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Chapitre 3

Author: Cher
Une douleur soudaine, brûlante, m'a transpercé la poitrine. Le lien de compagnons s'est déchaîné en moi, hurlant, exigeant des réponses. Mon visage a pâli d'un coup, et mon corps s'est mis à vaciller sans que je puisse le contrôler.

« Cath ! », s'est écrié Gabriel en me rattrapant aussitôt, la panique envahissant son regard. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Les invités proches se sont tournés vers nous, inquiets.

« Je… » J'ai porté une main à ma poitrine, haletante. « Ça va… »

« Je t'emmène à l'hôpital ! », a-t-il lancé, la voix tremblante.

« Non. » Je me suis stabilisée tant bien que mal. « C'est peut-être… l'énergie de la pierre de lune. Elle me submerge. »

« La pierre de lune ? »

« Oui. » J'ai inspiré profondément. « Son pouvoir est trop fort. Mon corps a besoin de temps pour s'habituer. »

Gabriel a hésité, puis il m'a serrée contre lui.

« On rentre d'abord. Et si tu te sens encore mal, on ira à l'hôpital. »

En voyant son expression inquiète, j'ai eu presque envie de rire. Quel excellent acteur. J'ai fini par hocher faiblement la tête.

Dans la voiture, je me suis appuyée contre le siège, les yeux clos. Le pendentif de pierre précieuse brûlait sous mes vêtements, luttant pour étouffer la furie du lien de compagnons.

« Gabriel », ai-je dit soudain.

« Mmh ? »

« J'ai entendu une vieille légende, un jour. »

« Quelle légende ? », a-t-il demandé en prenant ma main.

« Les Alphas qui trahissent leur compagne voient leur pouvoir repris par la Déesse de la Lune. »

La main de Gabriel s'est crispée dans la mienne. L'air de la voiture s'est figé pendant quelques secondes. Puis il a ri.

« Alors je suis parfaitement en sécurité. »

Il s'est penché vers moi, son regard ancré dans le mien.

« Catherine, je te jure que je ne te trahirai jamais. »

« Tu es la chose la plus précieuse de ma vie. » Il a embrassé mon front. « Comment pourrais-je te trahir ? »

J'ai fermé les yeux et laissé ses mensonges glisser sur moi. Si je n'avais pas connu la vérité, j'aurais probablement fondu en larmes.

À mi-chemin, le téléphone privé de Gabriel a sonné. Seul le cercle interne de la meute et ses contacts les plus proches connaissaient ce numéro.

Il a jeté un œil à l'écran, et son expression a changé du tout au tout.

« Arrête la voiture », a-t-il dit à notre chauffeur, David Chevalier.

Le véhicule s'est rangé sur le côté. Gabriel s'est tourné vers moi, une excuse écrite dans chaque trait de son visage.

« Cath, il y a une urgence à la frontière. »

« Quel genre d'urgence ? »

« Une invasion d'une meute rivale. Je dois y aller immédiatement », a-t-il dit, la voix nerveuse. « Rentre te reposer. Je reviens dès que c'est réglé. »

« Je devrais venir avec toi ? »

« Non, la frontière est dangereuse. » Gabriel a ouvert la portière. « Rentre et repose-toi. Attends que je revienne. »

Je suis sortie de la voiture, et il a rapidement intercepté un taxi pour moi. J'ai regardé sa voiture s'éloigner dans la nuit.

« Madame, où allons-nous… », a commencé le chauffeur.

« Suivez cette voiture », ai-je coupé.

« Mais le monsieur vient de dire… »

« Suivez-la. »

Il a hésité une seconde, puis a appuyé sur l'accélérateur. Nous avons suivi la voiture de Gabriel à distance. Elle ne se dirigeait pas vers la frontière.

Elle prenait la direction opposée de la ville.

Finalement, elle est entrée dans un aérodrome privé.

« Madame, c'est… », a soufflé le chauffeur, surpris.

« Arrêtez ici. »

Je suis descendue et me suis tapie dans l'ombre du parking. La silhouette de Gabriel est apparue sur le tarmac. C'est alors que je l'ai vue.

Ses cheveux blonds fouettaient dans le vent, et son corps attirait instinctivement tous les regards. Elle portait un uniforme d'hôtesse de l'air ajusté, la jupe assez courte pour dévoiler ses longues jambes fines. Ses talons claquaient net contre le sol.

C'était la femme du livestream : Sheila Tournier.

Elle a couru vers Gabriel avec un sourire et s'est jetée dans ses bras. Il ne l'a pas repoussée.

Il a passé son bras autour de sa taille et l'a embrassée. Sous la lumière de la lune, leurs silhouettes se sont enlacées étroitement. Ensuite, ils se sont dirigés vers le jet privé, ont monté la passerelle et sont entrés dans le cockpit.

Les lumières de la cabine se sont allumées. À travers la fenêtre, j'ai vu deux silhouettes entremêlées.

Leurs corps pressés l'un contre l'autre. Ses mains remontaient le long de son cou, et lui la plaquait contre le tableau de commande. Je me suis détournée et j'ai titubé jusqu'à la voiture.

« Madame, ça va ? », a demandé le chauffeur en me regardant dans le rétroviseur.

Je n'ai pas répondu.

« Ah. » Il a soupiré. « Madame, les hommes riches sont tous pareils. Ils en ont une à la maison, et une autre dehors. Vous savez… il faut juste… juste supporter, et ça passera. Faire des histoires pour ce genre de choses ne sert à rien. »

J'ai serré entre mes doigts le pendentif glacé contre ma poitrine. Il était aussi froid que mon cœur à cet instant.

« Non », ai-je soufflé, la voix rauque mais inflexible.

« Je ne pardonnerai pas ça. »
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