LOGINLilithLe message de Cain était clair. "Il faut qu'ils sachent que tu n'as pas que de l'esprit." La soumission de Marchenko a établi mon autorité intellectuelle, mais dans ce monde, la peur des chiffres ne suffit pas. Il faut la peur du sang.La cible suivante est un homme nommé Dragan. Un trafiquant de chair humaine, brutal et imprévisible, qui a profité du chaos pour s'emparer des réseaux de prostitution de l'est de la ville. Contrairement à Marchenko, Dragan n'a pas de maîtresse, pas de dettes de jeu. Sa seule faiblesse est sa confiance en sa propre invincibilité. Et sa cruauté.Silas, mon ombre, me fournit les informations. Dragan opère depuis un entrepôt désaffecté près des docks. Il a une dizaine d'hommes avec lui. Des brutes. Des violeurs.Le plan de Cain est simple, brutal. Une démonstration de force. Prendre l'entrepôt. Éliminer Dragan. Récupérer le réseau.Mais il y a un détail. Dragan détient des filles. Des victimes. Comme je l'ai été.Quand je vois les photos floues, pris
LilithLes semaines qui suivent sont un apprentissage accéléré dans l'ombre. Je ne retourne pas au "Clair de Lune". Je n'envoie qu'un bref message à Élise pour m'excuser, sans explication. Elle ne répond pas. Une autre porte qui se ferme.Je vis dans des chambres d'hôtel anonymes, payées avec l'argent que j'ai siphonné des comptes que Damian m'avait fait gérer. Je change d'endroit souvent. La paranoïa est une alliée.Mes contacts avec Cain passent par des intermédiaires, des hommes aux visages fermés et aux conversations cryptées. Ils m'apportent des dossiers, des clés USB, des téléphones jetables. Le réseau de Damian, éparpillé, décapité, mais pas mort. Des comptes offshore, des entreprises écrans, des dettes à recouvrer, des territoires à reprendre.Je plonge dans les chiffres, les noms, les visages. C'est un puzzle sanglant, et je suis la seule à en avoir toutes les pièces. L'ironie est amère : l'éducation que Damian m'a forcée à recevoir devient l'outil de sa propre succession.Je
LilithLa nuit est avancée quand je rentre dans l'appartement de Leo. Il est assis sur le canapé, la télévision allumée mais sans son, un livre ouvert sur ses genoux qu'il ne lit pas. Son visage se soulage quand il me voit.— Lilith ! J'étais inquiet. Où étais-tu ?— Je me promenais. J'avais besoin de réfléchir.Je déboutonne mon manteau et le suspule avec une lenteur calculée. Chaque geste est délibéré. Je dois être calme. Froide. Implacable.— Tu veux en parler ? demande-t-il, se levant.— Oui. Assieds-toi, Leo.Ma voix a une tonalité nouvelle. Autoritaire. Il le sent et obéit, un peu perplexe.Je fais face à lui, debout, les mains dans le dos, comme Damian le faisait.— Tu dois partir, Leo.Il fronce les sourcils. — Partir ? Où ça ? Pourquoi ?— Loin d'ici. Change de ville. Recommence.— Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne vais pas te laisser seule !— Je ne serai pas seule, dis-je, et le mensonge est facile, naturel. Je vais... entrer dans un programme de protection. Pour mon témoig
LilithLes jours qui suivent la visite sont un brouillard. Les mots de Cain résonnent en moi, une mélodie sombre et entraînante. Reine. Pas une princesse. L'offre est un poison, mais un poison qui a la saveur du pouvoir pur, de la vengeance ultime. Prendre ce qu'ils ont bâti et le faire mien. Transformer ma douleur en arme, ma terreur en autorité.Je marche dans les rues, mais je ne les vois plus. Je sers des cafés au « Clair de Lune », mais mes mains pourraient tout aussi bien tenir un couteau. Élise me regarde avec une inquiétude grandissante. Thomas vient tous les jours, son regard plein de questions silencieuses que je refuse de voir.Un soir, il m'intercepte alors que je range des livres après la fermeture.— Lilith, ça suffit. Parle-moi.— Il n'y a rien à dire, Thomas.— Ce n'est pas vrai. Quelque chose a changé. Depuis cette visite... tu es encore plus loin.Je me retourne, lasse. — Tu ne comprendrais pas.— Alors fais-moi comprendre ! crie-t-il, perdant enfin patience. Je suis
LilithLa décision est prise. Un lourd calme m'envahit, plus terrifiant que la panique. J'ai appelé l'avocat. Une visite a été arrangée. Rapide, discrète. Sous prétexte de "clôture psychologique" pour la victime. Personne ne doit savoir, surtout pas Leo ou Thomas.Le jour venu, je m'habille avec des vêtements simples, sombres. Je me regarde dans le miroir. Je ne reconnais pas la femme qui me fait face. Ses yeux sont deux braises froides dans un visage de marbre. C'est la Lilith du manoir. Celle qui a survécu.Le trajet jusqu'au centre de détention est un flou. Des bâtiments gris, des barrières, des checkpoints. Des hommes en uniforme aux regards suspicieux. Des procédures. Des portes qui claquent. Chaque bruit est un coup de marteau sur mes nerfs.On me conduit dans une petite pièce nue, divisée par une épaisse vitre pare-balles. Des téléphones sur chaque côté. Un banc en métal fixé au sol. L'air sent le désinfectant et le désespoir.J'attends.Puis, une porte s'ouvre de l'autre côté.
LilithLa silhouette dans l'ombre a disparu quand le jour se lève, laissant derrière elle un sentiment de violation bien plus profond que tout ce que j'avais connu au manoir. Là-bas, la menace était contenue entre quatre murs. Ici, elle se répand, toxique, contaminant chaque parcelle de ma vie d'emprunt.Je ne parle pas à Leo de ce que j'ai vu. Il s'inquiéterait, poserait des questions, appellerait peut-être la police. Cela ne ferait qu'attiser la colère de Cain. Non. Cette bataille est mienne. Seule.Je range la carte de Thomas dans un tiroir, au fond, sous des piles de vêtements. Un rêve enterré avant même d'avoir pu naître.Les jours au « Clair de Lune » deviennent un exercice d'équilibre constant. Je souris aux clients, je plaisante avec Élise, mais mes yeux scrutent incessamment la rue. Chaque voiture qui ralentit, chaque client nouveau qui semble me regarder un instant de trop, chaque ombre qui bouge – tout est une menace potentielle.Thomas revient. Son sourire est toujours aus







