Home / Loup-garou / LA CAPTIVE DU LYCAN / Chapitre 1 : L’Enlèvement

Share

LA CAPTIVE DU LYCAN
LA CAPTIVE DU LYCAN
Author: Millie

Chapitre 1 : L’Enlèvement

Author: Millie
last update Last Updated: 2025-05-02 21:15:23

La forêt sentait la peur.

Le vent glissait entre les arbres avec un silence inhabituel, comme s’il craignait de révéler sa présence. Les branches se pliaient sous son souffle, et chaque craquement dans l’ombre faisait frémir les plus braves. Cette nuit-là, la Lune n’éclairait pas le ciel. Elle se cachait derrière un voile épais de nuages, et les ténèbres semblaient plus profondes que jamais.

Isalys courait.

Ses pieds nus frappaient le sol humide de la forêt, ses jambes griffées par les ronces et les branches basses. Elle sentait son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine, et le sang pulsait dans ses oreilles comme un tambour. L’air froid mordait sa peau, mais elle n’avait pas le temps d’avoir froid. Elle devait s’éloigner. Survivre.

Derrière elle, des cris. Des hurlements. Des rugissements.

La chasse était lancée.

Tout avait commencé une heure plus tôt. Le village de Marnwick dormait paisiblement lorsqu’un grondement sourd s’était élevé dans l’air. D’abord lointain, presque un écho, puis de plus en plus proche, jusqu’à faire trembler les murs de chaume. Les bêtes étaient arrivées dans un chaos d’ombres et de griffes, renversant les portes, brisant les fenêtres, emportant les vivants. Les loups-garous.

Les anciens les appelaient les Lycanthes, des êtres maudits par la Lune, mi-hommes, mi-bêtes, vivant en meute dans les montagnes noires. Personne ne les avait vus depuis des années. Certains disaient qu’ils avaient disparu. Isalys n’y avait jamais cru. Et ce soir, ses peurs d’enfant prenaient vie sous la forme de crocs et de griffes.

Elle avait vu sa tante se faire emporter. Un cri étouffé, puis plus rien. Le sang. Le feu. Les hurlements.

Isalys avait fui par l’arrière de la maison, s’était glissée dans la forêt, espérant que l’obscurité la protégerait. Mais elle savait qu’elle ne pourrait pas leur échapper longtemps. Les Lycanthes traquaient comme des loups. Ils sentaient la peur, entendaient les battements de cœur, respiraient la terreur.

Et elle était seule.

Un bruit sur sa droite la fit sursauter. Elle s’arrêta net, plaquant une main contre sa bouche pour étouffer sa respiration. Les feuilles frémirent. Un souffle. Une présence.

Elle fit un pas en arrière.

Et le sol disparut sous ses pieds.

Elle dégringola dans une pente raide, sa tête heurta une racine, et tout devint noir.

Quand elle ouvrit les yeux, la douleur lui vrilla le crâne. Elle tenta de bouger, mais ses poignets étaient liés. Une corde rugueuse, serrée, creusait sa peau. Elle haleta, paniquée, ses yeux cherchant à percer l’obscurité.

Elle était dans une grotte.

Le sol était froid sous elle, la pierre rugueuse. Quelques torches éclairaient les parois, projetant des ombres mouvantes comme des silhouettes dansantes. L’odeur de cendre, de bois brûlé et de fourrure saturait l’air. Elle n’était pas seule.

Des bruits de pas lourds résonnèrent dans le couloir. Des pas lents, assurés, comme si celui qui s’approchait n’avait rien à craindre.

Il entra.

Grand. Large d’épaules. Torse nu, couvert de cicatrices anciennes. Ses cheveux noirs retombaient en mèches épaisses sur ses épaules, et ses yeux… des yeux dorés, lumineux, inhumains. Ils la fixaient comme s’ils pouvaient lire jusqu’au plus profond d’elle.

Il était effrayant. Mais magnifique. Comme un prédateur parfait.

— Tu es réveillée.

Sa voix était grave, rocailleuse, avec une étrange autorité naturelle. Il s’approcha d’elle, s’accroupit, et la contempla un instant sans rien dire. Isalys retint son souffle, incapable de détourner le regard. Il tendit la main et effleura son menton.

— Humaine… si frêle. Et pourtant…

Il fronça les sourcils, comme s’il hésitait. Puis il se redressa.

— Ton nom.

Elle ne répondit pas. Ses mâchoires étaient crispées, son cœur tambourinant dans sa poitrine.

