MasukDario
Le bureau sent le cuir et le pouvoir. Assis dans mon fauteuil, je regarde les écrans de surveillance. Isabella dort enfin. Sa silhouette paisible me trompe un instant, mais je connais trop bien les tempêtes qui se cachent derrière son calme apparent.
La nuit dernière m'a rappelé une vérité essentielle : elle m'appartient corps et âme. Même ses tentatives de rébellion ne sont que des épisodes passagers dans le récit immuable de notre relation.
Mon téléphone vibre. Alessio. Le nom s'affiche comme une provocation.
— Dario. Nous devons parler.
Sa voix est trop calme, trop contrôlée. Je sens le piège à des kilomètres.
— Parle.
— J'ai des informations qui pourraient t'intéresser. Concernant tes activités portuaires.
Un froid me parcourt l'échine. Personne ne devrait connaître ces détails.
— Où veux-tu en venir, Alessio ?
— Au Grand Hôtel. Ce soir. Viens seul.
La ligne se coupe. Je lance le téléphone contre le mur. Il explose en morceaux. Alessio sait. Mais comment ?
Mes hommes entrent, alertés par le bruit.
— Tout va bien, patron ?
— Sortez.
Je me lève et marche jusqu'à la fenêtre. La vue sur la mer devrait m'apaiser, mais aujourd'hui, les vagues ressemblent à des lames prêtes à me trancher la gorge.
Isabella. Ce ne peut être qu'elle. Seule elle a eu l'opportunité, ces derniers jours. La colère monte en moi, brûlante et noire.
Isabella
Je déjeune avec Leo quand Dario entre dans la salle à manger. Son regard me transperce, et je sais immédiatement qu'il sait quelque chose.
— Maria, emmène Leo.
Sa voix est dangereusement calme. La nounou obéit rapidement, emmenant mon fils qui me lance un regard inquiet.
Dès que la porte se referme, Dario se précipite vers moi. Sa main s'enroule dans mes cheveux, me forçant à lever la tête.
— Qu'as-tu fait, Isabella ?
— Je ne sais pas de quoi tu parles.
Sa gifle est si violente que ma tête part sur le côté. Le goût du sang envahit ma bouche.
— Alessio. Comment a-t-il eu des informations sur mes affaires ?
Mon cœur s'emballe. Comment a-t-il découvert si vite ?
— Je... je ne connais même pas cet homme.
— Mentresse !
Il me pousse contre la table, la vaisselle se brisant autour de nous. Son visage est si près du mien que je peux voir la folie dans ses yeux.
— Tu crois pouvoir me trahir ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ?
— Ce que tu as fait pour moi ? Tu m'as emprisonnée ! Tu as volé mon fils !
Ma voix est devenue un cri. Pour la première fois, je ne cache plus ma haine.
Il recule, un sourire cruel aux lèvres.
— Parfait. Enfin la vérité. Maintenant, tu vas voir ce qui arrive à ceux qui me trahissent.
Dario
Je la traîne jusqu'au sous-sol. Elle se débat, me griffe, me mord. Sa résistance ne fait qu'attiser ma rage.
La pièce est spartiate, sans fenêtre. Je l'attache à une chaise. Ses yeux brillent de larmes et de défi.
— Parle, Isabella. Dis-moi ce que tu as dit à Alessio.
— Va au diable.
Je sors mon couteau. La lame étincelle sous la lumière froide.
— Tu sais combien de personnes ont regretté de m'avoir défié dans cette pièce ?
— Tu ne me feras pas peur, Dario.
— Ce n'est pas toi que je vais faire souffrir.
Je vois la compréhension puis la terreur dans ses yeux.
— Leo. S'il te plaît, pas Leo.
— Alors parle.
Isabella
Je regarde la lame briller. Mon esprit fonctionne à toute vitesse. Si je parle, nous mourrons. Si je me tais, Leo souffrira.
— J'ai... j'ai pris le téléphone de Marco. J'ai appelé Alessio. Je lui ai proposé un marché.
Les mots sortent dans un sanglot. Dario écoute, son visage un masque de pierre.
— Quel marché ?
— Des documents contre notre protection.
Il rit, un son horrible et dépourvu d'humour.
— Tu crois qu'Alessio te protégerait ? Tu n'es qu'un pion pour lui. Comme tu l'es pour moi.
— Au moins, j'aurais essayé !
— Essayé de détruire notre famille ? Notre vie ?
— Quelle vie ? Je suis ta prisonnière depuis le début !
Soudain, la porte s'ouvre. Marco entre, le visage pâle.
— Patron, Alessio est ici. Avec des hommes.
Dario
Alessio. Ici. Dans ma maison. L'audace du geste me laisse sans voix un instant.
Je jette un dernier regard à Isabella.
— Cette conversation n'est pas terminée.
