MasukIsabella
La nuit est tombée sur la villa, enveloppant les jardins d'un manteau d'obscurité que même les puissants projecteurs ne parviennent pas à percer. Je me tiens devant la fenêtre de ma chambre, observant les gardes qui patrouillent en contrebas. Leurs silhouettes se découpent comme des ombres menaçantes dans la pénombre.
Mon cœur bat toujours la chamade depuis mon appel à Alessio. Chaque bruit, chaque pas dans le couloir me fait sursauter. Mais je dois garder mon calme. Jouer mon rôle.
La porte de ma chambre s'ouvre sans qu'on ait frappé. Dario. Il s'appuie contre le chambranle, une bouteille de vin à la main, deux verres entre ses doigts. Son regard sombre me parcourt, s'attardant sur la fine soie de ma chemise de nuit.
— Tu ne dormais pas ? demande-t-il en refermant la porte derrière lui.
— Non. Je... je n'arrivais pas à trouver le sommeil.
Il verse le vin rouge sang dans les verres, me tendant l'un d'eux. Nos doigts se frôlent, et je réprime un frisson.
— Bois. Cela te détendra.
Je porte le verre à mes lèvres, le liquide riche et épais coulant dans ma gorge. Je le sens qui réchauffe mon estomac, détend mes muscles tendus.
— Leo est bien installé ? demandé-je, cherchant un sujet neutre.
— Il dort profondément. Maria veille sur lui.
Il pose son verre et s'approche de moi. Ses mains se posent sur mes épaules, ses doigts massant doucement ma nuque raide.
— Tu es toujours si tendue, Isabella. Quand comprendras-tu que je ne te veux que du bien ?
Je ferme les yeux, laissant sa voix profonde résonner en moi. C'est toujours comme cela. La menace, puis la douceur. La cruauté, puis l'affection. Un cycle infernal qui m'a maintenue prisonnière toutes ces années.
Ses lèvres effleurent mon cou, et je ne peux réprimer un frisson cette fois. Mon corps répond au sien, trahissant mon esprit qui le hait. C'est la malédiction de notre relation. Cette attraction toxique, primitive, qui survit à tout.
— Dario..., murmurai-je, ma voix étranglée.
— Chut. Ne parle pas.
Il me tourne vers lui, ses yeux noirs plongeant dans les miens. Dans leur profondeur, je vois tout ce qui nous unit et nous détruit à la fois. La passion, la possession, la haine, le désir.
Ses lèvres capturent les miennes dans un baiser qui n'est ni tendre ni doux. C'est une revendication, une marque de propriété. Et contre toute raison, mon corps répond, mes bras s'enroulant autour de son cou.
Je sais que je devrais résister. Que chaque caresse est un lien supplémentaire qui m'attache à lui. Mais il y a une part de moi, profonde et sombre, qui a besoin de cette passion comme on a besoin d'air pour respirer.
Il me soulève dans ses bras et me porte vers le lit. La soie des draps est froide contre ma peau brûlante. Il se penche sur moi, ses mains parcourant mon corps avec une familiarité qui me trouble.
— Tu vois ? murmure-t-il entre deux baisers. Nous sommes faits l'un pour l'autre. Ton corps le sait, même si ton esprit le nie.
Je veux protester, mais les mots meurent dans ma gorge quand ses lèvres trouvent mon sein. Mes doigts s'enfoncent dans ses cheveux, l'attirant plus près encore.
Dans l'obscurité, entre les draps froissés, nos corps s'affrontent et s'unissent. Chaque caresse est une bataille, chaque gémissement une reddition. Je hais ce qu'il me fait, je hais ce que je deviens entre ses bras, mais je ne peux m'arrêter.
Quand le plaisir final nous submerge, c'est comme un tremblement de terre qui ébranle tout mon être. Je crispe les draps dans mes poings, un cri étouffé s'échappant de mes lèvres.
Il reste un moment sur moi, son souffle chaud contre mon cou. Puis il se retire, allumant une cigarette. La lueur de la flamme éclaire son profil dur.
— Tu vois, Isabella ? Tout le reste n'est qu'illusion. Cela, entre nous, c'est la seule vérité.
