Vincenzo
Rare et secrète. Chaque courbe, chaque frisson d’Ava, une énigme que je voulais déchiffrer, un trésor à explorer. Il était rare de voir mon épouse silencieuse si sarcastique, si pleine de cette flamme discrète qui venait de m’effleurer. Rare de l’entendre tout court, au-delà de quelques monosyllabes polies. Depuis notre mariage, nous nous étions croisés plus que nous ne nous étions parlé, comme deux étrangers qui partagent un couloir sans jamais se heurter, nos mondes se frôlant sans jamais s’entremêler. J’avais préféré que les choses restent ainsi : simples, nettes, silencieuses. Elle devait être la façade impeccable, la statue de marbre glacée derrière laquelle on dissimule les fissures d’un empire, les ombres d’une vie, les secrets inavouables de ma propre chair et de mes pulsions les plus sombres.
Mais ce soir-là... je la découvrais autrement. Sa nuisette de soie noire, légère comme un soupir volé, épousait les courbes de son corps avec une indécence élégante, une promesse à peine murmurée qui se lisait sur chaque parcelle de peau claire. La fine matière trahissait la naissance de ses seins, les pointes à peine visibles de ses tétons, dressés par le froid ou le trouble que je provoquais en elle, des perles tendues par le désir latent, appelant à la caresse, à la succion, à la morsure douce. Sa nuque, dénudée par un chignon lâche de ses longs cheveux bruns, offrait une tentation brûlante à ma bouche, un appel silencieux à une caresse défendue, à une morsure légère qui y laisserait ma marque, une marque de possession. Le clair de lune s’attardait sur elle comme un amant jaloux, peignant son corps de reflets argentés, révélant des ombres et des lumières sur sa peau laiteuse, chaque courbe une invitation, chaque creux un abîme de tentation où je rêvais de me noyer, de m’anéantir. Ses hanches fines se dessinaient sous le tissu, ses longues jambes, fuselées, un appel au voyage, à l’exploration patiente, à la possession la plus totale. Elle était une sainte, oui... Mais une sainte qui, vêtue ainsi, avait égaré son auréole en chemin, laissant derrière elle un sillage de tentation pure, un parfum enivrant de péché, de vice délicieux. Le désir s’était éveillé en moi, subreptice, puissant, un feu inattendu sous la glace de mon contrôle, une braise prête à s’enflammer, à consumer tout sur son passage. Je voulais effleurer la soie, sentir la chaleur vibrante de sa peau en dessous, glisser mes doigts sur la courbe douce de sa hanche, remonter lentement le long de sa cuisse, m’attarder sur l’entrejambe dissimulé, presser mes lèvres contre cette nuque offerte, la mordre, la sucer, goûter le trouble que je lisais dans son regard bleu saphir, la soif que j’y devinais, et la faire mienne, corps et âme, sans aucune retenue.
Je soupirai, le regard encore posé sur elle, un muscle tressautant imperceptiblement à ma mâchoire carrée, signe de ma lutte interne, de la bête affamée qui sommeillait en moi. Mes propres yeux marrons brûlaient d’une intensité contenue, promesse d’une fureur à venir.
« Vous devriez aller vous coucher, Ava, » dis-je, d’un ton que je voulais neutre mais qui portait un souffle plus rauque que prévu, une note de désir inavoué, une étreinte vocale qui la caressa, la frôla, l’enveloppa comme une main invisible.
« Oui... bien sûr, » répondit-elle, sa voix à peine un murmure, fragile comme une feuille caressée par le vent.
Elle tourna les talons, docile en apparence, sans même oser un regard en arrière, comme si elle craignait de se brûler à mon intensité, de se perdre dans le brasier que j’allumais en elle, un brasier de désir et de soumission. Ses joues s’étaient rosies, un blush délicat, une preuve de la danse de ses émotions, de son trouble. Honte ? Gêne ? Peut-être un reste de provocation mal assumée, une étincelle de rébellion qui m’avait séduit, et m’avait laissé avec un appétit vorace, un désir ardent de la conquérir, de la posséder, de la briser et de la refaire à ma guise.
