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Chapitre 3

Author: lerougeecrit
last update Last Updated: 2025-06-09 15:45:32

Ava

J’avais délaissé mon fusain austère pour m’abandonner aux nuances délicates, presque voluptueuses, des pastels aquarellés. Mes doigts caressaient la toile avec une sensualité nouvelle, comme pour réveiller des émotions enfouies au plus profond de mon être, une caresse charnelle qui révélait le désir inavoué de mes propres mains. Les couleurs légères s’étiraient en dégradés soyeux sous mon pinceau, telle une étreinte de lumière, une invitation à l’abandon total. Cela faisait une éternité que je n’avais pas touché une toile avec une telle ferveur, et pourtant, aujourd’hui, rien ne ressemblait à la routine morne de mon existence. Tout semblait chargé d’une étrangeté douce, presque électrisante, comme une promesse à peine murmurée par le vent, une anticipation brûlante qui faisait vibrer chaque fibre de mon corps, réveillant une faim insoupçonnée.

Lorsque Monsieur Rosati était entré, presque furtivement, dans la salle à manger pour m’annoncer que Vincenzo désirait déjeuner en tête-à-tête avec moi, j’avais failli m’étouffer, laissant échapper un faible souffle entre mes lèvres teintées de café, un choc délicieux, une secousse qui réveillait ma chair endormie, mes entrailles frémissantes. Une invitation aussi improbable qu’un mirage sous ce ciel de silence qui s’était installé entre nous, une faille inattendue dans le mur de notre indifférence, un troublant vertige teinté de danger. Une promesse muette d’un ailleurs inattendu, un frisson d’espoir, celui d’un corps à corps qui n’aurait rien de contractuel, mais tout de charnel, de dévorant.

La morsure fraîche de l’air marin s’infiltrait par la grande baie vitrée ouverte, faisant frissonner ma peau et teinter mes joues d’un rose fragile, presque vulnérable, comme une fleur sous la brise, prête à s’ouvrir, à livrer son essence, à s’abandonner à la caresse. Je posai délicatement mon pinceau, abandonnant un instant la toile encore humide, puis enroulai mes bras autour d’un gilet de laine ivoire, sentant la chaleur enveloppante contre la fraîcheur mordante de l’automne naissant. Mes yeux saphir se perdirent un instant dans le paysage d’un automne presque hivernal où les feuilles rousses valsaient dans le souffle du vent, une danse silencieuse, fragile et éphémère, pareille à mes propres émotions, à mes désirs qui tourbillonnaient, cherchant à s’exprimer, à se déchaîner.

Je m’assis, retrouvant la douceur du pinceau, cherchant à capturer cette atmosphère mélancolique où le clair-obscur semblait murmurer des secrets anciens, lorsque la voix de mon mari, rauque et profonde, plus glaciale que la brise marine, mais pourtant chaude de sous-entendus, me fit sursauter, me tirant violemment de ma rêverie, de ma sensualité introspective, de mon cocon de désirs inavoués.

« Si vous avez froid, fermez donc la baie vitrée. » Sa voix, empreinte d’une autorité naturelle, d’une puissance brute, portait une nuance nouvelle, à peine perceptible, une pique voilée de possessivité brute, d’une domination que je sentais monter en moi.

Je me retournai lentement, le cœur battant un peu plus fort, un tambourin incessant dans ma poitrine. Là, dans l’encadrement de la porte, se tenait Vincenzo, silhouette imposante et nonchalante, mains dans les poches de son pantalon ajusté qui moulait ses cuisses puissantes, promesse de force et de contrainte. Son regard, perçant et pénétrant, me déshabillait de l’âme, effleurant chaque courbe, chaque secret caché, un Apollon d’un autre temps, parfait et dangereux à la fois, dont la présence remplissait l’espace d’une tension palpable, une électricité sensuelle qui me coupait le souffle, me rendait faible et désirable. Ses yeux me dévoraient, un feu latent brûlant sous la glace, promettant de consumer ce qui restait de ma retenue, de mon innocence, de ma volonté de résister à ses désirs.

« Il est déjà l’heure ? » osai-je, le souffle un peu coupé, ma voix un murmure, à peine un soupir.