Je sors, verrouillant la porte derrière moi. Dans le hall, Alessio m'attend, souriant, entouré de ses gardes.
— Dario. Quelle maison charmante.
— Comment as-tu osé venir ici ?
— Ta femme m'a invité.
Le coup est porté avec une précision chirurgicale. Je sens la rage m'aveugler.
— Isabella n'invite personne. Elle m'appartient.
— Appartient ? Le mot est intéressant. Sais-tu ce que la loi dit sur la séquestration ?
Je ris. La loi. Dans notre monde, la loi n'est qu'une suggestion.
— Sors de chez moi, Alessio.
— Pas sans Isabella.
Le silence qui suit est plus lourd que tous les cris du monde. Il veut me défier dans ma propre maison. Pour une femme.
Isabella
J'entends les voix étouffées qui viennent de l'étage. Alessio est venu. Plus tôt que prévu.
Je me débats contre mes liens, mais elles sont trop serrées. La peur me tenaille. Si Dario gagne, Leo et moi sommes morts. Si Alessio gagne, je passe simplement d'un geôlier à un autre.
Soudain, la porte du sous-sol s'ouvre. Ce n'est pas Dario. Ce n'est pas Alessio.
C'est Viktor.
Son sourire est pire que tout ce que j'ai vu aujourd'hui.
— Isabella. Quelle situation délicate.
— Viktor ? Comment...
— J'ai mes entrées. Et il semble que ton petit jeu ait créé l'opportunité parfaite.
Il s'approche et coupe mes liens. Sa main est froide contre ma peau.
— Viens. Pendant que les deux chiens se battent pour l'os, nous allons récupérer ce qui compte vraiment.
— Leo !
— Exactement.
Il me tire vers une sortie dérobée que je ne connaissais même pas. Dans le couloir, Maria est inconsciente, et Leo pleure dans un coin.
— Maman !
Je le serre contre moi. Viktor nous pousse vers l'avant.
— Dépêchez-vous. Le spectacle ne durera pas éternellement.
Dario
Je fais face à Alessio, mes hommes derrière moi. Le hall ressemble à un champ de bataille avant l'assaut.
— Dernière chance, Alessio. Pars.
— Je ne partirai pas sans elle.
Soudain, Marco chuchote à mon oreille.
— Patron, Viktor est ici. Il a Isabella et l'enfant.
Le monde s'arrête de tourner. Viktor. Le plus dangereux de nous tous.
Alessio voit mon expression changer.
— Qu'y a-t-il, Dario ? Un problème ?
Je le regarde, et pour la première fois, je vois non pas un rival, mais un homme qui a été manipulé comme moi.
— Viktor. Il a Isabella.
La compréhension traverse son visage. En un instant, nous ne sommes plus deux hommes se battant pour une femme. Nous sommes deux protecteurs face à un prédateur.
— Où ? demande Alessio.
— Les souterrains.
Nous nous précipitons vers l'escalier, nos hommes derrière nous. La guerre peut attendre. Isabella et Leo sont en danger.
Isabella
Viktor nous entraîne à travers des passages que je ne soupçonnais pas. Leo pleure contre mon épaule.
— Où nous emmenez-vous ?
— Loin d'ici. Tu seras bien plus utile avec moi.
Sa voix est doucereuse, mais ses yeux sont morts.
Soudain, des pas précipités résonnent derrière nous. Viktor se retourne, son arme à la main.
Dario et Alessio apparaissent au bout du couloir, côte à côte. L'image est si surréaliste que je crois halluciner.
— Lâche-la, Viktor, gronde Dario.
— Je crois que non. Elle vient de choisir son camp.
— Elle n'a rien choisi du tout, rétorque Alessio. Elle essaie juste de survivre.
Viktor rit et me tire plus près de lui. Son arme est maintenant pressée contre ma tempe.
— La question est : combien vaut-elle pour vous ?
Leo hurle de terreur. Dans le couloir, je vois les deux hommes que je hais le plus au monde devenir, pour un instant, mes seuls espoirs.
Et je comprends que je viens de passer du statut de pion à celui de reine dans un jeu où l'échec signifie la mort.