Ava était toujours si mesurée, si sage, si parfaitement contenue. Et pourtant... cette docilité contenait quelque chose d’agaçant. Ou d’attirant. Je n’aurais su dire, et cette incertitude était en elle-même troublante, une invitation à percer ses mystères, à déshabiller son âme comme je rêvais de déshabiller son corps, couche par couche, secret après secret.
Je restai seul dans la cuisine. Je m’adossai à l’îlot central, le marbre froid sous mes doigts, et bu quelques gorgées d’eau fraîche, comme pour éteindre un feu que je n’osais nommer, une soif que je ne savais pas assouvir, mais que je commençais à vouloir explorer, à posséder, à en faire ma propriété exclusive.
Je murmurai, pour moi-même, avec un sourire à peine esquissé au coin des lèvres, un sourire de prédateur affamé, de loup guettant sa proie :
« Ava... si tu me provoques comme ça... je te ferai regretter de ne pas être plus sage. » La phrase resta en suspens, lourde de sous-entendus, une promesse de désir retenu, une menace douce et enivrante, une annonce de possession
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Le matin, le soleil filtrait à travers les lourds rideaux de velours cramoisis de la salle à manger, jetant des zébrures dorées sur le parquet ancien. En chemise blanche impeccable et pantalon sombre, mes muscles saillants sous le tissu, je lisais distraitement le journal, les yeux parcourant les lignes sans vraiment les assimiler. Le parfum intense de mon café italien flottait encore dans l’air, profond et amer, une amertume riche qui m’était familière, comme le goût du pouvoir, comme l’odeur du danger et du sang que je respirais au quotidien.
Je n’avais pas pour habitude de perdre mon temps au petit-déjeuner. Trop de responsabilités pesaient sur mes larges épaules. Trop de réunions, de pactes à nouer, de silences à entretenir, de sang à laver. Mais ce matin, j’étais resté là. Assis. Comme en attente. Une attente inavouée, un désir nouveau, inexploré, né de l’ombre d’une nuisette.
Les pas de mon épouse résonnèrent doucement dans le couloir. Je les reconnaissais déjà, ces pas : prudents, élégants, presque désolés d’exister, comme une mélodie discrète qui s’approchait, chaque note une approche de sa présence troublante, un chant silencieux qui m’attirait, m’envoûtait.
L’épouse De Luca entra, son corps enrobé d’une apparente innocence, mais dont je savais maintenant qu’il recelait des secrets. Elle portait un col roulé blanc, d’une pureté presque virginale, et un jean taille haute qui soulignait sa silhouette avec une sobriété ravageuse, un contraste saisissant avec la vision dénudée de la veille qui brûlait encore dans ma mémoire, laissant un sillage de tentation et de promesses inachevées. Lorsqu’elle m’aperçut, elle sembla surprise, un frisson léger la parcourut, une décharge électrique visible dans le tressaillement de ses épaules. Elle déglutit à peine, puis s’assit à l’autre bout de la table, le cœur battant plus vite qu’à l’ordinaire, trahissant son émoi, sa nervosité palpable, son trouble délicieux.
« Bonjour, Monsieur, » dit-elle d’un ton calme, sa voix douce et posée, malgré le tremblement intérieur qui la parcourait, un frisson que je savais y avoir semé.
Je levai les yeux vers elle, mes iris noirs l’enveloppant, savourant sa retenue, la façon dont elle s’efforçait de maintenir la distance, un jeu que je comptais bien briser, morceau par morceau, caresse après caresse.
« Bonjour, Ava. Bien dormi ? » Ma voix, légèrement plus chaude qu’à l’accoutumée, portait une nuance qu’elle ne sut déchiffrer, une pointe d’espièglerie sensuelle, un sourire implicite de prédateur.
« Oui... »
« Pas d’autre fringale nocturne ? » Ma question, posée avec une légèreté feinte, fit naître un sourire troublant sur mes lèvres, un éclair de provocation à peine voilée, un défi silencieux lancé à son corps.
Elle détourna le regard, un léger sourire honteux au coin des lèvres. Le souvenir de la nuit précédente la fit rougir, une chaleur qui montait à ses joues, comme une invitation muette, une rougeur de désir qui m’enflammait.
