Lorenzo
— "Tu n’as pas changé, Alessia." Je parle calmement, mais mes paroles sont lourdes de sous-entendus. "Tu crois que tu peux contrôler ce qui va se passer entre nous. Tu es loin de la vérité."
Elle me fixe, une lueur d’incertitude dans ses yeux, mais elle ne cède pas. Elle n’a pas encore abandonné.
— "Je ne contrôle rien, Lorenzo." Elle répond froidement, mais je sens la guerre intérieure qui fait rage en elle. "Et toi, tu crois tout savoir, n'est-ce pas ?"
Je m'approche d'elle, mes pas lents et calculés. Je m'arrête à quelques centimètres, de sorte que chaque mouvement devient une menace palpable.
— "Je ne crois rien." Je la fixe intensément, observant le moindre de ses gestes. "Je sais ce qui te fait vibrer. Et ça, tu ne peux pas le cacher."
Elle fait une pause, ses lèvres tremblant légèrement, avant de sourire. Un sourire qui pourrait être perçu comme une victoire… mais je vois au fond de ses yeux qu'elle se cache derrière ce masque.
— "Tu te trompes."
J’étends ma main, effleurant sa joue, cette fois plus doucement que d'habitude. C’est presque cruel, le contraste entre ma main ferme et sa peau délicate.
— "Non." Je souris, un sourire qui ne laisse aucune place à l'incertitude. "Je ne me trompe jamais."
Elle détourne son visage, fuyant le contact. C’est un petit geste, mais un geste puissant. Elle lutte contre son attirance, et pourtant, je peux voir la tension dans ses muscles, le souffle court qui trahit ses émotions.
Je la veux. Je le veux de plus en plus. Et elle le sait.
— "Je t'ai dit que tu m'appartiendrais." Ma voix est basse, presque rauque. "Tu le sais, Alessia. Tu le sais au fond de toi."
Elle serre les poings, les yeux remplis de colère et de frustration.
— "Ne me touche plus." Elle s'éloigne de moi, le visage marqué par la détermination. "Si c'est ça ton jeu, je n'y participerai pas."
Je me tourne vers elle, la surveillant du coin de l'œil, mes sourcils froncés.
— "Tu es fatiguée de lutter, Alessia. Je vois ça dans tes yeux." Je fais un pas vers elle, me rapprochant encore. "Mais tu ne peux pas me fuir indéfiniment."
Je la regarde se tourner, prête à fuir, mais je la rattrape en un instant, la prenant par le bras avec une précision meurtrière.
— "Tu as essayé de me repousser. Mais je suis toujours là." Je souffle près de son oreille, ma voix caressant sa peau. "Je ne te laisserai pas partir."
Elle se raidit, sa respiration se coupant alors qu’elle lutte contre la pression de ma prise. Mais je ne relâche pas.
— "Alors, qu’est-ce que tu vas faire ?" Je lui murmure, mes lèvres frôlant ses cheveux. "Te battre encore, ou accepter ce qui est inévitable ?"
Elle ferme les yeux, son corps frémissant sous mes mains.
— "Je n’accepterai rien de toi."
— "C’est toi qui me choisis, Alessia. Pas l'inverse."
Elle tente de se dégager, mais je ne la laisse pas. Elle sait que c’est futile. Tout comme elle sait qu'elle est piégée dans mon réseau.
Alessia
Je me débats dans ses bras, mais c’est une lutte vaine. Il est trop fort. Trop puissant. Le regard que Lorenzo pose sur moi est inébranlable, un regard qui me domine. Son corps me presse contre le sien, et même si je suis en colère, même si j’ai l’envie de le repousser, une partie de moi ne peut s’empêcher de répondre à l’intensité de sa présence.
— "Lâche-moi !" Je crie, mais ma voix tremble légèrement, trahissant la peur et le désir qui s’affrontent dans mon cœur.
Il me fixe un instant, puis, d'un geste lent et contrôlé, il me relâche, mais seulement pour me faire tourner et me faire face à lui. Ses mains glissent sur mes bras, comme s’il voulait s’assurer que je suis là, qu’il a toujours ce contrôle sur moi.
— "Je ne peux pas." Sa voix est presque un murmure. "Je n’ai jamais pu te laisser partir."