« Non, » répondit le maître de maison, d’une voix lascive et contenue, comme une caresse prolongée, une main invisible glissant sur ma peau, enflammant chaque pore, « il est treize heures trente. »

« Je vous présente mes excuses, Mons... Vincenzo... » balbutiai-je, rouge de gêne, son nom glissant sur mes lèvres comme un aveu, une douceur inattendue, un premier abandon. « Je ne savais pas que le temps avait filé si vite. »

« Ce n’est rien, ce n’est que partie remise, » dit-il avec un sourire qui effleura ses lèvres, un éclair de malice dans ses yeux sombres qui me fit frissonner, un tremblement délicieux qui parcourait mon corps, annonciateur d’une rencontre prochaine.

Je restai figée, décontenancée, mon esprit troublé par cette proximité inattendue. Je sentais son regard glisser sur moi, m’enveloppant de cette aura fascinante et presque magnétique qui me laissait sans voix, prisonnière de son intensité, de son désir palpable, de sa volonté implacable, de son pouvoir irrésistible. Il avançait, mesuré, chaque pas résonnant dans la pièce comme un appel silencieux à se rapprocher, à briser les dernières barrières entre nous, à m’abandonner, corps et âme, à sa possession. Puis, il tendit un mouchoir, un geste inattendu, tendre et délicat, presque obscène de sa douceur, qui me prit au dépourvu, un contact qui brisait le sortilège de la distance, une brèche inouïe dans mes défenses.

« Votre joue... il y a de la peinture, » murmura-t-il, sa voix s’adoucissant sous le poids de ce regard brûlant, un souffle chaud sur ma peau, une brûlure douce qui me fit frissonner, un frisson qui n’avait rien à voir avec le froid, mais tout avec le désir.

Je portai la main à ma joue, cherchant dans le reflet de la baie vitrée cette trace rebelle, un éclat bleu pastel, témoin discret de ma passion et de ma vulnérabilité, de mon abandon à l’art, et bientôt, peut-être, à lui. Avec un chiffon, je frottai nerveusement, refusant que ce vestige de ma vulnérabilité s’échappe au regard de cet homme qui, pourtant, semblait découvrir une autre facette de moi, une dimension que j’avais toujours gardée secrète, un pan de mon âme et de ma chair, désireuse d’être explorée, possédée, dénudée de toute retenue.

« Allons-nous promener, » souffla-t-il enfin, le sourire aux lèvres, brisant la tension comme une vague sur la plage, une invitation à une évasion sensuelle sous son emprise, dans le labyrinthe de son pouvoir.

Sans hésiter, je me levai, le suivant comme hypnotisée par la force tranquille qui émanait de lui, par son magnétisme brut et irrésistible, par la promesse de ce qu’il pouvait me faire ressentir. Vincenzo me tendit la main, m’aidant à descendre les trois marches qui menaient au jardin, la galanterie incarnée dans ce contact électrique, une décharge qui parcourait nos peaux, nous liant d’un fil invisible et brûlant. Mes doigts, froids et frêles, tremblèrent légèrement dans la paume puissante et chaude de Vincenzo, déclenchant un frisson délicieux qui monta lentement de mes entrailles à mon cou, une sensation nouvelle et enivrante, le prélude à un frisson plus profond, à une jouissance à venir, une soumission exquise.

Nous avons avancé, marchant côte à côte, dans un silence presque sacré, nos pas résonnant doucement sur le gravier, comme un battement de cœur synchronisé, un rythme qui m’attirait irrésistiblement vers lui. Je baissai les yeux, le visage mordillé par le vent glacé, ma peau claire parsemée de frissons que sa présence amplifiait, chaque pore de ma peau s’éveillant à son contact invisible, à son aura dominante, à sa masculinité brute. Vincenzo, stoïque mais attentif, lançait à intervalles réguliers des regards furtifs vers moi, une tendresse naissante, presque imperceptible, dans ses prunelles sombres, un désir à peine contenu, un feu sourd qu’il tentait de maîtriser, mais qu’il laissait transparaître par l’intensité de ses pupilles, par la faim qui y brûlait.