« Non. Et je tenais à m’excuser pour ma moquerie d’hier soir. Ce n’était pas... très respectueux. »
« Il n’y a aucun souci, » répondis-je en repliant mon journal d’un geste lent, délibéré, mes yeux ne la quittant pas, la dévorant du regard. « Mais vous savez, j’ai grandi ici. Je connais chaque recoin de cette maison, chaque secret, chaque cachette... même celles que vous n’imaginez pas. » Un sous-entendu clair, une affirmation de mon contrôle absolu, mais aussi une promesse d’intimité forcée, une possession à venir, une étreinte qui la ferait mienne.
« Je n’en doute pas, Monsieur, » répondit-elle, cette fois sans trébucher sur le mot, une pointe de défi dans sa voix, une flamme qui dansait dans ses yeux bleu saphir, une rébellion naissante que je brûlais d’étouffer sous mes caresses.
« Vincenzo. Nous sommes mariés, soyez moins formelle. À moins que vous ne préfériez la distance ? » Ma voix était un murmure, mais mes mots portaient le poids d’un ultimatum, d’une menace de l’effacer.
Je me levai lentement, mes mouvements fluides et puissants, comme ceux d’un félin en chasse. Je m’approchai d’elle, effleurant presque son épaule en passant derrière elle, une proximité qui la fit frissonner de la tête aux pieds, un contact fugace mais brûlant, une étincelle électrique qui la traversa, allumant des feux insoupçonnés. L’espace entre nos corps se réchauffa d’un souffle à peine perceptible, un effluve de mon parfum masculin, boisé et sensuel, l’enveloppa, une étreinte invisible mais enivrante, la captivant, la soumettant.
Je me penchai à son oreille, ma voix grave et profonde, un murmure chaud qui caressa sa peau et la fit vibrer jusqu’à l’âme, un souffle obscène :
« Couvrez-vous... quand vous sortez de votre chambre, Ava. À moins que vous ne cherchiez à me tenter au-delà du raisonnable. Et croyez-moi, ma patience a des limites. Des limites qui une fois franchies, ne connaîtront plus aucun retour.»
Ava tressaillit, un souffle court lui échappa, ses lèvres s’entrouvrant. Elle sentit le sang affluer à ses joues, aussi violemment qu’inattendu, une chaleur qui trahissait son trouble, sa confusion, et son désir inavoué, une brûlure qu’elle ne pouvait contrôler, une flamme que j’avais allumée. Je me redressai, sans un mot de plus, et m’éloignai avec une lenteur calculée, comme un félin satisfait de son effet, de la proie que je venais de marquer de mon empreinte invisible et indélébile.
« Bonne journée, Ava. »
« Bonne journée, Vincenzo... » Sa voix était à peine audible, chargée d’une émotion nouvelle, un appel silencieux au danger, à ma possession.
Je sortis de la pièce, jetant un dernier regard vers elle. Son trouble était palpable. Je le respirais, le savourais. Et cela me fit sourire, un sourire prédateur qui n’atteignait pas mes yeux, mais qui promettait un jeu, un jeu de séduction où les règles n’étaient pas encore écrites, mais où le prix serait cher, un prix payé en plaisir et en abandon total, en âme et en corps.
Je pianotais distraitement sur mon téléphone en avançant vers mon bureau, mes pas résonnant avec autorité dans les couloirs du manoir, chaque pas une affirmation de mon pouvoir, une présence écrasante, une domination implacable. Du coin de l’œil, j’aperçus Monsieur Rosati qui approchait, ponctuel et discret, comme une ombre fidèle.
« Vous tombez bien, Monsieur Rosati, » dis-je d’un ton froid mais net, ma voix ciselée comme le métal. « Je vais travailler ici aujourd’hui. »
« Bien, Monsieur, » répondit le majordome avec sa politesse mesurée, mais une lueur de surprise traversa un instant ses yeux sombres, une pointe de curiosité indiscrète que même son entraînement ne parvenait pas à masquer.
