All Chapters of Regarde-Moi (Tome 1): Chapter 11 - Chapter 20

VincenzoIl était presque deux heures du matin quand la porte du chalet céda dans un soupir feutré sous ma main. Le bois massif gronda doucement, comme un écho complice à la solitude qui s’étirait à l’intérieur, une solitude que même l’opulence ne pouvait combler, un silence assourdissant qui hurlait son absence, une damnation muette. Le froid de la nuit s’engouffra brièvement, charriant avec lui le parfum des pins et des heures perdues, celles passées loin de ce que je convoitais : Ava, mon obsession, ma faim. Je ne cherchai pas l’interrupteur. La pénombre m’allait bien, un voile discret sur mon âme tourmentée, une complice de ma faim inassouvie, de mes pensées les plus sombres.La maison dormait. Moi, non. Mon esprit restait vif, torturé par un désir insatiable, par l’écho de sa peau sous mes doigts, par le goût de ses lèvres qui brûlait encore sur les miennes.Je retirai mon manteau avec lenteur, les gestes engourdis par la fatigue et quelque chose de plus lourd encore : ce vide da

Vincenzo Le chalet familial, perché dans les hauteurs des Alpes suisses, semblait hors du temps ce soir-là. Une bulle chaleureuse figée dans une carte postale hivernale, où le monde extérieur ne pouvait qu'être un lointain murmure. Les guirlandes de lumière dorée coulaient le long des poutres apparentes comme une rivière étoilée, et un feu crépitait doucement dans l’imposante cheminée de pierre, parfumant la pièce d’une senteur de bois brûlé et de cannelle, une invitation à la douceur. Les murs en bois brut, la vaisselle ancienne en porcelaine italienne, les nappes brodées à la main, la tradition, la famille, un héritage précieux, un écrin de faux-semblants pour une réalité bien plus sombre, celle de notre empire. L'air, saturé des arômes de pin et de sucre, caressait ma peau, créant une atmosphère de confort trompeur. De lourds tapis persans atténuaient le son des pas, et les canapés de cuir profond invitaient à l'abandon, tandis que

Vincenzo Le silence feutré de la réception fut soudainement déchiré par un fracas assourdissant, brisant l'harmonie fragile de la nuit. L'assemblée se figea, plongée dans un silence de mort, où chaque souffle semblait suspendu, chaque regard pétrifié par l'effroi. Qui avait osé profaner ainsi cette soirée consacrée à la paix, cette trêve patiemment orchestrée par la famille De Santis ? Le fou insolent risquait de faire vaciller l'édifice tout entier, patiemment construit à travers des décennies de sang et de compromis. Sa tête ne tarderait pas à rouler, sa vie n'étant désormais qu'un simple compte à rebours, une dette macabre inscrite dans le marbre.Je pivotai lentement, mon regard cherchant le pauvre diable coupable de cette impudence. La vision q

Matteo Je soupirai en appuyant frénétiquement sur le bouton pour appeler l’ascenseur, qui finit par s’ouvrir sur une plainte métallique, presque une supplique. J’appuyai sur le bouton menant à la suite princière, la dalle numérotée s’éclaira d’une lueur discrète. Je tapai le code, un ensemble de chiffres que je connaissais par cœur, et la cabine se mit en mouvement, m’isolant du monde extérieur. Cette femme, Ava, avait un sacré caractère, un véritable défi à la patience de mon patron.Quand mon boss, Vincenzo, m’avait demandé de trouver une épouse qui lui apporterait respectabilité et prestige, parmi toutes les possibilités, j’avais mis Ava Bellini en haut de la pile. Elle était parfaite, un joyau rare et pré

Ava Le mois de mars enveloppait Naples d’une douceur nouvelle, un souffle printanier caressant la peau, promesse d’éveil et de renaissance. Les matinées conservaient encore un souffle d’hiver, frais et piquant, mais les après-midis se teintaient de lumière, tièdes et parfumés, comme un prélude timide au printemps. Les magnolias épanouis tapissaient les avenues de pétales blancs et roses, effluves délicates et visuels enchanteurs, et la mer, elle, scintillait d’un bleu presque surréel sous le soleil naissant, une invitation au rêve, à la sensualité pure de la vie.Ma galerie, nichée dans les ruelles élégantes du centre-ville, battait son plein. Les vernissages se succédaient, un ballet incessant d'œuvres et d'admirateurs. Les artistes m’adressaient leurs toiles, des fragments de leur âme, qu'ils me confiaient comme on offre sa nudité, et les collectionneurs — qu’ils soient sincèrement passionnés ou simplement sno