LOGINIl est presque minuit quand je pousse la porte de la maison.
Richard est dans le salon, en peignoir, une tisane à la main.
Il lève les yeux, surpris de me voir rentrer si tard.
— où étais tu ? J’ai essayé de te joindre plusieurs fois en vain. Me demande-t-il, sans agressivité, mais avec cette inquiétude douce qui le caractérise.
Je m’approche. Je pose mon sac. Je souris.
— Je suis passée chez Beatrice, mon portable était sur vibreur dans mon sac. Ensuite j’avais besoin de prendre l’air… de penser un peu.
Il se lève, m’approche.
Je pourrais reculer. Prétexter la fatigue.
Mais non.
Je me hisse sur la pointe des pieds et l’embrasse.
Un baiser long, sans feu, sans frisson.
— Tu m’as manqué, dis-je.
Il me regarde, attendri.
— Tu es sûre que ça va ?
— Oui. J’ai juste envie de toi. Maintenant ici.
J’avais besoin, de me convaincre que c’était lui Richard l’amour de ma vie, qu’Eric ne représentait rien.
Richard ne dit rien de plus et me propose de regagner notre chambre.
On monte à l’étage, dans notre chambre silencieuse.
Il m’effleure avec cette tendresse que je connais par cœur.
Son corps suit un rituel.
Ses mains trouvent les mêmes endroits.
Ses soupirs sont familiers.
Et moi, je joue le jeu. Je réponds.
Mais je suis ailleurs. Il me mordille l’oreille droite, et soudain je pense à Eric. Je me resaisis.
Je ne ressens rien.
Pas de vague. Pas de feu.
Juste l’impression d’un devoir conjugal bien exécuté.
Et pourtant, je jouis.
Par automatisme.
Pour qu’il ne se doute de rien.
Quand il s’endort, paisible, tourné de mon côté, je me glisse lentement hors de ses bras.
Je vais dans la salle de bain.
Je m’observe dans le miroir.
Mes cheveux sont en bataille, mes lèvres encore rosées par ses baisers.
Mais je me sens sale.
Je me revois quelques heures plus tôt.
Le feu. Les gémissements. Mon corps vibrant.
Je repense à Éric.
À sa fougue. À ses mains voraces.
À sa manière de me regarder, comme si j’étais la seule femme au monde.
Et je pense à Richard.
À sa tendresse, devenue routine.
À ses gestes trop lisses.
À son amour sincère, mais figé.
Et pour la première fois…
Je me demande si je n’ai pas aimé l’infidélité.
Pas pour blesser.
Pas pour rendre la monnaie de sa pièce.
Mais parce qu’enfin, je me suis sentie vivante
Le lendemain, Je me réveille dans mon lit, seule.
Le soleil filtre à travers les rideaux, doux, presque ironique.
Je sens encore l’odeur d’Éric sur ma peau.
Mélange, de désir et de culpabilité.
Je reste allongée un long moment, le regard perdu au plafond.
La tête vide. Le corps encore lourd de la veille.
Je devrais pleurer, car je me sens sale. Je devrais me mettre à genoux. Supplier Dieu de laver mon âme. Mais même Lui… je n’ose plus Le regarder…Je n’arrive pas à pleurer, rien ne vient.
Je suis… calme. Trop calme.
Richard est déjà parti.
Un mot posé sur la table de nuit, d’une écriture rapide :
« Réunion tôt ce matin. Je t’embrasse. »
Aucune mention de la soirée précédente.
Aucune suspicion.
Je me traîne jusqu’à la cuisine.
Je me fais une tisane, le regard figé sur la vapeur.
Et soudain, la réalité m’éclate à la figure :J’ai couché avec le fiancé de ma meilleure amie.
Et pire encore : j’ai aimé ça.
Je me repasse la scène.
Les mains d’Éric. Sa bouche.
Mon plaisir.
Pas une seule seconde je n’ai pensé à Edith.