— Ton nom, répéta-t-il, plus bas, plus menaçant.

Elle rassembla son courage. Elle ne voulait pas montrer sa peur.

— Isalys.

Il hocha la tête.

— Isalys. Guérisseuse du village. Celle qui parle aux plantes, à la terre. Celle que les anciens redoutent et respectent.

Elle se figea. Comment savait-il cela ?

— Tu étais recherchée, dit-il. Tu es… utile.

Elle sentit son sang se glacer. Elle n’était pas tombée sur eux par hasard. Ils l’avaient voulue. Ciblée.

— Pourquoi moi ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.

L’homme se détourna. Il ne répondit pas immédiatement. Il marcha jusqu’à l’entrée de la grotte, puis, sans se retourner :

— Parce que la Lune t’a désignée.

Il sortit.

Le silence retomba comme un couperet.

Isalys resta là, seule, les poignets liés, la gorge sèche. Les mots résonnaient dans son esprit : la Lune t’a désignée. Que voulait-il dire ? Était-ce une superstition ? Une croyance barbare ? Ou quelque chose de plus ancien, de plus profond ?

Elle savait que certains rituels liaient les Lycanthes à la Lune. Des pactes. Des malédictions. Mais elle n’avait jamais entendu parler d’un lien entre une humaine et un Alpha.

Alpha.

Il ne l’avait pas dit, mais elle le savait. Cet homme — non, cette bête — c’était leur chef. Leur roi. Et elle était sa captive.

Elle serra les dents. Elle ne serait pas une esclave. Elle ne serait pas brisée. Peu importe ce que cette meute attendait d’elle, elle se battrait. Elle chercherait une faille. Une sortie.

Mais au fond de son cœur, une voix murmurait.

Ce regard doré…

Cette voix rauque…

Ce frisson étrange, quand il avait effleuré sa peau…

Et si la Lune ne l’avait pas désignée par hasard ?

Continue to read this book for free
Scan code to download App
Comments (1)
goodnovel comment avatar
nessbe
Cela commence bien, les personnages ne sont pas naïfs comme à l'accoutumé
VIEW ALL COMMENTS

Latest chapter

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 47 : Les murmures du Bois Noir

    Le vent avait changé.Dans les hauteurs du territoire, là où les pins se dressaient serrés comme des soldats, une odeur inconnue s’infiltrait. Musc, fer, cendre. Et la peur, sourde, animale. Le genre de peur que seuls les lycans pouvaient sentir vibrer dans leur chair. L’instinct, profondément enfoui, se réveillait.Thorne l’avait senti le premier.Cela faisait plusieurs nuits qu’il ne dormait plus, quittant silencieusement leur couche avant l’aube. Il rôdait en silence sous sa forme de loup, humant le vent, observant les limites du territoire. Et chaque matin, Isalys le retrouvait dans la salle du conseil, les traits tirés, le regard sombre. Mais dès qu’elle entrait, il se redressait. Son Alpha retrouvait sa colonne droite, et la chaleur dans ses yeux revenait — parce qu’elle était là.Ils se comprenaient sans mots. Chaque geste entre eux était chargé de cette histoire que seuls eux deux pouvaient porter. L’amour d’Ashara, les cicatrices de Raven, les promesses d’Isalys. Thorne avait

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 47 : Les loups de l’Est

    Le vent s’était levé sur la plaine , charriant avec lui l’odeur âcre du sang et des cendres. La nouvelle de la mort de Kaelen, héritier des Ombres-Grises, s’était propagée à une vitesse fulgurante, aussi vive qu’un hurlement de guerre dans la nuit. La meute de Thorne n’avait pas eu le temps de panser ses plaies. Déjà, les grondements sourds de la guerre résonnaient dans les forêts voisines.Lyra, encore vêtue de son manteau nuptial souillé, refusait de parler. Assise près du feu sacré, elle fixait la flamme sans ciller. Ses yeux, d’ordinaire d’un bleu limpide, s’étaient voilés d’une brume intérieure — une vision lointaine dont elle seule portait le poids. Elle avait rêvé de cette mort. Mais dans son rêve, c’était elle qui tombait, pas lui.— « C’était lui ou moi, » finit-elle par dire d’une voix rauque. « Le poison n’a pas été déplacé par hasard. Quelqu’un a voulu briser l’alliance. »Thorne, debout au centre du cercle des anciens, serrait les mâchoires. Son instinct hurlait. Le pacte