Je le regarde, un frisson me traversant le corps.
— "Lorenzo…" Je n’arrive pas à finir ma phrase. Les mots se coincent dans ma gorge, remplacés par une sensation que je ne comprends pas. Une attirance bien plus forte que je ne veux l’admettre.
Il se rapproche encore, son souffle effleurant mon cou. Un frisson d’anticipation se glisse dans mes veines. Je veux me détacher de lui, mais chaque fibre de mon être me crie de ne pas le repousser.
Je ferme les yeux un instant, tentant de maîtriser la tempête intérieure qui m’envahit.
— "Je ne serai pas une de tes conquêtes." Je souffle ces mots, mais même moi, je sais qu'ils ne sont pas sincères.
— "Tu ne choisis pas, Alessia." Il murmure près de mon oreille, son corps se pressant contre le mien. "Tu n’as jamais eu ce pouvoir."
Je sens son souffle, l’électrisation de son contact. Il est dangereux, mais il m’attire. Et, pour une raison que je ne comprends pas, je me laisse emporter dans cette danse.
Je l’observe, toujours figée dans cette lutte intérieure. Alessia est une femme complexe. Une femme que je ne peux pas simplement conquérir avec des gestes ou des mots. Elle a cette capacité rare de me déstabiliser, de me mettre à l’épreuve, de défier ma domination. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de la désirer davantage.
Sa colère, son arrogance, sa douleur – tout cela forme une sorte de magnétisme qui m’attire. Elle lutte, mais chaque geste, chaque regard qu’elle me lance, montre que la guerre qu’elle mène contre moi n’est pas aussi simple qu’elle le prétend.
AlessiaLe soleil entre doucement dans la chambre, glissant à travers les voilages comme un voile doré. La lumière caresse ma peau, tendue et sensible, là où mon ventre s’arrondit chaque jour un peu plus. Ce ventre, ce secret vivant que je porte en moi, battant au rythme d’une vie nouvelle, fragile et puissante.Je sens la chaleur de Lorenzo à mes côtés, son souffle calme qui effleure ma peau, ses doigts qui cherchent les miens. Il dort encore, mais je sais qu’il m’observe, même dans ses rêves. Je tourne lentement la tête vers lui, nos regards se croisent dans un silence chargé d’émotions.Ses yeux sont lourds, pleins de cette lumière qui parle d’espoir, de désir et d’une tendresse infinie. Il s’approche doucement, sa main glisse sur ma joue, caresse mes lèvres entrouvertes, comme pour vérifier que je suis bien là, réelle, présente.— Tu es magnifique, murmure-t-il, la voix rauque de cette émotion que je ressens aussi.Un frisson me parcourt, un mélange de douceur et d’une attente brû
AlessiaLe soleil entre par la fenêtre, doux, chaud, presque timide.Il caresse ma peau tendue, arrondie, et semble prendre soin de ce secret que je porte.Un secret vivant. Un battement dans mon ventre.Je pose une main sur ce ventre qui s’arrondit chaque jour un peu plus, comme on touche un trésor fragile, une promesse née du feu et de la nuit.Lorenzo dort encore à mes côtés.Ses doigts effleurent doucement ma peau, glissant sur mon ventre comme pour sentir, lui aussi, ce miracle silencieux.Je souris, les yeux embués.Ce chemin que nous avons parcouru les douleurs, les luttes, les silences, les renoncements tout cela trouve aujourd’hui un sens profond, presque sacré.Ce bébé, c’est la vie que nous avons choisie ensemble.Un avenir.Un commencement.Je me redresse lentement.Lorenzo ouvre les yeux, me regarde.Dans son regard, il y a cette lumière, celle que j’ai apprise à reconnaître celle d’un homme qui a renoncé à fuir, qui a embrassé l’incertitude et la beauté du réel.— Il bou
