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Chapitre 5– Le goût du défi

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-07-17 22:15:22

Kayden

Je claque la portière de la Bentley toute neuve, trop brillante .

Et je reste là.

Sous cette foutue pluie battante qui noie Los Angeles comme si le ciel avait envie de chialer à ma place.

Derrière moi, Dev, mon agent, hurle quelque chose à travers la vitre entrouverte. Je l’ignore. Il parle trop. Et ce soir, je n'ai pas envie de l’entendre me répéter combien je suis précieux pour les sponsors, combien ma réputation est fragile, combien je dois « faire profil bas » après ce “petit débordement” avec l’autre actrice de télé-réalité en manque de buzz.

Qu’ils aillent tous se faire foutre.

Mon cœur cogne encore de la bagarre d’hier. J’ai ce goût de sang dans la bouche, mais ça n’a rien à voir avec mon adversaire. C’est moi. Mon poison , mon trop-plein.

Je suis en manque de quelque chose que je ne sais même pas nommer.

Je ferme les yeux et c’est là que je la revois.

La fille du fast-food.

Son regard tranchant , insolent. Impénétrable.

Putain, elle ne savait même pas qui j’étais . Ou alors elle s’en foutait royalement. C’est presque pire.

Une fille qui te regarde comme un homme, pas comme une star.

Je me suis repassé la scène toute la nuit . Ses doigts tachés de graisse sur son tablier. Sa voix grave, légèrement rauque, fatiguée. Et ce petit sourire en coin, quand elle m’a dit : "Et moi je suis Beyoncé, enchantée."

Je n’ai pas ri .

Mais mon cœur, lui, a fait un pas.

Je ne sais pas pourquoi j’y retourne. Ce fast-food est une blague, le genre de boui-boui que mes coéquipiers ne regarderaient même pas en passant à 100 à l’heure. Mais moi, j’y vais. Parce qu’elle y est.

Et que je veux comprendre.

Je traverse la rue. L’odeur de friture me gifle, familière, dégueulasse, réconfortante. J’ouvre la porte. La clochette tinte.

Elle est là.

Derrière le comptoir avec le dos tourné, concentrée sur une friteuse en train de crépiter.

Ses cheveux sont attachés à l’arrache. Des mèches s’en échappent, collent à sa nuque.

Putain. Même dans cet uniforme moche, elle dégage un truc. Un truc brut. Sans maquillage. Sans filtre.

Elle se retourne et me voit.

Et lève un sourcil.

— Encore vous ?

Pas un sourire ni une chaleur hypocrite. Juste cette voix, lasse, presque agacée.

Je m’approche.

— Kayden, je dis. Tu n'as pas demandé mon nom, hier.

Elle penche légèrement la tête. Puis hausse les épaules.

— J’ai pas demandé ton menu non plus.

Je ris. Court. Sincère.

— Tu es toujours comme ça ?

— Comme quoi ?

— Insolente , franche et piquante.

— Juste occupée, superstar.

Superstar , le mot claque. Avec du mépris dedans. Mais je l’aime bien, son mépris.

Je m’assieds. Là, sur le tabouret en face du comptoir. Comme un type ordinaire.

— Tu ne t’assieds pas. Tu commandes ou tu pars. On n’est pas un salon de thé ici.

Je m’accoude , mes avant-bras mouillés laissent des traces sur le comptoir plastique.

— Je prendrai ce que toi tu prends, je dis.

Elle me fixe un long moment pas du tout intimidée ni charmée juste intriguée.

— Tu veux un sandwich au thon rassis avec trop de moutarde et pas assez d’amour ?

— Exactement ça.

Et elle éclate de rire , un vrai rire , râpeux , magnétique.

Un frisson me parcourt.

Elle me le prépare lentement , très lentement. Elle me tourne le dos, mais je la regarde bouger. Et y a ce détail : elle mordille l’intérieur de sa joue quand elle se concentre. Et sa main tremble à peine quand elle saisit le pain.

Elle a l’air forte , mais y a des failles.

Et moi, je sens ce besoin étrange de les percer.

Je croque dans le sandwich immonde. Je fais une grimace.

— Tu m’as pas menti. Il est dégueulasse.

— Je t’avais prévenu.

— Tu travailles souvent seule, ici ?

— Trop.

— Tu fais quoi quand tu bosses pas ?

— Je survis.

Je reste là. En silence. À la regarder essuyer une tache d’huile sur le comptoir.

Et je me surprends à penser : Je veux l’aider.

Pas par pitié ni par envie de “sauver la pauvre fille”. Non !

Je veux la connaître. La faire rire encore. Voir jusqu’où elle peut me résister. Sentir sa peau contre la mienne. Entendre son souffle se couper sous mes mains.

Je veux la faire vibrer.

Et je sais déjà que ce n’est pas une fille pour un soir.

C’est une tempête.

Et moi, je suis prêt à plonger dedans, même si elle me brûle tout entier.

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