CHAPITRE 4

Le point de vue de Xavier

La confusion m’envahit tandis que je fixe André, les cheveux blancs sous moi. André n’a pas de cheveux blancs, elle est rousse.

D’où diable a-t-elle eu cette couleur de cheveux ?

Elle s’efforce encore de cacher ses cheveux avec la perruque quand je l’arrête. Ma main est fermement posée sur elle, la fixant au lit, tandis que je suis assis au-dessus d’elle, les sourcils froncés d’étonnement.

Est-ce une ruse pour me faire perdre la piste ? Quand je l’ai vue pour la première fois à Chicago, j’ai tout de suite su qu’elle avait changé de couleur de cheveux. Je pensais qu’elle avait juste teint ses cheveux roux en noir, ainsi que sa personnalité, pour ne pas la reconnaître, mais si.

Mais voir que les cheveux noirs ne sont rien d’autre qu’une perruque et que les vrais cheveux sont blancs me rend encore plus perplexe.

Je sais qu’André est prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut. Elle veut échapper à ma colère pour toujours, mais je ne la laisserai pas faire.

Maintenant qu’elle est là, je ne la laisserai pas filer comme je l’ai fait autrefois. Je vais lui faire vivre un enfer, non seulement parce qu’elle m’a humilié, mais aussi parce qu’elle continue de mentir et de se faire passer pour quelqu’un d’autre.

Jasmin mon pied !

Comment diable a-t-elle su que nous étions de retour à New York ? Elle a prétendu n’y avoir jamais mis les pieds, mais elle a vite compris que nous avions quitté Chicago pour New York.

Je ne suis pas un idiot !

Tout indique qu’elle est André, pas cette putain de Jasmine. Elle a ce tatouage, elle a le même visage, alors que me faut-il de plus pour être sûr que c’est elle ?

Rien.

Je n’ai pas besoin de plus de preuves. C’est André, et je ne la laisserai pas me tromper.

On frappe à la porte, me tirant de ma rêverie. Je descends du lit rapidement, le regard rivé à ses cheveux, que je trouve étranges.

Je n’ai jamais vu personne avec des cheveux blancs auparavant, et je me demande comment elle a fait ça.

Avant que la porte ne puisse s’ouvrir, elle s’assoit bien droite dans son lit et met rapidement la perruque pour cacher ses cheveux blancs.

La porte s’ouvre et deux servantes entrent. Je me tourne vers elles et elles s’inclinent. L’une tient un plateau de nourriture, l’autre un paquet de vêtements.

J’ai appelé ses parents hier soir pour leur dire que j’avais une surprise pour eux. J’avais prévu de l’emmener chez ses parents aujourd’hui, mais maintenant, j’ai envie d’y aller un autre jour.

Je lui jette un dernier regard et dépasse les servantes pour prendre la sortie, l’esprit embrouillé, et beaucoup de questions surgissent dans mon esprit.

Est-ce vraiment André ? Pourquoi est-elle soudain devenue douce comme une colombe ? Pourquoi a-t-elle l’air nerveuse tout le temps ? Pourquoi a-t-elle les cheveux blancs au lieu de roux ?

J’ignore les salutations des femmes de chambre que je croise en me rendant au bar. Je ne comprends pas ce qui se passe, et j’ai vraiment besoin de trouver des réponses au plus vite.

Dès que j’arrive au bar, je m’assieds sur un tabouret et je prends une bouteille de vin quand une idée me vient.

Je laisse tomber la bouteille de vin et me relève pour sortir mon téléphone de la poche de mon pantalon. Je porte un pantalon noir et un t-shirt.

Je compose instantanément le numéro de M. Moore, mon esprit revenant à la façon dont notre histoire a commencé.

M. Moore est un associé. Il était l’un des actionnaires de l’entreprise de mon père et détenait les parts les plus faibles.

Sa fille, André, est rousse. Nous nous sommes rencontrés à une fête, et je ne peux pas dire que nous ayons commencé du bon pied. Elle m’a renversé du vin dessus et m’a humilié à la fête. Elle était impolie et abusive, et j’ai juré de m’en occuper.