Pas une seule fois je n’ai culpabilisé d’être dans ce bureau, à la place d’une autre. Je préviens l’école que je ne viendrai pas travailler aujourd’hui.
Le téléphone vibre.
C’est Edith.
Je le fixe comme une bombe à retardement.
Dois-je répondre ?
Faire semblant ?
Écouter sa voix, après avoir gémi dans celle de son homme ?
Je finis par décrocher, la voix posée.
— Allô ?
— Angélique ! Ma chérie, je suis K.O ! On s’est couchés super tard avec Éric, mais alors je n’ai pas arrêté de penser à notre voyage à venir ! Tu penses toujours à la surprise pour Richard ?
Je souris. Un sourire amer, figé.
— Oui. Bien sûr… j’y pense.
— On se voit aujourd’hui ? On pourrait finaliser tout ça. Et j’ai trop envie de te parler… Hier pour la première fois Eric m’a tourné le dos au lit. Il ne m’a pas touché…
Mon estomac se tord.
Un frisson me traverse la nuque.
Je réponds d’une voix douce :
— Pas aujourd’hui, Edith. J’ai une migraine… Je vais me reposer.
— Oh ma pauvre… OK, on reporte. Soigne-toi bien !
Elle raccroche.
Je reste là, figée, le téléphone encore collé à mon oreille.
La tisane a refroidi.
Il baisse ma cicatrice de césarienne. Et enleva entièrement ma robe. Puis, il me retira ma lingerie l'une après l'autre. Le jazz en sourdine accompagnait ses gestes avec harmonie. Tout était parfait. Sauf moi et ma honte.Je crus sentir, un bref instant, le poids de ma bague d’épouse brûler mon doigt. Je brûlais de désir et de honte. Qu'est ce que j'étais entrain de faire ? Il me fixait comme si j’étais un chef-d'œuvre qu’il craignait de profaner. Ses gestes étaient doux, mais empreints d’une audace que je n’avais pas soupçonnée chez lui. Je sentais battre mon cœur contre ma poitrine, un mélange de honte et d’excitation que je n’avais pas connu depuis des années. Lorsqu’il effleura ma joue, un frisson me parcourut. Ce contact simple, presque timide, eut raison de toutes mes résistances. Je n’étais plus la patronne, ni l’épouse trahie. J’étais une femme. Une femme qu’on regardait, qu’on désirait. Il posa ses lèvres sur les miennes avec une lenteur désarmante, comme si le monde
Je ne trouvai rien à répondre. Il se leva, contourna le bureau, et se posta derrière moi. Ses doigts frôlèrent mon épaule pour repositionner l’écran. Un simple geste, professionnel en apparence. Mais sa main resta posée une seconde de trop. Je retins mon souffle. Mon corps réagit avant ma raison. — Richard… murmurai-je, sans me retourner. — Oui ? — Vous devriez rentrer. Il est tard. — Pas avant d’être sûr que vous allez bien. Je fermai les yeux. Ses doigts glissèrent lentement de mon épaule jusqu’à mon avant-bras, effleurant ma peau nue. Un courant électrique me traversa. Ce simple contact me rappela combien j’avais été privée d’attention, de douceur. Combien j’avais eu froid, trop longtemps. Je me levai brusquement. — C’est… c’est mieux qu’on en reste là, dis-je, la voix tremblante. Il fit un pas en arrière, gêné. — Excusez-moi, je n’aurais pas dû. Je pris une grande inspiration. — Non. Ce n’est pas… ce n’est pas vous. C’est moi. Nos regards