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 45 : Le pacte brisé

    Le corps du jeune loup gisait au centre du cercle sacré, les yeux grands ouverts, figés dans un éclat de surprise. Sa coupe renversée répandait le reste du vin noir sur les pierres, teintant la terre d’un rouge épais et tragique. L’air était saturé du parfum des herbes brûlées, des fleurs fanées, du sang.Le silence qui suivit sa mort fut plus terrifiant encore que le chaos qui allait s’en suivre.Les loups de la meute du Nord, venus comme alliés, se dressèrent, leurs regards accusateurs braqués sur la meute de Thorne. Ils grognaient déjà, les poils hérissés, prêts à bondir. L’un d’eux, grand et voûté, pointa une griffe vers Lyra.— Elle l’a tué. Cette sorcière savait.Varg s’interposa, les yeux luisants d’or.— Elle est innocente. Le poison ne venait pas d’elle.— Alors de qui ?! hurla un autre.Isalys sentit les battements de son cœur résonner dans ses tempes. La cérémonie, censée unir les meutes, venait de se transformer en piège. Mais pas celui que tout le monde imaginait. Ce n’ét

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 44 : Les voix de la Lune

    La neige était tombée dans la nuit. Une fine couche blanche recouvrait la forêt, étouffant les bruits du monde comme un secret chuchoté à l’oreille des anciens. Les hurlements des loups, cette nuit-là, avaient été différents. Lents. Précis. Comme une incantation.Lyra s’était levée avant l’aube, sans un mot. Ses yeux, encore voilés de sommeil, fixaient un point invisible dans l’obscurité. Elle avait quitté le lit sans réveiller Nyra, sa sœur jumelle, et était sortie pieds nus dans le froid. Elle suivait un appel que personne d’autre n’entendait.Ce n’était pas la première fois.Elle marcha longtemps, frôlant les arbres familiers, glissant entre les branches comme une ombre. Lorsqu’elle atteignit enfin la clairière de la Lune — un cercle ancien de pierres levées, abandonné depuis des générations — elle s’arrêta.— Tu es revenue, dit une voix.Nyra sortit de l’ombre, le souffle visible dans l’air glacé. Elle n’était jamais loin.— Tu as rêvé, encore ? demanda-t-elle doucement.Lyra hoch

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 43 : Les murmures de guerre

    L’hiver n’était pas encore arrivé, mais un froid étrange planait sur les terres de la meute de Thorne. Une tension sourde, presque animale, se propageait dans l’air, comme un frisson glissant sous la peau. Les hurlements des loups se faisaient plus longs, plus sombres. Les anciens le sentaient, les enfants aussi : quelque chose approchait.Dans la grande clairière où se réunissaient les siens, Thorne avait convoqué un conseil exceptionnel. Le cercle sacré était au complet. Isalys, debout à ses côtés, le regard droit et concentré, observait les visages fermés de leurs plus fidèles alliés. La Lune, presque pleine, perçait à travers les cimes, caressant les épaules tendues des loups réunis.Un éclaireur s’avança, capuchon dégoulinant de boue et de givre. Il s’agenouilla avant de parler.— Nous avons vu des feux, au nord du fleuve. Des meutes étrangères s’y rassemblent. Des symboles de guerre sont tracés dans la neige. Et il y a des chants… des anciens rituels.Un murmure s’éleva dans la

  • LA CAPTIVE DU LYCAN   Chapitre 42 : Les filles de la Lune

    Les années s’étaient écoulées comme un murmure dans les bois, à la fois paisibles et remuantes. Varg avait grandi, entouré de l’amour de ses parents et de la loyauté d’une meute enfin apaisée. Mais un matin d’hiver, tandis que le givre mordait les fenêtres de la maison de l’alpha, deux cris perçaient l’air gelé, éclatant comme deux éclats de Lune. Les jumelles étaient nées.Nyra et Lyra.Leurs prénoms s’étaient imposés à Isalys comme un souffle venu d’un autre monde, une vibration ancienne — la première signifiant ombre lumineuse, la seconde chant des astres. Contrairement à la naissance éprouvante de Varg, celle des jumelles s’était déroulée dans une étrange douceur, presque comme si la nature elle-même s’inclinait devant leur venue.À peine sorties du ventre d’Isalys, Nyra avait ouvert les yeux. Une chose rare chez les nouveau-nés lycans. Ses iris, d’un argent profond, avaient accroché la lumière des chandelles, comme un éclat de Lune fixe. Lyra, elle, avait poussé un cri si harmoni

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status