AlbaIl ne bouge pas.Ou plutôt, il bouge à peine, avec cette lenteur calculée qui dilate le temps et transforme chaque seconde en tension pure. Je sens son souffle effleurer ma tempe, chaud et régulier, comme une pulsation qui se mêle à la mienne.Le petit pot de glace, toujours dans sa main, laisse glisser sur ses doigts un filet de condensation. Je la vois perler, rouler, hésiter au bord, puis tomber sur ma peau. Une morsure instantanée, fine comme une aiguille, me traverse, mais c’est un frisson qui s’épanouit en moi comme une onde.Sandro s’accroupit à mon niveau. La lumière dorée de la chambre découpe ses traits avec la précision d’une sculpture ancienne : la ligne nette de sa mâchoire, l’ombre dense sous ses cils, et dans ses yeux… cette fixité unique, mélange de calcul, de douceur et d’une promesse qui n’a rien d’innocent.Il ne dit rien. Il pose simplement ses doigts ces doigts que je connais par leur force et leur précision sur la trace froide laissée par la goutte. Ils glis
AlbaLe silence s’est installé comme un voile épais, presque palpable, seulement troublé par le murmure régulier des vagues contre les rochers. On dirait que le monde entier retient son souffle, suspendu dans une attente silencieuse.La chambre, baignée d’une lumière dorée filtrée par les rideaux, respire encore la chaleur de la journée. Les murs semblent saturés de chaleur, mais l’air porte cette fraîcheur discrète du soir qui s’infiltre par les interstices. Le parfum salé de la mer s’entremêle à celui du bois ciré, et une note plus intime flotte encore, trace invisible de ce qui s’est passé quelques heures plus tôt.Mon corps repose, alangui, comme coulé dans une torpeur dorée. Mes muscles sont lourds, mais une vigilance douce subsiste, tapie sous la surface.Je somnole, oscillant entre deux rives : celle de l’abandon et celle de la veille.Un bruit discret fend le calme. Un pas mesuré, presque feutré… mais chargé d’intention. Ce n’est pas un déplacement anodin.J’entrouvre les yeux
AlbaL’île s’étend devant nous comme un rêve cruel, trop parfait pour être vrai. Le sable blanc immaculé et la mer turquoise contrastent violemment avec le poids qui écrase ma poitrine. La villa, gigantesque et froide, s’élève comme un palais de glace, un tombeau doré où mes espoirs s’effritent.Sandro me fixe, son regard embrasé trahit un feu sauvage, un désir ardent et possessif. Ce soir, il ne fera qu’un de moi, que je le veuille ou non.Je recule, tentant d’arracher un espace entre nous, mais mes jambes tremblent sous la tension.— Alba… souffle-t-il, sa voix basse est une caresse venimeuse. Tu crois pouvoir fuir ce qui t’appartient ?Je relève le menton, le cœur battant si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser.— Je ne suis pas à toi, dis-je, la voix tremblante mais farouche. Tu ne m’auras jamais entièrement.Un sourire cruel éclaire son visage, ses yeux brûlent d’une promesse de conquête.— Ce soir, tu comprendras ce que signifie être mienne. Que tu le veuilles ou non.Sa
AlbaLa réception déploie son faste autour de moi comme une mer agitée d’apparences trompeuses. Chaque sourire poli est une lame dissimulée, chaque regard une épée invisible qui me transperce sans relâche. Je suis là, debout au centre du grand salon, vêtue d’une robe dont le tissu léger trahit mon agitation intérieure, fragile et déchirée sous cette parure de richesse. Le scintillement des lustres éclaire à peine l’ombre qui me ronge.Autour, les murmures fusent, étouffés mais tranchants. Les invités sont là, souriants, mais je lis entre leurs dents serrées la soif de pouvoir, de vengeance, de triomphe sur moi. Ils se congratulent d’avance, imaginant déjà ma soumission, mon effondrement, mon impuissance. Des visages connus, ennemis masqués en alliés, des yeux chargés de malice, d’attente, d’avidité.Je serre les poings derrière mon dos, cherchant à retenir la tempête qui gronde en moi. La rage, la peur, la tristesse se mêlent dans un cocktail amer. Chaque geste doit être calculé, chaq
AlbaLa lumière blafarde du matin filtre à peine à travers les lourds rideaux de la chambre. L’air est lourd, saturé d’une attente électrique qui m’enserre comme un étau. Je suis là, immobile, devant le grand miroir, où se reflète un visage tiré, marqué par des nuits sans sommeil, mais aussi déterminé, plus que jamais.Chaque détail de la pièce me semble étranger, et pourtant familier : le froissement du tissu de ma robe, le léger craquement du parquet sous mes pieds, les pas feutrés des serviteurs qui s’activent, invisibles, préparant cette journée qui promet d’être une épreuve.Je sens le poids du regard de Sandro, bien avant qu’il ne parle. Il est là, dans l’ombre de la porte, une présence imposante qui emplit toute la pièce. Sans un mot, ses yeux s’accrochent aux miens. C’est un duel silencieux, chargé d’un feu que nous taisons, mais qui pourrait tout embraser.— Tu es prête ? Sa voix est basse, tendue, presque une menace voilée.Prête. Ce mot résonne comme un défi cruel dans ma t
ALBALa grande maison résonne d’un silence pesant, presque oppressant.Tout le monde dort ou fait semblant de dormir.Moi, je suis prisonnière de cette insomnie qui me broie, impossible de fermer l’œil.La nuit semble s’être figée autour de moi, lourde, épaisse, comme un voile que je ne peux soulever.Je descends l’escalier en tâtonnant, chaque pas étouffé par le tapis épais. Je voulais simplement un verre d’eau, ou peut-être fuir un instant l’étau invisible qui serre ma poitrine.Mais à peine franchis-je l’entrée du petit salon, une silhouette se détache dans l’obscurité comme une ombre familière, menaçante.— Tu devrais être au lit.Sa voix est basse, rauque, presque un murmure chargé de promesses et de danger. Impossible à confondre.Sandro est là, assis dans un fauteuil de cuir, la chemise entrouverte, dévoilant sa gorge brûlante et la courbe virile de son cou. Une lueur chaude danse dans ses yeux sombres, un éclat brûlant qui semble sonder mes pensées les plus enfouies.Je reste