Nous avançâmes sans un mot de plus jusqu’au grand bureau installé dans l’aile Ouest du manoir, une pièce qui imposait le respect dès le seuil franchi, un sanctuaire de pouvoir, de décisions de vie ou de mort. Les boiseries sombres couvraient les murs, luisantes sous la lumière feutrée d’un lustre ancien en cristal, créant une atmosphère de puissance contenue et de secrets bien gardés. Une grande bibliothèque garnie de livres reliés cuir, dont certains sentaient le tabac froid et le vieux papier, bordait la paroi du fond, encadrant une baie vitrée qui ouvrait sur les jardins, offrant une vue sereine sur la nature disciplinée, une façade pour un monde de désordre organisé. Le bureau en acajou massif trônait au centre comme un autel de commandement, un sanctuaire de décision et de domination, où les destinées se nouaient et se dénouaient. Dessus, rien d’inutile : un téléphone sécurisé, un ordinateur portable ultramoderne, un stylo Montblanc lourd et précieux, quelques dossiers aux titres énigmatiques. Une arme de poing, un Beretta noir et lisse, reposait dans un écrin de velours rouge, exposée sans être dissimulée, symbole de la force tranquille, une promesse de violence latente, un rappel constant de mon pouvoir absolu et de la mort à ma portée. L’ensemble respirait la puissance silencieuse, le contrôle absolu, la main de fer qui dirigeait cet empire, chaque objet imprégné de mon autorité incontestée, de mon pouvoir sans partage.
Je m’assis dans mon fauteuil de cuir noir, mon corps musclé se détendant à peine, toujours en alerte, prêt à bondir. Je croisai une jambe, révélant la coupe impeccable de mon costume, et levai à peine les yeux vers Rosati, mon autorité palpable dans chaque geste, chaque expression, chaque muscle tendu.
« Je voudrais déjeuner avec ma femme. A-t-elle quelque chose de prévu ? » Ma demande, formulée avec une simplicité déconcertante, était un coup de tonnerre dans le silence du manoir, une dérogation aux règles tacites qui régissaient notre union, une brèche inattendue, une première fissure dans la façade.
Le majordome haussa à peine un sourcil, trahissant une légère surprise qu’il s’efforçait de masquer, une brèche dans son impassibilité, une curiosité grandissante, un signe de l’ampleur de ma demande.
« Votre femme ? » demanda-il, presque trop prudemment, comme s’il cherchait à s’assurer de la validité de l’ordre, de l’incroyable demande qui venait de briser la routine et les murs invisibles.
« Oui, ma femme, Ava, » repris-je, visiblement irrité par cette question, mon ton se durcissant, devenant tranchant comme une lame. « De qui d’autre croyez-vous que je parle ? » Ma voix claqua, froide et impérieuse, un rappel brutal de ma position, de mon pouvoir absolu, de ma domination écrasante.
« Pardon, Monsieur. Madame n’a rien prévu aujourd’hui. Je vais la prévenir. Autre chose ? »
« Non. Vous pouvez disposer. »
Monsieur Rosati s’inclina légèrement et quitta la pièce, son dos raide trahissant son étonnement, sa perplexité face à ce changement de comportement, cette nouvelle direction prise par le Parrain.
Je suivis son départ du regard. Je savais ce que cette demande signifiait, la brèche qu’elle ouvrait. En trois mois, jamais je n’avais partagé un repas avec Ava. Nous n’avions même pas dîné ensemble le soir de notre mariage, un contrat froid et impersonnel. Et voilà que, sans prévenir, j’avais pris un petit déjeuner à ses côtés... et réclamais maintenant un déjeuner en tête à tête. Je pouvais presque sentir la surprise dans le dos raide de mon majordome, l’onde de choc se propager dans le manoir, un nouveau jeu, un nouveau désir, une nouvelle conquête, une possession plus intime et plus profonde.
Mais je ne pouvais nier ce qui avait changé. Cette rencontre nocturne — un simple échange dans l’ombre de la cuisine — m’avait troublé plus que je ne voulais l’admettre. J’avais vu, ne serait-ce qu’un instant, autre chose derrière les manières polies d’Ava. Un éclat. Un feu contenu, une sensualité brûlante. Un quelque chose qui avait ébranlé mes certitudes, une fêlure dans le marbre que j’avais cru si lisse, une invitation au toucher, à la possession, à la dévoration la plus complète.
