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Chapitre 3

Author: Ophélie Miller
Le lendemain, Irène s'est levée aux aurores.

Elle et Fabrice dormaient toujours dans des chambres séparées. D'abord parce qu'il ne l'avait jamais vraiment acceptée, ensuite, son obsession de la propreté lui interdisait de partager son espace.

Après s'être préparée, elle s'est rendue directement au cabinet de son amie avocate, Nadine. Celle-ci a compris rapidement la situation au fil de leurs échanges.

« Alors si je comprends bien, ta gentillesse envers Fabrice n'était due qu'à un contrat ? » a-t-elle demandé.

Irène a hoché la tête.

Nadine a soupiré de soulagement : « Ces derniers jours, les journaux ne parlent que de ses frasques avec Blanche. J'avais le cœur brisé pour toi... Mais votre mariage n'est qu'une formalité, cela me rassure. »

Puis elle a ajouté : « Pourquoi es-tu venue aujourd'hui ? Pour un contrat de divorce ? »

Un sourire amer aux lèvres, Irène a répondu : « Nous n'avons même pas officialisé notre union à la mairie. Je veux rédiger un acte d'abandon de la garde parentale. »

Nadine a sursauté : « Quoi ? Tout le monde sait que Lionel est ta raison de vivre ! Et tu veux y renoncer ?! »

Une lueur de douleur a traversé le regard d'Irène. « Fais simplement ce que je te demande », a-t-elle murmuré.

Nadine n'a pas insisté et a rédigé le document en un temps record.

Irène l'a serré entre ses doigts avant de partir.

« Irène ! » l'a interpellée Nadine devant son dos courbé, « Cinq ans à t'épuiser pour lui... Désormais, garde toute cette tendresse pour toi-même. »

Irène a marqué une pause, puis s'est retournée avec un sourire fragile : « D'accord. Je le ferai. »

...

Il était 10 heures quand Irène est rentrée. Le salon était désert, et le petit-déjeuner qu'elle avait préparé avant de partir trônait toujours sur la table, désormais froid.

Elle a réchauffé les plats comme à son habitude et est montée réveiller Lionel et Fabrice.

Ce dernier détestait qu'on pénètre dans sa chambre sans permission. Frapper avant d'entrer était une règle absolue.

À peine avait-elle effleuré la porte que celle-ci s'est ouverte, révélant Blanche en train de s'étirer. La femme a affiché un calme provocant en apercevant Irène : « Je venais juste emprunter la salle de bain de Fabrice... Ah, ces matins où les courbatures rappellent de doux souvenirs. »

Irène a blêmi. Alors que Blanche s'apprêtait à en rajouter, Fabrice a émergé en pyjama...

« Blanche, qui frappe à la porte ? Lionel ? »

Le regard d'Irène a glissé machinalement vers le cou de Fabrice, constellé de marques rouges.

Un rire amer lui a échappé. En cinq ans de mariage, ils n'avaient pratiquement jamais eu de contact physique. Elle avait cru qu'il était simplement indifférent à ce genre de choses... Visiblement, c'était juste envers elle qu'il manquait d'intérêt.

Fabrice, réalisant qu'Irène se tenait sur le seuil, s'est raidi et a remonté précipitamment son col.

« Blanche est juste venue chercher un chargeur, ne te fais pas d'idées », a-t-il bredouillé.

Irène n'a pas pu réprimer un ricanement.

Ils ne se donnaient même pas la peine de coordonner leurs mensonges ?

Mais elle n'avait pas l'énergie de les démasquer. « Le petit-déjeuner est prêt », a-t-elle annoncé simplement avant de redescendre.

Ce mariage n'avait toujours été qu'un contrat. Les frasques de Fabrice ne la concernaient plus. Elle n'avait qu'à patienter sept petits jours avant de tourner définitivement la page.

...

Ils sont descendus cinq minutes plus tard.

Lionel a grimacé en voyant les toasts : « Ils sont tout mous ! Maman, je veux des filets de poisson panés, comme d'habitude ! »

Fabrice a tenté de le raisonner : « Elle a déjà préparé le petit-déjeuner. On ne gaspille pas la nourriture. Les filets, ce sera pour demain, d'accord ? »

« Non ! Je les veux maintenant ! »

Habituellement intraitable sur ce genre de caprices, Fabrice s'apprêtait à sévir quand Blanche est intervenue : « Irène, j'ai tellement entendu parler de tes fameux filets de poisson... J'aimerais vraiment y goûter. »

L'attitude de Fabrice a changé immédiatement. « Puisque tout le monde en veut, prépare un peu », a-t-il ordonné.

« Impossible », Irène a continué à manger son toast sans lever les yeux, « La cuisine est ouverte. Les toasts sont faits. À jeter si ça ne vous convient pas. »
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