Le matin s’annonçait à peine lorsque Jade ouvrit les yeux. La lumière douce du jour filtrait à travers les rideaux, baignant la pièce d’une clarté paisible. Elle tourna la tête et vit Sienna, profondément endormie, recroquevillée sous les couvertures. Ses traits étaient marqués par la fatigue, les cernes sous ses yeux trahissant les heures passées à pleurer.
Un soupir s’échappa des lèvres de Jade alors qu’elle se leva doucement pour ne pas la réveiller. Elle savait que son amie aurait besoin d’un peu de réconfort après la tempête de la veille. Se dirigeant vers la cuisine, elle mit une casserole d’eau à chauffer, sortit des légumes et commença à préparer une soupe chaude. Elle avait entendu dire que cela aidait à atténuer les effets d’une gueule de bois.
Pendant que le bouillon mijotait, Jade repensa à la nuit précédente. Elle avait senti que Sienna portait un poids immense sur ses épaules, mais elle n’avait pas voulu parler. Par instinct, avant de se coucher, elle avait fouillé dans son sac, espérant trouver un indice sur ce qui pouvait bien lui arriver. C’est là qu’elle avait découvert un document plié en deux. Curieuse, elle l’avait déplié et ses yeux s’étaient écarquillés en voyant les mots imprimés en lettres grasses : "Promotion au poste de directrice de projet".
Une fierté sincère s’était emparée d’elle à ce moment-là. Sienna méritait tellement cette reconnaissance, et cette nouvelle aurait dû être une source de joie. Jade s’était alors promis de lui rappeler qu’il y avait encore des choses positives dans sa vie, malgré la douleur qui l’envahissait.
Une fois la soupe prête, elle remplissait un bol et le posa sur un plateau avec un verre d’eau et un cachet d’aspirine. Puis, elle retourna dans la chambre et s’assit sur le bord du lit, secouant légèrement l’épaule de Sienna.
— Sienna… Réveille-toi.
Un léger gémissement s’échappa des lèvres de Sienna alors qu’elle enfouissait son visage dans l’oreiller.
— Laisse-moi… encore cinq minutes.
— Pas question, ma belle. Tu vas te lever et boire cette soupe que je t’ai préparée. Elle va t’aider à soulager ta gueule de bois.
Sienna grogna mais finit par ouvrir les yeux, clignant plusieurs fois avant de se redresser lentement. Son crâne pulsait douloureusement et sa gorge était sèche. Elle attrapa le bol que lui tendait Jade et souffla légèrement sur le liquide fumant avant d’en boire une gorgée.
— Merci, murmura-t-elle, sa voix encore enrouée.
— C’est normal. Et tu sais quoi ? J’ai une autre bonne nouvelle pour toi.
Sienna la regarda avec lassitude, clairement pas d’humeur à entendre quoi que ce soit.
— Jade… Je t’en supplie, pas maintenant.
— Oh si ! Tu vas écouter, parce que c’est important.
Jade se leva d’un bond, se dirigea vers la commode et en sortit le document qu’elle avait trouvé la veille. Elle le tendit devant Sienna avec un sourire triomphant.
— J’ai vu ça dans ton sac. Tu as eu une promotion, Sienna ! C’est énorme !
Sienna fixa le papier, l’esprit embrouillé. La veille, tout cela lui semblait si dérisoire face à ce qu’elle avait vécu. Mais à présent, avec un peu de recul, elle réalisa que cette promotion était le fruit de son travail acharné. Elle l’avait méritée.
— Je sais… Mais…
— Mais rien du tout ! reprit Jade avec énergie, son ton s'élevant. Tu ne peux pas laisser un homme minable et une traîtresse de meilleure amie ruiner tout ce que tu as accompli. C’est ta victoire, Sienna. Alors au lieu de te morfondre, on va fêter ça.
Sienna secoua la tête, un mélange de fatigue et de désespoir sur son visage.
— Je n’ai pas envie de sortir, Jade.
— Tu n’as peut-être pas envie, mais tu en as besoin. Je ne vais pas te laisser t’enfermer ici à ressasser cette trahison.