Les semaines qui ont suivi, je m’étais jetée dans le travail comme on se jette à l’eau pour ne pas penser à sa peur de se noyer. Les journées s’enchaînaient sans que je les voie passer. C'était les grandes vacances, et mes deux plus grands enfants partirent en colonie, tandis que la plus jeune restait chez mes parents. Réunions, contrats, nouveaux partenaires, projections financières… Tout m’allait, tant que je ne devais pas penser à Henri. Il restait d'ailleurs avec sa maîtresse. Je ne voulais surtout pas le voir. Malgré mon intervention il s'evertuait à m'appeler, me laisser des messages. Il me faisait même livrer des fleurs et du chocolat parfois. Au bureau, j’étais redevenue la patronne : droite, exigeante, irréprochable. Le ton tranchant, les décisions rapides, les émotions verrouillées. Mais quand la nuit tombait, que les bruits de la ville s’éteignaient peu à peu, le silence revenait me mordre. Alors, tout me rattrapait : la honte, la colère, et surtout la peur du r
Le lendemain matin, quand j’ouvris les yeux, Henri dormait encore. Il ronflait bruyamment, allongé sur le ventre, la bouche entrouverte, il avait l’air paisible, presque innocent. J’eus un instant de vertige — l’image de l’homme que j’avais tant aimé, superposée à celle du menteur qui m’avait brisée. Je m'en voulais de l'avoir laissé me prendre encore une fois la nuit dernière. Je le regardai longuement, sans tendresse, sans haine non plus. Juste un constat froid : cet homme ne m’appartenait plus. Je sortis du lit avec précaution, ramassai mes vêtements épars, m’habillai lentement, en silence. Chaque geste semblait une reprise de contrôle. En enfilant ma chemise, je me dis que je n’étais pas qu’une femme trompée. J’étais Béatrice O., cheffe d’entreprise, mère, une femme respectée. Et j’allais reprendre ma place — la mienne, pas celle qu’il voulait me laisser. Je laissai un mot bref sur la table de chevet : > “Je rentre à la capitale. Ne m’appelle pas. J'ai besoin de réfléchir. En
Il était à peine cinq heures du matin quand j’entendis la porte s'ouvrir. J’avais à peine fermé l’œil. Henri entra, je feins d'être endormie. Il posa sa veste, se déchaussa silencieusement et s’approcha du lit. Je me raidis sous les draps. Mais il savait que j'étais eveillée — Béa… chuchota-t-il, sa main caressant mon épaule nue. Je ne bougeai pas. - Béa je sais que tu ne dors pas. Poursuivitil en descendant plus bas, beaucoup plus. Excuse moi. Je me retournai brusquement, glaciale. — Ne me touche pas. Il sourit faiblement, comme s’il ne m’entendait pas. Puis il se pencha, déposant un baiser dans mon cou. Mon corps, malgré moi, frissonna. J’avais envie de le repousser, de hurler, mais une part de moi se souvenait encore de l’homme que j’avais aimé, celui qui savait réveiller en moi la tigresse endormie. Ses mains descendirent lentement, pressantes, habiles. Il murmurait : — Béa… tu es ma femme. Personne ne pourra jamais prendre ta place. Personne. Laisse-moi te le pro
Quelques heures plus tard, dans la soirée Henri, mon époux adultère me rejoint dans notre chambre d'hôtel. Un silence lourd envahit la pièce tandis que je fais mine de l'ignorer un livre à la main. Il s'approche de moi, me prend la main, pose mon livre sur le lit, et s'agenouille en face de moi. - Béa, ma chérie pardonne moi, dit il l'air contrit. Je ne dis rien.Je garde la tête baissée. Des larmes de rage ruissellent sur mes joues. Il les nettoie, me prend dans ses bras, se confond en supplications, martelant qu'il m'aime toujours. Je le repousse. - Menteur! Tu ne m'aimes plus, sinon tu ne m'aurais pas fait ça. Que ne t'ai je pas donner? N'ai je pas rempli mon rôle d'épouse à tes côtés ?ok, je ne suis plus assez fraîche et belle comme au début de notre relation.C'edt normal très cher. J'ai connu plusieurs maternités, et encore aujourd'hui je me fais draguer. D'ailleurs toi non plus tu n'es plus celui que tu étais jadis. Non mais tu t'es regarder ? Je t'ai connu avec des a







