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Chapitre 2 : Le Feu sous la Glace

Author: Déesse
last update Huling Na-update: 2025-12-02 22:59:07

Clara

Trois jours. Trois jours depuis l'entrepôt, et l'image de la femme au regard de fauve ne la quitte pas. Clara est assise à son bureau, un bloc de verre et d'acier au sommet d'une tour, dominant la ville. Elle feuillette un rapport financier, mais les chiffres dansent devant ses yeux, insipides. Elle revoit la cicatrice sur la joue d'Alyss, l'insolence de son sourire. Elle ressent à nouveau la décharge presque douloureuse de leur doigts qui se frôlent.

C'est absurde. Dangereux. Elle, Clara Morano, héritière d'un empire bâti sur le sang et la ruse, distraite par un outil. Un outil tranchant, certes. Mortel, même. Mais un outil quand même.

Son téléphone vibre, la tirant de sa rêverie. Un message d'un numéro non enregistré. Une photo. La cible, "délicate", un rival qui empiétait sur son territoire. La photo est floue, prise à la hâte. On distingue une forme affaissée sur un sol carrelé.

Le message suivant arrive aussitôt.

—C'est réglé. Je veux l'autre moitié. En main propre. Un lieu public. Le café "L'Échappée", demain, 16h.

Clara sent son pouls s'accélérer. Ce n'était pas dans le protocole. Les paiements se font par virement, anonymes, propres. "En main propre". C'est un test. Une provocation. Et une partie d'elle, une partie qu'elle croyait enterrée sous des années de discipline, trouve cela terriblement excitant.

Elle tape une réponse laconique.

—D'accord.

---

Alyss

---

Alyss est attablée à une terrasse du café "L'Échappée", une main négligemment posée sur son genou, l'autre tournant une cuillère dans un expresso froid. Elle a choisi ce lieu pour sa banalité, ses grandes baies vitrées, son flux constant de gens normaux avec des vies normales. Un contraste parfait avec ce qui va se jouer ici.

Elle est arrivée en avance. Elle a repéré les issues, les angles morts, les visages qui se répètent. Rien. Clara a respecté les règles. Pour l'instant.

Elle la voit avant de la reconnaître. Une silhouette en manteau beige, élégante et discrète, qui traverse la rue d'un pas déterminé. Même sans son armure de tailleur noir et sans son garde du corps, elle émane une autorité qui fait écarter la foule sans même qu'elle ait à lever la main.

Alyss sent une pointe d'adrénaline, plus forte que celle qui précède un combat. C'est le frisson de la chasse, mais d'une nature différente. Plus complexe.

Clara s'assoit en face d'elle, posant son sac à main sur la table. Leurs regards se croisent.

— Vous êtes ponctuelle, dit Alyss, un sourire en coin.

— Je suis toujours ponctuelle. L'argent est là, répond Clara en sortant une enveloppe épaisse qu'elle glisse sur la table.

— Je n'en doute pas.

Alyss ne touche pas à l'enveloppe. Elle fixe Clara, buvant les détails de son visage. Les légers cernes sous ses yeux, trahissant peut-être une nuit d'insomnie. La tension parfaite de sa mâchoire.

— La cible a parlé, avant. Il a dit que votre oncle, Marco, n'appréciait pas votre… management moderne.

Le visage de Clara ne bouge pas, mais ses yeux se durcissent, se focalisant sur Alyss avec une intensité soudaine et glaçante.

— Mon oncle est un homme traditionnel. Il a du mal avec le changement.

— Apparemment, il a du mal avec vous. Il pense que vous êtes trop… émotionnelle. Instable.

Le mot "émotionnelle" frappe Clara comme une gifle. C'est l'insulte ultime dans son monde. Elle sent la colère monter, une vague brûlante qu'elle refoule immédiatement, la transformant en un froid plus intense.

— Où voulez-vous en venir ?

— Je voulais juste m'assurer que vous saviez d'où le vent souffle, patronne. Parfois, les tempêtes viennent de l'intérieur de la maison.

Elle avale une gorgée de son café froid, son regard jamais détaché de celui de Clara. Elle joue avec le feu. Elle veut voir la glace craquer.

— Vous semblez bien renseignée pour une simple exécutante.

— Je suis une investisseuse. J'investis dans ma propre survie. Et en ce moment, votre survie et la mienne semblent… liées.

Clara se penche légèrement en avant, sa voix n'est plus qu'un murmure que seules elles deux peuvent entendre.

— Faites attention, Alyss. Les outils qui deviennent trop curieux finissent souvent au rebut.

— Qui vous dit que je suis un outil ? Peut-être que je suis une partenaire. Peut-être que vous avez besoin de quelqu'un qui n'a pas peur de vous, de votre nom, de votre famille. Quelqu'un qui vous voit juste comme une femme. Une femme entourée de loups.

Le silence qui s'installe est lourd, épais, chargé de tous les non-dits. Le monde autour d'elles semble s'estomper. Clara sent un afflux de sang lui monter aux joues. Personne ne lui a jamais parlé ainsi. Personne. C'est une insulte. C'est une libération.

— Vous dépassez les bornes, souffle-t-elle.

— Je sais, répond Alyss sans ciller. C'est là que c'est intéressant, non ?

Soudain, le téléphone de Clara vibre. Elle jette un coup d'œil à l'écran. Un message de son chef de la sécurité. "Problème au dépôt du port. Incendie. On pense à un sabotage."

Le sang se retire de son visage. L'oncle Marco. Il frappe déjà.

Elle se lève brusquement, ramassant son sac. Le moment est rompu, la réalité du danger les rattrape.

— Nous sommes quittes, dit-elle en désignant l'enveloppe.

— Pour l'instant, réplique Alyss.

Clara tourne les talons et s'éloigne d'un pas vif. Alyss la regarde partir, le sourire aux lèvres. Elle a vu la peur, fugace, dans les yeux de Clara. Pas la peur de la mort, mais la peur de perdre le contrôle. Et elle a vu autre chose, aussi. Une étincelle de complicité. D'excitation partagée.

Elle prend l'enveloppe, épaisse et lourde, et la glisse dans la poche intérieure de son blouson. Ce n'est pas l'argent qui l'intéresse. C'est le jeu. C'est Clara.

Elle se lève à son tour et se fond dans la foule, sentant le poids de l'enveloppe contre sa poitrine. La guerre est déclarée. Et elle vient de choisir son camp. Pour le meilleur, et pour le pire.

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