Sienna détourna le regard, hésitante, son esprit en proie à un combat intérieur.
— Je me sens… sale. Comme si j’étais une idiote de ne pas avoir vu ça venir.
— Tu n’es pas idiote, Sienna. Tu es une femme incroyable, et il est temps que tu te rappelles de ça.
Jade s’approcha, lui prit les mains et plongea son regard dans le sien, sa voix empreinte de sérieux.
— Allez, viens. On va aller faire du shopping, s’acheter les tenues les plus sexy et les plus chères qu’on puisse trouver. Et ce soir, on sort. Il est hors de question que tu restes ici à pleurer sur ton sort.
Après des heures de persuasion, Jade avait finalement réussi à traîner Sienna hors de l’appartement pour une virée shopping. Elles avaient choisi Madison Luxe, une boutique huppée de la Cinquième Avenue, réputée pour ses collections de créateurs exclusifs.
— Ça, c’est l’endroit parfait pour une renaissance, déclara Jade en poussant la porte en verre de la boutique. Aujourd’hui, on ne regarde pas les prix. On achète ce qu’on veut et on se fait plaisir !
Sienna esquissa un sourire discret, peu convaincue, mais elle se laissa guider à l’intérieur. L’endroit débordait de luxe : des portants soigneusement disposés, des vendeurs élégamment habillés et des parfums raffinés flottant dans l’air. La musique douce qui remplissait la boutique donnait à l’atmosphère une ambiance apaisante, mais Sienna n’arrivait pas à s’en réjouir complètement.
Elles venaient à peine de commencer à parcourir les rayons lorsqu’un éclat de voix familier glaça Sienna sur place. Son cœur se serra instinctivement.
À quelques mètres d’elles, Chloé Anders et sa mère, Vivian Anders, scrutaient un présentoir de sacs à main hors de prix. Vivian, toujours impeccable dans son tailleur crème, tenait un modèle en cuir noir tout en discutant avec sa fille.
Sienna aurait pu faire demi-tour, mais quelque chose en elle refusait de fuir. Malgré tout ce qui s’était passé, elle avait toujours respecté Vivian, la considérant presque comme une seconde mère. Prenant une inspiration discrète, elle s’avança et la salua d’un ton poli :
— Bonjour, maman.
Elle ignora délibérément Chloé, dont le sourire s’effaça aussitôt, remplacé par une expression de mépris.
Mais à la surprise de Sienna, la réaction de Vivian fut glaciale. La femme tourna lentement la tête vers elle, la jaugeant de haut en bas avec un rictus méprisant avant de laisser échapper un petit rire moqueur.
— Depuis quand suis-je ta mère ? siffla-t-elle, l’arrogance palpable dans sa voix.
Sienna fronça légèrement les sourcils, déconcertée.
— Pardon ?
Vivian croisa les bras, son air hautain ne laissant aucun doute sur son dédain.
— Il me semblait que ma fille et toi aviez coupé les ponts. Alors pourquoi viens-tu me parler comme si j’étais encore une figure maternelle pour toi ?
Jade, qui assistait à la scène, serra les poings, le visage devenu rouge de colère.
— C’est une blague ? lança-t-elle, prête à réagir.
Mais Sienna lui fit signe de ne pas intervenir. Elle savait qu’elle devait garder son calme.
— Je vous ai toujours respectée, Mme Anders, et cela ne changera pas, répondit-elle calmement, sa voix trahissant une force intérieure qu’elle ne se savait pas capable d’afficher.
Vivian haussa un sourcil, amusée par la tentative de dignité de Sienna.
— Quelle hypocrisie. Tu es pathétique, lâcha-t-elle avec un mépris non dissimulé.
Chloé, qui jusque-là était restée silencieuse, décida d’enfoncer le clou.
— Franchement, Sienna, je suis surprise que tu sois sortie de ton trou. Après la scène d’hier soir, j’aurais pensé que tu préférerais disparaître.
Sienna resta impassible, le visage fermé.
— Je ne vais pas me cacher pour des gens qui ne valent pas la peine d’être pris en considération.