Je me souvenais du plan. Je l’avais conçu comme tous les autres : froid, chirurgical, efficace. Un an de silence courtois. Puis l’arrivée d’une amante pour me divertir, une femme sans attache, sans danger. Le tout, bien sûr, avec le consentement contractuel d’Ava. Deux ans plus tard, un divorce propre, net. Elle partirait riche et libre. L’honneur du clan lavé. L’image publique restaurée. Une sainte à ses côtés, puis disparue. Un arrangement pratique, sans plaisir, sans passion. Un plan sans désir, sans la fureur de la chair, sans la brûlure du vice.
Mais maintenant, ce plan commençait à me paraître... ennuyeux. Trop prévisible. Trop fade. Je ressentais une nouvelle faim, un appétit pour l’inconnu, une soif de ce que je n’avais pas encore goûté d’elle, de son essence la plus profonde, la plus intime.
Je voulais savoir si Ava, sous sa couche de soie et de bonne éducation, cachait quelque chose de plus. Quelque chose de sauvage, de passionnel, de pur, une sensualité déchaînée qui ne demandait qu’à exploser sous mes doigts, sous ma langue.
Un souvenir s’imposa à moi, vif et dérangeant, comme une brûlure sous la peau hâlée, un désir ancien qui resurgissait avec force. Leur première rencontre.
Ava avait poussé la porte du lounge d’un grand hôtel milanais, et l’air même avait semblé frissonner de son entrée, comme si le désir l’avait précédée, comme une vague de chaleur annonçant le déluge des sens. Je me souvenais de tout, chaque détail gravé dans ma mémoire avec une précision troublante. De la robe crayon vert émeraude, parfaitement moulée à son corps mince et élancé, soulignant chaque courbe avec une sophistication discrète mais troublante, une invitation à la découverte, à la transgression la plus exquise. Sa queue de cheval faussement nouée à la hâte, d’où s’échappaient quelques mèches de ses longs cheveux bruns folles encadrant son visage ovale, accentuant ses pommettes hautes, ses yeux en amande. Ses yeux d’un bleu saphir, d’une intensité rare, me fixaient sans ciller, sans peur, mais avec une curiosité à peine voilée, un défi silencieux, une étincelle de provocation que je brûlais d’éteindre sous mes baisers. De ses escarpins noirs, vernis, dont le cuir luisait sous la lumière, et de la façon dont elle avait marché vers moi : droite, sans précipitation, comme si chaque pas était une signature, une affirmation silencieuse de sa force intérieure, une femme d’une dignité farouche. Une femme qui savait ce qu’elle valait, et qu’elle pouvait se vendre cher, mais avec la tête haute, fière et irrésistible.
Elle s’était assise avec une grâce calme, sans sourciller, et je lui avais tendu le contrat. Pas d’amour. Pas de sexe. Pas d’engagement conjugal. Elle devait être une épouse modèle, figée dans un rôle, utile aux affaires. En échange : les dettes de son père effacées, une rente confortable, et la paix, un semblant de liberté, une cage dorée où je savais que son corps languirait, qu’il réclamerait ma présence.
Elle n’avait pas posé de questions. Elle avait pris le stylo, signé, et s’était levée. Une froideur à fendre les glaces, une absence totale de réaction, qui m’avait fasciné autant que frustré, piquant ma curiosité, ma soif de la voir vaciller, de la faire fondre sous mon regard, sous ma possession, sous ma fureur.
Et pourtant... je n’avais pas pu m’empêcher, ce soir-là, d’imaginer autre chose. Si le contexte avait été différent, si les circonstances ne m’avaient pas contraint à la stratégie, à la froideur calculée... J’aurais pu la coucher sur cette table en acajou, déchirer sa robe verte d’un geste impulsif, révéler sa peau de pêche soyeuse sous le tissu, embrasser sa bouche pleine de silences et de dignité jusqu’à la faire gémir, jusqu’à lui arracher des sons de plaisir pur, des aveux sensuels, des supplications. Elle avait un charme discret, une sensualité froide qui me dérangeait profondément, une flamme cachée sous la glace, une braise que je voulais attiser, transformer en brasier, en enfer de délices. Elle m’avait donné la trique, simplement en restant droite face à moi, indifférente en apparence, mais si intensément femme, si irrésistiblement désirable, si purement obsédante. J’aurais voulu arracher cette froideur, la faire fondre sous mes baisers brûlants, lui faire oublier sa dignité pour qu’elle ne soit que pure passion, une bête sauvage sous mon emprise, une femme possédée, une esclave de mes désirs les plus bas. J’aurais voulu l’entendre supplier, la voir trembler sous mes mains, sentir son corps se presser contre le mien, la posséder dans une étreinte fiévreuse qui aurait déchiré les murs du salon, une possession totale et sans retenue, une fureur charnelle qui les aurait réduits en cendres.
