Quelques semaines s’étaient écoulées depuis cette nuit mystérieuse dans l’hôtel. Sophia Carter avait tenté de reprendre le fil de sa vie, mais une étrange fatigue et des nausées matinales persistantes commencèrent à éveiller ses soupçons. Bien qu’elle n’ait jamais imaginé une telle possibilité, elle se décida à aller acheter un test de grossesse, le cœur lourd et l’esprit tourmenté. Lorsqu’elle vit les deux lignes rouges apparaître sur le bâtonnet, elle sentit son monde basculer. La réalité de sa situation la frappa avec une intensité brutale : elle était enceinte, et elle n’avait aucune idée de qui était le père.
Tremblante, elle resta assise sur son lit pendant des heures, regardant fixement les résultats. Elle se demandait comment elle pourrait l’annoncer à sa famille, et plus encore, comment elle pourrait supporter leur réaction. Ce soir-là, elle décida qu’elle n’avait pas le choix. Elle devait affronter son père, sa marâtre, et sa demi-sœur, Anna.
Dans le grand salon de la maison familiale, les murs étaient ornés de portraits ancestraux et les lustres brillants suspendus semblaient rendre l’air plus lourd qu’il ne l’était. Son père, Walter, était assis dans son fauteuil, lisant le journal comme à son habitude. Sa marâtre, Catherine, sirotait un thé avec un sourire satisfait, tandis qu’Anna, sa demi-sœur, feuilletait un magazine de mode sur le canapé voisin.
Sophia prit une grande inspiration avant de s’avancer.
— Papa, j’ai quelque chose d’important à te dire.
Walter baissa son journal et la regarda avec des yeux perçants.
— Qu’est-ce qui peut bien être si important que tu interrompes ma lecture ? Tu as cette expression… Parle, mais que ce soit rapide.
Sophia hésita un instant, mais elle sentit qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible.
— Je suis… enceinte.
Un silence glacial envahit la pièce. Catherine posa délicatement sa tasse de thé sur la table, tandis qu’Anna la regardait, un sourire moqueur se dessinant lentement sur son visage. Walter resta figé, comme s’il avait besoin de quelques secondes pour assimiler l’information.
— Enceinte ? fit Walter, en martelant le mot comme un marteau sur une enclume. Comment as-tu osé ? Explique-toi immédiatement, Sophia !
— C’était… je… je ne sais pas comment expliquer. Cela s’est passé… après cette soirée à l’hôtel. Je… je ne peux pas me souvenir de tout.
Catherine éclata de rire, un rire froid et cruel.
— C’est tout simplement absurde. Tu veux dire que tu ne sais même pas qui est le père ? Mon Dieu, quelle honte. Walter, ta fille est une disgrâce pour cette famille.
Anna, se délectant de l’occasion d’humilier Sophia, ajouta sur un ton sarcastique :
— Alors, grande sœur, c’est quoi l’histoire ? Une aventure d’une nuit et te voilà dans une situation pitoyable. Honnêtement, je suis impressionnée. Tu n’avais pas déjà assez ruiné ta réputation ?
Sophia tenta de garder son calme, mais ses yeux commençaient à briller de larmes.
— Ce n’était pas… ce n’était pas une aventure ! Je n’ai pas choisi cela, vous ne comprenez pas ! C’était une erreur, je ne sais même pas ce qui s’est réellement passé cette nuit-là !
Walter se leva brusquement, ses poings serrés.
— Une erreur ? Tu oses appeler ça une erreur après avoir souillé le nom de notre famille ? J’ai travaillé toute ma vie pour maintenir notre respectabilité, et toi, tu réduis tout cela à néant avec ton comportement irresponsable !
Sophia recula légèrement sous la fureur de son père.
— Je… je ne savais pas comment cela allait arriver. Je suis aussi perdue que vous ! Mais… je porterai cette responsabilité. Je ne m’attends pas à ce que vous compreniez.
Catherine intervint, sa voix pleine de mépris.