Vivian éclata de rire, son amusement cruel résonnant dans l’espace luxueux de la boutique.
— Regarde-moi cette arrogance ! Voilà pourquoi Ethan a eu raison de te jeter. Sérieusement, ma fille, tu as bien fait de te débarrasser de cette fille. Elle n’a jamais été digne de nous.
Quelques clients se tournèrent vers elles, intrigués par l’échange de plus en plus tendu. Sienna sentit le rouge lui monter aux joues, mais elle ne céda pas à la pression.
— Peut-être qu’elle espère encore nous amadouer pour qu’on lui fasse une faveur, ajouta Chloé, un sourire narquois sur le visage.
Jade fulminait, prête à bondir, mais Sienna restait stoïque. Elle avait décidé de ne pas se laisser abattre.
— Malgré tout ce que vous dites, je ne vais pas vous manquer de respect, répliqua-t-elle posément, sa voix étonnamment calme. Parce que vous avez été comme une mère pour moi, mais je suis ici pour me reconstruire.
Vivian ouvrit la bouche, décontenancée par sa réponse.
— Mais rassurez-vous, reprit Sienna en croisant les bras, je ne viendrai plus jamais vers vous.
Vivian se recomposa aussitôt et cracha :
— Tant mieux !
Elle tourna les talons avec Chloé, mais le regard noir de Jade les suivit jusqu’à leur départ. Sienna, quant à elle, se tenait là, le cœur battant, mais une satisfaction naissante grandissait en elle. Elle avait tenu tête, elle n'avait pas laissé leur mépris la détruire.
De l’autre côté du magasin…
Adossé contre un comptoir en verre, un homme observa toute la scène avec un intérêt croissant. Raphaël De Luca, imposant et impeccablement vêtu d’un costume trois pièces noir, tenait distraitement un espresso entre ses doigts. Son regard perçant suivait chaque mouvement de Sienna.
Ses hommes de confiance, dont Noah Sullivan, étaient à ses côtés, discutant affaires, mais Raphaël avait cessé d’écouter, captivé par la scène qui se déroulait devant lui.
Il n’avait pas cherché à écouter l’échange, mais la froideur et le mépris dont Vivian Anders faisait preuve envers l’inconnue avaient capté son attention. Ce qui l’intriguait encore plus, c’était la façon dont cette jeune femme avait réagi. Elle aurait pu hurler, insulter ou pleurer. Mais non. Elle était restée droite, digne, sans jamais céder à la bassesse.
Un détail qui, aux yeux de Raphaël, la rendait fascinante.
— Qui est-elle ? demanda-t-il d’un ton neutre à Noah, sans détourner son regard.
Noah, pris au dépourvu, jeta un coup d’œil en direction de Sienna. Il observa rapidement la scène avant d’admettre :
— Je ne la connais pas.
Raphaël haussa un sourcil, visiblement intrigué.
— Alors trouve-moi son identité. Tout de suite.
Noah hocha la tête avant de s’éloigner discrètement, tandis que Raphaël reportait son attention sur Sienna, qui tentait de calmer Jade, visiblement furieuse.
Fascinante.
Quelques minutes plus tard, Noah revint et lui tendit son téléphone, où s’affichait une brève recherche.
— Elle s’appelle Sienna Carter.
Raphaël posa son espresso et attrapa l’appareil, ses yeux parcourant rapidement les informations.
— Carter… murmura-t-il en lisant les premières informations.
Noah poursuivit :
— Ex-fiancée d’Ethan Lawson, un avocat. Il vient d’être engagé par la famille Anders. Son histoire avec lui semble avoir fait un peu de bruit dans leur cercle.
Raphaël esquissa un sourire en coin, son intérêt pour la jeune femme s’intensifiant.
— Intéressant…
Il reposa le téléphone et observa Sienna une dernière fois, notant son air déterminé malgré la situation.
— Continue à creuser. Je veux tout savoir sur elle.
Noah hocha la tête, tandis que Raphaël s’appuyait de nouveau contre le comptoir, son regard de prédateur rivé sur Sienna.
Il ne savait pas encore pourquoi, mais une chose était certaine…
Il n’en avait pas fini avec elle.