DarioLe bureau sent le cuir et le pouvoir. Assis dans mon fauteuil, je regarde les écrans de surveillance. Isabella dort enfin. Sa silhouette paisible me trompe un instant, mais je connais trop bien les tempêtes qui se cachent derrière son calme apparent.La nuit dernière m'a rappelé une vérité essentielle : elle m'appartient corps et âme. Même ses tentatives de rébellion ne sont que des épisodes passagers dans le récit immuable de notre relation.Mon téléphone vibre. Alessio. Le nom s'affiche comme une provocation.— Dario. Nous devons parler.Sa voix est trop calme, trop contrôlée. Je sens le piège à des kilomètres.— Parle.— J'ai des informations qui pourraient t'intéresser. Concernant tes activités portuaires.Un froid me parcourt l'échine. Personne ne devrait connaître ces détails.— Où veux-tu en venir, Alessio ?— Au Grand Hôtel. Ce soir. Viens seul.La ligne se coupe. Je lance le téléphone contre le mur. Il explose en morceaux. Alessio sait. Mais comment ?Mes hommes entrent
IsabellaLa nuit est tombée sur la villa, enveloppant les jardins d'un manteau d'obscurité que même les puissants projecteurs ne parviennent pas à percer. Je me tiens devant la fenêtre de ma chambre, observant les gardes qui patrouillent en contrebas. Leurs silhouettes se découpent comme des ombres menaçantes dans la pénombre.Mon cœur bat toujours la chamade depuis mon appel à Alessio. Chaque bruit, chaque pas dans le couloir me fait sursauter. Mais je dois garder mon calme. Jouer mon rôle.La porte de ma chambre s'ouvre sans qu'on ait frappé. Dario. Il s'appuie contre le chambranle, une bouteille de vin à la main, deux verres entre ses doigts. Son regard sombre me parcourt, s'attardant sur la fine soie de ma chemise de nuit.— Tu ne dormais pas ? demande-t-il en refermant la porte derrière lui.— Non. Je... je n'arrivais pas à trouver le sommeil.Il verse le vin rouge sang dans les verres, me tendant l'un d'eux. Nos doigts se frôlent, et je réprime un frisson.— Bois. Cela te détend
IsabellaTrois jours se sont écoulés depuis ma signature. Trois jours où j'ai joué le rôle de la prisonnière docile. Je me suis laissée habiller par les servantes, j'ai mangé ce qu'on m'a servi, j'ai souri quand on m'a dit de sourire. Chaque geste est calculé, chaque expression soigneusement chorégraphiée.Ce matin, comme chaque matin depuis mon retour, on m'amène Leo pour le petit-déjeuner. Maria, la nounou, reste discrètement dans un coin de la pièce, ses yeux ne nous quittant pas. Des caméras de surveillance sont braquées sur nous. Dario veut s'assurer que je respecte nos nouveaux arrangements.— Maman, tu viens jouer dans ma chambre aujourd'hui ? demande Leo en croquant dans ses céréales.Sa voix innocente me transperce le cœur. Je caresse ses cheveux, forçant un sourire tranquille.— Bien sûr, mon cœur. Mais seulement si tu finis bien ton petit-déjeuner.Je sens le regard de Maria peser sur moi. Elle rapportera chaque mot, chaque geste à Dario. Je suis devenue une actrice dans ma
IsabellaLes portes de la villa se referment derrière nous avec un bruit sourd qui résonne comme un verrou qui scelle mon destin. Le son des serrures qui grincent me glace le sang. Leo, réveillé par les mouvements, se blottit contre moi, ses petits doigts agrippant mon manteau. Ses yeux, si semblables à ceux de Dario, sont écarquillés par la peur.— Maman, on est où ?— À la maison, mon cœur, je murmure en le serrant plus fort contre moi.Mais cette maison n'a jamais été un foyer. C'est une cage dorée, un piège magnifique dont je n'ai jamais réussi à m'échapper.Dario marche devant nous, son costume noir épousant parfaitement sa carrure imposante. Il ne se retourne pas, certain que nous le suivrons. Et il a raison. Ses hommes nous encadrent, silencieux, menaçants.Nous montons le large escalier de marbre. Chaque marche me rapproche un peu plus de ma prison. Leo commence à pleurnicher, sentant la tension qui nous enveloppe.— Chut, mon amour, tout va bien, je le rassure d'une voix que
IsabellaLe moteur de la voiture tousse une dernière fois avant de se taire. Le silence qui envahit l’habitacle est plus assourdissant que n’importe quel bruit. Je serre le volant jusqu’à ce que mes jointures blanchissent, mes yeux fixant la route déserte qui serpente à travers la forêt. C’est censé être la liberté. Cette fois, c’est la bonne. Je le sens.Je me retourne pour vérifier. Leo, mon ange, dort profondément, blotti contre son doudou, inconscient du précipice sur lequel nous nous tenons. Pour lui. Tout est pour lui. Je repousse une mèche de ses cheveux, si semblables à ceux de son père, et une vague de nausée me submerge. Pas maintenant. Je ne dois pas penser à Dario maintenant.Soudain, les phares déchirent l’obscurité derrière moi. Deux yeux blancs et froids qui grandissent à une vitesse terrifiante. Mon cœur cesse de battre. Non. Pas déjà. Pas si vite.La voiture, une berline noire et luisante, me dépasse et se range en travers de la route, bloquant tout passage. Je ne peu