« Vous peignez tous les jours ? » demanda le chef de clan enfin, sa voix brisant le silence avec douceur, comme une caresse, une caresse verbale qui me troublait et m’enveloppait, me promettant davantage.

« Non, » répondis-je, surprise de la fluidité de mes mots, de la facilité avec laquelle ils s’échappaient de mes lèvres, comme si ma voix trouvait enfin sa liberté en sa présence. « Je dessine plus souvent au fusain... Cela fait bien longtemps... depuis les Beaux-Arts, à Paris. »

Le regard amusé de Vincenzo, ce sourire rare qui éclairait ses traits sévères, me désarma complètement. Je détournai les yeux, rougissante, troublée par cette intimité fragile qui s’installait entre nous, une intimité que je n’avais jamais imaginée.

« Vous connaissez la galerie d’art dans le centre-ville ? » continua-t-il.

« Oui... elle a fermé il y a quelques mois. J’y ai fait un stage, et même un peu travaillé, » murmurai-je, une pointe de nostalgie dans la voix, une mélancolie pour une vie passée.

« Ma mère aimait beaucoup cet endroit, » confia Vincenzo, sa voix adoucie par le souvenir, une brèche inattendue dans sa façade de marbre, une révélation troublante, presque intime.

« Moi aussi... » soufflai-je, surprise de ce lien inattendu qui soudain me rapprochait de lui, au-delà des convenances, au-delà des corps.

« Et si vous voulez occuper un peu plus vos journées ? » demanda-il, le regard brillant d’une lueur d’espoir, une proposition audacieuse, une tentation inattendue et irrésistible, une invitation à sa cour, à sa possession.

« Comment ça ? » Mon souffle se coupa dans ma gorge, une étreinte de surprise et d’excitation, un frisson brûlant qui m’enflammait de l’intérieur.

« Je vais racheter la galerie. Vous pourrez la rouvrir. Ce sera votre espace, votre monde, votre liberté... à mon prix, Ava. Et mon prix est élevé. » La dernière phrase était un murmure, une affirmation de son contrôle, une promesse à double tranchant, une chaîne invisible, mais que je sentais déjà si lourde et désirable autour de mon cou.

Je restai bouche bée, le souffle suspendu, incapable de croire à ce que je venais d’entendre. Jamais je n’aurais imaginé une telle proposition, une liberté offerte, un futur réinventé, loin des chaînes dorées de mon mariage, loin de la prison silencieuse de mes désirs, de mes fantasmes. J’avais toujours pensé que ma vie se limiterait à parader aux bras de Vincenzo lors des soirées mondaines, un masque de charme glacé. Mais lui, ici, m’ouvrait une porte secrète vers une vie que je n’osais plus espérer, une vie où mes sens pourraient enfin s’éveiller, où mon corps pourrait enfin s’épanouir, où je pourrais enfin lui offrir chaque parcelle de mon être, libérée de mes entraves.

« Vous ne voulez pas ? » insista-t-il, un sourire tendre flottant sur ses lèvres, tandis qu’il faisait demi-tour vers le manoir, m’invitant à le suivre dans cette nouvelle réalité, à le suivre dans cette danse dangereuse.

« Non... j’accepte, » soufflai-je, tentant de chasser l’étonnement pour me raccrocher à cette réalité nouvelle, à cette promesse de liberté, une liberté à laquelle je commençais à goûter, délicieusement, une saveur enivrante et interdite, un goût de soumission consentie.

« Bien. Autre chose, Ava, » reprit-il d’un ton plus sérieux, le chef de famille reprenant le dessus, le maître de ses désirs et de ses règles retrouvées, le Parrain imposant sa volonté. « Vendredi, mon frère revient avec son ami Paul. Nous dînerons tous les quatre, à vingt heures. Soyez ponctuelle. »

« Oui, sans faute, » répondis-je, le cœur battant plus fort, l’excitation mêlée à une légère appréhension.

Nous regagnâmes le jardin d’hiver dans un silence complice, un nouveau lien s’étant tissé entre nous, un fil invisible, brûlant, teinté de désirs inavoués, de promesses charnelles. Je peinais à croire à cette réalité, comme si je flottais entre rêve et veille, ne sachant plus ce qui était réel, ce qui était pur fantasme ou promesse charnelle, à laquelle je m’abandonnais. À l’entrée, Madame Costa déposait avec soin une théière fumante et un plateau de club sandwichs, son regard oscillant entre surprise et professionnalisme, déconcertée par la scène, par la nouvelle aura qui émanait du couple, cette tension sexuelle palpable.