Le matin s’annonçait à peine lorsque Jade ouvrit les yeux. La lumière douce du jour filtrait à travers les rideaux, baignant la pièce d’une clarté paisible. Elle tourna la tête et vit Sienna, profondément endormie, recroquevillée sous les couvertures. Ses traits étaient marqués par la fatigue, les cernes sous ses yeux trahissant les heures passées à pleurer.Un soupir s’échappa des lèvres de Jade alors qu’elle se leva doucement pour ne pas la réveiller. Elle savait que son amie aurait besoin d’un peu de réconfort après la tempête de la veille. Se dirigeant vers la cuisine, elle mit une casserole d’eau à chauffer, sortit des légumes et commença à préparer une soupe chaude. Elle avait entendu dire que cela aidait à atténuer les effets d’une gueule de bois.Pendant que le bouillon mijotait, Jade repensa à la nuit précédente. Elle avait senti que Sienna portait un poids immense sur ses épaules, mais elle n’avait pas voulu parler. Par instinct, avant de se coucher, elle avait fouillé dans
Sienna franchit le seuil de l’appartement de Jade sans un mot, refermant la porte derrière elle d’un geste mécanique. Son amie, qui l’attendait sur le canapé, leva immédiatement les yeux vers elle, une lueur d’inquiétude traversant son regard.— Sienna ? Tout va bien ?Pas de réponse.Sienna ne lui adressa même pas un regard. Elle marcha droit vers la cuisine, ouvrit le réfrigérateur et en sortit une bouteille de whisky. Jade fronça les sourcils en la voyant dévisser le bouchon d’un geste fébrile.— Attends… Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle, l’inquiétude palpable dans sa voix.Sienna versa un premier verre, l’avala d’une traite, puis s’en servit un autre. Les larmes menaçaient de couler à mesure que l’alcool réchauffait sa gorge.— Sienna, arrête ça, insista Jade, s’approchant d’un pas, son regard inquiet.Toujours aucune réponse. Sienna était comme figée, ses gestes mécaniques, presque absents. Pourtant, au fond de ses yeux brillait une douleur brute, une souffrance silencieuse
Sienna quitta l’appartement d’un pas tremblant, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Chaque respiration était une brûlure, une douleur aiguë qui lui rappelait la trahison qu’elle venait de découvrir. Son monde venait de s’effondrer sous ses yeux, et elle peinait à contenir le flot de rage et de douleur qui l’envahissait. Les larmes menaçaient de couler, mais elle se força à les contenir, ne voulant pas montrer sa faiblesse.Elle était encore sous le choc lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir brusquement.— Sienna ? Elle releva la tête et se retrouva face à Margaret Lawson, la mère d’Ethan, suivie de sa sœur Olivia et de sa cousine Vanessa. Toutes trois portaient des sacs de shopping et arboraient des sourires jusqu’à ce qu’elles remarquent son expression décomposée.— Mais qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Margaret en fronçant les sourcils, ses yeux scrutant le visage de Sienna à la recherche d’un indice.Sienna ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle aurait vo
Sienna Carter n’avait jamais été aussi heureuse. Assise face à son patron, Richard Coleman, elle sentait l’adrénaline parcourir ses veines, un mélange d'excitation et de nervosité. Les murs de son bureau, ornés de photos de projets réussis et de diplômes encadrés, semblaient se resserrer autour d'elle, accentuant l'intensité de ce moment tant attendu.Richard, un homme dans la cinquantaine, aux cheveux grisonnants et à la voix rassurante, referma un épais dossier en bois. Il leva les yeux vers elle, un sourire chaleureux sur le visage.— Félicitations, Sienna, déclara-t-il. La direction a décidé de te promouvoir au poste de chef de projet senior.Les mots résonnèrent en elle comme une douce mélodie, chaque syllabe vibrante d'une promesse d'avenir. Sienna avait travaillé d'arrache-pied pendant des années, sacrifiant des soirées et des weekends pour gravir les échelons de cette entreprise qu'elle aimait tant. À cet instant, toutes ces heures passées à jongler entre les tâches et les dél