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" Je me sens sale"

Penulis: Kainte
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-18 19:26:05

Il est presque minuit quand je pousse la porte de la maison.

Richard est dans le salon, en peignoir, une tisane à la main.

Il lève les yeux, surpris de me voir rentrer si tard.

— où étais tu ? J’ai essayé de te joindre plusieurs fois en vain. Me demande-t-il, sans agressivité, mais avec cette inquiétude douce qui le caractérise.

Je m’approche. Je pose mon sac. Je souris.

— Je suis passée chez Beatrice, mon portable était sur vibreur dans mon sac. Ensuite j’avais besoin de prendre l’air… de penser un peu.

Il se lève, m’approche.

Je pourrais reculer. Prétexter la fatigue.

Mais non.

Je me hisse sur la pointe des pieds et l’embrasse.

Un baiser long, sans feu, sans frisson.

— Tu m’as manqué, dis-je.

Il me regarde, attendri.

— Tu es sûre que ça va ?

— Oui. J’ai juste envie de toi. Maintenant ici.

J’avais besoin, de me convaincre que c’était lui Richard l’amour de ma vie, qu’Eric ne représentait rien.

Richard ne dit rien de plus et me propose de regagner notre chambre.

On monte à l’étage, dans notre chambre silencieuse.

Il m’effleure avec cette tendresse que je connais par cœur.

Son corps suit un rituel.

Ses mains trouvent les mêmes endroits.

Ses soupirs sont familiers.

Et moi, je joue le jeu. Je réponds.

Mais je suis ailleurs. Il me mordille l’oreille droite, et soudain je pense à Eric. Je me resaisis.

Je ne ressens rien.

Pas de vague. Pas de feu.

Juste l’impression d’un devoir conjugal bien exécuté.

Et pourtant, je jouis.

Par automatisme.

Pour qu’il ne se doute de rien.

Quand il s’endort, paisible, tourné de mon côté, je me glisse lentement hors de ses bras.

Je vais dans la salle de bain.

Je m’observe dans le miroir.

Mes cheveux sont en bataille, mes lèvres encore rosées par ses baisers.

Mais je me sens sale.

Je me revois quelques heures plus tôt.

Le feu. Les gémissements. Mon corps vibrant.

Je repense à Éric.

À sa fougue. À ses mains voraces.

À sa manière de me regarder, comme si j’étais la seule femme au monde.

Et je pense à Richard.

À sa tendresse, devenue routine.

À ses gestes trop lisses.

À son amour sincère, mais figé.

Et pour la première fois…

Je me demande si je n’ai pas aimé l’infidélité.

Pas pour blesser.

Pas pour rendre la monnaie de sa pièce.

Mais parce qu’enfin, je me suis sentie vivante

Le lendemain, Je me réveille dans mon lit, seule.

Le soleil filtre à travers les rideaux, doux, presque ironique.

Je sens encore l’odeur d’Éric sur ma peau.

Mélange, de désir et de culpabilité.

Je reste allongée un long moment, le regard perdu au plafond.

La tête vide. Le corps encore lourd de la veille.

Je devrais pleurer, car je me sens sale. Je devrais me mettre à genoux. Supplier Dieu de laver mon âme. Mais même Lui… je n’ose plus Le regarder…Je n’arrive pas à pleurer, rien ne vient.

Je suis… calme. Trop calme.

Richard est déjà parti.

Un mot posé sur la table de nuit, d’une écriture rapide :

« Réunion tôt ce matin. Je t’embrasse. »

Aucune mention de la soirée précédente.

Aucune suspicion.

Je me traîne jusqu’à la cuisine.

Je me fais une tisane, le regard figé sur la vapeur.

Et soudain, la réalité m’éclate à la figure :J’ai couché avec le fiancé de ma meilleure amie.

Et pire encore : j’ai aimé ça.

Je me repasse la scène.

Les mains d’Éric. Sa bouche.

Mon plaisir.

Pas une seule seconde je n’ai pensé à Edith.

Pas une seule fois je n’ai culpabilisé d’être dans ce bureau, à la place d’une autre. Je préviens l’école que je ne viendrai pas travailler aujourd’hui.

Le téléphone vibre.

C’est Edith.

Je le fixe comme une bombe à retardement.

Dois-je répondre ?

Faire semblant ?

Écouter sa voix, après avoir gémi dans celle de son homme ?

Je finis par décrocher, la voix posée.

— Allô ?

— Angélique ! Ma chérie, je suis K.O ! On s’est couchés super tard avec Éric, mais alors je n’ai pas arrêté de penser à notre voyage à venir ! Tu penses toujours à la surprise pour Richard ?

Je souris. Un sourire amer, figé.

— Oui. Bien sûr… j’y pense.

— On se voit aujourd’hui ? On pourrait finaliser tout ça. Et j’ai trop envie de te parler… Hier pour la première fois Eric m’a tourné le dos au lit. Il ne m’a pas touché…

Mon estomac se tord.

Un frisson me traverse la nuque.

Je réponds d’une voix douce :

— Pas aujourd’hui, Edith. J’ai une migraine… Je vais me reposer.

— Oh ma pauvre… OK, on reporte. Soigne-toi bien !

Elle raccroche.

Je reste là, figée, le téléphone encore collé à mon oreille.

La tisane a refroidi.

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