— Tu crois peut-être que nous allons accepter cela ? Une fille enceinte sans mari, sans explications ? Walter, nous devrions la mettre dehors immédiatement. Elle a franchi toutes les limites.
Anna, toujours souriante, fit semblant de réfléchir.
— Vous savez, peut-être que ce n’est pas si grave. Après tout, on pourrait dire à tout le monde que l’enfant vient de… quelqu’un de la campagne ? Oh non, attendez, même cela serait trop gentil pour elle.
Sophia sentit ses jambes vaciller sous le poids des insultes. Elle serra les poings, tentant de garder un semblant de dignité face à leurs attaques.
— Vous ne comprenez rien. Vous ne savez pas ce que je ressens, ni ce que j’ai vécu ! Vous pensez que je voulais ça ? Tout ce que vous savez faire, c’est juger et rabaisser les autres.
Walter, toujours furieux, pointa un doigt accusateur vers elle.
— Si tu veux jouer les martyres, vas-y ! Mais ne t’attends pas à recevoir de l’aide ou du soutien de cette maison. Tu es une honte, Sophia. Une véritable honte.
Catherine, se levant avec un sourire narquois, hocha la tête.
— Une honte, en effet. Et bientôt, tout le quartier sera au courant. Quel plaisir ce sera d’entendre ce que les voisins auront à dire.
Sophia, à bout de force, sentit ses larmes couler librement sur ses joues. Mais malgré la douleur de leurs paroles, une étincelle de détermination naquit en elle. Elle releva la tête, affrontant leurs regards de mépris avec une force qu’elle ne savait pas posséder.
— D’accord. Si c’est ainsi que vous voulez agir, je partirai. Mais sachez une chose : je ne regretterai jamais cet enfant. Peu importe à quel point vous voulez me rejeter ou me humilier, je ne laisserai pas votre haine m’empêcher d’être une bonne mère.
Sur ces mots, elle tourna les talons et monta rapidement dans sa chambre. Elle referma la porte derrière elle, s’effondrant sur son lit, envahie par un mélange de tristesse et de soulagement. Pour la première fois, elle comprit que le chemin qui s’ouvrait devant elle serait long et difficile, mais elle était prête à le parcourir.
Dans son immense bureau situé au sommet d’un gratte-ciel, Alexander Reed observait la ville avec un regard absent. Le ciel était gris, et la lumière qui filtrait à travers les vitres teintées donnait à la pièce une atmosphère mélancolique. Le bureau, décoré avec soin, reflétait son statut : meubles en bois massif, tapis luxueux, et œuvres d’art choisies avec précision. Pourtant, aucun de ces éléments ne parvenait à le distraire de l’image qui hantait son esprit. Depuis des semaines, une silhouette floue dans sa mémoire refusait de s’estomper : la jeune femme de cette nuit à l’hôtel. Le grain de beauté, la moitié du pendentif… autant de fragments qui, pris ensemble, formaient une énigme qu’il devait résoudre.
Richard, son assistant loyal et pragmatique, entra dans le bureau avec une pile de documents. Il avait appris à lire les expressions de son patron, et à cet instant, il savait que quelque chose le troublait profondément. Déposant les documents sur le bureau, il observa Alexander un moment avant de prendre la parole.
— Monsieur Reed, vous avez ce regard depuis plusieurs semaines maintenant. Ce n’est pas mon rôle de m’immiscer, mais… vous semblez préoccupé par quelque chose qui dépasse le cadre de l’entreprise.
Alexander se tourna lentement vers lui. Il resta silencieux un instant, réfléchissant à la manière de formuler ce qui le hantait.
— Richard, as-tu déjà eu l’impression de croiser quelqu’un… quelqu’un qui, en l’espace d’un moment, change tout ? Pas par des mots, mais par une simple présence ?
Richard haussa légèrement les sourcils.
