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Chapitre 30

Author: lerougeecrit
last update Last Updated: 2025-12-17 02:00:07

Ava

La conscience revint non pas comme une lumière, mais comme une lente et nauséeuse remontée d'une eau poisseuse et glacée. Mon corps, engourdi, était l’hôte d’une douleur sourde et lancinante qui tambourinait dans mes tempes. Le goût dans ma bouche était chimique, amer, le sillage nauséabond du chiffon imbibé qui avait volé ma volonté. La drogue. Une agression furtive, un poison qui avait transformé ma détermination en une faiblesse de chair.

Je clignais des yeux, luttant contre les ombres. Mon estomac se tordait, menaçant de rejeter le peu que j'avais mangé. Je mis de longues secondes à reconstituer les fragments de la violence : l’étroitesse de la réserve de ma galerie, l’odeur âcre, la main brutale sur ma bouche, et la silhouette de Paul, son regard figé, m’indiquant qu'il se battait déjà. Puis, le noir.

J’ai inspiré. L’air ici était saturé d’une humidité malsaine, de moisissure, de poussière de ciment et d’une pointe de dies

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    VincenzoJ’étais à des milliers de kilomètres de Naples, de mon soleil, et surtout, d’Ava. L’air de Moscou n’était pas seulement froid ; il était hostile. Un air tranchant, métallique, qui ne caressait pas mais pénétrait. Il s’insinuait sous le cachemire de mon manteau sur mesure, sous la soie de mon costume, comme un rappel de ma propre vulnérabilité, me dénudant jusqu’à l’os. C’était le froid du vide, de l’immensité glacée, et il m’offrait un contraste cruel avec la seule chaleur dont j’avais besoin : celle que je venais de quitter.Mon avion privé avait craché son ombre sur le tarmac quelques heures plus tôt. Maintenant, à l’intérieur du convoi blindé, les reflets des lampadaires russes glissaient sur la tôle, rapides et insaisissables, comme des ombres furtives. Dehors, la ville s’étirait, une succession de blocs de béton brutaliste et d’arbres squelettiques, dressant une prison de pierre et de glace.Matteo était à mes côtés, silencieux, une statue de vigilance. Son visage était

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    AvaLe réveil fut un lent retour à la surface d'une mer de cendres et de sel. La nuit s'était écoulée non pas dans une étreinte tendre, mais dans une fureur apaisée, la violence physique et verbale de la confrontation dans le bureau s'étant muée en une étreinte possessive et sans fin. Mon corps était une carte de l'orage passé, des contusions invisibles dans les endroits les plus intimes, le rappel qu'il m'avait prise avec l'urgence brute d'un homme qui craignait de tout perdre. J'étais une ancre pour son chaos, une faiblesse à protéger, et la seule preuve tangible de son héritage qui grandissait en moi.J'ouvris les yeux à la lumière filtrée qui peignait les draps de soie d'un or pâle. Le silence du matin était une caresse douce après les hurlements de la colère et les gémissements de l'extase. Je n'étais pas seule. Le poids de Vincenzo était sur moi, son bras lourd et protecteur jeté sur ma taille, le contact de sa peau chaude sur la mienne. Son souffle, chaud et régulier contre ma n

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    CoraL’attente est toujours l’arme la plus fine et la plus cruelle que l’on puisse utiliser contre les hommes de pouvoir. Ou, dans mon cas, contre soi-même. Elle distille le poison du doute, affûte le désir jusqu’à le rendre insupportable.J’étais debout devant la porte du bureau de Vincenzo, le Capo, mon employeur, mon maître. L’acajou sombre et massif de la porte absorbait non seulement la lumière du couloir, mais aussi tout son. Elle était une barrière physique, mais jamais une garantie de silence. C’était justement ce silence, lourd et métallique, qui me glaçait le sang plus que n’importe quel cri.À côté de moi, Matteo se tenait droit, une sentinelle taillée dans le marbre le plus froid. Il était l’ordre, la ligne droite, la discipline faite homme. Chaque milli

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    VincenzoL'attente était un poison lent, une torture que je m’infligeais moi-même dans le sanctuaire de marbre qui me servait de maison. Chaque seconde s’étirait, lourde, saturée de l’odeur âcre de la colère qui n’avait pas trouvé sa cible. Le grand hall du manoir, habituellement une démonstration d’ordre glacial et de pouvoir incontesté, était devenu une cage pour ma propre fureur. Je faisais les cent pas sur le sol de pierre polie, la semelle de mes chaussures claquant sur le marbre avec la précision d’un métronome fou. C’était le seul rythme que mon corps acceptait, le reflet du chaos qui s’était invité dans l’architecture parfaite de ma vie.Mon bureau gisait en ruines silencieuses – une confession de la rage que j’avais déversée sur le mobilier ancien après la trahison de Giovanni, ce rat qui rongeait les fondations de mon empire. Mais le tremblement de terre que je ressentais maintenant était différent, plus profond, plus viscéral.

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