LorenzoElle dort encore.Le plateau est vide. Le café bu. Les miettes oubliées.Mais la bague, elle, brille sur sa main comme une vérité nue.Je la regarde, allongée là, offerte à la lumière du matin.Pas apprêtée. Pas conquérante.Juste elle. Désarmée. Présente.Alessia, fiancée.Deux mots que je n’aurais jamais cru pouvoir prononcer un jour sans trembler.Et pourtant, ce matin, c’est le seul silence qui me tient debout.Je reste là, assis au bord du lit.Je ne bouge pas.Je ne veux pas la réveiller.Mais je ne peux plus dormir non plus.Parce que dans le silence de cette chambre,il y a un autre nom qui me brûle encore la poitrine.Un nom que je n’ai pas prononcé depuis des semaines, mais qui me suit comme une ombre.Valeria.Je baisse les yeux.Je me demande ce qu’elle dirait, si elle savait.Si elle voyait cette bague.Si elle comprenait ce que je suis en train de faire :vivre enfin sans elle.Je sens une vieille culpabilité se tordre en moi.Pas un regret. Pas un remords.Mais
AlessiaJe suis réveillée par une odeur que je reconnais entre mille.Le café.Pas celui d’un bar impersonnel, pas l’arôme trop fort des machines industrielles.Non. Celui qu’on fait avec soin, à la main, à feu doux, en silence.Celui qu’on prépare sans urgence.Celui qui dit : je suis déjà levé, et j’ai pensé à toi avant même de m’habiller.Je reste encore un instant dans l’entre-deux du sommeil.Les yeux clos, mais l’âme en éveil.J’écoute.Des bruits feutrés.Une tasse posée doucement.Un pas retenu sur le parquet.Le froissement délicat d’un torchon replié.Et puis…Sa voix.Basse. Un peu hésitante. Presque enfantine.— Tu peux ouvrir les yeux, Alessia.Je souris sans les ouvrir tout de suite.Je garde encore une seconde de plus cette chaleur en moi.Puis, doucement, j’obéis.Et ce que je découvre me coupe le souffle.Lorenzo.Debout au pied du lit, les cheveux en désordre, une chemise ouverte sur un t-shirt blanc.Dans ses mains, un plateau.Pas chargé à la hâte composé.Deux tas
AlessiaJe suis encore blottie contre lui.Pas tout à fait en paix.Mais entière.Son souffle dans mes cheveux.Ses doigts sur ma nuque.Sa présence, enfin offerte sans détour, sans masque.Je n’ose pas bouger.Je crains de rompre quelque chose de fragile, un fil à peine retissé entre nous.Mais ce n’est pas du silence qui nous tient.C’est une sorte de souffle commun.Un battement en duo.Lorenzo ne dit rien.Je l’écoute respirer.Et dans le noir, j’ai l’impression d’entendre son cœur.Pas seulement ses pulsations mais tout ce qu’il contient : les pertes, les choix, la fatigue… et ce reste de foi qui résiste.J’ose lever les yeux.Ses traits sont fatigués, tirés par la nuit, par les décisions brutales, par les mots qu’il a enfin dits.Mais il est beau.Pas le genre de beauté lisse, irréelle.Non.Le genre de beauté qu’on aime plus encore quand elle tremble un peu.Quand elle se laisse approcher.— Tu ne dors pas ? je murmure.Il secoue lentement la tête.— Pas encore.— À quoi tu pen
LorenzoJe suis resté là.Figé dans le silence qu’elle a laissé derrière elle.La porte a claqué doucement.Pas comme une fuite.Comme une réponse.Valeria est partie.Mais elle savait.Elle savait parce que je lui ai dit.Parce que je l’ai regardée dans les yeux.Et que j’ai prononcé son nom.Alessia.Pas comme une arme.Pas comme un aveu.Mais comme une vérité nue, nue à en saigner.Je n’ai pas menti.Je n’ai pas caché.Je n’ai pas minimisé.Elle a vacillé.Mais elle n’a pas cédé.Elle est partie droite, blessée, le regard rivé vers le haut de l’escalier.Elle savait qu’elle était là.Dans ma maison.Dans mon lit.Et moi… j’ai assumé.Pas pour me laver.Pas pour justifier.Mais parce que c’était la seule chose que je pouvais encore offrir sans trahir plus que je ne l’ai déjà fait.Je reste dans l’entrée un moment.Tout est silencieux.Mais ce n’est pas le silence du vide.C’est celui d’après l’impact.Celui où la poussière retombe, où le souffle revient, où la vérité s’installe comm