— Eh bien, ça ne m’est pas arrivé souvent, mais oui, je suppose qu’on rencontre parfois des personnes qui laissent une empreinte. Vous parlez de quelqu’un en particulier ?
Alexander hocha la tête. Il fit quelques pas dans le bureau avant de s’arrêter près de la fenêtre.
— Cette nuit-là, à l’hôtel… Je ne peux pas la sortir de mon esprit. Elle était là, près d’un escalier. Il y avait quelque chose dans son regard… une douceur mêlée de tristesse. Je me souviens du grain de beauté sur son cou. Et de ce pendentif.
Richard, intrigué, s’approcha légèrement.
— Vous voulez dire la moitié du pendentif en jade ? Vous avez mentionné l’avoir laissé à quelqu’un avant de quitter la chambre. C’est elle ?
— Oui. Mais je ne sais rien d’elle. Pas son nom, pas son visage… juste des fragments. Et je sais que je lui ai fait une promesse. Je dois la retrouver.
Richard sembla réfléchir un instant avant de répondre.
— Monsieur, c’est une grande ville. Si elle faisait partie des invités à cette soirée, peut-être y a-t-il une liste ou des photos ? Avez-vous pensé à demander à l’organisation de l’événement ?
Alexander secoua la tête, frustré.
— J’ai déjà essayé. La liste est incomplète, et aucun des noms ne me dit quoi que ce soit. Quant aux photos, elles n’incluent pas les invités qui étaient dans les espaces plus discrets de l’hôtel.
Richard posa les mains sur la table, cherchant une approche logique.
— Il y a peut-être une autre piste. Vous avez dit qu’elle semblait… différente des autres invités, non ? Quelqu’un qui ne se fondait pas dans cette ambiance de luxe et de superficialité. Peut-être que cela peut nous guider.
Alexander se tourna vers lui, les bras croisés.
— Tu veux dire ?
— Eh bien, elle pourrait ne pas être liée directement aux cercles habituels de la haute société. Peut-être était-elle une invitée indirecte. Vous avez mentionné son élégance, mais aussi sa simplicité. Cela pourrait être un début.
Alexander, pensif, hocha la tête.
— C’est une piste. Mais comment enquêter sans attirer l’attention ? Je ne veux pas que cette recherche devienne un sujet de conversation pour les médias ou même pour mes concurrents.
Richard sourit légèrement.
— L’avantage de travailler pour vous, Monsieur Reed, c’est que je connais votre réseau mieux que quiconque. Je peux m’en charger discrètement, en utilisant des contacts de confiance. Peut-être devrions-nous commencer par l’hôtel. Il y a des caméras dans les couloirs, non ? Si nous avons accès aux vidéos, nous pourrions retrouver des images d’elle.
— Bonne idée. Prends contact avec la direction de l’hôtel. Mais fais-le avec précaution. Si quelqu’un commence à poser des questions sur cette recherche, cela pourrait compliquer les choses.
Richard prit note de l’instruction, mais ajouta une suggestion.
— Et si nous ne trouvons rien à l’hôtel, nous pourrions essayer d’obtenir des détails sur les fournisseurs de l’événement : traiteurs, décorateurs, organisateurs. Parfois, les employés de ces équipes remarquent des choses que les invités eux-mêmes ignorent. Cela pourrait être une piste supplémentaire.
Alexander, bien qu’il fût toujours troublé, sentit un léger soulagement en voyant Richard prendre les choses en main.
— Fais-le. Commence par les caméras, puis explore ces autres pistes. Je veux des réponses, Richard. Peu importe le temps que cela prendra. Je dois savoir qui elle est.
Richard acquiesça, une détermination calme dans le regard.
— Considérez que c’est fait, Monsieur Reed. Je vais commencer dès aujourd’hui. Et si vous avez des souvenirs supplémentaires ou des détails qui vous reviennent, faites-le-moi savoir. Parfois, même les plus petites informations peuvent faire la différence.
Alexander, après un moment de réflexion, se rassit derrière son bureau.
