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Chapitre 2 : Entre les griffes du loup

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-20 20:36:54

Emily

Le silence est presque oppressant dans la pièce faiblement éclairée. La lumière tamisée du lustre au plafond projette une lueur dorée sur les murs sombres, accentuant la tension qui flotte dans l’air. Mes lèvres sont encore brûlantes du baiser que Victorio m’a donné. Mes jambes tremblent légèrement sous la robe trop courte, le tissu frôlant ma peau sensible.

Je suis assise dans un fauteuil en cuir, le dos droit, les mains croisées sur mes genoux pour masquer le tremblement de mes doigts. Victorio se tient face à moi, adossé négligemment contre le mur, une cigarette entre ses doigts. La fumée s’élève lentement, serpentant autour de son visage sculpté par les ombres. Il me dévore du regard, ce même regard glacial qui semble traverser mon âme.

— Alors, Emily… murmure-t-il, sa voix basse et rauque s'insinuant sous ma peau comme une caresse empoisonnée.

Je lève les yeux vers lui, rassemblant mon courage.

— Alors quoi ?

Un sourire fugace étire ses lèvres. Il prend une longue bouffée de sa cigarette avant de la poser dans un cendrier en cristal.

— Tu viens à moi avec cette robe trop serrée et cette assurance mal dissimulée. Tu veux jouer ? Alors joue.

Il s'approche lentement, chaque pas résonnant sur le parquet. Mon souffle s'accélère alors qu'il s'arrête juste devant moi. Il se penche, posant ses mains de chaque côté du fauteuil, m'emprisonnant entre ses bras. Son parfum — un mélange de cuir, de musc et de quelque chose de plus sombre — s'insinue dans mes narines, m’enivrant.

— Dis-moi, Emily… commence-t-il, son souffle chaud effleurant ma peau. — Sais-tu vraiment ce que tu fais ?

Je soutiens son regard, le défiant du mieux que je peux.

— Oui.

Son sourire s’élargit.

— C’est ce que j’aime chez toi. Cette arrogance… cette illusion de contrôle.

Sa main glisse lentement le long de ma joue, jusqu'à mon cou, où il presse légèrement ses doigts sur mon pouls qui bat trop vite. Mon cœur martèle dans ma poitrine, et pourtant je ne détourne pas les yeux.

— Mais je vais te dire une chose, Emily, souffle-t-il. — Tu n’as aucun contrôle ici.

Il se redresse lentement, son regard ne quittant pas le mien. Il retire sa veste, révélant une chemise blanche qui épouse parfaitement son torse musclé. Le tissu est tendu sur ses épaules larges, la première boutonnière légèrement ouverte, offrant un aperçu de sa peau hâlée.

— Laisse-moi deviner… continue-t-il. — Tu es venue ici pour me séduire. Pour m’amadouer.

— Peut-être, réponds-je en haussant les épaules.

Il rit doucement. Un rire grave, dangereux.

— Alors, pourquoi toi ? Pourquoi une femme comme toi, une étrangère dans ce monde, prendrait-elle ce risque ?

Je sens son regard percer mes défenses. Il sait que quelque chose cloche. Il est trop intelligent pour ne pas le remarquer. J’ai sous-estimé le danger qu’il représente.

— Peut-être que j’aime le risque, réponds-je, la voix plus ferme que je ne le ressens réellement.

— Non. Ce n’est pas ça, réplique-t-il en secouant la tête. — Tu caches quelque chose.

Je me lève, brisant la proximité entre nous, et me dirige vers le bar situé à l’autre bout de la pièce. Mes talons résonnent sur le sol en bois. Je sers un verre de whisky, mes mains légèrement tremblantes, et le porte à mes lèvres. Le liquide brûlant descend le long de ma gorge, apaisant le nœud de tension dans mon estomac.

Victorio me suit du regard, un sourire en coin.

— Tu veux vraiment jouer ? demande-t-il.

Je me retourne vers lui, le regard dur.

— Peut-être que je ne suis pas le pion que tu crois.

— Oh, je n’en doute pas, répond-il, une étincelle d’amusement dans le regard. — Mais dans ce jeu, Emily, il n’y a qu’un seul maître.

Il traverse la pièce en trois longues enjambées. Avant que je ne puisse reculer, il est devant moi, ses mains venant se poser sur mes hanches. Je frémis sous son contact. Sa main glisse le long de ma hanche, puis remonte lentement le long de ma colonne vertébrale, me faisant frissonner.

— Ce n’est pas toi qui contrôles cette partie, murmure-t-il contre ma tempe.

— Tu crois ? dis-je, défiant le frisson qui me parcourt le corps.

— Je le sais.

Ses lèvres frôlent ma joue, puis descendent lentement le long de ma mâchoire. Mon souffle s’accélère alors que sa bouche atteint le creux de mon cou. Je ferme les yeux, incapable de résister à la chaleur qui envahit mon corps.

— Tu joues avec le feu, Emily, souffle-t-il contre ma peau.

— Peut-être que j’aime me brûler, réponds-je dans un murmure.

Un grondement sourd naît dans sa gorge. Il me retourne brusquement et me plaque contre le mur. Sa main emprisonne mes poignets au-dessus de ma tête. Son corps est collé au mien, son souffle chaud caressant ma peau.

— Tu es trop belle pour ce monde, murmure-t-il.

— Peut-être que je suis faite pour lui, réponds-je.

Ses lèvres capturent les miennes dans un baiser féroce, possessif. Sa langue s’insinue entre mes lèvres, exigeante, dominante. Mon corps répond instinctivement, la chaleur se répandant entre mes cuisses.

Sa main glisse le long de ma cuisse, relevant lentement ma robe.

— Tu ne devrais pas être ici, Emily, grogne-t-il.

— Peut-être que je suis exactement là où je dois être.

Il s’arrête brusquement, son front collé au mien. Ses yeux de glace sont devenus sombres, chargés d’un désir brut.

— Tu ne sais pas dans quoi tu t’engages.

— Alors montre-moi, murmuré-je.

Son sourire est carnassier. Il relâche mes poignets et recule d’un pas, me laissant haletante contre le mur.

— Pas ce soir, Emily.

Il ajuste le col de sa chemise, son regard glissant lentement le long de mon corps.

— Mais bientôt.

Il s’éloigne vers la porte, son ombre disparaissant dans le couloir sombre. Je reste là, le cœur battant à tout rompre, le souffle court, mes lèvres encore gonflées par la brutalité de son baiser.

Je m’appuie contre le mur, une main sur mon cœur.

Victorio Valenti est dangereux.

Mais le plus dangereux dans tout ça… c’est que j’ai déjà envie de plus.

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