Le vrombissement de mon téléphone sur le bureau me tira de mes pensées, me ramenant brutalement à la réalité de mes obligations, aux chaînes d’or de mon rôle, de mon pouvoir. Je décrochai, reprenant aussitôt mon ton glacial, le masque de l’homme d’affaires, du capo impitoyable.
« Oui, Tonio ? »
« Bonjour à toi aussi, quelle nonchalance... » soupira une voix enjouée à l’autre bout, une voix qui m’était familière et chère, celle de mon frère. « Vendredi 19h, c’est bon pour toi ? »
« Qu’est-ce que tu veux dire ? »
« Je rentre avec Paul. Surprise ! » lança Tonio avec excitation, sa joie communicative, son insouciance familière.
« Je ne suis pas ton chauffeur. »
« Tu ne vas quand même pas refuser ça à ton petit frère. Et puis, ça fait une éternité. J’ai hâte de rencontrer ta fameuse femme. »
« Très bien. Je viendrai vous chercher. Mais je t’en prie, Tonio... ne transforme pas ma maison en cirque. » Mon ton était un avertissement, teinté d’une pointe d’affection, mais aussi d’une possessivité nouvelle, d’une vigilance accrue envers Ava, envers ce qui était mien.
« Rabat-joie, » ricana son frère. « Je pensais que ta femme t’aurait un peu déridé, depuis. »
« Tonio. J’ai du travail. À plus. »
Je raccrochais sans attendre de réponse, un léger sourire étirant le coin de mes lèvres. Tonio avait ce talent unique : mettre les gens à l’aise, bousculer les convenances avec légèreté, apporter un peu de chaos dans mon ordre établi, dans ma vie si strictement contrôlée. Peut-être que sa présence serait bénéfique. Peut-être qu’Ava parlerait davantage, rirait un peu, vivrait un peu, sous l’influence de mon frère, s’autoriserait à être plus libre.
Peut-être... qu’elle me révélerait enfin la femme qu’elle était, au-delà de l’épouse de contrat, la femme que je commençais à désirer ardemment, et dont je voulais m’approprier chaque frisson, chaque soupir, chaque secret.
Chères lectrices, chers lecteurs,C'est avec une émotion sincère que je prends la plume pour m'adresser à vous. Notre voyage que nous avons partagé à travers les chapitres de Regarde-Moi touche à sa fin, du moins pour le moment. Je tiens à vous remercier, du plus profond de mon cœur, pour avoir suivi avec autant de passion l'histoire d'Ava et de Vincenzo. Votre ferveur, votre attachement aux personnages et vos messages ont fait de cette aventure une expérience inoubliable pour moi. C'est un honneur immense de savoir que mes mots ont pu trouver un écho dans votre cœur et que cette histoire a pu vous transporter, vous faire rire, pleurer, et rêver.L'écriture est un acte solitaire, mais elle prend tout son sens lorsqu'elle est partagée. Vos retours, qu'ils soient des critiques ou des encouragements, sont ma plus grande source de motivation. Ils me poussent à me dépasser, à affiner ma plume et à construire des univers toujours plus riches. N'hésitez jamais à laisser une critique sur l'hi
VincenzoLe soleil, impudent, déchirait les lourds rideaux de velours cramoisi, jetant des dards de lumière crue sur le parquet de marqueterie, comme des lames acérées transperçant l'obscurité protectrice de ma chambre. Ma tête résonnait comme un tambour de guerre, chaque pulsation un écho lancinant de la nuit d’hier, une symphonie cacophonique de regret et de fureur. Une nuit maudite, entachée par l'ombre de ma dispute avec Ava. L'image de son visage, pâle et transfiguré par l'horreur, gravée dans ma rétine, refusait de s'estomper, brûlait ma vision. Elle était là, assise sur le bord du lit, la silhouette fragile, perdue, les yeux grands ouverts sur l'abomination qu'elle avait vue, sur le monstre que j'étais devenu sous ses yeux. Je l'entendais encore, ses hurlements déchirant le silence, écorchant l'air comme des griffes acérées, ses accusations cinglantes transperçant ma carapace. Son regard, putain, ce regard de dégoût et de terreur qu'elle
AntonioLa sonnette hurla une énième fois dans l’appartement plongé dans la pénombre, déchirant le silence comme une lame acérée. Je sursautai, émergeant brutalement d’un sommeil profond, le corps pris d'une secousse électrique, le cœur battant à tout rompre contre mes côtes, un tambour fou dans ma cage thoracique. Mon bras tâtonna à l’aveuglette sur la table de chevet jusqu’à ce que mes doigts trouvent l’écran froid de mon téléphone.3h32.Je restai quelques secondes à fixer l’affichage blafard, abasourdi par l'heure indécente. Qui, putain, venait sonner chez nous à cette heure-là ? Ce n'était pas l'heure pour les visites, pas même pour les hommes de main de mon frère, qui respectaient scrupuleusement les frontières de ma vie privée, aussi ténues soient-elles.À côté de moi, Paul remua sous la couette de lin froissée, un grognement bas s’échappant de sa gorge, visiblement aussi perturbé que moi par cette intrusion nocturne.