Je me lève, enroulant le drap autour de mon corps comme une armure. Je me regarde dans le miroir et vois une étrangère. Une femme dont le visage est marqué par le plaisir alors que son cœur est rempli de haine.
— Est-ce suffisant, Dario ? Un corps qui répond au tien ? Est-ce tout ce que tu veux de moi ?
Il se lève et vient se poster derrière moi, ses mains se refermant sur mes hanches. Nos regards se croisent dans le miroir.
— Je veux tout de toi. Ton corps, ton âme, ton obéissance. Et je l'aurai.
— Même si cela me tue ?
— Surtout si cela te tue.
Ses mots glacent mon sang. Je me détourne du miroir, incapable de supporter mon reflet plus longtemps.
— Je veux voir Leo demain matin.
— Bien sûr. Tant que tu te souviendras de ta place.
Il s'habille avec une élégance naturelle, comme si nous venions de partager un moment tendre et non une lutte de pouvoir destructrice.
À la porte, il se retourne.
— Cette nuit m'a rappelé à quel point nous sommes liés, Isabella. N'oublie jamais que peu importe jusqu'où tu fuis, ton corps te ramènera toujours à moi.
Quand la porte se referme, je m'effondre sur le lit, l'odeur de lui encore sur ma peau. Les larmes que je retenais depuis des heures coulent enfin.
Je me déteste. Je me déteste pour ma faiblesse, pour cette trahison de mon propre corps. Mais au milieu de cette honte, une nouvelle détermination naît.
Cette nuit n'était pas une reddition. C'était une préparation. Une manière de le rendre vulnérable, de l'endormir dans un faux sentiment de sécurité.
Je me lève et marche jusqu'à la salle de bain. Sous le jet brûlant de la douche, je frotte ma peau jusqu'à ce qu'elle soit rouge, essayant d'effacer sa trace. Mais certaines marques sont plus profondes que la surface.
Quand je sors de la douche, mon visage dans le miroir a changé. La honte a cédé la place à une froide résolution.
Dario a raison sur une chose : nous sommes liés. Mais pas par l'amour ou la passion. Nous sommes liés par une danse mortelle dont un seul pourra sortir vivant.
Et je viens de faire mon premier pas véritable dans cette danse.
Je m'habille avec soin, choisissant une robe qu'il aime particulièrement. Demain, quand il me verra, il ne verra que la femme soumise de cette nuit. Il ne verra pas la stratège qui prépare sa chute.
Car j'ai compris une chose essentiale : pour vaincre un homme comme Dario, je dois d'abord apprendre à l'aimer.
Ou du moins, à lui faire croire que je l'aime.
Et dans ce jeu dangereux, mon corps n'est plus une faiblesse, mais une arme. Ma passion n'est plus une prison, mais une clé.
Une clé qui ouvrira bientôt les portes de sa propre perte.
DarioLe bureau sent le cuir et le pouvoir. Assis dans mon fauteuil, je regarde les écrans de surveillance. Isabella dort enfin. Sa silhouette paisible me trompe un instant, mais je connais trop bien les tempêtes qui se cachent derrière son calme apparent.La nuit dernière m'a rappelé une vérité essentielle : elle m'appartient corps et âme. Même ses tentatives de rébellion ne sont que des épisodes passagers dans le récit immuable de notre relation.Mon téléphone vibre. Alessio. Le nom s'affiche comme une provocation.— Dario. Nous devons parler.Sa voix est trop calme, trop contrôlée. Je sens le piège à des kilomètres.— Parle.— J'ai des informations qui pourraient t'intéresser. Concernant tes activités portuaires.Un froid me parcourt l'échine. Personne ne devrait connaître ces détails.— Où veux-tu en venir, Alessio ?— Au Grand Hôtel. Ce soir. Viens seul.La ligne se coupe. Je lance le téléphone contre le mur. Il explose en morceaux. Alessio sait. Mais comment ?Mes hommes entrent