— Il y avait quelque chose dans ses yeux. Une profondeur, une douceur… mais aussi une douleur. Comme si elle portait un poids qu’elle n’avait jamais partagé avec personne. Si tu trouves quelque chose, Richard, dis-le-moi immédiatement. Je ne peux pas laisser cette promesse non tenue.
Richard s’inclina légèrement avant de quitter le bureau.
— Comptez sur moi.
Une fois seul, Alexander se leva à nouveau pour regarder la ville à travers la vitre. Les lumières scintillaient dans l’obscurité, et les rues animées semblaient s’étendre à l’infini. Pourtant, au milieu de cette immensité, il savait qu’il devait trouver cette femme. Quelque chose lui disait qu’elle était bien plus qu’un souvenir flou ou une promesse désinvolte. Elle était liée à lui d’une manière qu’il ne pouvait pas encore comprendre.
Sophia avait disparu des quartiers animés depuis cette fatidique confrontation familiale. C’était comme si elle s’était effacée de la surface visible de la ville, se réfugiant dans un modeste coin où personne ne viendrait la chercher. Elle avait trouvé du travail comme ménagère dans une petite entreprise de nettoyage. Chaque jour, elle affrontait les douleurs physiques et mentales qui accompagnaient sa grossesse, tout en portant le poids du rejet et des moqueries qui lui avaient été lancés.Les mois passaient et sa condition devenait de plus en plus visible, mais Sophia, résiliente, continuait de travailler pour économiser le peu qu’elle gagnait. Elle savait qu’elle avait besoin de tout ce qu’elle pouvait rassembler avant l’arrivée de son enfant. Pourtant, malgré la dureté de ses journées, elle gardait dans son sac le pendentif en jade qu’elle avait trouvé après cette nuit mystérieuse. Il était devenu son seul symbole d’espoir, le seul lien ténu avec un homme dont elle ne pouvait se s
Quelques semaines s’étaient écoulées depuis cette nuit mystérieuse dans l’hôtel. Sophia Carter avait tenté de reprendre le fil de sa vie, mais une étrange fatigue et des nausées matinales persistantes commencèrent à éveiller ses soupçons. Bien qu’elle n’ait jamais imaginé une telle possibilité, elle se décida à aller acheter un test de grossesse, le cœur lourd et l’esprit tourmenté. Lorsqu’elle vit les deux lignes rouges apparaître sur le bâtonnet, elle sentit son monde basculer. La réalité de sa situation la frappa avec une intensité brutale : elle était enceinte, et elle n’avait aucune idée de qui était le père.Tremblante, elle resta assise sur son lit pendant des heures, regardant fixement les résultats. Elle se demandait comment elle pourrait l’annoncer à sa famille, et plus encore, comment elle pourrait supporter leur réaction. Ce soir-là, elle décida qu’elle n’avait pas le choix. Elle devait affronter son père, sa marâtre, et sa demi-sœur, Anna.Dans le grand salon de la maison
La soirée battait son plein dans l’un des hôtels les plus prestigieux de la ville. Les lustres scintillaient, projetant des éclats de lumière sur les murs ornés de dorures et de fresques élégantes. Les invités, parés de leurs plus beaux atours, se mêlaient dans une ambiance où le luxe et l’excès régnaient en maîtres. Parmi eux se trouvait Alexander Reed, PDG d’une entreprise florissante et héritier de la famille la plus influente de la ville. Son allure imposante et son charisme naturel attiraient les regards, mais ce soir-là, quelque chose dans son comportement trahissait une certaine agitation.Alexander, habitué à garder le contrôle en toutes circonstances, sentait une étrange torpeur s’emparer de lui. Il errait dans les couloirs de l’hôtel, cherchant à échapper à l’agitation de la salle principale. Son esprit, habituellement clair et acéré, semblait embrouillé, et ses pas, d’ordinaire assurés, devenaient hésitants. Il s’arrêta un instant près d’une fenêtre, observant les lumières