Elle ne savait pas qui j’étais, mais même après avoir su que j’étais l’un des plus jeunes milliardaires de la ville, cela ne l’empêchait pas de m’insulter à chaque fois que nos chemins se croisaient.

Le destin a voulu qu’elle soit la fille unique de M. Moore. Son père avait besoin de mon aide, et j’ai profité de lui. Je lui ai fait une offre et il a accepté sans hésiter.

Je voulais qu’André soit ma femme, mais elle s’y est opposée. J’ai fait parler son père. Je ne sais pas comment il a fait, mais elle m’a fait croire que c’était son père qui l’avait persuadée de m’épouser.

Tout ce que je voulais, c’était me venger de l’humiliation, mais ce que j’ai eu, c’est encore plus d’humiliation.

« Xavier ? » Sa voix forte me tire de mes pensées. « Comment vas-tu, mon fils ? »

« André est-elle jumelle ?! » demandai-je avec impatience. C’est peut-être la seule explication aux ressemblances frappantes et aux rares différences.

À part ça, il n’y a rien d’autre à dire. Être jumelle est la seule chose qui puisse me convaincre que cette femme aux cheveux blancs n’est pas André.

« Quoi ? Une jumelle ? Bien sûr que non », répond-il doucement avant de se taire, puis de s’exclamer : « Tu l’as vue ? Tu as trouvé mon bébé ? »

Quand André a disparu, j’étais persuadé que ses parents la cachaient. Mais après les avoir mis sous surveillance pendant deux semaines, il était clair qu’eux non plus n’avaient aucune idée de son sort.

Nous la cherchons depuis onze mois. Chaque fois que nous la retrouvons, elle s’enfuit comme une voleuse au cœur de la nuit.

Nous l’avons trouvée deux fois.

Une fois au Royaume-Uni et une fois à Londres.

« Je ne l’ai pas trouvée. Je viendrai te voir ce soir. »

« Xavier, es-tu… »

Je l’interromps en raccrochant. Ça répond. André n’est pas une jumelle, mais l’énigme n’est pas encore résolue.

Cette femme aux cheveux blancs est soit apparentée à André, soit elle-même André. Plus j’y réfléchis, plus je suis convaincu que cette femme est André et qu’elle fait semblant.

Mais je veux lui donner le bénéfice du doute.

Si elle n’est pas André, alors André sortira de l’endroit où elle doit se cacher pour venir sauver son sosie, si elle a une conscience.

Si c’est André, cela fait partie de la punition pour l’humiliation qu’elle a causée à moi et à ma famille.

Peu importe que quelqu’un soit blessé. Mon ego a été blessé, et il a besoin d’être guéri.

Elle est revenue à la même chose qu’elle avait fuie. Elle va persévérer jusqu’au bout.

Peu importe qui elle est. Tout ce que je sais, c’est que cette femme sous mon toit et sous mon nez, c’est André, la femme qui s’est enfuie et m’a laissé planté dans l’allée le jour de notre mariage.

Je me lève brusquement, laissant tomber mon téléphone sur le comptoir du bar avant de faire de grandes enjambées sur le chemin par lequel je suis venu.

Je n’ai plus de conscience. On ne me marche plus sur les pieds, car je ne pardonne pas facilement.

André ne m’a jamais offensé. Elle mérite ce qui lui arrive.

Nous allons quand même rendre visite à M. Moore. Il doit l’identifier, mais peu m’importe qu’ils me disent qu’elle est André ou non. Ils voudraient la protéger de moi. Je veux juste le faire par courtoisie.

La porte de sa chambre s’ouvre avant que je puisse m’approcher, et les deux servantes sortent. Je les ignore et entre dans la pièce avant de claquer la porte pour lui signaler ma présence.

Elle est assise au bord du lit, la tête baissée. Elle relève la tête dès que je claque la porte et nos regards se croisent.

« Préparez-vous, nous rendons visite à vos parents dans une heure, et nous nous marions demain à la cérémonie. »

Elle semble confuse un instant, comme si elle essayait de comprendre ce qui ne va pas. Soudain, elle s’exclame d’une voix forte : « Non. »

Elle secoue la tête par intermittence, me suppliant du regard alors qu’elle s’effondre sur le sol, désespérée.

Je me retourne et quitte la pièce avec un grand sourire sur le visage.