Beranda / Romance / La Marque de l'Alpha / Chapitre 6 - Les éclats du passé

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Chapitre 6 - Les éclats du passé

Penulis: Primso Fam
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-13 23:06:37

- Tu devrais manger quelque chose.

La voix de Kaël est douce, presque hésitante. Il est appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés, une ombre d’inquiétude dans le regard. Moi, je suis assise devant une assiette presque intacte, le regard perdu dans les nervures du bois de la table.

Les deux hommes sont partis. Ewan a lancé une blague de trop, Tharen est reparti sans un mot. Reste Kaël. Toujours là. Toujours... attentif.

Je hoche la tête pour lui faire croire que j’ai entendu. Je prends une bouchée du pain grillé tiède qu’il m’a préparé. Il n’a pas l’air du genre à cuisiner, mais il a fait un effort. Je le vois dans les détails : la confiture dans une soucoupe, l’eau citronnée, le couteau propre à côté.

Mais mon estomac se serre.

Je tourne légèrement pour attraper la cuillère posée plus loin. Mon bras tire un peu sur ma hanche. Une douleur vive me coupe le souffle. Mon coude heurte l’assiette. Un frisson de panique me traverse.

Trop tard.

L’assiette se renverse dans un fracas aigu. Le contenu s’écrase au sol, les morceaux de porcelaine éclatent comme des éclairs blancs sur le parquet.

Je me fige.

Un frisson remonte ma colonne. Mes yeux s’écarquillent.

Et sans que je puisse le contrôler, un mot m’échappe :

- Putain...!

Je suis déjà à genoux. Mes mains tremblantes se tendent pour ramasser les éclats.

J’entends Kaël derrière moi.

- Ce n’est pas grave, Élina, ce n’est rien.

Mais il ne comprend pas. Il ne peut pas.

Ce n’est pas pour l’assiette. Ce n’est jamais pour l’assiette.

C’est pour ce que ça déclenche.

Le bruit. Le sol. L’odeur du pain renversé. Le froid des tessons sous mes doigts. Et cette sensation que je vais être frappée. Encore.

Je revois les mains dures de mon beau-père. Le bol de soupe que j’ai renversé, une fois, en lavant la table trop vite. Le coup derrière la tête. Le « t’es qu’un fardeau ». Je revois la peur dans les yeux de ma mère, ses bras qui ne m’ont jamais retenue, son silence lourd comme une trahison.

Les larmes montent, rapides, incontrôlables.

- Élina, laisse. Ne touche pas, tu vas te couper.

Je ne l’écoute pas. Je ramasse encore. J’ai besoin de faire ça. De réparer. C’est comme une obsession. Ne pas laisser de traces. Ne pas faire de bruit. Ne pas déranger.

Et puis, ses mains se referment doucement sur les miennes.

- Regarde-moi.

Je refuse. Je serre les dents, honteuse, furieuse de pleurer devant lui. De me montrer aussi faible.

- Élina, s’il te plaît.

Il est agenouillé à mes côtés. Sa voix n’a rien d’un ordre. C’est une supplique.

Je finis par relever les yeux. Mon regard croise le sien. Et là, je vois qu’il a compris. Pas les détails. Mais il a compris que quelque chose en moi s’est brisé bien avant cette forêt.

Sans un mot de plus, il se lève, m’aide à me redresser et m’accompagne à l’étage.

Nous ne croisons personne.

Je suis trop fatiguée pour parler et lui semble respecter ce silence. Il me guide jusqu’à une pièce lumineuse, douce, où une jeune fille, assise près d’une armoire ouverte, lève la tête à notre arrivée.

- Voici ma sœur, dit-il. Elle s’appelle Maëna.

La jeune fille me sourit. Elle a les mêmes yeux que lui, en plus clairs et une douceur dans les gestes qui apaise immédiatement.

- Salut, moi c’est Maëna. Tu veux bien entrer ?

Je hoche la tête, timidement.

Kaël me regarde encore une fois, comme pour s’assurer que je suis prête à rester seule.

Je lui réponds par un signe de tête.

Il s’éloigne sans un mot, mais je sens son hésitation à la porte.

Maëna tapote le lit à côté d’elle.

- Viens. Assieds-toi. J’ai sorti quelques affaires, je pense qu’on doit faire quelque chose pour te changer un peu les idées... et les vêtements.

Je souris faiblement.

Elle me tend une robe bleu pâle, simple mais élégante, accompagnée d’un gilet et d’une paire de chaussettes épaisses.

- C’est à moi, mais je crois qu’on fait à peu près la même taille. Et puis, c’est pas comme si t’avais eu le temps de faire ta valise.

Son humour est discret, gentil. Pas moqueur.

Je m’assois sur le lit.

Elle s’installe à côté de moi, en tailleur, les bras posés sur ses genoux.

- Tu veux qu’on parle ? Ou tu préfères juste qu’on reste là sans rien dire ?

Je la regarde. Son visage est sincère. Je ne sens ni curiosité malsaine, ni pitié.

- Je... je sais pas, soufflé-je.

Elle sourit.

- Alors je pose une seule question. Tu réponds si tu veux.

J’acquiesce.

- Toi et mon frère... C’est quoi, au juste ?

Je baisse les yeux.

Ce mot encore. Mate. Cette idée absurde. Ce lien imposé par un monde que je ne connais pas. Et en même temps... il m’a portée. Il m’a protégée. Il m’a vue. Vraiment vue.

Mais je ne sais pas ce que ça veut dire.

- Je... je n’en sais rien.

Maëna ne réagit pas tout de suite. Puis elle pose sa main sur la mienne.

- Alors prends ton temps. Personne ne va te forcer.

Je retiens un souffle. Un soupir. Peut-être une larme. Dans ce monde inconnu, il y a au moins une chose que je comprends : la bienveillance ne fait pas de bruit. Elle s’exprime dans des gestes simples.

Et en ce moment, j’en ai désespérément besoin.

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