« Madame Costa, vous tombez bien, » déclara Vincenzo, d’une voix ferme mais teintée de douceur, une autorité mêlée de tendresse. « Nous allons transformer ce jardin d’hiver en atelier. Ma femme semble apprécier y dessiner et peindre. Veuillez suivre ses directives à la lettre. »

« Bien, Monsieur, » répondit la gouvernante, visiblement déconcertée par cette nouvelle lubie de son maître, et par la tendresse qu’il affichait, un trait de caractère inattendu, presque scandaleux pour un homme de sa trempe.

« Installez un chauffage. Ma femme aime travailler fenêtre ouverte, mais elle est frigorifiée, » dit-il en portant doucement ma main à ses lèvres, comme pour m’offrir un souffle de chaleur, un baiser délicat qui me fit frissonner jusqu’à l’âme, un feu qui embrasait mes veines, me laissant haletante, le souffle court, avide de plus.

« Bien... Monsieur, » répéta Madame Costa, troublée par cette nouvelle facette de son maître, un homme capable de tant de délicatesse.

« Aussi, j’aimerais que mon épouse mange correctement, qu’elle cesse de sauter des repas. Je trouve qu’elle a perdu du poids depuis notre mariage, et je ne veux pas que l’on pense que je l’affame, » ajouta-t-il en caressant avec une délicatesse rare ma joue encore rosée, un geste possessif et tendre à la fois, un rappel de sa propriété, mais aussi de son désir de me nourrir, de me faire m’épanouir sous son regard, de posséder ma vitalité, ma chair, ma substance même.

« Bien, Monsieur. »

« Enfin, je voudrais que nous coordonnions nos agendas pour partager deux déjeuners et deux dîners par semaine. »

Vincenzo effleura un baiser tendre sur ma joue avant de s’éloigner, me laissant étourdie, ma joue encore vibrante du contact de sa peau, mon corps en proie à une douce confusion, un tourbillon de désirs qui s’éveillaient.

J’échangeais un regard stupéfait avec Madame Costa, figées par l’ampleur du changement, par cette nouvelle dynamique qui s’installait entre nous.

Je m’affalai lourdement sur le canapé, le souvenir du contact de nos peaux, la chaleur de ses mains contre les miennes, envahissant tout mon être, une douce torpeur, une volupté nouvelle et inattendue, une promesse de l’abandon à venir. Était-ce la différence de température, ou cette attention nouvelle, si douce, si précieuse, qui me faisait vibrer ainsi, me sortant de ma léthargie, m’éveillant à une faim que je ne soupçonnais pas, à une soif ardente, une soif de lui, de sa possession, de sa fureur ?

« Madame Costa ? » demandai-je, le regard lointain, presque perdu dans mes pensées.

« Oui, Madame ? »

« Pincez-moi. »

« Je ne peux pas, ce serait déplacé. »

« Pincez-moi, » insistai-je, avec une urgence nouvelle, comme pour m’assurer que ce rêve était bien réel, que je n’étais pas en train de sombrer dans une douce folie, une folie sensuelle que je ne contrôlerai plus, une folie que j’accueillais à bras ouverts.

Madame Costa soupira mais s’exécuta, une pincée légère sur mon bras, un geste qui se voulait professionnel mais cachait une certaine émotion.

Je laissai échapper un petit cri, une émotion pure et vraie, un rire presque, qui éclata dans le silence du manoir. C’était bien réel. Vincenzo, mon mari, l’homme froid et distant, m’avait offert un travail, des instants volés, des gestes de tendresse insoupçonnés, des promesses de jouissance, de possession, de délices inavouables. Cette journée, irrésistible et troublante, défiait toutes les lois du possible, et je me sentais enfin vivre, au-delà de mes propres attentes, me sentais femme, enfin, sous son regard brûlant et possessif, prête à explorer les profondeurs de mon désir, prête à être sienne, entièrement, sans réserve.

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