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Chapitre 3 – L’aube sur sa peau

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-15 07:20:39

 Isabella 

Le jour se lève lentement, comme s’il hésitait à toucher cette partie du monde. Les arbres sont figés sous une couche de givre, et la brume s’accroche encore entre les troncs, paresseuse, blanche comme le souffle des morts. Le silence est épais, presque religieux.

Je suis déjà debout.

Je n’ai pas dormi. À peine fermé les yeux. J’ai passé la nuit à marcher de long en large, dans la chaleur tiède de ma cabane, le feu réduit à des braises. Mes pensées tournaient en boucle autour de lui, de sa voix, de ses yeux rouges, de ses mains puissantes. Autour de cette chose qui palpite en moi depuis notre premier regard.

Lucien.

Son nom s’impose dans mon crâne, comme une incantation que je n’ai jamais prononcée à voix haute, mais que mon corps connaît déjà par cœur.

Je rabats une peau de renard sur mes épaules. Dehors, l’air est mordant, presque cruel. Chaque bouffée que j’inspire me brûle la gorge, mais cela m’aide à garder pied, à ne pas céder entièrement à cette fièvre intérieure. Le sol est dur, la neige crisse sous mes bottes. Chaque pas vers lui est un affront à la logique. Mais je ne veux plus de logique.

Je le sens, avant même de voir sa silhouette.

Ce n’est pas un pressentiment. C’est plus animal. Comme si un fil invisible, vibrant, me reliait à lui. Comme si son souffle m’appelait.

Je pousse la porte de la cabane aux peaux.

Il est là.

Il ne fait rien. Il est juste assis, torse nu, les cheveux noirs en désordre, une peau diaphane comme le givre sur les pierres. Il est magnifique. Brut. Ancien. Dangereux. Et pourtant, je n’ai jamais eu autant envie de m’approcher d’un être vivant.

Ses yeux rouges se posent sur moi aussitôt. Je m’attends à une tension, un tressaillement. Mais il est calme. Son regard est calme. Brûlant, mais silencieux.

Il m’attendait.

— Tu n’as pas fui, dit-il.

Je penche légèrement la tête. Mon cœur cogne comme un tambour dans ma poitrine.

— Je ne sais plus si je veux.

Ma voix sort plus rauque que prévu. Il la goûte du regard, la laisse s’infiltrer en lui. Et dans ce silence lourd, son souffle s’épaissit.

Il penche la tête, lentement, un geste presque félin. Il m’observe comme une proie venue se livrer d’elle-même à la gueule du loup.

— Approche.

Je le fais. Sans hésiter. C’est mon corps qui choisit. Ce n’est plus moi. La peau de renard glisse de mes épaules. Le froid me gifle, mais je ne recule pas. Je m’agenouille devant lui, les genoux dans la fourrure brute qui recouvre le sol.

Je tends la main. Mes doigts trouvent une cicatrice, juste sous sa cage thoracique. Longue, irrégulière. La peau est plus rugueuse là, presque froide. Il frissonne.

— Tu sens le matin, murmure-t-il. Comme une promesse… qui saigne.

Je souris.

— Et toi, tu sens la mort. Mais elle ne m’effraie plus.

Un silence.

Il ferme les yeux, longuement, comme s’il recueillait mes mots, les rangeait dans un endroit secret.

Quand il les rouvre, ils brillent d’un éclat plus humain. Mais ce n’est qu’une illusion. Je le sais. Il est tout sauf humain. Il est ce qui vit après la fin du monde. Ce qui se relève quand tout est brûlé.

— Si tu restes trop longtemps, je te prendrai.

Ma main cesse de bouger. Il ne m’a pas touchée, pas encore. Mais il n’a pas besoin. Sa voix seule m’enlace.

— Est-ce une menace… ou une prière ?

— Les deux, dit-il, sans cligner des yeux.

Je penche vers lui. Mon front touche le sien. Il ne bouge pas. Je sens son souffle. Un peu rauque. Profond. Trop lent pour appartenir à un homme vivant.

Et pourtant, je le sens vibrant.

— Je devrais te fuir, murmuré-je.

— Mais tu ne le feras pas.

Il le dit avec une certitude presque douloureuse. Pas de doute. Il sait. Il lit déjà en moi comme dans un vieux livre qu’on a trop feuilleté.

Il lève une main. Très lentement. Sa paume se pose sur ma nuque, et cette simple pression me fait gémir à peine, une plainte contenue au creux de mes lèvres. Mon corps réagit immédiatement, arc tendu vers lui. Mon ventre se tord, mon cœur se désintègre.

— Dis-moi ton nom.

Je ferme les yeux.

Je veux lui dire. Mais je retiens.

Mon nom… c’est tout ce qu’il me reste de moi.

Alors je chuchote, sur un souffle :

— Demain.

Il sourit. Léger. Féroce. Terriblement doux aussi.

— J’attendrai.

Sa voix me colle à la peau.

Je me redresse. À contrecœur. Chaque cellule de mon corps hurle de rester. De m’offrir. De lui dire que je suis déjà sienne, même sans son venin, même sans ses griffes. Que je suis prête à me perdre dans l’éclat rouge de ses yeux.

Mais je recule.

Et lui, il ne bouge pas.

Il me suit du regard. Et ce regard me brûle plus que le froid du dehors.

— Je reviendrai, dis-je.

— Je le sais.

Je ferme la porte. L’air glacial me mord les joues. J’ai les jambes tremblantes. Les doigts engourdis. Le cœur à nu.

Mais j’ai l’impression de porter quelque chose en moi. Quelque chose de plus lourd que mes secrets. Quelque chose qui pulse. Une faim. Une énergie sombre.

Je n’ai pas peur.

Je n’ai plus peur.

Je suis Éliane. Et je crois que je suis déjà à lui.

Ou qu’il est déjà en moi.

Et peut-être… que c’est exactement ce que j’ai toujours attendu.

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