IsabellaLa nuit est tombée sur la villa, enveloppant les jardins d'un manteau d'obscurité que même les puissants projecteurs ne parviennent pas à percer. Je me tiens devant la fenêtre de ma chambre, observant les gardes qui patrouillent en contrebas. Leurs silhouettes se découpent comme des ombres menaçantes dans la pénombre.Mon cœur bat toujours la chamade depuis mon appel à Alessio. Chaque bruit, chaque pas dans le couloir me fait sursauter. Mais je dois garder mon calme. Jouer mon rôle.La porte de ma chambre s'ouvre sans qu'on ait frappé. Dario. Il s'appuie contre le chambranle, une bouteille de vin à la main, deux verres entre ses doigts. Son regard sombre me parcourt, s'attardant sur la fine soie de ma chemise de nuit.— Tu ne dormais pas ? demande-t-il en refermant la porte derrière lui.— Non. Je... je n'arrivais pas à trouver le sommeil.Il verse le vin rouge sang dans les verres, me tendant l'un d'eux. Nos doigts se frôlent, et je réprime un frisson.— Bois. Cela te détend
IsabellaTrois jours se sont écoulés depuis ma signature. Trois jours où j'ai joué le rôle de la prisonnière docile. Je me suis laissée habiller par les servantes, j'ai mangé ce qu'on m'a servi, j'ai souri quand on m'a dit de sourire. Chaque geste est calculé, chaque expression soigneusement chorégraphiée.Ce matin, comme chaque matin depuis mon retour, on m'amène Leo pour le petit-déjeuner. Maria, la nounou, reste discrètement dans un coin de la pièce, ses yeux ne nous quittant pas. Des caméras de surveillance sont braquées sur nous. Dario veut s'assurer que je respecte nos nouveaux arrangements.— Maman, tu viens jouer dans ma chambre aujourd'hui ? demande Leo en croquant dans ses céréales.Sa voix innocente me transperce le cœur. Je caresse ses cheveux, forçant un sourire tranquille.— Bien sûr, mon cœur. Mais seulement si tu finis bien ton petit-déjeuner.Je sens le regard de Maria peser sur moi. Elle rapportera chaque mot, chaque geste à Dario. Je suis devenue une actrice dans ma
IsabellaLes portes de la villa se referment derrière nous avec un bruit sourd qui résonne comme un verrou qui scelle mon destin. Le son des serrures qui grincent me glace le sang. Leo, réveillé par les mouvements, se blottit contre moi, ses petits doigts agrippant mon manteau. Ses yeux, si semblables à ceux de Dario, sont écarquillés par la peur.— Maman, on est où ?— À la maison, mon cœur, je murmure en le serrant plus fort contre moi.Mais cette maison n'a jamais été un foyer. C'est une cage dorée, un piège magnifique dont je n'ai jamais réussi à m'échapper.Dario marche devant nous, son costume noir épousant parfaitement sa carrure imposante. Il ne se retourne pas, certain que nous le suivrons. Et il a raison. Ses hommes nous encadrent, silencieux, menaçants.Nous montons le large escalier de marbre. Chaque marche me rapproche un peu plus de ma prison. Leo commence à pleurnicher, sentant la tension qui nous enveloppe.— Chut, mon amour, tout va bien, je le rassure d'une voix que
IsabellaLe moteur de la voiture tousse une dernière fois avant de se taire. Le silence qui envahit l’habitacle est plus assourdissant que n’importe quel bruit. Je serre le volant jusqu’à ce que mes jointures blanchissent, mes yeux fixant la route déserte qui serpente à travers la forêt. C’est censé être la liberté. Cette fois, c’est la bonne. Je le sens.Je me retourne pour vérifier. Leo, mon ange, dort profondément, blotti contre son doudou, inconscient du précipice sur lequel nous nous tenons. Pour lui. Tout est pour lui. Je repousse une mèche de ses cheveux, si semblables à ceux de son père, et une vague de nausée me submerge. Pas maintenant. Je ne dois pas penser à Dario maintenant.Soudain, les phares déchirent l’obscurité derrière moi. Deux yeux blancs et froids qui grandissent à une vitesse terrifiante. Mon cœur cesse de battre. Non. Pas déjà. Pas si vite.La voiture, une berline noire et luisante, me dépasse et se range en travers de la route, bloquant tout passage. Je ne peu