AvaLe silence était devenu mon unique confident. Il s’infiltrait partout, une présence oppressante qui aspirait l'air de mes poumons. Il s’était glissé entre les murs de cette demeure luxueuse où les ombres paraissaient plus épaisses qu’avant, plus menaçantes, dansant avec mes peurs. Il s’insinuait dans les creux de mon esprit, dans chaque recoin de mon corps marqué, épuisé, comme un poison lent, une gangrène invisible. Même le chant lancinant des cigales à la tombée du jour me semblait sournois, presque moqueur, un rappel de la vie qui continuait sans moi, bruyante et indifférente à ma souffrance. Ce silence ne m’apaisait plus — il m’étouffait, me clouait au fond d’un abîme.Plusieurs jours avaient passé depuis ce soir-là. Depuis l’agression. Depuis que mon corps m’avait échappé, trahi, transformé en un champ de bataille dont je n'étais plus la maîtresse. Depuis que ma voix avait été arrachée, mon souffle volé, ma confiance fracturée en
VincenzoIl y avait des instants où le monde se contractait en un point unique, une seconde suspendue qui contenait toute l’horreur, toute la fureur, toute la peine d’un homme. Un rugissement sourd s’était élevé des profondeurs de mon être, un son que je ne savais pas que je pouvais produire, une bête primale libérée.Mon cœur s’était arrêté au moment où j’ai vu Ava, ma femme, à terre, sa robe de soie froissée, son visage marqué par la terreur, ses yeux azur vidés de toute lumière. Et cet enculé, Giovanni, au-dessus d’elle, son entrejambe tendu, un rictus obscène sur les lèvres, une image gravée au fer rouge dans ma rétine.Un bourdonnement s’était installé dans mes oreilles, sourd, étouffant, comme si mon corps refusait encore de croire à ce qu’il voyait. Puis, la réalité m’avait transpercé comme un poignard incandescent dans les tripes, une douleur plus vive que n'importe quelle blessure physique.Je n’avais pas réfléchi.
AvaL'air vibrant de l'été napolitain s'était drapé d'une féérie inattendue au cœur du domaine De Luca. Ce manoir, d'ordinaire figé dans une majestueuse solitude, bourdonnait à présent d'une vie nouvelle, une symphonie de préparatifs orchestrée pour le grand bal estival. Le jardin, métamorphosé en un tableau vivant, exhalait une ambiance festive, où des tables délicatement vêtues de linceuls de lin blanc immaculé et des chaises parées de subtils arrangements floraux invitaient à la légèreté. Chaque serviette était pliée avec précision, chaque couvert étincelait sous les lumières discrètes. Un bar colossal trônait au centre de l'effervescence, déjà animé par le ballet silencieux des serveurs en livrée, affairés à la mise en place des bouteilles d'alcool, les verres de cristal tintant doucement en prévision de l'arrivée des convives. Chaque détail respirait le luxe discret, une opulence qui ne criait pas sa puissance, mais la laissait transparaîtr