sous la pluie.Je descendis du 4x4 en silence, mes bottes s’écrasant dans la boue noirâtre du terrain vague.Vadim, Jana, Malik et les autres me suivaient de près, marqués par la nuit que nous venions de traverser.Le port avait été nettoyé.La mutinerie étouffée.La peur, matée.Mais ce n’était que la première manche.Je le savais.Et Lorenzo aussi.Je sentais son regard posé sur moi, avant même de le voir.Un éclat brûlant quelque part dans l’obscurité.Il m’attendait, comme il l’avait toujours fait, en haut des marches de la salle de commandement.Immobilité de fauve.Ombre plus dense que toutes les autres.Je serrai les poings, forçant mes jambes à avancer malgré la tension qui nouait mes muscles.Chaque pas me rapprochait de l’affrontement que je ne pourrais plus esquiver.Vadim me frôla l'épaule en passant, une tape discrète, presque fraternelle.Un signe.Ils étaient avec moi.Je levai les yeux.Le